Aude-E. Fleurant : « Les firmes d’Europe occidentale ont inversé la tendance baissière de l’année dernière »
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Comme l’année dernière OSINTPOL profite de ses liens avec Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) pour mettre de l’avant les données produites en accès libre par cet organisme sur les marchés de défense. Chaque année le SIPRI procède au classement des 100 plus importantes firmes de défense au regard de leur chiffre d’affaires. À l’occasion de la publication aujourd’hui des données relatives à 2015, Yannick Quéau a interrogé Aude-Emmanuelle Fleurant, directrice du programme armements et dépenses militaires du SIPRI et par ailleurs collaboratrice d’OSINTPOL. Le classement ainsi que le document (en anglais) d’analyse faisant ressortir les éléments essentiels peuvent être consultés sur le site du SIPRI en cliquant sur l’image ci-contre.

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Publié le 05 décembre 2016
Nombre de lectures 25
EAN13 issn2492-248X
Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

OSINTPOL
Aude-E. Fleurant : « Les firmes occidentale ont inversé la baissière de l’année dernière»
05/12/2016 propos recueillis par Yannick Quéau
Comme l’année dernière OSINTPOL profite de ses liens avec Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI)pour mettre de l’avant les données produites en accès libre par cet organisme sur les marchés de défense. Chaque année le SIPRI procède au classement des 100 plus importantes firmes de défense au regard de leurde lachiffre d’affaires. À l’occasion publicationhuiaujourdrelatives à 2015,données  des Yannick Quéau a interrogéAude-Emmanuelle Fleurant, directrice du programme armements et dépenses militaires du SIPRI et par ailleurs collaboratrice dOSINTPOL.Le classement ainsi que le document (en anglais)adselynafaisant ressortir les éléments essentiels peuvent être consultés sur le site du SIPRI en cliquant sur l’image ci-re.cont
Fonds de dotation OSINTPOL
Décryptage
d’Europe tendance
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À la lecture des données de cette année, il semble que le déclin du volume d’affaires attribuable à la crise 2008 soit endigué…
Graphique 1. Total des ventes d’armes des compagnies dans leTop 100 du SIPRI, 2002-2015
Source : SIPRI, 2016
Malgré le ralentissement notable de la décroissance du chiffre d’affaires collectif des 100 plus importantes firmes de défense au regard de leurs ventes d’armes, il est peut-être un peu prématuréd’anticiper un renversement de la tendance pour l’année2016. Cequ’il fautnoterc’est que les effets de la crise économique de 2008sur les chiffres d’affaires de l’industriese sont atténués pour la majeure partie des pays qui ont des entreprises classées dans le Top 100. Ainsi pour 2015, d’autres facteurs expliquent les mouvements dans les ventes d’armes des compagnies du Top 100.
En fait, pour 2015, la faible décroissancemoins 0,6 %des ventesd’armesdu Top 100 par rapport à celles de 2014 est essentiellement le fait des firmes américaines, qui affichent un déclin de leurs ventes de 2,9 %. Comme le chiffre d’affaires combinédes firmes de l’Oncle Sam pèse pour 56,6% du total des ventes du Top 100 en 2015, sa trajectoire affecte inévitablementcelle de l’ensembledu tableau. Toutefois, il faut aussi signaler que certaines des compagnies basées dans des pays ayant implanté des politiques d’austérité pour faire face à la crise n’apparaissent plus dans leTop 100 depuis 2014, car leurs ventes les classes en e dessous du 100rang. C’est le cas de l’espagnole Navantiapar exemple. Ainsi, les effets de la crise perdurent dans la mesure où certains groupes ont disparu du classement à cause de la persistance des mesures d’austérité ayant affecté leurs activités.
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3Quels sont les principaux développements pourl’industrie des armements dans le Top 100 cette année?
Graphique2. Variation en pourcentages des ventes d’armes des compagnies dans le Top 100 du SIPRI par pays, 2014-2015
Source : SIPRI, 2016
Lesprincipaux développements et leurs moteurs varient significativement d’une région à l’autreet il est difficile d’identifier une tendance dominante. Pour les États-Unis, les facteurs sont multiples.D’abord,les plafonds de financement instaurés par la Loi sur le contrôle budgétaire (Budget Control Actsont BCA) toujours en vigueur et limitent les sommes que le gouvernement peut allouer annuellement au Département de la Défense. Cela concerne également l’enveloppedestinée aux achats et à la R&D qui soutient directement l’industrie nationale. Ensuite, la force du dollar américain a aussi nui aux ventes internationales des compagnies d’armements; elles le mentionnentd’ailleurs toutes dans leurs rapports annuels. Enfin, certaines des plus grandes entreprises, comme United Technologies Corp., ont simplement connu une mauvaise année sur le plan de leurs ventes, tant militaires que civiles.
Collectivement, les firmes d’Europe occidentale ont inversé la tendance baissière de l’année dernière.100Tous les pays classant des compagnies dans le Top affichent une croissance de plutôt modeste pour la Norvège (0,2 %), la Suisse (0,5 %) et la Suède (0,7 %), à significativepour l’Allemagneet surtout(7,4 %) pour la France (13,1 %).C’est d’ailleurs cette dernière qui tire les ventes régionales à la hausse en 2015. On remarque aussi dans le classement la présence e d’une entreprise belge, CMI au 97 rang. Cette apparition est attribuable à un important contrat de fabrication de tourelles de véhicules blindés légers pour le e compte de la compagnie américaine General Dynamics (6 position du Top 100),
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des véhicules produits et assemblés dans l’usine canadienne du géant américain et destinés à l’Arabie Saoudite.
La progression des ventes d’armes des entreprises d’armements russes a ralenti, mais reste tout de même appréciable avec 6,2 %. Pour les autres producteurs établis, mais moins omnipotents, c’est-à-dire les pays dont les entreprises ne couvrent pas l’ensemble des besoins desforces armées, on remarque globalement une hausse de 3 % desventes d’armes. L’ukrainienne UkrOboronProm (+28%) se distingue tout particulièrementsuite à l’acquisition d’Antonov. Elle profite aussi de la demande nationale induite par le conflit dans la région orientale du pays. Les producteurs émergents, quant à eux, ont fait croître leur chiffre d’affaires de 15,9 %, un résultat s’expliquant notamment par l’augmentation majeure (+31,7 %) des ventes des firmes sud-coréennesdont on peut d’ailleurs questionner le caractère «émergent» attendu leur maîtrise des technologies sur plusieurs sous-segments du marché.
Dans le sommet d’une hiérarchie toujours dominée par les compagnies américaines, on avait pu constater un déclin des firmes européennes. Il semble donc que ces dernières aient redressé la barre…
En effet, on vient de le laisser entendre, maisl’inversement de tendance est effectivement appréciable en 2015 pour les entreprises du Top 100d’Europe occidentale. Comme c’est souvent le cas, ce sont les pays où se trouvent les entreprises les plus importantes (souvent en corrélation avec le niveau des dépenses militaires nationales) qui déterminent la tendance régionale. Cependant, au niveau national, les résultats des entreprises classées sont plus contrastés.
Au Royaume-Uni par exemple, le pays de la région qui classe le plus de firmes de défense (neuf), BAE Systems, une entreprise du Top 10, a vu ses ventes augmenter de 6,7 % alors que Rolls Royce etSerco affichent des chiffres d’affaires en déclin de 5 % et 19,5 % respectivement. Le poids de BAE et sa bonne performance due entre autresà la livraison d’avions de combat Typhoon à l’Arabie Saoudite —tire les ventes à la hausse.
En France, les six entreprises apparaissant dans le Top 100 montrent une croissance, mais les écarts affectant cette dernière sont parfois étendus la fourchette allant de de 1,2 % (DCNS) à 67,5 % (Dassault).
Des trois entreprises allemandes classées en 2015, seule ThyssenKrupp affiche une décroissance de ses ventes militaires cette année, alors que le producteur Rheinmetall connaît une augmentation appréciable de son activité de 15,3 %.
Les deux firmes italiennes du classement, Finmeccanica et Fincantieri, montrent toutes deux des ventes en hausse respectivement de 5,5% et 4,5%. Pour Finmeccanica, l’augmentation est attribuable à deux grands facteurs. Il s’agit d’aborddes programmes navals importants, notamment la bonne performance de
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ses filiales d’électronique navale aux États-Unis (DRS) et Selex, et ensu5ite des importants efforts de rationalisation mis en œuvre par le groupe en 2015et qui ont aussi conduit le groupe à changer son nom pour Leonardo. Le groupe de construction naval Fincantieri a également traversé une importante période de restructuration se terminant en 2015 tout en profitant des effets de la livraison d’une frégate et d’autres navires à la marine italienneet de plusieurs succès à l’export, notamment en Inde et en Algérie.
L’activisme des firmes françaises au cours des dernières années se fait-il sentir de manière notable dans les données de cette année?
Graphique 3. Part en pourcentages des compagnies du Top 100 du SIPRI par pays, 2014
Source : SIPRI, 2016
On peut en effetattribuer l’augmentation des ventes françaises au fait que plusieurs compagnies ont gagné d’importants contrats à l’exportation.C’est le cas de Dassault, le fabricant et assembleur des avions de combat Rafale, pour lesquels il y a eu une livraison à l’Égypte en 2015, ainsi qu’un versement du Qatar pour une livraison future de Rafale. Ainsi, les ventes de Rafale ont aussi contribué à alimenter le chiffre d’affaires de la compagnie Safran, qui fournitd’importants sous-systèmes comme les moteurs des avions de combat français, ainsi que Thales, qui produit l’avioniquedu Rafale.
On peut penser que des personnalités politiques françaises bien présentes dans le démarchage et la négociation entourant ces grands projets ont aidé àl’obtention de contrats. Ceci dit, il fautrelativiser l’importance de ce facteur et aussi tenir compte de causes externes, notamment le fait que plusieurs pays clients sont
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entrés dans un cycle de modernisation de leurs flottes. Cette donnée ouvre des occasions importantes pour les fournisseurs de ces systèmes (par exemple, l’Inde avec les avions de combat, l’Australie avec les sous-marins, etc.).C’est dotant plus le cas, que plusieurs de ces acheteurs cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement pour,d’une part, réduire leur dépendance face à un fournisseur traditionnel dominant que celui-ci soit américain (dans les pays du Golfe) ou russe (en Inde)et, d’autre part, maximiser les retombées industrielles te technologiques sur leurs territoires (offsets).
La situation géopolitique de certaines régions, en particulier le Moyen-Orient/Afrique du Nord et l’Asie-Pacifique et les tensions qui y sont observées conduisent aussi unprocessus d’acquisition, parfois en urgence, de certains équipements, en particulier de munitions (incluant les missiles).
La progression des firmes russes semble contrariée cette année. Quels sont les facteurs expliquant leur ralentissement?
Lesventes des groupes russes de l’armementont légèrement diminué par rapport à l’année dernière% de croissance en 2015, les ventes des compagnies. Avec 6,2 russes ont continué de progresser, mais à un rythme moins rapide que celui observé en2014. L’une des compagnies russes classées en 2014 Schvaben’apparaît pasdans le Top 100 de 2015 et globalement, malgré des chiffres d’affaires plus élevés, les firmes russes ont descendu de quelques rangs par rapport à 2014.
L’État russe continue d’investir dans la modernisation des équipements des forces arméeset dans l’amélioration des capacités de ses armements, un projet qui a été mis en œuvre dans la seconde moitié des années 2000 et qui se poursuit. Cela dit, desdélais dans l’obtention de certains composants fabriqués par des firmes ukrainiennes ont provoqué des ralentissements de production et donc de livraisons des équipements russes aux forces nationaux et aux clients internationaux. D’ailleurs, un plan de substitution des importations a étémis en œuvre en 2015, pour limiter ce type desituation. Il est prévu que ce plan soit complété en 2018-2019.
Que penser des tendances affectant les autres producteurs établis ainsi que les pays émergents?
Globalement, les firmes basées dans les autres producteurs établis et les producteurs émergentsau total 23  affichent des chiffres d’affaires en croissance. Celles dont les ventes ont chuté de manière palpable sont peu nombreuses. On peut citer la brésilienne Embraer (-28 %), la singapourienne ST engineering (-9,9 %), l’australienne Austal (-6,6 %), les japonaises Mitsubishi Heavy Industry (-14,1 %) et Mitsubishi Electric Corp. (-3 %). À l’exception d’Embraer, les firmes montrant desdiminutions de leurs chiffres d’affaires sont toutes dans cette catégorie un peu artificielle desautres producteurs établis. La performance des firmes japonaises en 2015 tend aussi à indiquer que la refonte de
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la politique d’exportation d’armements du pays n’a pas encore véritab7lement porté fruit pour les grands groupes du pays. Un succès dans le cadre du contrat des sous-marins en Australie aurait pu donner une tout autre indication de tendance, mais le contrat a été attribué à DCNS.
De leur côté, les producteurs émergents montrent tous une hausse des ventes, à l’exception du Brésil. Une situation politique volatile et une crise économique ont contraint les ventes de la seule compagnie brésilienne se classant dans le Top 100, Embraer.
De son côté, la hausse spectaculairedu chiffre d’affaires combiné des firmes sud-coréennes reflète, d’une part,le fait que le ministère de la Défense du pays achète de plus en plus ses équipements auprès de fournisseurs nationaux (au lieu d’importer de compagnies étrangères) et, d’autre part,quelques succès à l’export.
Lesentreprises turques continuent de bénéficier d’investissements de la part de l’État visant à atteindre un certain niveau d’indépendance en matière de production d’armements et pour se positionner comme fournisseur dans le marché international. Cette observation vaut également pour l’Inde, qui poursuit unprojet de création d’une base industrielle de défense exhaustive depuis de nombreuses années avec un succès limité.
La base de données du SIPRI est une des seules à tenir compte des laboratoires nucléaires militaires. Que peut-on dire de ces derniers et de leurs perspectives?
Pour les pays pour lesquels elles sont disponibles, le SIPRI collecte les données concernant les ventes des entreprises et autres institutions travaillant sur le nucléaire militaire. Elles font partie en effet partiede l’industrie d’armementpuisque leurs clients sont le ministère de la Défense et/ou l’agence responsable du nucléaire militaire. En période de maintien des arsenaux nucléaires, c’est à dire quand il n’y a pas de projetsde production de nouveaux équipements (têtes nucléaires, propulsion), les laboratoires et centres de recherche nucléaires se classent souvent sous la barre inférieure du Top 100 (640 millions USD en 2015) et n’apparaissent pas nécessairement de manière régulière dans le classement. Le Commissariat à l’énergie atomique(CEA) en France fait exception à cette règle, se classant chaque année depuis la publication du Top 100 (2002-2015).
Dans la mesure où les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont annoncé d’importants projets de modernisation de leur composante nucléaire, on peut s’attendre à ce que les laboratoires et les fabricants des systèmes emportant des armes nucléaires (sous-marins lanceurs d’engins, bombardiers, missiles, etc.) affichent des ventes plus élevées.L’augmentation des ventes des laboratoires en particulier sera liée aux décisions de moderniser les têtes nucléaires des missiles. Cela dit, il faut rappeler que ces hausses mettront un certain temps à se matérialiser dans le chiffred’affaires des entités concernées.
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Entre, par exemple, les conflits aux Moyen-Orient, les multiples théâtres d’opérations de la Guerre au terrorisme, la poursuite de la modernisation des équipements dans les pays émergents et avancés, peut-on anticiper un retour rapide à la croissance du volume d’affaires lié à la défense? Quels sont les risques associés à cette perspective?
Ilest toujours difficile d’anticiperce qui pourrait se produire, mais le ralentissement observé en 2015 semble en effet indiquer la fin du déclin constaté depuis 2011. Comme mentionné plus tôt, le sens de la tendance (hausse ou baisse) est globalement déterminé par les résultats des firmes américaines. Or, l’administration (sous Obama et lors de la campagne électorale de Trump) a annoncé/promis le financement de nouveaux équipements majeurs (par exemple la promesse de recréer une flotte de 500 navires de surface pour la marine américaine formulée par Trump). Les ventes des compagnies américaines devraient en conséquence augmenter dans le futur et conditionner de par leurs volumes la trajectoire des ventes du Top 100. Ces choses cependant prennent souvent du temps à se matérialiser, il convient donc de rester prudent sur la rapidité d’un retour à la croissance du volume d’affaires lié aux armements.
Les tensions majeures qui ont perduré en 2016 dans plusieurs régions vont probablement continuerd’alimenter les acquisitions d’armements, que ce soit auprès de compagnies nationales (comme en Corée du Sud) ou via l’importation. De plus, on observedepuis une dizaine d’annéesdes effets decycle d’acquisitionse traduisant par un renouvellement parfois accéléré des équipements de plusieurs forces armées. Ce cycle est toujours en courset va continuer d’alimenter les ventes d’armes des producteurs partout dans le monde. Cela dit, la situation économique demeure épineuse dans plusieurs pays où crèchent les compagnies formant le bassin plus large du Top 100, et pourrait affecter les résultats de l’année2016.
L’observation relève presque de l’évidence, mais les risques associés à la perspective d’une croissance des ventes d’armes sont d’abordliés à l’augmentation de la demande en armes et en munitions de pays dans des régions aux prises avec des tensions majeures ou des conflits ouverts. Les guerres sont en effet d’importants moteurs d’acquisition d’armements, comme l’ont clairement montré les ventes d’armesdes compagnies des pays engagés dans les opérations militairesd’Afghanistan et d’Irakdes années 2000. Actuellement, les tensions en Asie-Pacifique mènent à une accumulation d’armements(arms build-up) que plusieurs qualifient de courses aux armements. Celle-ci est considérée comme étant déstabilisatrice et un facteurd’exacerbation les tensions.
Par ailleurs, dans d’autres régions, d’importants programmes de modernisation des équipements indiquentla réalisation de nouvelles générations d’armements, entre autres dans le domaine nucléaire militaire (nouveaux sous-marins lanceurs de missiles balistiques aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni) et classique (nouveaux porte-avions aux États-Unis, par exemple). Ces équipements seront
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plus performants et aussi plus coûteux. Globalement, ceci indiq9ue un rehaussement de la létalité (puissance de feu, précision, furtivité, possiblement autonomie, etc.) et reflète la volonté des pays disposant des capacités militaires les plus avancées de maintenir, voire d’approfondirleur avantage technologique alors que plusieurs pays émergents cherchent à se positionner sur les marchés d’exportation (laCorée du Sud, par exemple).
Aude-E. Fleurant, propos recueillis par Yannick Quéau
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Photographie : Océan atlantique, 20 juillet 2008, un Rafale M sur le pont du porte-avion américain USS Theodore Roosevelt (CVN 71) pendant des exercices conjoints conduits par la marine américaine et la marine française. Crédit :US Navy,Mass Communication Specialist 3rd Class Jonathan Snyder, domaine public.
Pour citer ce document
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Aude-E. Fleurant : «Les firmes d’Europe occidentale ont inversé la tendance baissière de l’année dernière», propos recueillis par Yannick Quéau,Décryptage d’OSINTPOL,5 décembre 2016.
Lire par ailleurs
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Aude-E. Fleurant : «Les groupes d’armements français duTop 100 du SIPRI affichent tous des baisses de leur chiffre d’affaires», propos recueillis par Yannick Quéau,Décryptaged’OSINTPOL,14 décembre 2015.
Aude-E. Fleurant, «Sikorsky, Lockheed Martin et l’État fédéral américain : trois acteurs au cœur d’une opération industrielle majeure»,Décryptage d’OSINTPOL, 21 octobre 2015.
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