Fraternité Matin n°17305 - du jeudi 1er septembre 2022
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Fraternité Matin n°17305 - du jeudi 1er septembre 2022 , magazine presse

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Date de parution 01 septembre 2022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

er Jeudi 1 septembre 2022 / N° 17 305 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orange Ci)Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Diplomatie
Von Kirchmann exprime sa reconnaissance à Kandia Camara P. 7
Dossier /Projet d’adressage des rues du district d’Abidjan
Les rues et les places publiques
porteront des noms locaux Pp. 2-3-4 Transports/ Permis de conduire à points Comment se fera e en œuvreP.8 la mis Dioman Coné, directeur de cabinet du ministère des Transports, annonce un arrêté dans les jours à venir pour
préciser les modalités de fonctionnement de cette réforme.
Eugénie Koué, 1re femme cheffe de village dans le Cavally : J’aicernétousles contours du pouvoir traditionnel ” Pp. 11-12
2 Regard Leçons du passé... oulevard Botreau Roussel, Avenue Treich-Lapleine, saBns doute, nous em-rue A50… Voi-là des voies que, pruntons tous les jours, au Plateau à Abidjan. Mais qui, il faut l’avouer, ont des noms qui ne nous sont pas familiers, au point de ne pas pou-voir les graver dans notre mémoire pour qu’ils nous servent de boussole dans nos déplacements !Abidjan, la capitale éco-nomique ivoirienne, no-tamment les communes du Plateau, de Treichville, de Marcory (Zone 4C), de Cocody (centre), etc., sont dotées d’au moins 500 voies baptisées de noms émanant d’illustres Par MARCEL APPENA
personnalités qui ont marqué directement ou indirectement l’histoire de la Côte d’Ivoire. A l’aube des indépen-dances, un premier jalon a été posé dans l’adres-sage des rues à Abidjan. Suivi d’une autre opéra-tion au milieu des années 1990. Du travail a donc été fait. Mais sans suc-cès apparent, parce que ces opérations n’ont pas pris en compte les aspi-rations de la population, première bénéficiaire. Beaucoup reste à faire ! Il faut donc tirer les leçons du passé pour avancer sur des bases solides. Entre autres, attribuer des noms de façon judi-cieuse, c’est-à-dire, fami-liers et mieux connus des Ivoiriens. Sensibiliser aussi, mais, surtout, communiquer et vulgariser ces noms, pour qu’ils soient à ja-mais gravés dans notre subconscient ! Aujourd’hui, à Abidjan, les quartiers s’étendent en longueur. Le travail d’adressage doit donc suivre le rythme de l’évolution urbaine. La modernisation et la com-pétitivité de la capitale économique ivoirienne en dépendent. Ailleurs, ce genre d’opération est devenu si banal qu’il re-lève des municipalités. La Côte d’Ivoire doit fran-chir le Rubicon !
Dossier
er Jeudi 1 septembre 2022
Projet d’adressage du district d’Abidjan
Des noms locaux pour donner une coloration locale à l’opération
L’adressage des rues dans le district d’Abidjan, projet innovant, est dans sa phase d’exécution. Il va inscrire la capitale économique ivoirienne sur la liste des villes compétitives et résilientes.
u tournes à droite ; au prochain carrefour, tu vas à gauche. Tu trou-graTnd manguier. Tu comptes veras un espace de jeu, puis une cour où il y a un les maisons, la quatrième qui est peinte en bleu se trouve en face d’une boutique. Il faut demander au boutiquier de te montrer la maison de papa d’Andy, le jeune qui joue au ballon ». Finies bientôt les indications à donner le tournis. L’opération d’adressage des rues, qui se déroule actuellement dans le district d’Abidjan, est un «pro-jet complet». Contrairement aux anciennes initiatives, cette fois-ci, l’accent sera mis sur le choix de noms typique-ment locaux, tirés du terroir et de différents secteurs d’activi-té de la Côte d’Ivoire. A terme, l’opération sera un modèle, une référence en Afrique noire francophone. Au ministère de la Construc-tion, du Logement et de l’Ur-banisme, cheville ouvrière de cette opération lancée offi-ciellement à la mi-décembre 2021, on met les bouchées doubles pour corriger les initiatives des années 1960-1970 et celles du milieu des années 1990 qui n’avaient pas abouti. Quel est aujourd’hui l’état d’avancement de cette opéra-tion ? Le directeur en charge des questions d’adressage, de gestion et de restructu-ration urbaine au ministère de l’Urbanisme, Alphonse N’Guessan, affirme que le projet avance bien. «L’univer-sité, à travers les deux cel-lules, a rendu son rapport pro-visoire», dit-il. Selon lui, après le lancement officiel, le 16 décembre 2021, les équipes terrain ont engagé les opé-rations à Koumassi, Marco-ry, Port-Bouët et Treichville. «Aujourd’hui, concernant ces communes qui constituent la zone 1, le travail d’enquête est globalement achevé. Des noms ont été proposés. Nous sommes en train de les vali-der, avant de les faire enté-riner par le gouvernement. Après, il faudra procéder au dénombrement des plaques, passer des commandes pour les poser aux abords des dif-férentes rues. D’ici-là, dans les semaines à venir, les travaux vont débu-ter dans la zone 2, c’est-à-dire Plateau, Adjamé et Atté-coubé », dit-il très confiant. Aujourd’hui, l’opération se trouve au stade des enquêtes d’adressage des communes de Cocody et Bingerville
Le projet d’adressage des rues a été lancé en décembre 2021, dans la commune de Koumassi.(PHOTOS : VÉRONIQUE DADIÉ)
(Zone 3). Cette opération a débuté le 26 août 2022. Il s’agit de réaliser les enquêtes nécessaires dans ces deux communes qui constituent la zone 3. Et ensuite, procéder à la matérialisation de l’adresse sur les maisons (unités d’oc-cupation). Le projet, financé par la Banque mondiale dans le
cadre de l’appui à la compé-titivité du Grand Abidjan, doit en principe durer trente-six mois. «Mais, avec la bonne tendance, nous sommes en mesure d’affirmer que le tra-vail pourrait être contracté en 24 mois. Donc, nous pouvons ache-ver les travaux dans un délai raisonnable de 24 mois», an-
nonce-t-il. C’est ce challenge que veut relever le ministère de la Construction, du Loge-ment et de l’Urbanisme, dans le cadre du projet d’adres-sage des rues et portes d’Abi-djan. Ainsi, selon le directeur en charge des questions d’adressage, de gestion et de restructuration urbaine
au sein de ce département ministériel, cette opération, une fois réalisée, « sera en Afrique noire, singulièrement dans les pays francophones, le premier projet d’adressage complet qui tranche par ses innovations. L’exemple d’Abi-djan devrait faire tache d’huile. Il sera, in fine, une référence en matière d’adressage des
Financement bouclé pour Bouaké et San Pedro ! sera, cette fois-ci, finanopération pilote de codification -des rues dans le district d’Abidjan cée sur fonds propres par est entrée dans sa phase active l’État de Côte d’Ivoire. Les dLe l’étude de faisabilité, les treize com-«prioritaires». Man, Odien-depuis décembre 2021. Confor-villes de Daloa, Yamous-mément aux recommandationssoukro et Korhogo sont munes d’Abidjan ont été scindées en né, Bondoukou, Aboisso… cinq zones.figurent aussi en bonne Selon le ministère de la Construction,place sur la liste. A terme, du Logement et de l’Urbanisme, les d’ici vingt-cinq ans, comme opérateurs privés en charge des trale soutient au sein du- on vaux (enquêtes, pose de plaques, nu- ministère en charge de mérotation des portes) dans chaque l’Urbanisme, l’adressage zone disposent de cinq mois pour les des rues devra toucher achever. toutes les villes du pays. Après Abidjan, suivront les localités Précision de taille, les de Bouaké et San Pedro. «La Banque quartiers précaires ne sont mondiale, le bailleur de fonds, veut nous pas pris en compte. Car ne accompagner pour la finalisation de bénéficiant pas de com-l’adressage de ces deux pôles majeurs modités aux normes, en de notre économie», révèle le directeur termes d’urbanisme. Mais en charge des questions d’adressage il est bon de savoir qu’en au ministère de la Construction, du Lo-mars 2019, le ministre Bru-N’Guessan Alphonse, directeur du projet d’adressage gement et de l’Urbanisme, Alphonse no Koné avait annoncé un au ministère de la Construction, du Logement et de N’Guessan. vaste «programme de res-l’Urbanisme. A ce sujet, il fait savoir que les travauxtructuration» des quartiers dro, les travaux seront engagés dans dans ces villes débuteront, même si précaires, au nombre de 132 dans le neuf autres localités, «capitales ré-ceux d’Abidjan ne sont pas arrivés à district d’Abidjan. gionales» du pays. Cette autre phase terme. A la suite de Bouaké et San Pe-M. APPENA
er Jeudi 1 septembre 2022
Comme cette voie, les rues d’Abidjan porteront des dénominations tirées du terroir.
rues et de numérotation des unités d’habitation». La prin-cipale raison, c’est qu’il prend en compte tous les aspects qui touchent à l’adressage, comme le commandent les normes : toutes les voies des treize communes du district d’Abidjan, les habitats et rési-dences, les places et espaces publics ainsi que les carre-fours. «Nous avons décidé de faire un adressage total qui consiste à nommer les rues et numéroter les maisons.Chaque voie, chaque espace public et chaque carrefour d’Abidjan seront baptisés. Quant aux maisons, elles se-ront dotées de numéros», ex-plique-t-il. Pour faire l’état des lieux et avoir une idée claire de ces infrastructures, une étude de faisabilité a été réa-lisée par le groupement IGN-FI/DEFIS et STRATEGIES/ GEOFIT, de septembre 2017 à juin 2018, sous la supervi-sion de la Centrale d’adres-sage logée au sein du Bureau national d’études techniques et de développement (Bnetd). Validées en Conseil des mi-nistres, le 11 avril 2021, les conclusions de cette étude révèlent, entre autres, que le district autonome d’Abidjan compte près de 12 000 voies et 36 000 carrefours. L’étude a dénombré également au moins 800 000 unités d’oc-cupation (portes). Elle conclut aussi que sur l’ensemble des 12 000 voies, 513, soit 4%, portent déjà des noms. Au-trement dit, 96% sont restées sans identité.
Éparpillées dans tout Abidjan C’est donc l’ensemble de ces maisons et infrastructures routières éparpillées dans tout Abidjan qu’il faut repérer, identifier, nommer ou numé-roter, en vue de faciliter les déplacements. A la fin, «les
noms des rues, des carre-fours et places publiques ain-si que les numéros des mai-sons seront digitalisés pour être utilisés sur les smart-phones et les outils digitaux qu’offrent aujourd’hui les Tic», précise le directeur. En clair, il s’agit de créer un fichier na-tional d’adresses, en vue de la géolocalisation. De façon globale, les enjeux de l’opération d’adressage du district d’Abidjan sont de taille. «L’adressage permet de sim-plifier profondément les actes de la vie courante : repérage dans la ville, services d’ur-gence et de sécurité, faciliter les activités économiques, notamment le développement du e-commerce, la commu-nication entre société civile, secteur privé et État (gestion foncière, fiscale, services de base, poste…)», avait préci-sé Bruno Koné, ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, au cours de la première réunion de la Commission nationale de to-ponymie, le 27 avril 2021. Les services essentiels qui rythment la vie quotidienne et exigent la géolocalisation ne peuvent qu’en tirer largement profit. Il s’agit de La Poste, pour la distribution des cour-riers et colis postaux ; la Cie et la Sodeci, pour les factures d’électricité et d’eau ; les pompiers civils et militaires, pour les secours d’urgence ; les impôts, pour une meil-leure maîtrise du cadastre et la gestion du foncier. Idem pour l’état civil, la justice, les secours, pour transporter les malades ; l’ensemble de l’administration publique et les entreprises privées ainsi que les collectivités décen-tralisées (districts, régions et communes).
Incontournables… Au sommet de l’État, on ins-
Dossier
crit donc cette opération dans la dynamique d’une ville plus compétitive, moderne et da-vantage résiliente. «L’adres-sage des rues fait partie de ces réalités incontournables de l’écosystème des villes modernes (…). Oui, donner des adresses constitue un élément clé du renforcement de la citoyenneté de notre société et de la compétitivité de notre économie», a claire-ment expliqué le Premier mi-nistre Patrick Achi, au cours du lancement de l’opération, le 16 décembre 2021, dans la commune de Koumassi.
12 000 rues Dans l’opérationnalisation du projet, ce sont plusieurs structures étatiques, parapu-bliques et privées qui entrent en ligne de compte. Parce qu’il s’agit d’une opération de planification urbaine, la maîtrise d’ouvrage est as-surée par le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme. Cependant, c’est le Bnetd qui chapeaute le projet à tra-vers la Commission nationale de toponymie et la Centrale d’adressage. Dispositif clé dans le cadre de la mise en
œuvre du projet, la Centrale d’adressage constitue le pou-mon de l’opération. Car pilier central qui suit, en perma-nence, l’évolution du projet. Le 3 mai 2021, au cours de la visite de cette structure au Bnetd, Kinapara Coulibaly (Dg du Bnetd) a indiqué que cette Centrale joue «le rôle de maître d’œuvre». C’est elle qui « s’assurera de la mise à jour des données d’adresses, de la qualité et de la fiabilité des données traitées ainsi que de la pé-rennisation du projet». En outre, cette institution doit
3 constituer une base de don-nées, « un référentiel unique d’adresses» des nouvelles adresses, à la suite d’un nou-vel adressage physique. La Commission nationale de la toponymie se charge, pour sa part, des questions d’attri-bution des noms aux voies et places publiques. Elle identi-fie et établit la liste des voies et places publiques. Ensuite, elle se charge de valider les critères objectifs et scienti-fiques de la cellule en charge de proposer des noms. En l’espèce, il s’agit de la Cellule d’analyse de la poli-tique économique du Cires (Capec). Elle établit aussi des propositions de charte de la typologie des voies et des règles d’écriture des dénomi-nations. En tenant notamment compte de la hiérarchisation des routes (boulevard, avenue, rue, impasse…). Avec le Laboratoire de socio-logie et d’anthropologie des appartenances symboliques (Laasse), ces deux entités affiliées à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Coco-dy constituent le consortium chargé de proposer les noms que devront porter les 12 000 rues ainsi que les carrefours et places publiques d’Abidjan. «Cette équipe d’une dou-zaine de chercheurs pluridis-ciplinaires est riche de par sa composition, car comprenant des économistes, des socio-logues, des géographes, des historiens…», indique Dr Kra-mo Kouakou Germain, cher-cheur et coordinateur adjoint de la composante proposition de noms des rues dans le projet d’adressage. Le résul-tat ne tardera certainement plus.
MARCEL APPENA
Le 192, boulevard de l’unité nationale. Une des innovations de l’opération d’adressage, c’est la numérotation des unités d’occupation (les maisons).(PHOTOS : VÉRONIQUE DADIÉ)
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Dossier
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Dr Kramo Germain,chercheur à la cellule d’analyse de politique économique du Cires:
‘‘Le marquage des rues permet de pérenniser l’histoire du pays et les personnalités de marque’’
Vous êtes chargé d’exami-ner, entre autres, la valida-tion des noms de rue déjà existants. Quelles sont les conclusions à ce jour ? C’est le premier pan de notre travail. A partir de l’analyse des données recueillies, à la suite des enquêtes auprès des usagers des différentes voies, il ressort que les populations souhaitent le maintien de la majorité des noms officiels et usuels déjà attribués. Par contre, d’autres souhaitent que les noms de certaines voies soient changés. En der-nier ressort, c’est la Commis-sion nationale de toponymie, en charge de l’attribution des noms, qui doit trancher.
Vous devez proposer au moins 12 000 noms pour les voies du district d’Abidjan. C’est un travail de titan. Quelles sont les diffé-rentes approches métho-dologiques que vous avez adoptées pour mener à bien cette tâche ? Le challenge est effectivement énorme ! Nous avions douze mille noms à proposer à la faveur de l’opération d’adres-sage des rues d’Abidjan, aussi bien pour les voies existantes que celles qui pourraient être créées à l’avenir. Dans cette optique, nous avons opté pour une démarche en trois étapes. Primo, choisir des critères pour les attributions de noms. A ce niveau, nous avons mené des enquêtes auprès des mé-nages. A partir des données recueillies, nous avons pu identifier des critères dans l’attribution des noms, aux dif-férentes catégories de voies (primaires, secondaires et ter-tiaires). Secundo, la phase de collecte de noms auprès des différentes structures. A ce niveau, nous avons adressé des courriers à des structures publiques et privées, aux dif-férentes couches socioprofes-sionnelles, ainsi qu’aux com-munes. Il s’agit d’échanger avec les citoyens pour nous proposer des noms. Enfin, au terme des propositions, une analyse de fond est faite par notre équipe. Il faut noter que ces propositions concernent les personnalités qui ont mar-qué, de fort belle manière, l’histoire des communautés. Au passé comme au présent, ces personnes doivent pouvoir faire l’unanimité.
Les propositions que vous faites concernent aussi les espaces, les places pu-bliques, les carrefours… L’opération prend en compte les rues, les espaces et les lieux publics. Nous avons donc élaboré des critères relatifs aux voies de communication et aux places, aux lieux publics, ain-si qu’aux carrefours. Il appar-tiendra donc à la Commission Nationale de la Toponymie de les respecter dans le choix des différents noms.
De façon pratique, quels sont les critères que vous avez édictés pour les routes ?En ce qui concerne les artères routières, les critères portent sur des noms de personnalités ayant eu une forte contribution au niveau national ou local, les faits et dates marquants, les concepts importants de la vie socio-politique, l’activité dominante exercée sur la voie mais aussi des éléments na-turels (la flore, la faune, cours d’eau, relief, etc), ... Pour les places publiques, en plus des critères définis au niveau des voies de circulation, il faut ajouter les noms sur les faits et évènements marquants qui se sont déroulés sur les diffé-rents espaces et les édifices à proximité.
Y a-t-il des secteurs qui sont prioritaires ou alors, tous les domaines sont pris en compte ? Les personnes qui ont impacté de façon positive la vie des dif-férentes communautés se re-trouvent dans tous les secteurs de la vie et dans toutes les communautés. Nous sommes donc allés à la Grande chan-cellerie pour solliciter un listing des personnes décorées, leur mérite étant reconnu par la Na-tion. Dans l’ensemble, après la collecte (à la Grande chan-cellerie, dans les différents corps de métier, dans les com-munes…), nous les analysons, les organisons, pour les mettre à la disposition du ministère en charge de l’Urbanisme. A quel stade se situe aujourd’hui ce travail de collecte ?Une bonne partie des noms a été collectée. Et nous conti-nuons. Au terme de l’étude de faisabilité, le district d’Abidjan a été divisé en cinq zones. C’est ainsi que, dans le cadre
de notre travail, nous avons donné la priorité à la zone sud-zone 1 (Koumassi, Marcory, Port-Bouët et Treichville). Pour ces communes, des propo-sitions ont été déjà faites. Le processus est en cours et il se poursuit.
Concernant le choix des noms, seules les personna-lités ivoiriennes sont prises en compte ou y a-t-il une ouverture ? Après analyse des données, à la suite des entretiens et des informations recueillies auprès des populations, il s’est avéré qu’on peut bien proposer des noms étrangers à la Côte d’ Ivoire. Mais, il faudrait que ces personnalités aient un lien di-rect ou indirect avec la Côte
d’Ivoire, avec la commune ou la communauté concernée. C’est le cas, par exemple de Martin Luther King qui a été proposé à Marcory. Pour la dignité de l’homme noir, cet Américain est une icône.
Y a-t-il une hiérarchisation des noms en fonction de l’importance des ruelles, rues ou avenues ?Effectivement, il y a une hié-rarchisation au niveau des cri-tères de choix des noms. En ce qui concerne les artères, il y a des voies structurantes, dépendantes du District auto-nome d’Abidjan. Viennent en-suite les voies secondaires et tertiaires. Ce qui veut dire que le nom qu’on pourrait donner à une voie structurante ne sera
pas forcément de la même ca-tégorie pour une voie qui relie les quartiers d’une commune. Il y aura donc une hiérarchisa-tion des noms, en fonction de la classification des artères du Districts d’Abidjan, des artères intercommunaux et des voies intra-communales.
Quel est le temps imparti pour boucler les proposi-tions des douze mille noms des rues d’Abidjan ?Cela fait quelques mois que ce travail aurait dû être achevé. Mais, comme on s’y attendait le moins, nous avons rencon-tré quelques difficultés qui ont, hélas, impacté notre calendrier de travail. Il s’agit notamment des rendez-vous que nous sol-licitons auprès des administra-tions et des populations dans le cadre de l’approche parti-cipative et inclusive que nous avons adoptée, pour mener à bien cette étude. Sur cette base, le travail a accusé un peu de retard.
L’adressage des voies ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte au lendemain de l’indépendance. L’État de Côte d’Ivoire s’y est à nouveau attelé au milieu des années 1990. Avez-vous tenu compte de l’expérience du passé pour la réalisation de l’opération en cours ?C’est sur la base des leçons ti-rées des erreurs du passé que nous allons réussir l’opération d’adressage en cours. C’est après avoir fait le constat des échecs du passé que l’État de Côte d’Ivoire a lancé l’actuel adressage des voies d’Abi-djan. Nous avons adopté une démarche purement participa-tive, nous sommes allés sur le terrain pour recueillir des pro-positions qui, à notre sens, ne
peuvent qu’être acceptées par ceux-là même qui les ont pro-posées. Les expériences du passé ont montré que la ques-tion de la toponymie n’a pas été prise en compte. C’est ce qui explique, en partie, l’échec de l‘opération initiale. Donc, c’est pour corriger cette insuffi-sance que cette préoccupation se trouve au cœur de l’opéra-tion qui se déroule actuelle-ment. Plutôt que de porter de simples chiffres et des lettres qui ne renvoient à pratique-ment rien de concret, les noms proposés, aujourd’hui, per-mettent aux populations de se retrouver et d’être en rapport avec des éléments concretsconnus de tous.
Donner un nom à une rue, quel est le sens d’une telle démarche ? De façon concrète, quelle est la valeur ou la philosophie qui sous-tend la dénomination d’une artère au sein d’une localité ? Nommer des rues reste, avant tout, une manière de célébrer des hommes de valeur, en reconnaissant leur mérite et le service rendu à la nation. Ensuite, à travers ces dénomi-nations, c’est l’histoire du pays qu’on marque, publiquement, d’une pierre blanche, dans les rues de nos communes. L’im-pact est culturel, car le mar-quage des rues permet de pé-renniser des faits historiques et les noms de personnalités d’envergure nationale ou com-munautaire. Cela permet aux générations futures de côtoyer, au quotidien, les figures em-blématiques de notre patri-moine, dans tous les domaines de la vie (politique, économie, santé, sport…). INTERVIEW RÉALISÉE PARMARCEL APPENA
Même si la priorité est donnée aux noms locaux, il n’est pas exclu de choisir aussi, des dénominations plus ou moins liées à l’histoire de la Côte d’Ivoire.(PHOTOS: VÉRONIQUE DADIÉ)
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