Les cales à bateaux phéniciennes de Minet el-Hosn, à Beyrouth
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La première expertise scientifique des cales de radoub mises au jour à Beyrouth à l'occasion de travaux de construction.

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Publié le 01 mai 2012
Nombre de lectures 199
Langue Français
Poids de l'ouvrage 31 Mo

Extrait

Les cales à bateaux phéniciennes de Minet el-Hosn,
à Beyrouth
Rapport d’expertise
Martine Francis-Allouche
avril 2012
Nature et fonction de ces cales taillées dans la roche
1. Toponymie Le nom Minet el-Hosn « port du fort » ou Minet el-Hussein « port du fortin », toponyme beyrouthin, a con-servé jusqu’à nos jours le souvenir de zone portuaire et décrit bien la qualité de refuge naturellement fortifié du site. 2.Topographie historique de la zone La zone des cales à bateaux de Minet el-Hosn est située dans l’anse naturelle d’un cap nommé « Ras Minet el-H(o)ussein » ou « cap de Minet el-H(o)ussein », comme il en existe beaucoup autour de Ras Beyrouth, le cap de Beyrouth. Les cartes militaires des  années 1930-40 (Fig. 2), — qui semblent rendre un compte fiable de l’organisation spatiale de la péninsule de Beyrouth avant le remblayage moderne de la zone du port —, ou encore, les cartes géographiques du 19e 3), montrent bien la côtesiècle (Fig. déchirée en abris naturels rocheux, qui sont appelés « Ras, Minet, Hussein, Ras Beyrouth, Ras Mukerben, Ras El Ghara », etc.…
Minet el-Hosn   1
Fig. 2 Plan du Bureau topographique des Troupes françaises du Levant, 1936.
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Fig. 3 P an e Beyrout , par Ju ius Lötve , 1876. Aujourd’hui, il subsiste encore quelquesras,ou caps, ou «Headland», épargnés par le développement moderne de notre côte. Toujours est-il que les ingénieurs d’autrefois semblent avoir utilisé cette côte rocheuse et dentelée telle qu’elle se pré-sentait à eux, au mieux qu’ils le pouvaient, en taillant la roche-mère et en utilisant les pierres extraites pour des construc-tions telles que le « mur de mer de Batroun », la « tranchée de Ras Byblos » ou encore les « rampes de cales de Enfé ». Ils construisirent sinon des môles sur des péninsules côtières existantes, comme, par exemple, sur l’île de Ziré à Sidon ou à Beyrouth (Fig. 3 et 4). En ce qui concerne le bassin du « port antique » – il semblerait qu’il ait été « fermé par une ceinture de récifs réseux artiellement immer és et raduellement consolidés pour former un môle artificiel » (N. Marriner 2007).
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Fig. 5 Lemaire, 1848. Sur les photos aériennes (1926) et les cartes anciennes (Fig. 2, 6 et 7), on distingue clairement deux échancrures naturelles à l ouest de la zone dite du « port antique ». La première échancrure, ou anse naturelle, est celle de Minet el-H(o)ussein, mention-née ci-dessus. Elle présente clairement une échancrure favorable, qui mettait à l’abri les embarcations. La deuxième échancrure que l’on voit sur les photos aériennes est celle où a été aménagée l’Avenue des Français (juste au nord-est de l’emplacement ac-tuel des cales sèches de Minet el-Hosn), dans le cadre d’un projet de reconstruction urbaine, en élargissant la zone de la « Rue de Minet el-Hosn » et la « Rue de Sour » durant la période du Mandat français: une photo en noir et blanc, prise au début du 20esiècle (voir Nina Jidejian,Beyrouth à travers les Ages, Lib. Orientale, 1999, et 186), montre bien cette anse pp.146-147 naturelle, dans laquelle de petites embarcations étaient halées sur le rivage: continuité fonctionnelle à travers les âges assurée !
Minet el-Hosn 3
Fig. 6 Plan de Beyrouth duBaedecker, 1912
Fig. 7 Plan de Beyrouth de Palmer, 1923. Ainsi, l’ensemble de la zone des anses naturelles de Minet el-Hosn et de l’Avenue des Français, orien-té vers le nord, était clairement abrité des vents et des courants dominants du sud-ouest par l’en-semble de la péninsule de Ras Beyrouth, ainsi que par le cap de Minet el-Houssein : orientation néces-saire pour un mouillage naturel, un ancrage passager, tout amarrage ou toute installation portuaire. 3.L’orientation des cales à bateaux Elles sont clairement orientées vers la mer, vers le nord-est, pour faire face aux courants dominants du sud-ouest, comme le sont systématiquement toutes les ins-tallations portuaires, antiques, comme modernes. De plus, l’alignement sud-nord des deux cales à bateaux parallèles de Minet el-Hosn se trouve dans le pro-longement d’une troisième petite échan-crure, ou crique, que l’on peut égale-ment apercevoir sur les photos aériennes (Fig. 8), et qui devait être naturellement protégée des courants dominants du sud-ouest, par leras, ou redan côtier de Minet el-Hussein. D’ailleurs, les courbes de niveaux que l’on remarque sur les plans « courbes de niveaux de Beyrouth, 1920 » et BEY overlap 194 » (Fig. 9 « et 10) montrent bien une dépression ou un léger vallon dans l’alignement des cales vers la mer, qui débouche sur cette petite échancrure à l’ouest de l’église an-glicane - ce qui favorise une avancée de la mer vers l intérieur, et ce qui explique que ces cales aient été installées à cet en-droit précis, particulièrement favorable.
Fig. 8 Vue aérienne de Minet el-Hosn en 1926.
Minet el-Hosn   4
Minet el-Hosn 5
Fig. 9 Beyrouth, courbes de niveaux 1920.
Fig. 10 Plan “BEY overlap 194” .
4.L’inclinaison des cales Leurinclinaisonde 2,5° et de 3° en direction de la mer est clairement liée à la mise en cale sèche de navires pour hiver-nage, ou réparation. Le principe même des cales est celui d’un plan incliné, qui profite au maximum du phénomène de la marée pour haler les navires. Cette inclinaison permet d’empêcher l’eau de mer de remonter dans les rampes, dont le fond devait être aménagé, à la limite de l’eau, en glissières, à l’aide d’éléments en bois, sur lesquels les navires étaient halés jusqu’au sec. Il faut rappeler ici que ces cales ont été tronquées sur leur longueur vers la mer par le réseau routier moderne et que, d’après des observations de terrain, leur inclinaison n’est pas homogène: les longueurs de cales existantes sont moins inclinées en leur partie supérieure qu’en leur partie inférieure. Ainsi, il est difficile de calculer avec précision la distance de l’emplacement actuel des cales au rivage antique en se fondant uniquement sur la pente qu’elles suivent. Et pourtant, il existe des archives sédimentologiques de sondages qui avait été effectués en 2005, préalablement à la construc-tion de l’immeuble « Bay Tower », qui se trouve au nord-est des cales : ces archives devraient être réinterprétées par un sédimentologue, afin d’y déceler d’éventuelles données archéologiques. Il serait également utile de faire des sondages par carottages dans le prolongement des cales vers la mer, au niveau de la route moderne qui les tronque sur leur longueur, ainsi que dans la route au nord de l’immeuble « Bay Tower » en question, qui bordait la mer encore au début du 20esiècle.
Fig. 11 Coupe longitudinale S-N de la rampe orientale.
Fig. 12 Reconstitution des cales en coupe transversale.
Fig. 13 Pente de la cale orientale.
iMen tle-Hosn   6
5 rapport au niveau de la mer ou MSLL’élévation par .
Fig. 14 Croquis de situation des cales à bateaux de Minet el-Hosn. Leur élévation par rapport au niveau de la mer est de l’ordre de 4.33 mètres, en leur point le plus bas, qui est la limite nord de la parcelle, tronquée par la route moderne — différence de niveau tout à fait convenable pour des cales sèches en inclinaison continue, bien que non homogène, vers la mer : l’immeuble « Bay Tower », situé en face, directement au nord-est des cales, est à + 1m au-dessus du niveau actuel de la mer, en son point le plus au nord - cette même limite nord de la parcelle de Bay Tow ’ t qu’à 87m de distance du point le plus au nord de la cale est tronquée. Malheureusement, le er, n es prolongement des cales vers la mer et l’aménagement portuaire auquel elles devaient être liées, étant perdus, le calcul d’une pente exacte ne peut être que spéculatif, en imaginant une pente de degré régulier. Cependant, nous savons que la différence de niveau actuelle maximale, entre les limites nord des deux parcelles est de 3, 33m (4.33 -1m) sur une distance de 87m, soit une pente de 3, 82 % (et un angle de 2, 19 degré). La zone présente ainsi une inclinaison importante vers la mer, et confirme la dépression des courbes de niveaux à cet endroit — une preuve tangible de plus qui va dans le sens de ces vestiges en tant que cales, et non pas en tant que carrière, comme mentionné dans plusieurs articles de journaux locaux de vulgarisation. 6.Distance au rivage antique Des calculs géodésiques effectués par la Direction générale des Antiquités, fondés sur une carte du début du 20esiècle, à l’époque du Mandat, placent la ligne côtière actuelle à environ 120m de la limite nord du site des cales tronquées par le réseau routier, (Fig. 14). Cependant, ladistance jusqu’au rivage antique, était certainement plus courte qu’aujourd’hui en raison de l’ensablement naturel, des remblayages nombreux et des changements subits de la ligne côtière au fil des siècles. Les cartes anciennes du 19esiècle (Royal Engeneers’ map of Beirut, 1841; Loytved, 1876) et du début du 20esiècle (1912; du Mesnil du Buisson, 1921) montrent bien un tracé de la ligne côtière en amont et confirment la progression de la ligne de rivage depuis l’Antiquité. Toutefois, certaines cartes anciennes doivent être lues avec précautions (1841, 1876, et 1912), à comparer avec les photos des années 1930 et les photos pré-remblaiement à ce niveau de la côte: on aperçoit des différences de distances entre les différents lots, concernant l’emplacement exact de la parcelle des cales et son éloignement au rivage aux diverses périodes.
Minet el-Hosn 7
Fig. 15 G. Daher,Le Beyrouth des années 1930, Beyrouth, 1994, p. 76-77. Dans la zone au nord-est des cales vers la mer, on aperçoit, sur ces photographies des années 1930 (Fig. 15), la ligne de rivage qui borde la route, dite « Rue de Sour », (ou « Rue de Palestine » dans certaines cartes anciennes), elle-même adja-cente, au sud, à l’église anglicane. Cette église fut construite en 1870, en partie sur des falaises de bord de mer et en partie sur pilotis ou fondation en arcades, dans la mer. Pourquoi cette église, qui se trouvait juste à l’ouest d’une petite échan-crure (qui est dans le prolongement des cales), aurait-elle été construite à mi-chemin entre la terre et la mer? Aurait-elle été construite avant une phase de remblayage, sur un petit îlot en bord de mer, dont la forme étroite et longiligne était orientée vers le sud ? Ou alors, la rue dite « Rue de Sour » (Tyr), existait-elle déjà avant la construction de l’église en 1870, laissant un bord de mer de falaises étroites, sur lesquelles on bâtissait comme on le pouvait, les pieds dans l’eau ? Quoi ’il en soit, la qu ligne côtière du 19esiècle, se trouvait, au plus loin, à l’emplacement de cette église, aujourd’hui bien à l’intérieur des terres.D’après Debbas (1994), la zone côtière du site des cales à bateaux a été remblayée en 1915, après la destruction de certains bâtiments médiévaux et ottomans pour la construction de routes carrossables. Durant le Mandat français, d’ tres rem-au blayages plus importants ont eu lieu sur la côte pour élargir ces réseaux routiers, donnant naissances aux rues Weygand, Allen-by, Foch, Georges Picot et, bien sûr, à l’Avenue des Français, qui se trouve à l’emplacement de la route côtière dite « Rue de Sour », à l’arrière des baies de Zeitouneh et Minet el-Hosn. Sur cette Avenue des Français, furent construit des hôtels luxueux tels que le Normandy qui, ironiquement, donna son nom au remblayage moderne d’après-guerre (Debbas 1994). Dans la zone des cales, deux grands hôtels ont également contribué à remblayer la côte, le Phenicia et le Saint-Georges que l’on voit très clairement sur la photo aérienne du remblayage moderne de la zone du port de la baie de Saint-Georges et du Norman-die (Fig. 16 et 17) : on y aperçoit l’artificialisation du trait de côte actuelle, et, retracé en bleu, le trait de côte des photos des années ‘30, précédant cette phase de construction moderne. Toutes les anses naturelles de la zone sont évidemment enfouies. La proximité des cales (à bateaux de Minet el-Hosn) à la mer apparait clairement en 1940 dans la photo employée par N. Marriner comme image de base (Fig. 18), et sur laquelle il retrace les différents paléorivages, d’il y a 5000 ans ! En somme, compte tenu de (1) la proximité des cales à la ligne de rivage, (2) leur longueur actuelle, respecti-vement de 32 et 25 mètres, tronquée par la construction de la route vers la mer, et (3) l’existence d’un aménagement portuaire au nord des cales, plus étendu vers la mer, la question ne se pose donc plus. A titre de comparaison, et quelle que soit la distance aujourd’hui (120m), il suffit de citer le port de LeniKepi à Istanbul, qui se trouve actuellement en-foui, à 300m à l’intérieur des terres, pour mieux comprendre l’éloignement actuel des cales de Minet el-Hosn de la mer.
Minet el-Hosn 8
Minet el-Hosn 9
Fig. 16 Vue aérienne du remblai, vers l’est.
Fig. 17 Vue aérienne de l’hôtel St. Georges (G. Daher,o.c., p. 83).
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