Fraternité Matin n°17267 - Du 16 au 17 juillet 2022
24 pages
Français

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Fraternité Matin n°17267 - Du 16 au 17 juillet 2022 , magazine presse

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Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Samedi 16 - Dimanche 17 juillet 2022 / N° 17 267 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orange.ci) Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Opération Vacances sécurisées 7
1639hommes sur le terrainP. 9
Érosion maritime à Lahou-Kpanda(région des Grands-Ponts) Quand la mer effacel’histoire PHOTOd: VÉRONIQuUE DADIÉn peuplPp.e2-3-4 La migration de l’embouchure qui a progressé de 2 km est de plus en plus menaçante pour les populations riveraines. Une vue du cimetière profané par la mer. Inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco Les mosquées ivoiriennes de type soudanais admises au patrimoine mondial islamiqueP. 12 Gestion des fonds Covid-19Affaire 49 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako L’Ua exhorte lesÉtats africains à copier le modèle ivoirienP. 10Le rétropédalage du MalP.i7
2
Reportage
Samedi 16 - Dimanche 17 juillet 2022
Erosion du sol à Lahou-Kpanda Quand la mer efface l’histoire d’un peuple La migration de l’embouchure à Lahou-Kpanda, qui a progressé de 2 km par rapport à sa position initiale, est de plus en plus menaçante pour les populations Avikam vivant dans la région des Grands ponts, près de la ville de Grand-Lahou. ahou-Kpanda. Vil- petits enfants vont retenir lage situé à 17 km de demain de leurs ancêtres. Grand-Lahou et à 132 La douleur nous traverse km d’Abidjan. L’air ma- lorsqu’on pense que la terre leLpassagersvisage des celle de nos parents risque rin caresse furtivementqui a bercé notre enfance et du hors-bord à bord duquel de disparaître un jour. Nous nous avons pris place. Notresommes angoissés … Déjà, mission dans cette localitéles enfants qui naissent au-répond à une seule préoc-jourd’hui ne savent même cupation : comment viventpas que la ville (ndlr: l’ad-les Avikam (issus du groupeministration coloniale de Akan) sous la menace Lahou-Kpanda) a existé. constante de la mer et de laC’est devenu un conte, une lagune depuis de si longuesfable pour eux. C’est cela années ?notre problème, notre souf-A notre descente, notre france.», a-t-il ajouté, la voix équipe de reportage aperçoit empreinte d’émotion. des enfants qui barbotent Ses propos font plonger dans la lagune, à proximité dans un silence l’assis-de femmes affairées à van-tance. Forte émotion que ner leur semoule de maniocviennent briser de violents servant à faire de l’attiéké. bruits des vagues. C’était la C’est la nourriture de base ici mer menaçante qui venait de en pays Avikam.convaincre de sa capacité Ces femmes et ces enfants destructive. nous interrogent du regard puis nous réservent un ac-Tentative d’effacement cueil chaleureux. Nousdes défunts de la mémoire demandons à voir le chef,Ledjou Yahou (à l’extrême gauche), le chef du village de Lahou-Kpanda et quelques membres de sa notabilité lors de l’entretiencollective protocole d’usage dans unavec l’équipe de reportage.(PHOTOS : VÉRONIQUE DADIÉ) village. Lahou-Kpanda vit un autre en bambou et coiffées de bitations. C’est une grande ronnant. Sous l’apatam de laSouffrance psychologique Un jeune homme, Seguidrame en dehors des ves-toits de chaume en ajoutent clôture construite en dur et chefferie, nous échangeons, François, ancien élève tiges coloniaux qui ont dis-à l’exotisme du village. peinte en jaune. A l’intérieur, selon les usages, les pre-Les populations de du lycée professionnel deparu. Il s’agit de la disparition Lahou-Kpanda est calmeles notables, au nombre mières salutations avec lesLahou-Kpanda assistent im-pêche de Grand-Lahou, se progressive des tombes ou et les habitants que nous de cinq, nous y attendent ; notables. Informé de notrepuissants à la migration de porte volontaire pour nousautres éléments sacrés qui rencontrons sur notre che-l’écho de notre présence leur arrivée, le chef Ledjou Yahou l’embouchure qui est en train conduire à la chefferie.justient l’ancrage des Afri-min sont affables. Tous ré- est déjà parvenu. La chef- nous rejoint quelques mi- d’effacer leur histoire. Elle a Chemin faisant, notre regardcains avec leurs ancêtres. pondent aux salutations avecferie compte normalementnutes plus tard pour l’entre-gagné 2 km de terre de sa se pose sur le sol sablon- Sans le culte du mort, cer-courtoisie.position initiale. La mer a déjàtien avec ses notables et lui. 12 notables représentant les neux du village où la mer tains Africains se sentent Après environ 10 minutes 12 quartiers qui composent En réalité, cette paix appa- fait d’énormes dégâts chez a charrié des coquillages perdus et c’est le cas des de marche, nous arrivons Lahou-Kpanda. Les absents rente observée dès notre eux. Elle a emporté les ves-d’huitres vers les habitations.Avikam. En effet, nous avons au siège de la chefferie qui à la rencontre, au nombre dearrivée cache une angoissetiges de la colonisation ; le Tout au long du trajet, nous découvert les dégâts provo-se trouve en plein cœur du7, étaient à des obsèques. que vivent les 10.000 âmes monument aux morts, la pri-contemplons ce décor pitto-qués par la mer : les tom-village. Il est très facile à Ils représentaient, ce jour-là, de Lahou-Kpanda, sous la son coloniale dans laquelle resque. Les longues clôtures beaux ont été profanés. Une reconnaître. Sa structureleur chef à des funérailles à menace de la mer.a séjourné William Harris, le et des maisons construitesbonne partie du cimetière est tranche avec les autres ha-fondateur de l’Église HarrisLikpiliassé, un village envi- confondue à la plage. en Côte d’Ivoire, la plate-On peut apercevoir par en-forme de la route de l’escla-droits des restes de murs vage… « Il y avait un monu-des tombeaux emportés par ment dédié aux esclaves ici la mer, certains engloutis à Lahou-Kpanda qui retraçait dans le sable… leur passage sur nos terres. Comment retracer l’histoire C’est ici qu’ils transitaient de sa famille aux générations avant d’être transportés en à venir face à une telle situa-Europe. Les Français, les An-tion ? glais et Hollandais faisaient « Ce qui se passe ici me du commerce ici. … Plus rien traumatise et me dépasse. ne nous rappelle cette partie La mer a emporté les tom-de notre histoire. Tout ce qui beaux de mes parents (père représentait l’administration et mère). Je suis constam-coloniale et commerciale a ment angoissée de savoir également disparu. Nous que la mer peut nous déloger sommes psychologiquement à n’importe quel moment… atteints. C’est douloureux ». Celle qui s’exprime ici se de voir une grande partie de nomme Philomène Kouassi. notre patrimoine disparaître Cette mère de quatre enfants ainsi… », soupire Beugré et sa famille vivent à proximi-Innocent, le porte-parole et té de la plage qui conduit à secrétaire général de la chef-l’embouchure et aux tom-ferie de Lahou-Kpanda. beaux grignotés par la mer. « Nous sommes en train de La cinquantaine révolue, perdre notre identité et cela nous l’avons trouvée cou-nous fait terriblement souffrir. chée dans le sable sous un C’est vrai que nous pouvons apatam de fortune avec ses à tout moment rejoindre la Une vue du cimetière profané par la mer. ville. Mais qu’est-ce que nos
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