Le Combat - Partie 1
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Le Combat TOME 1 1 PROLOGUE. Un grand bûcher brûlait dans la nuit de velours sombre. Les étoiles étaient absentes ce soir-là. Seul l’immense brasier éclairait la scène alentour. Quelques personnes se tenaient près du brasero, contemplant d’un regard triste les lammes hautes. Baldor II de Casteperre, ils d’Hodor IV le Vaillant, Roi des Terres du Levant et Prince des Terres de l’Ouest, avait quitté le sol de ses ancêtres pour toujours. Afrontant en un sanglant combat son pire ennemi, S’Alim le Vengeur, Baldor avait payé de sa vie quelques jours plus tôt. Son corps avait été rapatrié par son idèle compagnon, Voh de Parm, Général des Chevaliers de l’Ordre. Ce dernier se tenait près du brasier, le visage à moitié dans l’ombre, les traits durs et le regard ixe. Il se tenait droit, raide, étirant sa haute stature imposante jusqu’à en faire hurler ses muscles de douleur. Sans doute s’inligeait-il cette torture car il se reprochait la mort de son ami. Comment n’avait-il pas pu protéger son roi ? Une larme trop longtemps contenue s’échappa de son œil gris et roula sur sa peau brûlée par le soleil. L’illustre général ne it pas un mouvement pour écraser cette marque de faiblesse. Il savait que personne ne le regardait, son entourage trop occupé à ixer le corps du défunt roi disparaître dans les lammes.

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Publié le 17 janvier 2016
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Langue Français

Extrait

Le Combat TOME 1
1
PROLOGUE.
Un grand bûcher brûlait dans la nuit de velours sombre. Les étoiles étaient absentes ce soir-là. Seul l’immense brasier éclairait la scène alentour. Quelques personnes se tenaient près du brasero, contemplant d’un regard triste les ammes hautes.
Baldor II de Casteperre, îls d’Hodor IV le Vaillant, Roi des Terres du Levant et Prince des Terres de l’Ouest, avait quitté le sol de ses ancêtres pour toujours. Afrontant en un sanglant combat son pire ennemi, S’Alim le Vengeur, Baldor avait payé de sa vie quelques jours plus tôt. Son corps avait été rapatrié par son îdèle compagnon, Voh de Parm, Général des Chevaliers de l’Ordre.
Ce dernier se tenait près du brasier, le visage à moitié dans l’ombre, les traits durs et le regard îxe. Il se tenait droit, raide, étirant sa haute stature imposante jusqu’à en Faire hurler ses muscles de douleur. Sans doute s’inigeait-il cette torture car il se reprochait la mort de son ami. Comment n’avait-il pas pu protéger son roi ? Une larme trop longtemps contenue s’échappa de son œil gris et roula sur sa peau brûlée par le soleil. L’illustre général ne ît pas un mouvement pour écraser cette marque de Faiblesse. Il savait que personne ne le regardait, son entourage trop occupé à îxer le corps du déFunt roi disparaïtre dans les ammes.
A côté de lui, l’écrivain de la Cour, Ys le Grand imprégnait son esprit de tous les détails de la scène pour pouvoir la retranscrire le plus îdèlement possible lorsque la cérémonie serait terminée. Ses lèvres minces remuaient doucement. Sans doute priait-il pour l’âme du déFunt, le recommandant à Gott, la divinité dont Ys était le prêtre. Il était un peu plus âgé que Voh – la cinquantaine passée – et ses cheveux se teintaient déjà de blanc. Sa longue silhouette mince était drapée dans une grande robe noire. Sur sa poitrine était brodé l’insigne des prêtres de Gott, une grande croix de ammes pourpres et or.
Une quinte de toux l’arracha à ses pensées. Son regard se détourna du brasier et s’arrêta sur une silhouette vacillante. La reine Tiarei, Femme de Feu Baldor, se redressa avec orgueil. Elle avait 45 ans mais la maladie qui la rongeait depuis des mois la vieillissait de dix ans. Petite, amaigrie par son afaiblissement, elle ne gardait de sa beauté d’autreFois que ses longs cheveux bruns souples, qu’elle laissait pendre sur ses épaules, retenus seulement par un peigne d’argent à l’arrière de son crâne. Ses yeux bruns semblaient immenses dans son visage au teint jaunâtre. Elle contemplait le corps de son déFunt mari d’un œil Froid, la bouche plissée en un rictus de mépris. Elle n’avait jamais aimé son époux et ce n’était un secret pour personne. Un observateur attentiF aurait même pu déceler une lueur de soulagement dans le regard de la reine.
Une nouvelle quinte de toux la secoua plus violemment cette Fois. Voh la soutint avant qu’elle ne tombe et la supplia de rentrer. Tiarei se dégagea avec un mouvement d’orgueil blessé mais écouta les conseils du Chevalier. Jetant un dernier regard sur le brasier, elle tourna les talons et s’enFonça dans la nuit noire, escortée par Voh.
Ys les vit s’éloigner puis reporta son attention sur la dernière personne qui restait près du bûcher Funéraire. Cette dernière n’avait pas bougé ni détourné le regard, même 2
lorsque la reine avait Failli tomber, écrasée par sa toux. Ys contempla la silhouette bien découpée qui lui tournait le dos et se tenait immobile devant le brasier. On aurait dit une statue. Le prêtre de Gott s’approcha alors de l’ombre et murmura d’une voix douce :
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Majesté, il serait temps de rentrer. Laissez-moi encore un moment avec mon père, répliqua une voix de jeune garçon. C’est la dernière Fois que je peux contempler son visage avant qu’il ne parte tout à Fait. Laissez-moi, Ys. Je veux être seul pendant un instant.
L’écrivain ne répliqua pas. Il connaissait le jeune prince mieux que quiconque et pouvait deviner l’immense douleur qu’il ressentait en ce moment. Ys salua et se retira discrètement.
Aldwin, îls de Baldor, soupira alors proFondément et laissa retomber toute la tension qui, jusque-là, le maintenait aussi raide. Quelques jours plus tôt, c’était un jeune garçon de 18 ans, étudiant sérieusement son Futur rôle de roi, riant avec insouciance ave sa jeune sœur Mana, persuadé que son état de prince durerait encore de longues années. Et pourtant, la dure réalité de la vie l’avait rattrapé. Son père était mort glorieusement sur le champ de bataille, laissant le royaume à une épouse malade et un îls encore mineur.
Le Prince des Terres du Levant n’était pas aussi grand que son père, mais lui ressemblait trait pour trait. Il avait les mêmes cheveux bruns un peu bouclés, les yeux bleus si perçants et la même prestance. Alwin vénérait son père, avec lequel il s’entendait bien plus qu’avec sa mère. Alors qu’il repensait à cette dernière, ses traits se îrent plus durs, sa mâchoire se crispa et il se redressa avec îerté.
Son père lui avait conîé le royaume et Aldwin savait qu’il lui Faudrait se méîer de tout le monde désormais. A commencer par sa propre mère. Il connaissait trop bien son caractère ambitieux pour lui Faire conîance.
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Je ne détruirais pas votre œuvre, promit-il solennellement en îxant le bûcher de son père. Jamais personne ne touchera à votre royaume, je vous en Fais le serment. Je le protégerai coûte que coûte, dussé-je en perdre la vie !
Le prince serra le poing. Désormais, ce n’était plus un enFant. Il était devenu un homme.
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CHAPITRE I.
Raconte-moi une nouvelle Fois le conte des trois Fées ! Encore, Melh ? Mais c’est au moins la troisième Fois depuis ce matin ! S’il te plait, Elianor !
Elianor sourit et observa le visage criblé de taches de rousseur. Les yeux noirs la regardaient en suppliant. Melh, âgé de dix ans, rafolait des contes de magie et de chevaliers. Elianor soupira, vaincue et caressa les cheveux roux du petit garçon.
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Très bien, concéda-t-elle. Mais c’est la dernière Fois…
Ravi, Melh s’installa à plat ventre sur le tapis de Fourrure, devant l’âtre immense où brulait un Feu en hiver comme en été. Elianor s’installa sur un coussin brodé d’or, en Face de son Frère. De sa voix cristalline, elle commença à raconter l’histoire préFérée de Melh.
Assis sur le rebord de la Fenêtre, un adolescent à la chevelure blonde leva ses yeux bleus au ciel, et se replongea dans son livre. San avait deux ans de plus que Melh et passait son temps à lire des ouvrages de stratégie ou des romans de chevalerie. Il sortait peu et ne se passionnait que médiocrement pour les jeux d’épée ou le tir à l’arc. Il ressemblait à s’y méprendre à Elianor.
Celle-ci était grande et élégante. Ses longs cheveux blonds étaient attachés en une longue tresse qui lui Faisait le tour de la tête. Ses traits îns et réguliers avaient séduit plus d’un garçon alentour. Elle avait un teint de rose et ses lèvres minces s’étiraient en un sourire ravissant. Elle avait hérité des yeux bleus de son père, ourlés de grands cils châtains. En un mot, Elianor était une jeune îlle exquise. Du haut de ses 17 ans, elle était parFaitement consciente de son charme, mais n’en usait pas.
Emportée dans son histoire, elle ne voyait pas qu’une personne l’observait avec un sourire malicieux. Aleria, sa sœur jumelle, était très diférente d’Elianor. Et elle ne lui ressemblait guère. Grande et élancée elle aussi, Aleria coifait ses cheveux noirs de la même manière que sa sœur. Ses yeux noisette – qu’elle tenait de sa mère – lui Faisaient un regard de velours. Elle souriait discrètement en observant Elianor et des Fossettes apparurent sur ses joues. On ne l’entendait jamais et elle ne se Faisait jamais remarquer. Aleria était une jeune îlle timide, qui se cachait souvent derrière sa sœur, plus sûre d’elle. Peu de gens remarquaient qu’elle était aussi belle que sa jumelle tant elle était efacée.
Aleria aimait regarder Elianor conter des histoires. Non seulement elle était captivante, mais elle savait aussi déguiser sa voix ou Faire de grands gestes, ce qui la rendait drôle. La jeune îlle eeura de ses longues mains înes la harpe qui était posée devant elle. Elianor sursauta et tourna un regard Furieux vers sa jumelle.
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Aleria ! Tu m’as déconcentrée ! Mille excuses, votre seigneurie ! répondit d’une voix moqueuse Aleria en esquissant une révérence. Mais tu n’as pas entendu le carrosse entrer dans la cour ?
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Ses Frères et sœurs la îxèrent, intrigués. San jeta un coup d’œil par la Fenêtre et s’aperçut que sa sœur avait raison : un attelage était efectivement arrêté en plein milieu de la cour du château.
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Mère s’approche pour recevoir les visiteurs, dit-il à haute voix. Je n’arrive pas à voir de qui il s’agit. Peut-être est-ce Aldwin, suggéra Elianor en s’approchant vivement de la croisée. Prince Aldwin, corrigea sévèrement San. C’est mon Futur époux, rétorqua Elianor en haussant les épaules. Je peux l’appeler comme bon me semble. C’est lui, conîrma Aleria. Je reconnais son allure. Il est accompagné d’un Chevalier de l’Ordre. Je n’arrive pas à le distinguer correctement. Peu importe, répondit sa jumelle avec désinvolture. Viens avec moi, Aleria. Il Faut que je sois présentable pour recevoir Aldwin ! Prince Aldwin ! cria San tandis que ses sœurs reFermaient la porte derrière elle.
Melh et San se regardèrent. La porte s’ouvrit de nouveau, livrant passage à une servante.
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Elles se sont retirées dans leur chambre, renseigna San, devançant la question de la Femme.
Celle-ci remercia, salua et se retira. Melh îxa une nouvelle Fois son Frère. Celui-ci se replongea dans son livre. Le silence s’installa. Melh ne bougea pas.
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Vas-y, dis-le ! lâcha soudain San, exaspéré. Elianor ne devrait pas épouser le prince. Nous ne la reverrons jamais.
San îxa son Frère. Il voulut rétorquer quelque chose mais ne trouva rien à dire. Melh avait raison. Et San le savait parFaitement.
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CHAPITRE II.
Un serviteur annonça Elianor et Aleria de Cargèse. Les personnes présentes dans la salle commune se levèrent. Regina de Cargèse regarda ses deux îlles exécuter une parFaite révérence devant le prince.
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Les éloges qu’on m’a Faits sur votre beauté ne vous rendre pas justice, Madame, complimenta Aldwin en relevant Elianor. Merci, votre Majesté, rougit la jeune îlle sous le compliment. Levez-vous, dame Aleria ! énonça le prince en relevant à son tour la jumelle d’Elianor. On m’a dit beaucoup de bien sur vous également.
Aleria sourit et remercia d’un signe de tête. Les joues roses sous l’efet du compliment, elle ne savait plus où se mettre. En même temps, la remarque du prince l’étonnait : qui avait pu la remarquer pour parler d’elle au prince ? Regina leva un sourcil, semblant Faire écho aux pensées de sa îlle.
Aldwin présenta son bras à Elianor et la conduisit à la table dressée pour le dïner. Aleria se retira à sa place et lâcha un soupir de soulagement. Elle était contente de se retrouver loin des regards.
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Le Chevalier de l’Ordre ne te quitte pas des yeux depuis tout à l’heure, chuchota une voix masculine à son oreille. Arrête ! répondit-elle sur le même ton.
Elle lança un regard Furieux à son interlocuteur. Gray, aïné de la Famille Cargèse, lui souriait d’un air taquin. Le jeune homme de vingt ans était un grand gaillard aux cheveux bouclés, noirs comme ceux d’Aleria. Ses yeux sombres lui donnaient un air mystérieux. Gray était séduisant et l’on disait souvent qu’il avait pris la beauté sauvage et Froide de son père. Gray avait un Faible pour Aleria qu’il comprenait mieux que quiconque. Et il ne résistait jamais au plaisir de la taquiner dès que l’occasion s’en présentait.
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Il s’appelle Vince Argentat, reprit Gray, toujours à voix basse. Il doit être un peu plus âgé que moi. On dit que c’est le meilleur ami du prince Aldwin.
Aleria ît comprendre à son Frère qu’elle se moquait complètement de savoir qui était ce Chevalier de l’Ordre. Néanmoins, elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil dans sa direction. Efectivement, Vince Argentat la regardait. Il lui sourit et Aleria détourna le regard, gênée.
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Tu es rouge comme une pivoine ! se moqua son Frère en s’asseyant. Gray, cesse tes taquineries ! Vas-tu donc grandir un jour ? Jamais ! rétorqua le jeune homme en lui lançant un clin d’œil. Et puis, Lorelei m’aime comme cela, alors pourquoi changer ? orcément, si l’avis de Lorelei est en jeu…, soupira Aleria sans terminer sa phrase. Et voilà ! La jalousie reprend le dessus ! Tu sais très bien que je ne suis pas jalouse d’elle. Comment le pourrais-je ? Elle est si gentille !
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Gray sourit. Il savait parFaitement qu’Aleria avait tout de suite adopté Lorelei de Cormon, sa îancée, lorsque Regina l’avait choisie pour unir leur Famille à la sienne. Lorelei était orpheline et avait été élevée par un vieil oncle, décédé depuis peu. Elle avait alors pris la suite de son tuteur, régnant malgré son jeune âge sur les Iles Topaze, terres de ses ancêtres depuis très longtemps. Gray et Lorelei étaient tout de suite tombés amoureux l’un de l’autre, chose Fort rare dans le cas de mariages arrangés.
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Que penses-tu de nos tourtereaux ? glissa Gray à sa sœur.
Celle-ci prit le temps d’observer Elianor et le prince avant de répondre. Sa jumelle croisa son regard et eut un sourire crispé. Aleria comprit tout de suite que sa sœur n’appréciait guère le prince.
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L’ambiance ne dégèle pas, murmura-t-elle à son Frère sans quitter le couple des yeux. Elianor ne me laissera pas dormir avant d’avoir dressé une liste complète des déFauts du prince. Pourtant, je croyais qu’elle se réjouissait de ce mariage ? Elle ne pouvait pas dire non à mère. Et tu connais Elianor : elle est très dicile…
Gray hocha la tête en signe d’assentiment. Ce qu’Aleria ne lui dit pas, c’est que ce mariage était aussi pour leur sœur une bonne aubaine pour se rapprocher du trône. Elianor était ambitieuse et sa jumelle avait découvert il y a peu qu’une soiF intarissable de pouvoir grandissait dans le cœur de sa sœur.
Aleria Frissonna. Elle eut tout à coup l’impression que l’arrivée du prince dans leur demeure était un signe de mauvais augure. Ses mains étaient glacées. Aleria sentit une sourde angoisse la gagner petit à petit, sans qu’elle en connaisse l’origine. Sa tête commença à tourner et elle dut Faire un efort surhumain pour rester vaillante toute la soirée.
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CHAPITRE III.
Les portes s’ouvrirent avec Fracas. Tiarei ouvrit les yeux et resta impassible. Assise dans un Fauteuil drapé de velours bleu roi, elle se reposait sur la terrasse de sa chambre, réchaufant ses membres malades au soleil de în d’après-midi.
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Le voyage s’est-il bien passé, mon îls ? Je n’aurais jamais dû vous écouter, mère !
Aldwin parut à sa droite, les cheveux en bataille, les yeux brillants de colère, encore habillé de ses vêtements de voyage. Il arpentait la terrasse d’un pas Furieux.
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Calme-toi, je t’en prie ! reprit Tiarei d’un ton doucereux. Sers-toi un verre de vin et explique-moi pourquoi tu es si en colère.
Aldwin ne lui obéit pas tout de suite. Il se Força à redevenir maïtre de lui-même et, lorsqu’il Fut sûr d’être calmé, il se remplit une coupe d’un vin aux arômes épicés. Il piocha trois grains de raisin parmi divers Fruits débordant d’un large plateau, et les ît rouler entre ses doigts pendant un long moment. Sa mère l’observait sans rien dire, un sourire moqueur étirant ses lèvres pâles. Le jeune prince but une gorgée de vin, le visage tourné vers les jardins qui s’étendaient à ses pieds. Enîn, il se retourna vers Tiarei et expliqua la raison de sa colère :
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Elianor de Cargèse n’est pas la Femme que vous m’aviez décrite. Elle est très belle, certes ! Cependant ce n’est qu’une jeune îlle prétentieuse, sûre d’elle, Froide et calculatrice. Nous avons à peine pu échanger un mot lorsque je me suis rendu en terre de Cargèse… Par manque d’intimité ? demanda la reine qui voulait exaspérer son îls. Parce que nous ne nous entendons pas ! répliqua le jeune homme d’un ton impatient. Cela peut s’arranger au îl des ans, rétorqua sa mère avec un haussement d’épaule. Vous ne vous connaissez pas encore assez. ais taire ton jugement si hâtiF et apprends à découvrir chaque Facette de sa personnalité. Le mariage t’aidera grandement dans ce domaine. Je reFuse d’épouser Elianor ! répliqua Aldwin violemment.
Tiarei sentit l’exaspération la gagner progressivement. Elle détestait que l’on s’oppose à elle, surtout lorsqu’il s’agissait de son îls. Il se comportait encore comme un enFant alors qu’il allait bientôt être couronné. Si la loi l’avait permis, c’est elle qui aurait pris la tête du royaume, en attendant que son îls se montre plus apte à gouverner. Elle darda un regard Furieux sur son îls et rétorqua sèchement :
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Tu n’as pas le choix, Aldwin. Tu DOIS épouser cette jeune îlle. La Famille Cargèse est puissante et sera une précieuse alliée pour les afaires du royaume. Qu’Elianor te plaise ou non importe peu. C’est une jeune îlle accomplie et intelligente qui plaira au peuple. Crois-tu que j’avais le choix quand j’ai dû épouser ton père ? Je me suis mariée à un homme que j’ai détesté dès que j’ai entendu son nom pour la première Fois. Mais je me suis sacriîée malgré tout car le peuple attendait que je dompte le rustre qu’il avait pour roi.
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Ne parlez pas ainsi de mon père ! gronda Aldwin en serrant les poings. Vous ne l’avez jamais aimé, mais le peuple le vénérait. Ce n’était pas un rustre mais un homme juste et bon. Quant à vous, les gens sont terriîés rien qu’en entendant prononcer votre nom.
Tiarei resta impassible. Néanmoins, Aldwin devina qu’il avait touché un point sensible car le visage de sa mère devint subitement plus pâle que d’ordinaire. La reine humecta ses lèvres sèches et, sans un regard pour son îls, ordonna d’une voix rauque :
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Hors de ma vue ! Sortez…
Aldwin resta un instant immobile. Il vivait le pire de sa relation avec sa mère : maintenant, elle ne le regardait plus, comme si elle était dégoûtée par son propre îls, comme s’il représentait tout ce qu’elle abhorrait dans ce royaume – son mari déFunt, par exemple. Le prince reposa sans un bruit sa coupe de vin sur la table et tourna les talons, les yeux brillants de larmes et de rage contenues.
Tiarei entendit la porte de sa chambre claquer dans son dos. Elle sursauta imperceptiblement, puis se reprit bien vite. Ses joues reprirent quelques couleurs. Elle savait qu’elle venait de blesser son îls au plus proFond de lui. A cette pensée, loin d’éprouver quelque remords, un sourire de satisFaction naquit sur ses lèvres.
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CHAPITRE IV.
Regina de Cargèse arpentait d’un pas pensiF la salle de réception. Elle mordillait nerveusement le pouce de sa main droite, comme elle le Faisait lorsque quelque chose la tracassait. Elle marcha jusqu’au balcon extérieur et s’accouda à la barrière de pierre ouvragée. Son regard plongea dans la cour intérieure du château : Melh s’entraïnait à l’épée avec des garçons de son âge, surveillés par Gray qui les observait, une lueur d’amusement dans ses yeux noirs. San, assis plus loin sur un chargement de Foin, lisait un recueil d’exploits de tournois.
Regina admira ses trois îls et ressentit une immense îerté en les contemplant. Depuis la mort de son mari après la naissance de Melh, Regina avait dû élever seule ses cinq enFants et gérer en même temps le château et les nombreuses terres que son époux lui avait laissées en héritage. Gray n’avait que dix ans à l’époque, mais il avait tout de suite compris que la tâche était lourde pour sa mère et qu’il deit l’aider du mieux qu’il pouvait. Très vite, il avait su en imposer auprès des villageois voisins ou des vassaux de Cargèse. Gray était un garçon intelligent, rusé et patient. Regina retrouvait en lui le mari qu’elle avait perdu.
Le jeune homme avait maintenant atteint sa vingtième année et ressemblait trait pour trait à son père. Il avait la même allure, les mêmes épaules larges, les mêmes membres vigoureux. Il excellait à l’équitation et à l’épée, et entraïnait lui-même ses petits Frères.
Comme s’il devinait les pensées de sa mère, Gray leva la tête et croisa le regard de Regina. Il lui lança un clin d’œil complice, puis revint à ses préoccupations. Il alla séparer Melh qui se disputait avec l’un de ses petits camarades et le réprimanda vertement. Le garçon acha une mine boudeuse mais reprit ses exercices.
Melh n’avait commencé à parler qu’à l’âge de quatre ans. Tout son entourage pensait qu’il était muet de naissance. Mais les Faits avaient prouvé le contraire. Il avait pris les cheveux auburn de sa mère et le tempérament docile de son père.
Il était tout le contraire de San qui, de deux ans son aïné, se montrait rebelle Face à tout autorité Féminine. Il se montrait distant avec Gray et se plongeait volontairement dans ses livres lorsqu’un adulte approchait de lui. Les seules personnes en qui il avait conîance étaient Melh et Aleria.
La jeune îlle parut justement dans la cour et s’approcha sur la pointe des pieds de Gray. Aleria se trouvait à deux centimètres du dos de son Frère et celui-ci ne réagissait toujours pas. La jeune îlle poussa un cri, ce qui ît sursauter Gray. Il se retourna et, la mine déconîte, découvrit sa sœur riant aux éclats derrière lui. Aleria se calma un peu et, pour se Faire pardonner, embrassa son Frère sur sa joue. Celui-ci lui pinça gentiment l’oreille et commença à lui parler.
Gray et Aleria s’entendaient comme larrons en Foire. De la Fratrie, c’étaient les deux qui se comprenaient et se connaissaient le mieux. Bien sûr, les jumelles étaient aussi très proches, mais Regina avait remarqué que, depuis quelque temps, Aleria et Elianor
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devenaient distantes. Elianor avait pris beaucoup d’assurance ces derniers mois alors qu’Aleria devenait plus efacée que jamais.
Regina contempla sa îlle avec tendresse. Elle l’aimait beaucoup plus qu’elle n’oserait jamais l’avouer. Mais Aleria avait quelque chose de Fragile qui donnait envie de la protéger du monde extérieur. Regina était contente que ce soit Elianor qui ait été choisie pour épouser Aldwin, et non pas Aleria. La jeune îlle serait trop vite dépassée et efarouchée par le monde politique pour se montrer une digne épouse de roi. Elianor serait plus à même de mener la mission qui lui était désormais conîée. Regina détestait se séparer de ses enFants mais elle n’avait plus le choix. Elianor allait bientôt partir pour la Cité Bleue, capitale des Terres du Levant, où résidait la Famille royale depuis des décennies.
Mais sa îlle ne voulait pas partir seule dans une ville inconnue. Elle avait parlé à sa mère de ses craintes de la capitale et de son désarroi évident vis-à-vis du prince.
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Je veux qu’Aleria m’accompagne, avait-elle dit à sa mère. Je sais que je pourrais compter quoiqu’il arrive et qu’elle sera une bonne conseillère lorsqu’il Faudra que je prenne une décision.
Elianor avait insisté tant et si bien que Regina avait îni par céder. Elle n’en avait pas encore parlé à Aleria et savait qu’Elianor redoutait d’apprendre la nouvelle à sa jumelle. Elianor et Regina savaient parFaitement toutes les deux quelle serait la réaction d’Aleria.
Regina soupira en regardant sa îlle dans la cour. Aleria avait maintenant rejoint San et discutait avec lui à propos de son livre. Il Fallait lui annoncer sans tarder son départ prochain : Elianor devait rejoindre la capitale dans une semaine. Regina se remit à mordiller le bout de son pouce droit.
A ce moment-là, Aleria releva la tête et s’aperçut que sa mère la regardait. Ses yeux noisette plongèrent dans ceux – identiques – de Regina. Aleria devina tout de suite que sa mère avait quelque chose à lui dire et que cette nouvelle ne lui plairait pas.
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