Antigone et Ismène ou le conflit entre la révolte et la sagesse
21 pages
Français

Antigone et Ismène ou le conflit entre la révolte et la sagesse

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Description

étude d'Antigone et plus particulièrement du premier dialogue entre Antigone et Ismène
- Le contexte de la création d’Antigone d’Anouilh
- La reprise du mythe d’Antigone de Sophocle
- De Sophocle à Anouilh, inspiration et recréation
- La première rencontre entre Antigone et Ismène
( rapports entre les deux sœurs entre affection et incompréhension , étude des caractères d’Antigone et d’Ismène, deux visages de la féminité, postérité d’Ismène, l’opéra de Y. Ritsos, le syndrôme d’Ismène en psychanalise)25 ppages

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Publié le 01 août 2016
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Langue Français

Extrait

ANTIGONE de Jean ANOUILH
Antigone et Ismène ou le conflit entre la révolte et la sagesse
"Elle aurait bien aimé vivre Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout."
- Le contexte de la création d’Antigone d’Anouilh - La reprise du mythe d’Antigone de Sophocle - De Sophocle à Anouilh, inspiration et recréation - La première rencontre entre Antigone et Ismène (Rapports entre les deux sœurs entre affection et incompréhension, étude des caractères d’Antigone et d’Ismène, deux visages de la féminité, postérité d’Ismène, l’opéra de Yannis Rítsos, le syndrome d’Ismène en psychanalyse)
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Les poètes de la Grèce antique ont transmis un grand nombre de mythes. Au cours des siècles, de nombreux écrivains les ont repris à tel point qu’ils ont fini par faire partie du patrimoine culturel de beaucoup de nations. Les Anciens , à travers l’histoire d’une famille, celle des « Atrides » et des « Labdacides » ont développé une réflexion sur les relations entre l’homme et le destin, la justice et l’ordre, l’individu et la cité.Il s’agit donc de thèmes universels dépassant leur cadre spatio-temporel. En particulier trois grandes figures Œdipe, Electre ou encore Antigone de Sophocle ont représenté ces thèmes fondamentaux.
Dès lors, des dramaturges contemporains ont remis sur scène ces mythes très anciens voulant eux-aussi nous délivrer un message. Le mythe antique est devenu un prétexte pour faire passer des idées éternelles sous une esthétique théâtrale nouvelle.
Dès le début du XXe siècle on assiste au retour de ces héros antiques. En particulier, le théâtre français a ressuscité entre 1920 et 1950 ces héros venant de l’Antiquité grecque. Cela s’explique par le fait que le contexte de l’après-guerre et de l’entre deux-guerres était particulièrement favorable à une interrogation angoissée sur la place de l’homme dans un monde devenu de plus en plus incompréhensible. Parmi ces auteurs qui ont fait redécouvrir ces mythes, on peut citer Jean Cocteau, Jean Giraudoux, André Gide, Jean-Paul Sartre ou encore Jean Anouilh.
Cette étude est concentrée sur l’œuvre « Antigone » de Jean Anouilh. Quelques siècles après Sophocle, Jean Anouilh reprend sur scène la légende d'Antigone. Présentée sous l'Occupation de la France par les Allemands ( le 4 février 1944 au Théâtre de l’Atelier), la pièce Antigone d'Anouilh met en scène un personnage absolu, Antigone, en révolte face au pouvoir, à l'injustice et à la médiocrité. Après avoir rappelé les origines de la pièce et ses sources antiques, on s’interrogera sur les rapports qui existent entre les deux sœurs, Antigone et Ismène. L’analyse portera essentiellement sur le premier dialogue de leur première rencontre. Dans leurs rapports interviennent à la fois une réelle affection et une grande incompréhension réciproque comme on le trouve déjà dans le mythe antique, dans l’œuvre de Sophocle. Pour Anouilh, il est certain que ces deux sœurs symbolisent d’abord deux visions opposées de l’existence, deux figures de la féminité.
Le contexte de la création de la pièce Antigone d’Anouilh
La pièce est composée sous sa forme presque définitive en 1942 ; elle est acceptée par la censure hitlerienne mais elle ne sera jouée la première fois que deux ans après, le 4 février 1944, au théâtre de l'Atelier à Paris. Antigone sera ensuite à nouveau jouée à Paris en 1947, 1949 et 1950 mais aussi à Bruxelles, à Rome, et à Londres. La pièce a connu un succès immédiat. Il y a eu des réactions passionnées, sans doute à cause des échos politiques d’actualité que le public pouvait y entendre.
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révolution française à travers l’évocation de la charrette des condamnés comme celle qui menait ces derniers à la guillotine. Ismène a sans doute au cours de sa nuit précédente repassé dans sa tête les différentes étapes de leur supplice ce qui fait que son discours a quelque chose de réellement obsessionnel. Le caractère inévitable de ce que Ismène entrevoit est bien marqué par la répétition de « ils nous… » et de « il faudra ». La montée de la douleur chez Ismène correspond à une montée du son « la douleur monte…et monte encore comme une voix aigüe ». Le récit du déroulement du supplice s’arrête justeavant la fin car envisager la mort est pour Ismène intolérable.
Ismène vit un véritable cauchemar éveillé. Le cauchemar qu’Ismène vit à l’évocation de ce qui attend les jeunes filles si elles ne respectent pas les ordres de leur oncle Créon est exprimé à travers deux parties qui se juxtaposent : l’une correspond à la douleur morale, l’autre à la douleur physique.
La douleur morale liée aux traditionnelles offenses, humiliations et est vengeances que les condamnés doivent supporter de la foule. Tous les sens sont touchés : l’ouïe (« hueront, rires »), le toucher (« leur mille bras, leurs grosses mains »), l’odorat (« avec leur odeur »), la vue (« leur unique regard, leur regard de bœuf ».)Il y a quelque chose de presque monstrueux dans cette évocation de la foule devenue immense, de cette multiplication des individus (« leur mille bras, leur mille visages »). La phrase d’Ismène « ils sont des milliers et des milliers autour de nous, grouillant dans toutes les rues… » peut faire penser à une phobie des insectes.
La souffrance physique se par l’interrogation « et souffrir ? » annoncée présente à un niveau qui monte régulièrement pour arriver à son paroxysme. Il s’agit d’une progression qu’on ne peut ni ralentir, ni arrêter. Cette souffrance est d’abord exprimée de façon impersonnelle avec des pronoms personnels comme « il » ou « on » mais l’ultime degré de la souffrance correspond à un retour du « je » dans l’aveu d’Ismène « Oh ! Je ne peux pas, je ne peux pas… »
Dans deux tirades,Ismène manifestesa peur. Dans la première tirade, peur sa vient du conformisme "ils pensent tous comme lui" et du collectif qu'elle dévalorise : "des milliers et des milliers [...] grouillant". Elle vient de la loi du nombre, le nombre est uni à la taille de la ville : "dans toutes les rues de Thèbes", "dans la ville". Elle utilise le "nous" donc dans l’évocation de ce supplice et ce pronom personnel la rend plus proche de sa sœur .Dans la deuxième tirade, en mettant l’accent sur la foule, Ismène essaie d'impressionner Antigone par la quantité : "mille bras", "mille visages", "unique regard".
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