La malediction d  Al- Khursalik le bourreau
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La malediction d' Al- Khursalik le bourreau

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Description

LA MALÉDICTION D’ Al-khurSALIK, LE BOURREAU ( tiré d’un fragment décrypté qui nous est parvenu) -Rolain Délinois- * * * * * La tempête de sable s’était levée avec une fureur qui charriait le sable et le projetait au loin en un maelström rougeoyant, remuant le désert jusqu'à l’horizon. Les trois voyageurs effrayés aiguillonnèrent leurs chevaux qui hennirent de colère . Les murs de pierre rouges de Sharbatir étaient tout proches, derrière les collines. Ils voulaient gagner la ville et se mettre à l’abri de la tempête qui s’approchait à vive allure pour les engloutir tel un djinn du désert. « Huu ! Huu ! » criaient-ils aux chevaux. Déjà, l’horizon s’obscurcissait, noyé par la poussière ocre qui s’était levée comme une muraille mouvante, presque vivante, cachant le soleil. Ils franchirent la dernière colline et arrivèrent au pied de la muraille. Une sentinelle, la lance à la main leur cria : « Halte étrangers ! Qui êtes-vous ? -Nous sommes des visiteurs du pays de Sem ! répondit l’un d’eux. Nous venons ici chercher un abri contre la tempête. » La sentinelle les dévisagea un moment, une pointe d’hésitation se lisait sur son visage : accueillir des étrangers n’était pas une pratique courante dans la cité de Sharbatir.

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Publié le 25 juillet 2012
Nombre de lectures 83
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

LA MALÉDICTION D’Al-khurSALIK, LE BOURREAU
( tiré d’un fragment décrypté qui nous est parvenu)
-Rolain Délinois-
*
*
*
*
*
La tempête de sable s’était levée avec une fureur qui charriait le sable et le projetait au loin en
un maelström rougeoyant, remuant le désert jusqu'à l’horizon. Les trois voyageurs effrayés
aiguillonnèrent leurs chevaux qui hennirent de colère . Les murs de pierre rouges de Sharbatir
étaient tout proches, derrière les collines. Ils voulaient gagner la ville et se mettre à l’abri de la
tempête qui s’approchait à vive allure pour les engloutir tel un djinn du désert. « Huu ! Huu ! »
criaient-ils aux chevaux. Déjà, l’horizon s’obscurcissait, noyé par la poussière ocre qui s’était
levée comme une muraille mouvante, presque vivante, cachant le soleil. Ils franchirent la
dernière colline et arrivèrent au pied de la muraille.
Une sentinelle, la lance à la main leur cria :
« Halte étrangers ! Qui êtes-vous ?
-Nous sommes des visiteurs du pays de Sem ! répondit l’un d’eux. Nous venons ici chercher un
abri contre la tempête. »
La sentinelle les dévisagea un moment, une pointe d’hésitation se lisait sur son visage :
accueillir des étrangers n’était pas une pratique courante dans la cité de Sharbatir. Néanmoins,
ces trois cavaliers avaient l’air important, vêtus de riches vêtements, leur montures portaient
d’énormes coffrets. De plus, c’étaient à ce qu’il put constater des vieillards, sans doute des
mages venus de loin. Il cria un ordre en bas à d’autres sentinelles qui devaient garder les
serrures. Un grondement lent se fit entendre et la lourde porte de bronze de la cité s’ouvrit ; les
trois cavaliers pénétrèrent alors que les premières rumeurs de la tempête sifflaient avec rage
derrière eux.
*
*
*
« Seuls les fidèles de Baal seront épargnés au jour du jugement ! » cria Betar.
La foule approuva de la tête. Sur la place, depuis plusieurs années, tous les après-midis, le petit
peuple des bas-quartiers avait pris coutume de se rassembler pour écouter les sermons du vieux
Betar. C’était un vieil homme maigre, à l’esprit un peu dérangé, qui vouait un zèle fanatique à
Baal et prophétisait la fin du monde à cette foule de mendiants, de voleurs, de porte-faix, de
petits marchands et d’ouvriers. Tous l’écoutaient avec crainte car ils croyaient en ses prédictions
quoique jusqu'à ce jour, aucune ne s’était encore réalisée.
« Le jour viendra où Les Grandes Malédictions s’abattront sur cette ville. Les cieux se voileront
d’un manteau rouge, une pluie de sang tombera du matin jusqu’au soir sur Sharbatir… Alors là,
vous saurez que le jour de Baal approche.
-Et la peste qui sévit dans la ville ? » cria une voix dans la foule.
La peste effectivement avait éclaté depuis la semaine dernière, ses ravages étaient ahurissants :
plusieurs dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants avaient déjà quitté le monde des vivants.
Toutes les nuits des cris retentissaient et le lendemain on retrouvait des cadavres , abandonnés
dans les rues par leurs proches qui redoutaient d’attraper eux-mêmes la terrible maladie.
« Oui, la peste est le premier des signes ! rugit Betar. La peste est la première malédiction et il y
en aura d’autres…
-Que faire alors ? demanda une femme dans la foule.
-Que faire ? Veillez, soyez vigilants et surtout vénérez Baal en lui offrant de grands sacrifices
publiques sur l’autel au milieu de la ville.
-
Nous n’avons pas ce droit. Seul le roi Orzed est autorisé à faire des sacrifices…
-
Alors dans ce cas, je vous le dis , le malheur s’abattra sur cette ville et vous exterminera
tous ! »
La foule atterrée se dispersa tandis que Betar, crachait de colère dans leur direction. « Bande
d’infidèles et de couards ! Vous n’échapperez pas à la vengeance de Baal ! »
*
*
*
Au palais d’Orzed, les ministres réunis autour du roi parlaient de vive voix. L’inquiétude
régnait , la peste faisait de grands ravages, l’un des fils du roi était tombé malade et les
médecins après examen avaient posé le terrible diagnostic : la peste ! Le roi dans sa douleur
se demandait que faire. Les ministres proposaient diverses solutions, l’un parlait de purifier
avec de l’encens les eaux du fleuve Efaras mais cette proposition était tournée en ridicule par
ses confrères ; d’autres parlaient de brûler des parfums depuis le matin jusqu’au soir pour
obtenir des dieux la guérison du prince, cette proposition non plus ne convainquit personne.
Alors , l’un des ministres, un certain Azaria, s’avança vers le roi et prit ainsi la parole :
« Altesse, je comprends le chagrin et la crainte qui vous ronge le cœur. Sachez que je les
partage avec vous car la vie du prince nous tient tous ici à cœur. Mon roi, j’ai écouté mes
collègues , mais aucun n’a à mon avis formulé une proposition judicieuse. J’ai moi-même un
avis tout à fait particulier sur la question et avec votre permission , j’oserais la formuler.
-Donne-nous ton avis ! dit Orzed, parle Azaria, je t’écoute !
-Vous avez certainement entendu parler de Betar…
-Ce vieux fou ! coupa un ministre, qui n’en a pas entendu parlé ? Depuis des…
-Continue Azaria ! dit sèchement Orzed.
-Et bien… sire, reprit Azaria, il prophétise depuis des années que le jour de la vengeance de
Baal approche et selon ses dires, la peste qui sévit dans la cité serait une des premières
malédictions envoyées par Baal pour annoncer sa venue…
-Que proposerais-tu alors, Azaria ?
-Je proposerais qu’on aille le chercher pour qu’il obtienne du dieu… la guérison de votre fils,
le prince…
-
Betar est fou ! lança le ministre qui l’avait interrompu.
-
Betar est un fanatique seulement, répondit calmement Azaria. Mes agents dans la ville me
rapportent qu’il accomplit quotidiennement des prodiges.
-
Dans ce cas il…
-
Suffit ! coupa Orzed. Allez me le chercher. »
-
*
*
*
Betar avait du mal à garder les yeux ouverts avec toutes ses chandelles dorées allumées
dans la salle. Entre deux soldats armés de larges cimeterres, il tremblait de tout son corps. Le roi
Orzed le regardait avec méfiance et dégoût tant son extrême saleté et ses cheveux hirsutes lui
donnaient un aspect farouche . Il lui dit d’une voix dédaigneuse :
« C’est donc toi Betar ?
-Oui, altesse…bredouilla Betar.
-Ta reputation m’est parvenue. Je t’ai fait venir pour une raison toute simple.
-Laquelle altesse ?
-Vieillard, la peste extermine les habitants de Sharbatir et selon ce que l’on m’a rapporté, tu as
déclaré que ce mal a été envoyé par Baal pour annoncer sa venue. Est-ce vrai ?
-Oui, altesse cela est vrai, aussi vrai que…
-
Sais-tu que mon fils est malade de la peste, Betar ?
-
Je ne le savais pas.
-
Pourrais-tu obtenir de Baal qu’il épargne sa vie ?
-
Je ne sais pas, je…
-
Le peux-tu, oui ou non ? Si tu ne le peux pas je te ferai décapiter sur le champ,
vieillard ! »
Betar s’agenouilla en tremblant. Il avait peur et au ton de la voix du roi, il comprit que celui-ci
ne plaisantait pas. Il réfléchit rapidement puis lentement, il dit :
« Pour calmer Baal, il faudrait lui offrir un grand sacrifice humain.
-Comment ? demanda Orzed horrifié, un sacrifice humain, dis-tu ?
-
Altesse, Baal est un dieu féroce qui se nourrit de sang…
-
Tu veux que je fasse un sacrifice humain ! Alors ce sera toi Betar !
-
Non sire, ce ne peut être moi ! s’empressa de dire Betar au bord de l’évanouissement.
-
Alors, ce sera qui ? Dois-je sacrifier mon peuple pour ton Baal ?
-
Sire, trois étrangers, trois magiciens viennent d’arriver dans la ville. Tu sais combien le
peuple déteste les étrangers. Peut-être que si tu les sacrifiais…
-
Je suis au courant de leur arrivée effectivement.
-
Je crois que ce sacrifice calmerait Baal…
-
En es-tu certain vieil homme ? Ta vie en dépend. »
*
*
*
Les trois mages mangeaient tranquillement dans leur chambre. Autour d’eux, diverses
statuettes d’or, des coupes de bronze et des instruments de cérémonie étaient déposés dans la
pièce. Un vase rempli d’encens attendait d’être brûlé. C’étaient des prêtres de Baal, envoyés
par le dieu pour exiger de la cité un tribu qui l’épargnerait de la destruction. Ils venaient du
pays de Sem, récemment détruit par le dieu parce que ses habitants avaient désobéi. Le dieu,
les avait épargnés et chargés d’aller à Sharbatir avertir sa population. Ils devisaient entre eux
des derniers bruits dans la cité :
« Il court d’étranges rumeurs dans la ville ! dit-l’un.
-Oui, il paraît qu’on nous accuse d’être des démons.
-Ne nous soucions pas de ces sottes rumeurs. Plus tard, nous irons trouver le roi pour lui
donner notre message.» intervint le troisième.
Au même moment, un bruit d’épée résonna au-dehors. Les trois hommes se regardèrent
inquiets.
« Ouvrez ! Au nom du roi Orzed , ouvrez! C’est un ordre ! »
Les trois mages se mirent debout. La stupeur se lisait sur leur visage. L’un d’eux alla
ouvrir. Aussitôt, des soldats pénétrèrent dans la pièce.
« Mais vous n’avez pas le droit, protesta l’un d’eux.
-Par ordre du roi, vous devez nous suivre maintenant. Nous vous conduisons dans les geôles
du palais.
-
Mais ce n’est…»
Un violent coup de poing lancé par un soldat lui ferma la bouche.
*
*
*
La foule se pressait, agitée et excitée par l’événement pour lequel elle avait été conviée. Des
soldats formaient une barrière infranchissable autour de trois autels dressés au milieu de la
place centrale de la ville. Betar, relâché, excitait du haut d’un mur la foule. Orzed et ses
ministres, assis sous une tonnelle construite pour l’occasion attendaient impatiemment. Ils
l’attendaient tous, le grand exécuteur, le bourreau : Kuwosalik.
Lorsqu’il parut, la foule poussa des cris d’allégresse. Kuwosalik était un colosse de deux
mètres avec de larges épaules, des bras musclés et noueux, chargés de bracelets d’étain. Le
corps couvert de tatouages et de formules magiques, le crâne rasé, il avait une balafre noire
qui courait sur sa joue gauche, souvenir d’une lointaine rixe. Il était cependant bel homme et
remportait un immense succès auprès de la gente féminine. Les jeunes filles de la cité
l’idolâtraient même, ce qui déplaisait aux hommes, aux prêtres et même à Orzed qui ne
pouvait comprendre une pareille affection pour cet « assassin officiel » .
Kuwosalik marcha d’un pas assuré jusqu’aux autels, la tête haute, le regard dur et hautain.
Il portait une immense hache d’acier sur l’épaule, dont les reflets argentés jetaient comme des
éclairs autour de lui, le rendant plus impressionnant encore. Derrière lui, se traînaient les
trois mages, le visage en sang, les cheveux hirsutes, les habits sales et déchirés. Des insultes
pleuvaient sur leur passage. On les traitait de sorciers, de démons, de djinns venus du désert
pour massacrer les habitants de la cité.
Ils furent ligotés et jetés sur les autels. La foule hurla d’excitation. Kuwosalik, lentement,
déplia sa cagoule et la mit. Les mages lui adressaient une dernière supplication.
« Écoutez, bourreau, vous risquez de commettre une grave erreur. Si vous nous exécutez,
vous encourrez les foudres et la malédiction de Baal…
-
Suffit, bandes de pleutres !
-
Vous vous attirerez la damnation éternelle en nous ôtant la vie, bourreau. Pour la dernière
fois…
-
Je me ris de vos sots avertissements. Au diable Baal et toutes vos superstitions. Préparez-
vous à affronter la colère de ma hache qui est un dieu bien réel . Hahaha ! »
Il rit , ses tatouages semblèrent alors s’animer sur sa large poitrine. Il fourra un bout de
chiffon sale dans la bouche du mage qui parlait . Le peuple rit à son tour. Kuwosalik,
promena un regard circulaire sur la foule rassemblée sur la place. Le peuple retint son
souffle. Kuwosalik leva sa hache : un éclair brilla au-dessus de sa tête et s’abattit sur le cou
du premier mage ; la tête roula dans une gerbe de sang tandis que le peuple poussait des cris
de joie.
Betar redoubla ses harangues. Kuwosalik leva sa hache : une deuxième tête tomba. Le
dernier suppliait :
« Kuwosalik, en m’épargnant vous épargnerez votre âme car la colère de Baal…
-
Je ne crains pas la malédiction de Baal ! Sache débile vieillard que Al-Kuwosalik ne
craint rien ni personne. »
Et sa hache tomba ! Vlack ! Le corps
décapité du mage fut agité de spasmes pendant
quelques secondes puis cessa de bouger. Un cri de triomphe s’éleva des milliers de gorges
assemblées autour de la place. Kuwosalik, le bourreau avait encore triomphé. Orzed se leva
pour manifester sa satisfaction. Le sacrifice humain était consommé, son fils pouvait espérer
une guérison rapide selon les paroles de Betar.
Mais alors, le temps s’assombrit. Un immense nuage sombre déchiré par de terribles éclairs
recouvrit la cité en un clin d’œil. Tous levèrent les yeux vers le ciel, stupéfiés par ce prodige.
Nul ne s’expliquait l’apparition subite de ce nuage sortit de nulle part. La foudre s’abattit
alors sur la foule , provoquant une panique indescriptible.
« Qu’est-ce que c’est ? » hurla Orzed à Betar.
Mais Betar , trop effrayé ,choisit de prendre ses jambes à son coup. Kuwosalik, lui, pétrifié,
restait en place. Le sang s’égouttait lentement de la lame encore chaude de sa hache. Alors
une voix terrible retentit dans le nuage au-dessus de la ville :
« Peuple de Sharbatir, je suis Baal, le dieu destructeur. Vous avez provoqué ma colère. J’ai
décidé d’anéantir la ville et tous ses habitants. Vous allez disparaître à tout jamais de la
surface la terre et de la mémoire des hommes. A tout jamais. »
La foudre s’abattit sur un immeuble abritant divers produits chimiques destinés aux
cérémonies religieuses, ce qui déclencha aussitôt un incendie qui se propagea rapidement ,
consumant tout sur son passage dans un élan irrésistible et surnaturel.
La voix reprit :
« Quant à toi Kuwosalik, de ton nom entier Al-Kuwosalik, pour avoir de ta main pris la vie
de mes serviteurs, je te condamne à la damnation éternelle. Désormais, tu me serviras de
bourreau pour les siècles et les siècles et ton âme m’appartiendra jusqu'à ce que tu aies
accompli toutes mes vengeances. Ainsi j’ai parlé, moi Baal le destructeur, seigneur des
limbes et de l’Aournout ! »
A peine, ces dernières paroles furent-elles prononcées qu’un tremblement de terre d’une
magnitude infernale secoua et détruisit entièrement la ville qui disparut depuis lors de la
surface de la terre et de la mémoire de l’humanité, conformément à la parole de Baal le
destructeur. Mais, si Sharbatir s’éteignit ce jour-là, le mythe de Kuwosalik le bourreau venait
de naître au cœur du désert et allait hanter pour les millénaires à venir l’existence des
hommes.
( fin du fragment)
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