L A R E V U E D U P R A T I C I E N
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  • cours - matière potentielle : développement

  • exposé - matière potentielle : pendant

  • exposé


L A R E V U E D U P R A T I C I E N / 2 0 0 5 : 5 5 841 La meilleure définition d'un répulsif est comportemen-tale : « Sur une surface répulsive les insectes passentmoins de temps et sont présents en quantité moindre que sur une surface comparable disponible. » 1 Un répulsif peut simplement protéger de la piqûre, et toujours de façon relative. L'insecticide, comme son nom l'indique, provoque la mort de l'insecte. Le DDT (dichloro-diphé- nyl-trichloro-éthane) et la famille des pyréthrinoïdes ont la particularité d'induire un effet knock-down, qui « assomme » le moustique : les perturbations physiolo- giques induites par ces molécules sont à l'origine d'in- coordinations des mouvements, suivies d'une paralysie et de la mort de l'insecte. Les répulsifs suscitent depuis peu un intérêt accru des chercheurs en entomologie médicale, et plus particulière- ment en paludologie, pour les deux raisons suivantes. On accorde de plus en plus d'importance aux propriétés répulsives des insecticides. En effet, outre sa toxicité vis-à-vis de l'insecte, un insecticide peut également avoir pour celui-ci un effet irritant de contact (par contact avec les tarses) et un effet répulsif à distance (les récepteurs olfac- tifs sont alors mis en jeu).

  • centre national de référence de l'épidémiologie du paludisme d'importation

  • anopheles dirus

  • deet

  • efficacité clinique des répulsifs sur la pré- vention du paludisme

  • piqûre

  • protection des piqûres d'anophèles

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  • mort de l'insecte

  • répulsifs


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Langue Français

Extrait

_
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Paludisme: se protéger
des piqûres d’anophèles
Associée à la prévention médicamenteuse, la protection des piqûres
d’anophèles est indispensable mais non suffisante dans les zones à
risque de paludisme. Les répulsifs sont nombreux, mais d’efficacité et
d’utilisation très variables. Les vêtements imprégnés de perméthrine
sont intéressants, mais seule la moustiquaire imprégnée a fait la
preuve de son efficacité dans la prévention du paludisme.
Éric Lundwall*, Cédric Pennetier**, Vincent Corbel**, Ludovic de Gentile***, Fabrice Legros****
a meilleure définition d’un répulsif est comportemen- tarses) et un effet répulsif à distance (les récepteurs olfac-
tale: « Sur une surface répulsive les insectes passent tifs sont alors mis en jeu). Ces deux dernières actions, sou-Lmoins de temps et sont présents en quantité moindre vent regroupées sous le terme d’effet excitorépulsif ou
1que sur une surface comparable disponible. » Un répulsif conduite d’évitement, provoquent la fuite de l’insecte ;
peut simplement protéger de la piqûre, et toujours de elles ont été notamment observées pour le DDT et les
2façon relative. L’insecticide, comme son nom l’indique, pyréthrinoïdes. Lorsque l’effet excitorépulsif de l’insecti-
provoque la mort de l’insecte. Le DDT (dichloro-diphé- cide prend le dessus sur son effet knock-down (soit que
nyl-trichloro-éthane) et la famille des pyréthrinoïdes ont celui-ci soit intrinsèquement faible (DDT p. ex.), soit que
la particularité d’induire un effet knock-down, qui l’insecte soit devenu résistant), on considérait autrefois
« assomme » le moustique : les perturbations physiolo- que l’insecticide devenait incapable d’interrompre la
giques induites par ces molécules sont à l’origine d’in- transmission de la maladie. C’est ainsi que furent arrêtées
coordinations des mouvements, suivies d’une paralysie et les campagnes d’aspersion par le DDT du programme glo-
de la mort de l’insecte. bal d’éradication du paludisme – peut-être à tort : on
Les répulsifs suscitent depuis peu un intérêt accru des considère aujourd’hui que la simple propriété excitoré-
chercheurs en entomologie médicale, et plus particulière- pulsive de l’insecticide peut suffire à réduire le risque de
3, 4ment en paludologie, pour les deux raisons suivantes. piqûre, voire la transmission de la maladie.
On accorde de plus en plus d’importance aux propriétés En complément de la moustiquaire imprégnée, les répulsifs
répulsives des insecticides. En effet, outre sa toxicité vis-à-vis confèrent une protection individuelle pour les voyageurs qui res-
de l’insecte, un insecticide peut également avoir pour tent exposés au risque de transmission du paludisme par les ano-
celui-ci un effet irritant de contact (par contact avec les phèles en fin de soirée. Les pics d’activité des anophèles
* Centre de conseils aux voyageurs, hôpital Avicenne, 93009 Bobigny Cedex. ** Laboratoire de lutte contre les insectes nuisibles, IRD, BP 64501,
34394 Montpellier Cedex 5. *** Service de parasitologie, CHU, 49933 Angers Cedex 9. **** Centre national de référence de l’épidémiologie du paludisme
d’importation et autochtone, 15, rue de l’École de Médecine, 75270 Paris Cedex 06. Courriel : eric.lundwall@avc.ap-hop-paris.fr
841LA REVUE DU PRATICIEN / 2005 : 55_
PALUDISME SE PROTÉGER DES PIQÛRES D’ANOPHÈLES
africains vecteurs du paludisme arrivent d’abord vers 1 répulsive. En 1957, ce mélange fut supplanté par le DEET
heure du matin puis vers 5-6 heures; ces horaires sont plus isolément, celui-ci s’étant révélé « remarquablement
ou moins décalés selon les espèces vectrices, c’est la variabi- polyvalent, égal ou supérieur au répulsif considéré
lité interspécifique : ainsi, le pic d’agressivité d’Anopheles nili jusque-là comme le plus efficace contre chaque espèce
7survient à 22 heures. Et dans un pays asiatique comme le d’insectes. »
Pakistan, le pic d’agressivité d’Anopheles culicifacies, An. ste- Puis surgit une exception de taille: un test publié en
phensi, An. nigerrimus et An. pulcherrimus se situe entre 1977 montra que le diméthylphtalate était plus efficace
521 heures et 23 heures. Certaines espèces d’anophèles exo- que le DEET vis-à-vis d’une espèce du genre Anopheles, et
phages comme An. sundaicus piquent en Indonésie le soir, à que l’éthyl-hexanediol était, lui, plus efficace vis-à-vis de
6 8une heure où la plupart des gens sont à l’extérieur. deux espèces d’anophèles (tableau 1). La parade : recou-
Se pose alors la question de l’efficacité des répulsifs rir contre l’anophèle à une concentration d’au moins
cutanés vis-à-vis des différentes espèces d’anophèles : est- 50 %, l’anophèle tolérant le DEET à basse concentration.
elle absolue ou relative? Combien de temps dure-t-elle? C’est ainsi qu’Ultrathon, répulsif dosé à 35 % de DEET
À quel coût? Avec quelle observance? Et avec quel degré que la firme 3M produit pour l’armée américaine, ne pro-
de preuve d’efficacité clinique vis-à-vis de la maladie ? tége d’Anopheles dirus que pendant… 40 minutes, contre
Bref, le répulsif cutané a-t-il sa place dans la prévention du plus de 3 heures de protection pour une concentration de
9paludisme? DEET de 50 % (tableau 2). Pourtant, Ultrathon a fait
l’objet d’une formulation spéciale, avec adjonction au
PRINCIPAUX RÉPULSIFS DEET d’un polymère censé ralentir son évaporation et
son passage transcutané – afin d’apporter la même durée
Les principales matières actives répulsives cutanées de d’efficacité que du DEET dosé à 75 %. On peut tirer deux
synthèse sont, par ordre chronologique de mise sur le enseignements de ces études: jusqu’à preuve du
marché:
– le diméthylphtalate (années 1920, d’origine nord-amé-
ricaine); Efficacités des répulsifs, DEET,
– l’éthyl-hexanediol (EHD) [années 1930, d’origine diméthylphtalate, EHD, contre
nord-américaine];
deux variétés d’anophèles et une d’Aedes– le diéthyl-toluamide (DEET) [années 1950, d’origine; DURÉE DE PROTECTION EN MINUTES*
–l’éthyl-butyl-acétyl-amino-propionate (IR 3535) RÉPULSIF Aedes Anopheles Anopheles
[années 1970, d’origine allemande] ; ægypti quadrimaculatus albimanus
– l’icaridine ou hydroxyléthyl-isobutyl pipéridine car- DEET 426 96 87
boxylate (HIPC ou KBR 3023) [années 1990, dérivé de Diméthyl 53 415 42
la pipéridine d’origine allemande] ; phtalate
– le citriodiol ou p-menthane diol (PMD) ou Mosiguard EHD 130 380 158
(années 1990, d’origine anglaise).
Tableau 1 * Moyenne de 6 tests chez 6 sujets, appliquantDu point de vue réglementaire, les répulsifs relevaient
250 mg du répulsif sur l’avant-bras (d’après la réf. 8).jusqu’à présent, en France, de la peu contraignante classe DEET : diéthyl-toluamide ; HED : éthyl hexanediol.
des cosmétiques : pas de test d’efficacité exigé, dossier
toxicologique a minima que les formulateurs doivent tenir
à la disposition des autorités sanitaires. Cela est en train Protection offerte par des concentrations
de basculer du fait de la nouvelle réglementation euro- croissantes de DEET vis-à-vis
péenne sur les biocides, comprenant insecticides et répul- d’Anopheles dirus et d’Ædes albopictus
sifs, qui se met progressivement en place. C’est ainsi que le
diméthylphtalate et l’éthyl-hexanediol sont amenés à DURÉE DE PROTECTION MOYENNE CONCENTRATION
EN MINUTES*disparaître en 2006, car ces produits n’ont pas été « noti- DE DEET
(nom commercial) Anopheles dirus Ædes albopictusfiés » par les fabricants auprès des autorités européennes.
Sont surtout présents sur le marché français l’IR 3535, 20 % (Autan ancienne 5,0 4,6 180
le DEET et le citriodiol. formule)
35 % (Ultrathon) 40,0 8,2 240
QUELLE EFFICACITÉ RÉELLE ? 50 % Non calculée** 210
Tableau 2 * Avant-bras protégés jusqu’à ce que 3 piqûresJusque dans les années 1950, l’armée américaine recou-
soient enregistrées (d’après la réf. 9). ** Non calculée, parcerait à un mélange de diméthylphtalate et d’éthyl-hexane- que des tests ont été arrêtés après 180 minutes sans
diol, afin d’élargir au maximum le spectre d’activité 3 piqûres. DEET : diéthyl-toluamide .
842
LA REVUE DU PRATICIEN / 2005 : 55
❚❚❚❚❚❚_
Nombre total d’anophèles se posant sur l’homme en fonction du répulsif utilisé,
lors de

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