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Publié par | Thesee |
Nombre de lectures | 157 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 97 Mo |
Extrait
Institut d’Urbanisme de Paris
Thèse de Doctorat en Urbanisme
sous la direction de Thierry PAQUOT
Octobre 2009
Espaces imaginés, espaces habités
Au-delà de la mondialisation : Téhéran, Rabat, New York, Paris
Emeline Bailly
Le jury est composé de :
- Mme Sophie Body Gendrot, Professeur de l’université Paris IV- Sorbonne
- M. Jean Pierre Frey, Professeur de l’Université Paris XII – Institut d’Urbanisme de Paris
- M. Bernard Hourcade, Professeur et Directeur de Recherche au CNRS, Monde Iranien
- M. Thierry Paquot, Professeur de l’Université Paris XII – Institut d’Urbanisme de Paris
- M. Jean François Troin, Professeur émérite - Université de Tours
- M. Rosemary Wakeman, Professeur et Directrice des Etudes Urbaines de Fordham University - New
York
1 2
Remerciements
Je tiens à remercier particulièrement :
Thierry Paquot, pour sa confiance, ses conseils, sa disponibilité, ses encouragements,
Rosemary Wakeman, Rick Bell, Clara Rodriguez à New York, Françoise Navez Bouchanine,
Najib Guedira, Malik Souali à Rabat, Mina Saidi, S. M. Habibi, Christian Bromberger et
Philippe Rochat à Téhéran, pour leur conseil, aide et soutien, sans lesquels je n’aurais pu
mener à bien les enquêtes à New York, Rabat et Téhéran,
Tous ceux qui ont accepté de m’accorder des entretiens parfois longs et répétés, qui m’ont
donné accès à leur pensée, leur documentation et souvent amitié,
Ainsi, que tous mes proches, qui m’ont encouragée, supportée dans cette longue aventure.
3 4 Sommaire
INTRODUCTION 7
I - TEHERAN 27
La ville en Iran 28
La formation de la ville de Téhéran 37
L’espace urbain Iranien 47
Deux projets urbains à Téhéran : 62
. Navab : un quartier autoroute 64
. Beryanak : un quartier usé 90
II - RABAT 101
La ville Marocaine 103
L’espace urbain au Maroc 134
Deux projets urbains à Rabat : 143
. Al Kora : résorption d'un bidonville 145
. Tamesna : ville nouvelle marocaine 163
III - NEW YORK 183
La conception de la ville Américaine 184
Réémergence des lieux publics 222
Deux projets urbains à New York : 247
- Harlem : River to River et la réinvention de la 125ème rue 248
- Brooklyn : un nouveau quartier privatisé à Atlantic Yard 275
IV - IMAGINAIRE ET MONDIALISATION : INVENTER LES LIEUX PUBLICS 289
Références et imaginaires : concevoir l’être dans les lieux 290
Des lieux publics réinventés 356
CONCLUSION : ESPACES IMAGINES, ESPACES HABITES 409
Modèles, références et imaginaires 409
Espaces imaginés, Espaces habités 426
BIBLIOGRAPHIE 439
ENTRETIENS 453
RESUME 456
5
6 Introduction
1
De nombreux observateurs urbains estiment qu’une mondialisation de l’urbanisme est à
l’œuvre. On parle d’internationalisation, de globalisation, et même de « glocal ». L’expansion
urbaine sans précédent de nombreuses villes, tant au nord qu’au sud, le développement des
infrastructures (autoroute, aéroport, rond-point et échangeur, métro et transports collectifs,
sites « propres »), d’objets et fonctions urbaines standardisées (centres commerciaux,
opéra, multiplexe, musées, centre de loisirs, …), des quartiers spécialisés (quartiers
d’affaires, gated communities, quartiers populaires, …) serait le propre de l’urbanisme dit
mondialisé des grands investisseurs, des grands projets urbains, d’un nouveau fait urbain.
Pour d’autres, il existe un urbanisme vernaculaire, ancré dans des cultures particulières, des
urbanités singulières qui s’expriment dans des projets urbains proches des habitants, tenant
compte des spécificités locales. C’est l’urbanisme de la proximité, en particulier des quartiers
pauvres et dégradés, porté surtout par les municipalités, les ONG, les professionnels du
local…
Ces visions schématiques posent la question de l’internationalisation de la pensée urbaine
et par extension celle des modèles urbains qui de plus en plus coexistent, se confrontent et
s’inventent. Mon ambition est de questionner la réalité des modèles urbains internationaux.
Je souhaite comprendre, le cas échéant la manière dont ceux-ci se diffusent et s’imposent
ou s’adaptent dans les pensées urbaines locales, ancrées dans une culture urbaine
spécifique, dans une société en devenir. Mon hypothèse est qu’il existe une multiplicité
d’imaginaires urbains qui s’exprimeraient tant dans les grands projets internationaux que
dans l’urbanisme du local. Il existe certes une internationalisation des discours sur la ville
avec des principes d’intervention qui tendent à s’homogénéiser en particulier en matière
d’intervention dans les quartiers défavorisés (projet intégré, services urbains, gestion
urbaine, gouvernance, participation, développement durable, etc.). Pour autant, il existe une
pluralité de réinterprétation de ces principes qui donne lieu à des modes d’intervention et
des formes urbaines et sociales spécifiques. Il y aurait dorénavant une conception urbaine à
la fois singulière et plurielle, née de l’aller-retour entre des pensées urbaines internationales,
voire des modèles urbains types exportables, des conceptions locales et des visions
réinventées de la ville ou du phénomène urbain.
En mettant en regard plusieurs interventions urbaines dans plusieurs pays, mon objectif est
de révéler l’interaction qui s’opère entre les visions internationales et la pensée urbaine
locale. Mon postulat est que les formes d’urbanisme vernaculaire « pures » existent de
moins en moins sans pour autant conduire à une mondialisation de l’urbanisme. Il existerait
plutôt un entre-deux, révélateur d’une nouvelle approche de la connaissance et des modes
d’intervention urbaine à l’échelle internationale.
1
La mondialisation du fait urbain est communément partagée par la sociologue américaine Saskia
Sassen, que par les urbanistes et philosophes français Annick Osmont, Thierry Paquot, Olivier Mongin,
Jacques Levy, l’italien Alberto Magnagni, etc.
7 De l’urbanisme aux « modèles » urbains
L’histoire de l’urbanisme, comme discipline moderne, est née au début du XXème siècle
dans un contexte de diffusion de la pensée à une échelle internationale (séminaires
internationaux, expositions universelles, colonisation, etc. ). La coopération urbaine a été
constitutive de l’urbanisme et a contribué à façonner et diffuser de grandes théories
urbaines. D’ailleurs, retracer l’histoire de la coopération urbaine revient rapidement à faire
l’histoire de l’urbanisme.
Dès sa genèse, l’urbanisme, en tant que discipline moderne, est en effet pensé à l’échelle
internationale. L‘émergence même du terme « urbanisme » est à resituer, comme l’analyse
2
Thierry Paquot , dans une « géohistoire ». Ildefonso Cerda (1815- 1876) crée le néologisme
urbanizacion qu’il définit comme « l’ensemble des actions tendant à grouper les
constructions et à régulariser leur fonctionnement comme l’ensemble des principes,
doctrines et règles qu’il faut appliquer pour les constructions et leur groupement. Loin de
réprimer, d’affaiblir et de corrompre les facultés physiques, morales et intellectuelles de
l’homme social, il contribue à favoriser son développement ainsi qu’à accroître le bien-être
individuel et le bonheur public ». Il veut maîtriser l’extension des villes, urbaniser les
campagnes et ruraliser l’agglomération urbaine, préoccupations que l’on retrouvera chez de
nombreux urbanistes à sa suite même s’il ne sera traduit que tardivement en France. En
Allemagne, Joseph Stübben en 1880 et, en Autriche, Camillo Sitte en 1889, forgent le mot
der Städtebau que l’on peut traduire par « l’art de bâtir les villes » ou plus simplement
« urbanisme ». En Angleterre en 1909, Stanley Adshead inaugure la première chaire
universitaire de Town Planning à Liverpool tandis que Raymond Unwin publie Town planning
in practice et que les premières cités jardins sortent de terre. Enfin aux Etats-unis, paraît City
Planning (1915) tandis qu’une loi sur le zoning est votée à New York en 1916.
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