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1 Verbaliser une expérience émotionnelle aide-t-il (vraiment) à récupérer? Emmanuelle Zech Fonds National de la Recherche Scientifique, Belgique et Université catholique de Louvain, Belgique Actes du colloque Du désastre au désir, 118-123. Université de Technologie de Compiègne, France. Introduction On doute peu du fait que les événements émotionnels et traumatiques peuvent être néfastes pour le bien-être physique et mental. Dans les domaines de la psychosomatique et de la psychologie de la santé, les chercheurs savent depuis longtemps que les perturbations psychologiques peuvent induire des problèmes de santé.
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Langue Français

Extrait

1
Verbaliser une expérience émotionnelle aide-t-il (vraiment) à récupérer?
Emmanuelle Zech
Fonds National de la Recherche Scientifique, Belgique
et Université catholique de Louvain, Belgique

Actes du colloque "Du désastre au désir", 118-123. Université de Technologie de Compiègne,
France.

Introduction
On doute peu du fait que les événements émotionnels et traumatiques peuvent être
néfastes pour le bien-être physique et mental. Dans les domaines de la psychosomatique et de
la psychologie de la santé, les chercheurs savent depuis longtemps que les perturbations
psychologiques peuvent induire des problèmes de santé. Alexander (1950), Seyle (1976), et
d'autres pionniers (e.g., Holmes et Rahe, 1976) ont démontré que les conflits psychologiques
et les événements émotionnels peuvent causer ou exacerber les processus pathogènes et que
les individus qui ont vécu des événements majeurs sont plus susceptibles de développer des
maladies (e.g., asthme, ulcères). Les événements émotionnels induisent également des
changements de bien-être psychologique. A la suite d'événements stressants, les personnes
éprouvent couramment de l'anxiété, de la confusion, de l'inopérance, de la détresse et/ou des
pensées intrusives (e.g., Martin & Tesser, 1989; Silver & Wortman, 1980; Tait & Silver,
1989).
On a cependant également démontré que les manières dont les individus gèrent les
situations émotionnelles peuvent influencer leur santé et leur bien-être (Lazarus, 1991;
Lazarus & Folkman, 1984). Par exemple, les effets néfastes du stress peuvent être amoindris
par la présence de support social (e.g., Cohen & Syme, 1985; Swann & Pridmore, 1985) ou la
réinterpretation de l'événement émotionnel négatif sous un jour plus positif (e.g., Bulman &
Wortman, 1977; Collins, Taylor, & Skokan, 1987; Silver & Wortman, 1980).
Au cours des 10 dernières années, Bernard Rimé et des chercheurs du laboratoire de
Recherches en Psychologie Clinique et Sociale de l'Université catholique de Louvain
(Belgique) ont développé un programme de recherches visant à évaluer les effets médiateurs
de la verbalisation des expériences émotionnelles sur l’impact émotionnel de celles-ci. Les
recherches que nous avons menées sont issues des constats empiriques suivants. D’abord, on a
montré que plus de 90% des individus parlaient des expériences émotionnelles qu’ils ont
vécues à d'autres personnes. Les personnes se confient à leurs proches et intimes, c’est-à-dire
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essentiellement avec leur conjoint, leur famille et leurs amis (Rimé, Philippot, Boca, &
Mesquita, 1992). Ce processus de verbalisation des émotions, appelé le partage social des
émotions, (Rimé, 1987) est très répandu à travers les âges, les sexes et les cultures.
Deuxièmement on a montré qu’au plus l’événement est intense émotionnellement, au plus les
individus ont envie de parler de celui-ci et au plus ils le partagent effectivement (Rimé,
Finkenauer, Luminet, Zech, & Philippot, 1998).

Les croyances envers les effets du partage social des émotions
Au vu de la fréquence de ce phénomène, nous nous sommes demandé dans quelle
mesure les personnes partageaient leurs émotions parce qu'ils pensent que c'est bénéfique de le
faire pour diminuer l'impact des événement de vie. Nous avons examiné la croyance que
"parler des émotions aide et soulage" au sein de la population générale (Zech, 2000, 2001).
Cette croyance était-elle partagée par un tiers de la population, la moitié, ou une majorité de
personnes ? Nous avons interrogé plus de 1000 personnes. On leur a demandé de dire dans
quelle mesure elles étaient d’accord avec la proposition suivante : “ parler d’un événement
émotionnel soulage. ” Elles pouvaient répondre de “ pas du tout d’accord ” à “ tout à fait
d’accord ” sur une échelle à 7 degrés. Les résultats ont révélé que 89% des personnes étaient
d’accord avec cette proposition (réponses de 5 à 7) et 58%, une vaste majorité, étaient
complètement d’accord avec cette proposition (réponse 7). Il faut également noter que
seulement 5% d’entre elles n’étaient pas d’accord avec cet item (réponses 1 à 3). Nous avons
donc montré que la croyance que “ parler soulage ” est largement partagée dans la population
générale.

Revue de la littérature
La question se posait alors de savoir dans quelle mesure des preuves empiriques
supportaient cette croyance. La littérature empirique est restée presque complètement muette
sur les effets de la verbalisation des émotions au cours du siècle dernier. Cependant, au cours
des deux dernières décennies, un intérêt scientifique important s’est développé à ce sujet. Cet
intérêt est principalement dû aux travaux entrepris aux Etats-Unis par James Pennebaker sur
les effets de la "confession" ("disclosure" en anglais). En 1986, Pennebaker et Beall ont créé
un paradigme expérimental dans lequel les participants sont assignés à écrire soit au sujet des
événements les plus stressants ou traumatiques de leur vie, soit sur des sujets triviaux comme
par exemple leurs projets pour la journée ou les vêtements qu’ils portent (groupe contrôle).
3
Ce paradigme de l’écriture et des variations orales de celui-ci furent utilisés dans 7 autres
études réalisées dans son laboratoire. Dans le paradigme classique, les participants écrivent au
laboratoire sur leur sujet assigné pendant 3 à 5 jours consécutifs, de 15 à 30 minutes par jour.
Une fois que les participants entrent dans la pièce d'isolement, on leur demande d’écrire de
manière continue sans faire attention à l’orthographe, la grammaire ou la structure de phrase.
Bien que les participants soient encouragés à remettre leurs rédactions, on leur assure
l’anonymat et la confidentialité. Aucun commentaire n'est donné au sujet de la rédaction. Les
participants du groupe expérimental sont encouragés à explorer leurs pensées et sentiments les
plus profonds au sujet de leur expérience émotionnelle. Ils peuvent lier leur expérience à leur
enfance, à leur relation avec leurs parents ou leurs proches, leur carrière, à ce qu’ils étaient
dans le passé et ce qu’ils aimeraient devenir dans le futur. Ils peuvent écrire au sujet du même
événement ou des événements différents chaque jour.
Des variations du paradigme initial ont impliqué de demander à des étudiants de
première année d’université d’écrire sur leurs pensées et sentiments au sujet de leur arrivée à
l’université (Pennebaker, Colder, & Sharp, 1990) ou bien de demander à des personnes au
chômage d’écrire au sujet de leurs pensées et sentiments liés à la perte de leur emploi (Spera,
Buhrfeind, & Pennebaker, 1994). Certaines études ont également impliqué l'expression orale
des émotions (e.g., Donnelly & Murray, 1991; Murray & Segal, 1994). Les études ont
successivement évalué l’impact de cette procédure sur diverses composantes de santé
physique et du fonctionnement psychologique. Par exemple, Pennebaker and Beall (1986) ont
examiné le nombre de visites chez le médecin, Pennebaker, Hughes, et O'Heeron (1987) ont
évalué les changements d’activation du système nerveux autonome, Pennebaker, Kiecolt-
Glaser, et Glaser (1988) les changements de fonctionnement immunitaire, et Francis et
Pennebaker (1992) l’absentéisme au travail. Depuis 1986, d’autres laboratoires ont commencé
à investiguer les effets de l’expression verbale des émotions sur la santé. A l’exception de
deux études réalisées à l’Université d’Auckland, Nouvelle Zélande (Cameron & Nicholls,
1998; Petrie, Booth, Pennebaker, Davidson, & Thomas, 1995), toutes les études ont été
menées aux Etats-Unis. Au total, 18 études expérimentales contrôlées ont été publiées sur
l’impact de l’expression orale ou écrite des émotions dans des populations de participants en
bonne santé.
Les revues de la littérature antérieures sur l’impact de l'expression des émotions ont
généralement conclut qu’exprimer les pensées et sentiments liés à un stress était associ

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