les limites de l humain
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Description

rencontres internationales de Genève
L’homme prévoyant la mort de son espèce, l’homme déchiffré
en son génome et fabriqué demain, l’homme perdu dans le délire
des mégapoles folles sans aucune volonté pour les structurer :
Bogota, Medellin, Sao Paulo, Mexico, Calcutta... L’homme seul
pour définir les limites du jusqu’où ne pas aller, ce seront nos
thèmes

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Langue Français
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Extrait

@ RENCONTRES INTERNATIONALES DE GENÈVE TOME XXXIX (2003) LES LIMITES DE L’HUMAIN Michel SERRES — Henri ATLAN Roland OMNÈS — Georges CHARPAK Olivier MONGIN — Jean-Pierre DUPUY Monique CANTO-SPERBER Les limites de l’humain Édition électronique réalisée à partir du tome XXXIX (2003) des Textes des conférences et des débats organisés par les Rencontres Internationales de Genève. Éditions L’Age d’Homme, Lausanne, 2004, 236 pages. Promenade du Pin 1, CH-1204 Genève 2 Les limites de l’humain TABLE DES MATIÈRES (Les tomes) INTRODUCTION : LES LIMITES DE L’HUMAIN NOUVELLES LIMITES DE L’HUMAIN Introduction par Marc Faessler Conférence de Michel Serres Débat L’HUMANITÉ D’HOMO SAPIENS. LES LIMITES DE L’INHUMAIN Introduction par Alex Mauron Conférence de Henri Atlan Débat Conférence de Roland Omnès Commentaire de Georges Charpak LA MORT DE LA VILLE ? Introduction par Michel Porret Conférence de Olivier Mongin Débat DE LA LIMITE SUPRÊME : L’AUTODESTRUCTION DE L’HUMANITÉ Introduction par Nicolas Levrat Conférence de Jean-Pierre Dupuy Débat LA VIE HUMAINE ET LA FRAGILITÉ DES RAISONS Introduction par Patrizia Lombardo Conférence de Monique Canto-Sperber Débat TABLE RONDE : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ». Introduction de Georges Nivat * Index des intervenants @ 3 Les limites de l’humain AVERTISSEMENT @ Nous tenons à remercier ici tous ceux qui ont rendu possibles cesp.006 conférences et ces débats ainsi que le volume qui en transcrit le texte. Nous disons notre gratitude aux conférenciers et aux personnes ayant participé aux débats ; aux présidents de séances ; à M. Denis Bertholet qui, à partir des enregistrements, a établi le compte rendu de certaines conférences et des débats ; enfin à Mme Elise Fréchette qui a aidé le secrétaire général à préparer le manuscrit de ce volume. Nous remerciements s’adressent aussi à tous ceux qui assurent la vie des Rencontres internationales de Genève : le Département de l’instruction publique de la République et Canton de Genève ; le Département des affaires culturelles de la Ville de Genève ; l’Université de Genève, son rectorat et son administration ; Mme Josiane Theubet, secrétaire des Rencontres. Nous réitérons enfin ici l’expression de notre reconnaissance pour son appui matériel à la Fondation Hans Wilsdorf qui assume une large part des frais de cette publication. Jean-Claude Frachebourg Georges Nivat Secrétaire général Président * Une série de cassettes sonores complète très utilement cet ouvrage. Elles ont été enregistrées lors de la trente-neuvième session des Rencontres internationales de Genève et contiennent in extenso les conférences et les débats de ladite session. Ces cassettes peuvent être écoutées à la médiathèque d’Uni Mail, bd du Pont-d’Arve, 1211 Genève 4, tél. 022 379 83 94/95. @ 4 Les limites de l’humain 1INTRODUCTION LES LIMITES DE L’HUMAIN @ Mesdames, Messieurs, Les Rencontres internationales de Genève se sont, en 1964,p.007 posé la question : « Comment vivre demain ? » et, entre autres, celle-ci : « Comment protéger et conserver la nature humaine primordiale ? » On parlait déjà de manipulations, on appréhendait « l’extinction de la spontanéité humaine », on plaçait des espoirs dans « la résistance du patrimoine stable ». Robert Oppenheimer, optimiste, déclarait ici même que « la science n’est pas toujours heureuse, mais comparée à toute autre vie, je pense qu’ele l’est ». Abordant le problème des limites, le grand physicien, créateur de la bombe atomique à Los Alamos, mais démissionnaire après Nagasaki, affirmait que « nous en saurons toujours davantage, et généralement d’autant plus que l’on peut identifier les limites toujours plus éloignées de la connaissance, que l’on peut trouver autant de nouvelles questions que de réponses, que l’on sera étonné et — si les expériences sont réellement bonnes — saisi d’admiration et ému ». Le savant s’inquiétait alors de l’établissement d’une concordance entre société ouverte et armes de destruction massive. La vie privée humaine lui semblait un contrepoids indispensable à la possibilité du désastre. La microminiaturisation, disait-il en 1964, permet un espionnage généralisé des vies 1 Le 23 septembre 2003. 5 Les limites de l’humain privées. Le savant qui avait été soumis à enquête savait ce dont il parlait. Et il restait optimiste. Le dernier à parler fut le poète Pierre Emmanuel qui évoquap.008 les frontières de la poésie (c’est un titre de Maritain) et qui définit la parole comme le dernier refuge de la charité dans un monde où la communication — disait-il — était devenue avare et indigente. Le savant et le poète restaient tous deux optimistes, je dirais fondamentalement optimistes. Parce que tous deux décrivaient un homme qui avait encore faim, une faim commune, un appétit d’être et qu’ils voyaient devant eux ce qu’ils appelaient « un espace de l’expérience humaine réconciliée ». Nos illustres prédécesseurs ont donc déjà parlé des « limites de l’humain ». Ils ont traité dès 1947 de « Progrès technique — progrès moral », et Nicolas Berdiaev vint dire ici son angoisse d’une « époque moderne qui touchait à sa fin ». L’Europe lui semblait décomposée, la Raison dépossédée, la guerre devenue « autonome » comme il dit, et l’homme devenu esclave. Son consentement à l’aliénation de sa propre nature était gage de violence et promesse de jougs nouveaux. Cependant Berdiaev lui aussi conclut presque en fanfare en imaginant un « humanisme religieux ». Nous en sommes loin aujourd’hui et nos invités vont définir les nouvelles limites de l’humain, celles du savoir, toujours plus loin, celles de la déontologie — mais comment l’élaborer est tout le problème actuel. Nul ne parlera plus, sans doute, comme Nicolas Berdiaev. Je voudrais citer à ce point Jürgen Habermas dans son essai L’avenir de la nature humaine, vers un eugénisme libéral : « Après les blessures narcissiques que nous ont infligées 6 Les limites de l’humain Copernic et Darwin en détruisant, l’un, notre image géocentrique du monde, l’autre, notre image anthropologique, peut-être accompagnerons-nous avec une plus grande quiétude cette troisième décentralisation du monde — la soumission du corps vivant et de la vie à la biotechnologie. » Le mot terrible est peut-être ici « quiétude ». L’endormissement de l’homme libéralement aliéné, iréniquement privé de transcendance et de valeur, roulé dans le ressac marchand et publicitaire, est assez terrifiant. L’horizontalité grandissante de nos systèmes de pensée, de pouvoir, de décision ne permet plus guère de demander « comment demain ». Comment aujourd’hui est déjà trop ardu, trop ambitieux pour nous. L’homme prévoyant la mort de son espèce, l’homme déchiffré en son génome et fabriqué demain, l’homme perdu dans le délire des mégapoles folles sans aucune volonté pour les structurer : Bogota, Medellin, Sao Paulo, Mexico, Calcutta... L’homme seul pour définir les limites du jusqu’où ne pas aller, ce seront nos thèmes et nous tâcherons de récapituler samedi matin en nous p.008 référant à Dostoïevski et à son ironique « Si Dieu n’existe plus, tout est permis », où chaque terme, aujourd’hui, est privé de sens. Dans Minority Reports, le film fou de Spielberg, l’ordre est si bien instauré par la société omnipolicière que les crimes sont prévenus avant d’être conçus, les humains reconnus par l’empreinte de leur iris, l’humanité entièrement instrumentalisée. La connivence entre l’art et la violence, l’art et le terrorisme est un sujet qui est peut- être de toujours mais dont le 11 septembre — réalisation de tant de films d’anticipation — a démultiplié la force de scandale. Le film du Brésilien Fernando Meirelles Cité de Dieu, chronique de la folie sanguinaire et innocente d’enfants meurtriers, violeurs 7 Les limites de l’humain et drogués dans les favelas de Rio, est aussi un exemple que nous donne l’art actuel du passage à la frontière, de la perte de sens de toute frontière. L’homme entrevoyant la mort de son espèce, puis celle de sa planète, l’homme déchiffré dans son programme génétique et pouvant s’offrir des prothèses de son corps, voire de son « moi », l’homme perdu dans le délire de mégapoles sans police, sans urbanisme, sans volonté commune. Au cours de la semaine, nous tâcherons d’interroger les limites, celles auxquelles on tend, celles que l’on transgresse, celles que l’on efface. La Securidade roumaine inventa en 1948 « l’expérience de Pitesti » où l’on faisait coucher dans le même dortoir les victimes et les bourreaux. Elle dura trois ans. Même Staline n’insista pas. L’expérience était fondée sur l’abolition des limites entre l’humain et l’inhumain. Pitesti peut nous servir durant cette semaine de mesure de l’inhumain. Pitesti accomplissait l’anticipation de l’expérience imaginée par Vladimir Nabokov dans son Bend sinister. Le dictateur Padouk, fondateur du parti unique de l’Homme médiocre, pense que tous les maux viennent de l’inégale répartition de la conscience humaine dans la population de la planète. La nouvelle répartition de la conscience humaine effacera les limites, créera un néant maternel que Nabokov appelle mothing, mother et nothing. Le livre s’achève en berceuse A good night for mothing. Nous n’y sommes peut-être pas encore, mais cette frontière-là est un peu partout. Georges NIVAT Président des Rencontres internationales de Genève 8 Les limites de l’humain 1NOUVELLES LIMITES DE L’HUMAIN INTRODUCTION par Marc Faessler théologien et pasteur @ Pour ouvrir cette session sur Les limites de l’humain, lesp.011 Rencontres internationales ont fait appel à un penseur visionnaire qui ne cesse de nous rappeler, dans ses derniers ouvrages, le Grand Récit de notre paradoxale infinitude ! Michel Serres est en effet un philosophe hors norme. Généreux, solaire, rayonnant, il est à l’affût de tous les fils invisibles qui — au pli d’une conscience de l’abîme infini dont nous émergeons — tissent le présent de notre modernité tel un accès inexploré à une toute nouvelle proximité de l’Universel. Sa vision des choses — que parvien
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