Une proie facile

Ersatz

Description

Scénario pour un court-métrage, inspiré d'une nouvelle noire de Talmage Powell.

Informations

• Publié par: ersatz
• Publié le: 11 décembre 2013
• Nombre de lectures: 62
• Langue: Français

Extrait

UNE PROIE FACILE
ersatz
UNE PROIE FACILECOURT-METRAGE
15’
Librement inspiré d’une nouvelle de Talmage Powell
Scénario
:
ersatz
SYNOPSIS
2 Camille est bien trop jeune. Bien trop belle aussi.
L'Homme, qu'elle vient de quitter, se perd dans la vie et c'est la nuit qui le récupère.
Mais c'est une nuit malfamée et douteuse, comme Fred et Willy.
Fred et Willy sont bien trop gentils, trop attentionnés et l'Homme se confie à eux. Il régale, et
c'est égal : " Plus rien ne m'est désormais sans Camille…"
Fred et Willy raccompagnent l'Homme à sa voiture. Trop prévenants : ils l'encadrent, la pointe
d'une lame entre les omoplates.
Il leur remet son argent et les clefs. Un poing l'étourdit : il a tout perdu.
Fred et Willy partent "sur la route" réjouis. Cet idiot de bourge trop naïf, cette proie si facile !
L'Homme se relève, mi-k.o, mi-songeur, l'air hébété.
On croirait même voir un sourire malin…
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I. INT / NUIT. PUB.
Plan d'Ensemble.
Travelling avant.
Vision subjective.
Une porte s'ouvre, on découvre l'intérieur d'un Pub-Rock : atmosphère tabac-alcool, musique
bluesy.
Le regard-caméra avance et nous montre quelques clients : ils semblent surpris et amusés de voir
ce personnage en cet endroit.
La personne que l'on ne voit pas encore choisit une table un peu isolée et s'asseoit.
Il est visiblement mal à l'aise : la vision est un peu agitée, regardant un peu partout.
II. INT / NUIT. PUB.
Plan Moyen.
3Vision subjective.
L'Homme est assis. Une serveuse s'approche de lui, le sourire engageant et amusé.
SERVEUSE
Bonsoir.
Désirez-vous boire quelque chose ?
Fin Vision subjective.
Plan Serré.
On découvre le visage de l'Homme : il a environ 50 ans. L'air cadre supérieur, apparemment
déplacé dans ce genre d'endroit.
Plan moyen.
Il est bien fait de sa personne. Il doit habituellement être sûr de lui, mais ce soir il semble perdu,
nerveux, désemparé.
L'HOMME
Oui, un double scotch sans glace, s'il vous plaît.
Plan Moyen.
La jeune femme s'en retourne à son bar. On aperçoit à l'arrière plan très flou deux hommes qui se
murmurent à l'oreille tout en regardant du côté de l'Homme.
Pano G-D : il suit la serveuse, puis Pano D-G : il revient vers l'Homme.
Pendant le Pano, les deux hommes apparaissent nets brièvement.
Le Pano s'arrête sur l'homme qui les a aperçus. Il les regarde furtivement.
III. INT / NUIT. PUB.
Plan Moyen.
Les deux hommes se lèvent et se dirigent vers lui. Il semble encore moins à l'aise.
WILLY
Salut … vieux !
Nous avons senti une profonde solitude,
et nous vous offrons une oreille amicale
si vous voulez vous épancher.
FRED
Toute solitude n'acquiert ses lettres
de noblesse que lorsqu'elle est confessée.
Ou alors, c'est qu'du quotidien.
Paix et bienvenue !
4Je m'appelle Fred, et mon gai
compagnon répond du nom de Willy.
WILLY
Tope-la mon pote !
On s'asseoit ?
Les deux hommes s'assoient en même temps, sans attendre de réponse.
L'HOMME
Euh … Faites-donc !
Je vous offre quelque chose à boire ?
WILLY
Mmm … Ça m'va.
Je vais boire comme toi.
FRED
Mmm … Comme toi, ça m'va.
La serveuse arrive et donne son verre à l'Homme.
L'HOMME
Dans ce cas-la, j'en reprends un.
A la serveuse :
Trois doubles scotches, s'il vous plaît.
L'Homme boit son verre d'un trait. La serveuse va chercher les consommations.
IV. INT / NUIT. PUB.
Plan Moyen.
Légère contre-plongée (vision assise).
Les deux hommes entament la conversation. Ils sont visqueusement sympathiques et avenants.
WILLY
Alors papa, qu'est-ce qui t'amène
dans un rade comme ça ?
Ça n'a pas l'air d'être ton genre.
C'est même pas cher !
L'HOMME
Je n'en sais trop rien …
La serveuse apporte les consommations sur un plateau.
5Elle les pose sur la table. Les deux hommes se servent.
L'Homme sort son portefeuille. Il en extirpe un billet de cinquante €.
En sortant le billet, une liasse épaisse apparaît. Les deux hommes tiltent.
Ils se lancent une œillade de connivence.
L'Homme tend le billet à la serveuse :
L'HOMME
Gardez la monnaie.
SERVEUSE
Je vous remercie monsieur.
Elle s'en retourne.
L'Homme porte un nouveau toast à ses deux compères.
Il sourit, se voulant sympathique, mais son sourire reste triste.
L'HOMME
Bien, gentlemen, à votre santé !
FRED
Comme tu dis : à la tienne !
Après avoir entamé son deuxième scotch, l'Homme devient soudain tout penaud et déconfit.
L'HOMME
Je crois que c'est à cause de Camille.
WILLY
Répète voir !
L'HOMME
Que je suis ici.
Camille avait la vingtaine.
Et elle était très belle … Si belle !
Plus rien ne m'est, désormais sans Camille.
WILLY
Voyez-vous ça !
Pépère s'était décroché une minette !
FRED
Le beau monsieur à principes achète
tout ce que son petit cœur désire.
6L'Homme a un sursaut d'indignation, outré de voir son amour ainsi mis en doute.
WILLY
Du calme, papa.
L'HOMME
Il n'y avait pas de question d'argent entre nous !
FRED
D'accord, d'accord.
L'HOMME
Je veux que vous compreniez.
WILLY
Bien sûr, papa. T’affole pas.
L'HOMME
M'affoler…
C'est justement ce que j'ai fait avec Camille.
Je ne mangeais plus, je ne dormais plus.
Je ne pouvais plus vivre sans elle et je devenais fou
quand elle regardait un autre homme.
Je n'acceptais pas qu'elle soit un seul instant loin de moi.
FRED
Et voilà ! Clac !
Pris au piège grandeur nature.
L'HOMME
Cette fois, je crois que vous dites vrai.
Je devins un homme totalement différent,
Etranger à moi-même.
WILLY
Comment t'as pu rencontrer une nana pareille ?
L'HOMME
Camille était étudiante.
Un jour elle est venue à mon
cabinet demander à faire un stage.
Je l'ai d'emblée acceptée, bien sûr.
7FRED
Et tu t'l'es emballée !
C'est cool ! C'est quoi ton job ?
L'HOMME
Lentement; hésitant :
Euh ! … je suis … architecte …
Dès le lendemain soir je l'invitai au restaurant.
Je la voyais tous les jours.
Je passais chaque heure de la journée
et de la nuit avec elle.
V. FLASHBACK I.
Courtes séquences fondues entre elles de l'Homme et Camille au bureau ; chez elle ; en
promenade.
L'Homme continue son récit off.
1. INT / JOUR. BUREAU DE L'HOMME.
L'Homme et Camille sont au bureau. Il lui montre des dossiers puis la prend par la taille et
l'enlace. Ils paraissent amoureux.
L'HOMME OFF
Camille m'était tout.
Ma raison de vivre, de travailler.
FRED OFF
Elle a surtout été ta déraison, non ?
2. INT / NUIT. APPARTEMENT CAMILLE.
L'Homme et Camille sont dans le canapé. Elle est sur ses genoux. Ils rient ; sont très amoureux et
heureux.
WILLY OFF
Fred! Ta gueule !
Laisse parler le mec !
Continue, papa.
L'HOMME
Continuer ?
On n'a plus nulle part où aller après Camille.
8Avec elle on va jusqu'au bout du chemin.
3. EXT / JOUR. UNE RIVE AU BORD D'UN FLEUVE TRANQUILLE.
L'Homme et Camille se promènent main dans la main au bord de l'eau.
Ils sont vraiment très amoureux.
WILLY OFF
Je vois … C'est dur, hein, papa ?
L'HOMME OFF
Ce fut un véritable rêve.
Jusqu'à ce que je me réveille.
Fin Flashback I.
Fin Voix-off.
VI. INT / NUIT. PUB.
Retour au présent et à la table des trois hommes dans le Pub.
Gros Plan sur le visage de l'Homme et son désarroi.
L'HOMME
Puis elle me quitta.
Quand je l'implorai, elle me couvrit d'injures,
mes supplications la firent rire.
Depuis, j'erre vaguement, vaguement lamentable.
Plan moyen des trois hommes.
FRED
Ton histoire si elle sentait moins l'eau de rose.
WILLY
Alors, tu vas continuer à errer, papa ?
L'HOMME
Peut-être...
Plans resserrés & Montage plus rapide à partir de Willy.
Gros Plan.
WILLY
Pourquoi qu'on errerait pas ensemble ?
C'te bled nous sort par les trous de nez à Fred et à moi.
On a envie de voir du pays :
Paname ; Saintrop' ; Barcelona ; Amsterdam …
Ici l'vent froid vous caille les miches.
9FRED
Toujours flegmatique.
La poussière des chemins pour apaiser
le prurit de nos pieds enracinés.
WILLY
Un peu plus excité.
Exactement, papa. On brûle de décamper.
Toi t'as la bagnole, le fric …
FRED
Nous, on a le temps et nos rêves : à nous l'espace !
L'HOMME
Il est plus distant, il se raidit.
Tout devient soudain p