Assistant de service social 2006 Inst. Régional du Travail Social - Basse-Normandie
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Assistant de service social 2006 Inst. Régional du Travail Social - Basse-Normandie

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Examen du Supérieur Inst. Régional du Travail Social - Basse-Normandie. Sujet de Assistant de service social 2006. Retrouvez le corrigé Assistant de service social 2006 sur Bankexam.fr.

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Publié le 18 juillet 2008
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Langue Français

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Institut Régional du Travail Social I.F.S.S.Service Sélections Ecole de Service Social / C.R.F. 11 rue Guyon de Guercheville 5 rue du Gué de Gesnes 14200 HÉROUVILLE SAINT CLAIR 61000 ALENCON SÉLECTION DES ASSISTANTS DE SERVICES SOCIAUX ÉPREUVE ÉCRITE du 11 février 2006 Nombre de pages : 8 DURÉE DE L’ÉPREUVE : 4 HEURES Le dossier proposé est composé de deux documents: Document 1 «Notre Dame de Paris» - Victor Hugo – 1831  Editions Gallimard Folio Document 2«Les délices de la peur »- Claire CAILLAUD – décembre 1995Textes et documents pour la classe I – Compréhension de textes(4 points sur 20) 1.1 Dans le document 1, expliquez l’expression : «une merveilleuse grimace». 1.2 Dans le document 1, expliquez la phrase : «on eût dit un géant brisé et mal ressoudé». 1.3 Dans le document 2, expliquez le terme «ambiguïté». 1.4 Dans le document 2, expliquez la phrase : «les monstres, aujourd’hui, n’ont pas achevé leur carrière, mais ils ont rejoint la réalité».
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II – Analyse argumentative(6 points sur 20) 2.1 Dans le document 1, expliquez les différentes étapes de la mise en scène de Quasimodo. 2.2 Dans le document 2, présentez succinctement les éléments qui permettent de comprendre l’attirance pour la « figure » du monstre. 2.3 Dans les documents 1 et 2, présentez de manière ordonnée les éléments qui montrent que le monstre est fondamentalement une ambiguïté. III – Discussion(10 points sur 20) Dans une discussion ordonnée, vous répondrez, en vous aidant de l’actualité et de vos connaissances personnelles, à la question suivante : doit-on avoir peur des monstres ? AUCUNE FEUILLE DE BROUILLON NE SERA ACCEPTÉE
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DOCUMENT 1 La scène se passe à la fin du Moyen Age. Pour se divertir, le peuple de Paris décide de procéder à l’élection du « pape des fous » et à un concours de grimaces. C’était unemerveilleuse grimace, en effet, que celle qui rayonnait en ce moment au trou de la rosace. Après toutes les figures pentagones, hexagones et hétéroclites qui s’étaient succédé à cette lucarne sans réaliser cet idéal du grotesque qui s’était construit dans les imaginations exaltées par l’orgie, il ne fallait rien moins, pour enlever les suffrages, que la grimace sublime qui venait d’éblouir l’assemblée. Maître Coppenole lui-même applaudit ; et Clopin Trouillefou, qui avait concouru, et Dieu sait quelle intensité de laideur son visage pouvait atteindre, s’avoua vaincu. Nous ferons de même. Nous n’essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre, de cette bouche en fer à cheval, de ce petit œil gauche obstrué d’un sourcil roux en broussailles tandis que l’œil droit disparaissait entièrement sous une énorme verrue, de ces dents désordonnées, ébréchées ça et là, comme les créneaux d’une forteresse, de cette lèvre calleuse sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d’un éléphant, de ce menton fourchu, et surtout de la physionomie répandue sur tout cela, de ce mélange de malice, d’étonnement et de tristesse . Qu’on rêve, si l’on peut, cet ensemble. L’acclamation fut unanime. On se précipita vers la chapelle. On en fit sortir en triomphe le bienheureux pape des fous. Mais c’est alors que la surprise et l’admiration furent à leur comble. La grimace était son visage. Ou plutôt toute sa personne était une grimace. Une grosse tête hérissée de cheveux roux ; entre les deux épaules une bosse énorme dont le contre-coup se faisait sentir par devant ; un système de cuisses et de jambes si étrangement fourvoyées qu’elles ne pouvaient se toucher que par les genoux, et, vues de face, ressemblaient à deux croissants de faucilles qui se rejoignent par la poignée ; de larges pieds, des mains monstrueuses ; et, avec toute sa difformité, je ne sais quelle allure redoutable de vigueur, d’agilité et de courage ; étrange exception à la règle éternelle qui veut que la force, comme la beauté, résulte de l’harmonie. Tel était le pape que les fous venaient de se donner. On eût dit un géant brisé et mal ressoudé. Quand cette espèce de cyclope parut sur le seuil de la chapelle, immobile, trapu, et presque aussi large que haut,carré par la base, comme dit un grand homme , à son surtout mi-parti rouge et violet, semé de campanilles d’argent, et surtout à la perfection de sa laideur, la populace le reconnut sur-le-champ, et s’écria d’une voix : -! c’est Quasimodo, le bossu deC’est Quasimodo, le sonneur de cloches Notre-Dame ! Quasimodo le borgne ! Quasimodo le bancal ! Noël ! Noël ! On voit que le pauvre diable avait des surnoms à choisir.
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-Gare les femmes grosses ! criaient les écoliers. -Ou qui ont envie de l’être, reprenait Joannes. Les femmes en effet se cachaient le visage. -Oh ! le vilain singe, disait l’une. -Aussi méchant que laid, reprenait une autre. -C’est le diable, ajoutait une troisième. -J’ai le malheur de demeurer auprès de Notre-Dame ; toute la nuit je l’entends rôder dans la gouttière. -Avec les chats. -Il est toujours sur nos toits. -Il nous jette des sorts par les cheminées. -L’autre soir, il est venu me faire la grimace à ma lucarne. Je croyais que c’était un homme. J’ai eu une peur ! -Je suis sûre qu’il va au sabbat. Une fois, il a laissé un balai sur mes plombs. -Oh ! la déplaisante face de bossu ! -Oh ! la vilaine âme ! -Buah ! Les hommes au contraire étaient ravis, et applaudissaient. Quasimodo, objet du tumulte, se tenait toujours sur la porte de la chapelle, debout, sombre et grave, se laissant admirer. Un écolier, Robin Poussepain, je crois, vint lui rire sous le nez, et trop près. Quasimodo se contenta de le prendre par la ceinture, et de le jeter à dix pas à travers la foule. Le tout sans dire un mot. Maître Coppenole, émerveillé, s’approcha de lui. -Saint-Père ! Croix-Dieu ! tu as bien la plus belle laideur que j’aie vue de ma vie. Tu mériterais la papauté à Rome comme à Paris. En parlant ainsi, il lui mettait la main gaiement sur l’épaule. Quasimodo ne bougea pas. Coppenole poursuivit. -Tu es un drôle avec qui j’ai démangeaison de ripailler, dût-il m’en coûter un douzain neuf de douze tournois. Que t’en semble ?
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Quasimodo ne répondit pas. -Croix-Dieu ! dit le chaussetier, est-ce que tu es sourd ? Il était sourd, en effet. Cependant il commençait à s’impatienter des façons de Coppenole, et se tourna tout à coup vers lui avec un grincement de dents si formidable que le géant flamand recula, comme un bouledogue devant un chat. Alors il se fit autour de l’étrange personnage un cercle de terreur et de respect qui avait au moins quinze pas géométriques de rayon. Une vieille femme expliqua à maître Coppenole que Quasimodo était sourd. -Sourd ! dit le chaussetier avec son gros rire flamand. Croix-Dieu ! c’est un pape accompli. -Hé ! je le reconnais, s’écria Jehan, qui était enfin descendu de son chapiteau pour voir Quasimodo de plus près, c’est le sonneur de cloches de mon frère l’archidiacre. – Bonjour, Quasimodo ! -! dit Robin Poussepain, encore tout contus de sa chute. IlDiable d’homme paraît : c’est un bossu. Il marche : c’est un bancal. Il vous regarde : c’est un borgne. Vous lui parlez : c’est un sourd. – Ah çà, que fait-il de sa langue, ce Polyphème ? -Il parle quand il veut, dit la vieille. Il est devenu sourd à sonner les cloches. Il n’est pas muet. -Cela lui manque, observa Jehan. -Et il a un œil de trop, ajouta Robin Poussepain. -Non pas, dit judicieusement Jehan. Un borgne est bien plus incomplet qu’un aveugle. Il sait ce qui lui manque. Cependant tous les mendiants, tous les laquais, tous les coupe-bourses, réunis aux écoliers, avaient été chercher processionnellement, dans l’armoire de la basoche, la tiare de carton et la simarre dérisoire du pape des fous. Quasimodo s’en laissa revêtir sans sourciller et avec une sorte de docilité orgueilleuse. Puis on le fit asseoir sur un brancard bariolé. Douze officiers de la confrérie des fous l’enlevèrent sur leurs épaules ; et une espèce de joie amère et dédaigneuse vint s’épanouir sur la face morose du cyclope, quand il vit sous ses pieds difformes toutes ces têtes d’hommes beaux, droits et bien faits. Puis la procession hurlante et déguenillée se mit en marche pour faire, selon l’usage, la tournée intérieure des galeries du Palais, avant la promenade des rues et des carrefours. Victor HUGO « Notre Dame de Paris » - Livre I – Chapitre V - 1831
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DOCUMENT 2 Passager clandestin de la littérature, le monstre habite des romans et des récits dont la lecture procure un plaisir difficile à avouer. De même qu’on hésite à parler de la curiosité qu’on éprouve pour les faits divers. Le monstre est pourtant un hôte permanent de l’imagination humaine. Etre protéiforme, il resurgit sous un nouveau masque là où on avait cru s’en délivrer et en purifier le monde. Il jalonne ainsi tout l’histoire de la culture des hommes. Sur les frontières incertaines du visible et de l’invisible, insaisissables et pourtant omniprésents, les chimères, les lamies, les satyres, les goules et leurs descendants les vampires, monstres obscurs et archaïques, les Erinyes et leurs petites-filles les sorcières, les mandragores et les golems, créatures malfaisantes nées de l’orgueil humain, remplacées par les automates issus de la pensée de savants fous, forment un cortège maudit, rejeté par l’humanité mais courtisé par la légende. Qui sont ces monstres ? De malheureuses victimes de malformations physiques que les camelots exhibent dans les foires et dont le commerce a donné naissance à d’odieuses pratiques de mutilation, comme le montre Victor Hugo dansL’homme qui rit? Ou des êtres malveillants dont les anomalies physiques exhibent la perversité ? Doués d’une ambiguïté fondamentale, les monstres suscitent peur et pitié, répulsion et fascination. Condamnés à l’exclusion Ils incarnent d’abord la différence. Affligés de difformités morphologiques, ils provoquent une répulsion et une interrogation. Des êtres d’une apparence aussi étrange induisent par analogie un jugement moral, hâtif, mais vite porté par le bon sens populaire et habilement exploité par les esprits cultivés, comme le prouve la chasse aux sorcières menée par les Inquisiteurs au Moyen Age. De tels vices physiques ne peuvent que manifester la noirceur de l’âme. L’horreur engendrée par les monstres fait planer une menace de mort qu’il est urgent de repousser : le monstre est voué à l’exclusion. Mais les secrets qu’il laisse entrevoir sur les mystères de la vie humaine suscitent simultanément une curiosité bien proche du désir. Le désordre et le mal que représente le monstre ne sont-ils pas le signe d’une transgression des tabous, des interdits élaborés par la civilisation, pour sa sauvegarde, mais au détriment de jouissances inavouées ? Des ancêtres divins La mythologie gréco-latine est peuplée de créatures inquiétantes, au corps constitué d’organes disparates. Leur apparition suscitait la terreur, aussi bien chez les dieux que parmi les hommes : on leur prêtait des pouvoirs redoutables et elles se livraient en effet à des actes d’une cruauté infâme. Elles symbolisaient des forces instinctives irrépressibles, susceptibles de détruire l’ordre de l’univers. […]
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Entre surnaturel et folie Le thème du double, issu des croyances aux métamorphoses démoniaques des loups-garous, par exemple, et à l’existence des incubes et des succubes, est à l’origine de nombreux récits fantastiques qui reprennent le thème en le transformant profondément : l’explication relève de moins en moins du surnaturel et suscite de plus en plus l’hésitation qui caractérise la littérature fantastique.Le Diable amoureuxde Cazotte (1722), inspiré par l’intérêt que portait l’auteur à l’illuminisme, évoque l’aventure angoissante d’un capitaine espagnol envoûté par la grâce sublime d’une jeune femme, apparue d’abord sous les traits effrayants d’un chameau. Le récit, humoristique et sceptique, ranime avec légèreté la peur ancestrale des succubes. Mais la ranimer au moment où le rationalisme vient de lui donner congé, n’est-ce pas avouer la nécessité de croire à ces légendes qui fascinent autant qu’elles effraient ? […] L’amour des monstres ème On ne saurait citer tous les monstres issus de l’imagination des écrivains du XIX siècle. Contempteurs du despotisme exercé par les progrès de la science, d’un monde qui, après avoir engendré la Terreur, s’était installé dans un conformisme hypocrite, les romanciers se réfugient dans la contemplation de leur tourment et dans les rêves d’un autre univers. Victor Hugo, dansNotre-Dame de Paris, fait vivre deux monstres, figures de l’obscurité : Claude Frollo, l’archidiacre alchimiste à « l’âme obscure », et Quasimodo, gnome hideux et difforme, rongé par « la souffrance du mal ». Ils sont l’un et l’autre désespérément attirés par la lumière d’Esméralda. Balzac raconte, dans laPeau de chagrin, le pacte diabolique qui lie l’antiquaire sans âge, nouveau sorcier, à Raphaël. Mérimée anime une statue mystérieusement meurtrière (La Vénus d’Ille). Cependant la science et la culture ont eu raison des prodiges et des apparitions terrifiantes qui avaient élu domicile dans la littérature.Les monstres, aujourd’hui, n’ont pas achevé leur carrière, mais ils ont rejoint la réalité. Les faits divers ont donné naissance à de nouvelles légendes : Jack l’Eventreur, Landru, le docteur Petiot ont pris le relais, dans l’imagination populaire, des vampires et des loups-garous. Et ils ont pris position dans la littérature policière et le cinéma. Si le mystère qui les entoure n’est plus expliqué par le surnaturel, la peur superstitieuse qu’ils suscitent n’a pas disparu. « L’humanité n’a jamais cessé d’aimer les monstres et elle les trouve là où ils se trouvent », écrit Jurgis Baltrusaitis. C’est que ces êtres terrifiants qui ont peuplé le folklore avant de devenir des héros de romans assouvissent ce désir inhérent à notre nature de côtoyer l’étrange. Le surgissement du monstre, selon Roger Caillois, produit une rupture dans l’univers quotidien. Il affirme l’existence de l’impossible que nous repoussons à la mesure même de ce qu’il nous attire. Cet impossible satisfait peut être en nous des désirs primitifs, dissimulés au plus intime de nous-mêmes. Freud, dansL’Inquiétante Etrangeté, explique cette peur et cette angoisse par le retour du refoulé. Le monstre matérialise un double de nous-mêmes : ainsi le savant Coppelius qui terrifie Nathanaël dansL’Homme au sable ou la créature de Frankenstein incarnent-ils l’interdit sexuel. Mais le monstre est le double dégradé de l’être idéal, tout comme le diable l’est du dieu, et l’interdit n’est que l’envers du désir. Le monstre est ambivalent, comme l’angoisse qu’il suscite . Cette ambivalence se raffine
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lorsque le dédoublement ne se manifeste plus dans un objet extérieur, mais qu’il est vécu comme une division ou une permutation du moi. C’est ce que révèle le dédoublement du Dr. Jekyll en Mr. Hyde qui avoue sa certitude de la dualité de sa personnalité, ou la perte d’identité, délire diabolique, qui torture Médard dansLes Elixirs du diable. Les vampires, les plus primitifs des monstres, parents de la Chimère, personnifient aussi nos désirs de longévité, d’ubiquité et de volupté : ils suscitent ainsi, dans la conscience raisonnable, la peur qu’impliquent de tels excès. Ce que tous les monstres mettent en scène, c’est la complicité qui s’instaure entre le bourreau et la victime ; c’est ce sentiment de possession, de toute-puissance ténébreuse qui habite notre psychisme et dont seule une étroite surveillance peut nous garder. D’ailleurs, les histoires hantées par les monstres sont toujours étroitement encadrées par les récits objectifs, voire savants, des narrateurs. Le Dracula de Bram Stoker est cerné par les rapports rigoureux et les documents scientifiques des protagonistes du roman. L’aventure de Frankenstein et de son monstre est authentifiée par les lettres de Walton. Ainsi l’art de l’écrivain met-il en abîme la contradiction que révèle mythe. L’amour de la peur La peur qu’inspire le monstre aussi, c’est celle de la contagion dont la créature de Frankenstein et Frankenstein lui-même, Dracula, la famille Vourdalak et autres héros, visibles ou à plus forte raison invisibles, symbolisent la menace. D’ailleurs, plus la peur recule, chassée par la science, plus le monstre se fait incertain, évanescent, mais plus aussi il se fait envahissant : plus de pacte diabolique, plus d’explications magiques ; la peur devient elle-même le monstre qu’il faut fuir et que toujours l’homme sollicite. La peur, en effet, est un sentiment indispensable à la vie, comme l’amour, et ce que cherche le lecteur, adulte ou enfant, dans les livres que hantent les monstres, c’est le plaisir inhérent aux émotions essentielles. On ne saurait évoquer sans compassion les affres du malheureux héros du conte de Grimm qui, monstrueux parce qu’il ne connaît pas la peur, courut le monde « pour apprendre le tremblement ». Claire CAILLAUD
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