Premières blessures  partie A
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Description

Premières blessures Récolte effectuée durant le mois de janvier 2014 par bouteille à la mer internautique autour de la question. Les petits témoignages anonymes sont glanés et adaptés par Jean Van Cottom, plasticien. Quelle est la première blessure dont vous vous souvenez ? J'avais fait dérailler la chaîne de mon petit vélo rouge devant la boulangerie du quartier. La fille du boulanger est venue m'aider en tenant mon vélo pendant que j'essayais d'effectuer la réparation. Elle a dû bouger brusquement le vélo et j'ai coincé mon doigt dans la chaîne pleine de graisse ! Je n''avais jamais ressenti une douleur aussi vive mais il est probable que la honte de me blesser aussi bêtement devant une fille a dû accentuer ma peine. J'avais cinq ans. Je suis tombée dans l'escalier. Je devais avoir quatre ans... J'ai dû me prendre les pieds dans le tapis imprudemment déposé sur le palier et j'ai dégringolé la vingtaine de marches! Ma tête a heurté brutalement le carrelage du couloir et j'ai eu l'impression que ma tête avait explosé. J'ai dû hurler sans doute car maman est accourue aussitôt. Je me souviens que son visage est devenu tout blanc. Elle me répétait tout doucement : " ce n'est rien, ce n'est rien, ce n'est rien". J'ai eu un bel oeuf de poule durant quelques jours. Un accident de voiture. Je préfère ne pas en dire davantage. C'était le 26 juin 1974. J'y pense encore chaque jour. J'étais très petite. Je marchais les pieds en dedans.

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Publié le 03 mars 2014
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Premières blessures Récolte effectuée durant le mois de janvier 2014 par bouteille à la mer internautique autour de la question. Les petits témoignages anonymes sont glanés et adaptés parJean Van Cottom, plasticien.
Quelle est la première blessure dont vous vous souvenez ?
J'avais fait dérailler la chaîne de mon petit vélo rouge devant la boulangerie du quartier. La fille du boulanger est venue m'aider en tenant mon vélo pendant que j'essayais d'effectuer la réparation. Elle a dû bouger brusquement le vélo et j'ai coincé mon doigt dans la chaîne pleine de graisse !Je n''avais jamais ressenti une douleur aussi vive mais il est probable que la honte de me blesser aussi bêtement devant une fille a dû accentuer ma peine.J'avais cinq ans.
Je suis tombée dans l'escalier. Je devais avoir quatre ans... J'ai dû me prendre les pieds dans le tapis imprudemment déposé sur le palier et j'ai dégringolé la vingtaine de marches! Ma tête a heurté brutalement le carrelage du couloir et j'ai eu l'impression que ma tête avait explosé. J'ai dû hurler sans doute car maman est accourue aussitôt. Je me souviens que son visage est devenu tout blanc. Elle me répétait tout doucement : " ce n'est rien, ce n'est rien, ce n'est rien". J'ai eu un bel oeuf de poule durant quelques jours.
Un accident de voiture. Je préfère ne pas en dire davantage. C'était le 26 juin 1974.J'y pense encore chaque jour.
J'étais très petite. Je marchais les pieds en dedans. J'avais couru et j'avais trébuché.Je me souviens d'un visage recouvert de croûtes.Ce n'est pas un souvenir douloureux. Mon visage me fascinait.Les "croûtes" sont toujours intéressantes pour les enfants. Petits événements du corps, substances nouvelles, duretés sur une nouvelle peau, plus fine, plus lisse, plus rouge.
Au début des années 40. Dans une piscine construite dans la mer (l'Océan Indien en Afrique du Sud), j'ai été projetée contre un des murs, recouvert de coquillages, car de fortes vagues se répercutaient dans l'enclos. J'en garde toujours la trace sur une cuisse. Mais le souvenir, lui, est celui de l'excitation provoquée par ces courants marins … et pas du tout d'une peine quelconque !
Un genou écorché dans la cour de récréation de l’école primaire dans le petit village de Strée. La cour était parsemée de gravillons sur lesquels nous courions à toute vitesse. Je me suis étalé et je me souviens de l’image de mon genou couvert de sang avec, au milieu de la bouillie, ce que je croyais être un « trou ». Le maître d’école m’a soigné avec de l’éther. Puis, je n’ai plus de souvenir précis sauf que je me souviens aussi des croûtes que l’on arrachait et qui, si la peau n’était pas rétablie par-dessous, provoquaient un nouveau saignement…
Un chien. Exactement une chienne qui voulait, m'a-t-on dit, protéger sa nichée.Je passais par là, je galopais, insouciante, comme une petite fille de 6 ans. La bête m'a mordue au visage, arrachée la joue droite.Je vous épargne les détails.Au moment même, je n'ai pas eu vraiment mal. Y paraît que c'est courant. Aujourd'hui, 25 ans plus tard, malgré quelques sérieuses opérations esthétiques, j'en garde encore des séquelles et, certains jours, une douleur sourde irrigue ma joue.
Cela doit être la perte accidentelle de mes deux incisives, celles du haut, heureusement des dents de lait.En fait, j'ai heurté brutalement la tête d'un copain et paf. Comme je devais être fort jeune, je suis resté ainsi avec ce beau trou dans la bouche durant plusieurs années avant que mes dents définitives ne daignent apparaître ! Je n'avais pas fière allure et surtout je me souviens que j'étais inquiet craignant ne plus jamais avoir de dents au milieu de la mâchoire ...
Je ne me souviens plus précisément de mon âge. J'étais constamment malade, surtout des otites. Le pédiatre a organisé dans la cuisine de la maison où je vivais une opération avec un chirurgien. Je me souviens que l'on a introduit dans ma gorge des pinces qui ont arraché des "polypes" sans anesthésie et que j'ai vomi des matières sanguinolentes dans une bassine. L'épouse du chirurgien était présente en tant qu'assistante. J'étais sur les genoux de quelqu'un mais en tout cas pas ceux de ma mère et mon père n'apparaît pas non plus dans mon souvenir. Ensuite, j'ai été nourrie à l'aide de crèmes (non, pas glacées.. nous n'avions même pas de frigo à l'époque..).Je ne pense pas avoir raconté cela à mes enfants. Elles ne me croiraient pas!
Corps ou coeur meurtri ? La vraiment vraie première souffrance est mon premier chagrin d'amour. J'avais seize ans et j'ai rencontré un ami du copain de ma cousine. Vingt deux ans, assez fantasque, assez laid mais voilà, il me faisait rire ! J'ai vécu quatre à cinq mois rêvés, ai même assisté avec lui à une victoire d'Eddy Merckx à Paris ! Nos rencontres étaient presque "chastes". Puis, il a disparu sans prévenir. J'ai passé le cap en dévorant des romans de gare !!! N'importe quoi pour m'échapper. Cette souffrance a marqué toute ma vie amoureuse. Plus jamais on ne m'a quittée.Je suis toujours partie avant...
C'est difficile de se souvenir d'une première blessure quand on a une aussi mauvaise mémoire que moi. D'autant plus lorsque les anecdotes familiales viennent alimenter notre imaginaire pour rendre le passé plus vrai que vrai ! Maman m'a souvent raconté que lorsqu'elle est partie à l'hôpital pour se faire opérer, j'étais inconsolable, je pleurais à chaudes larmes sur le pas de la porte et elle en avait bien évidemment le coeur déchiré. C'est vrai, je pense que je me souviens de ce moment où je la vois s'éloigner et de l'inquiétude mêlée d'incompréhension qui m'avait envahie.
J'étais trop jeune pour m'en souvenir mais j'en porte toujours la trace.Vers l'âge de deux ans, j'ai couru avec une bouteille en main et je me suis étalée. Des débris de verre m'ont blessée à la main droite et la cicatrice est toujours visible (en étoile).Amusant ou troublant, j'ai épousé un homme qui a vécu le même accident, au même âge, dans les mêmes circonstances mais avec des séquelles nettement plus importantes.
Je m'en souviens très bien. Un jour, lassée sans doute de me voir triturer mon doudou, maman me l'a arraché des mains, elle a ouvert la fenêtre de ma chambre et elle a jeté mon petit tissu dans le vide, du haut du troisième étage. J'ai cru le voir flotter dans l'air avant de disparaître et j'ai entendu ma mère crier à tue-tête comme si elle s'adressait à tout le voisinage " voilà, hop, elle n'a plus de doudou ". Aujourd’hui, je me demande si elle l'a vraiment jeté dans la rue...
Nos parents nous avaient inscrites, ma soeur et moi, dans une classe maternelle francophone. Nous avions une religieuse comme institutrice et nous l'avions tout de suite beaucoup aimée. Je ne sais plus vraiment pourquoi, un jour, sans nous prévenir, la directrice est venue nous chercher et nous a placées dans la classe néerlandophone qui se trouvait dans l'aile adjacente.
Une petite religieuse boutonneuse et acariâtre nous a accueillies et nous avons pleuré d'effroi et d'incompréhension.
Si je peux être un brin sarcastique, je dirais que la première blessure dont je me souviens devrait être celle de ma...naissance.Malheureusement, n'ayant pas fait de psychanalyse assez soutenue, je suis incapable de décrire ce qui a dû être, vu la suite de mon existence, une blessure primale majeure, aussi physique que morale.
Ma mère me bat, j'ai sept ans environ, je suis en robe de chambre et par terre, je ne sais pas pourquoi. Elle continue à me frapper avec le manche du balai, sur la tête et, tout à coup, j'ai l'impression que ma tête s'est ouverte. J'ai la vision d'un monde tout noir effrayant et ma mémoire s'arrête là. Peut-être était-ce une commotion cérébrale. Dernièrement, en descendant une rue près de chez moi, le souvenir est revenu, je l'ai vécu encore plus dramatiquement, et puis il est de nouveau reparti. Je pense que mon enfance s'est arrêtée ce jour-là. Beaucoup plus tard, j'ai compris que je n'étais pas morte ce jour-là, bien évidemment, mais je l'ai longtemps cru.
Oh oui, je sais. J'étais dans un parc de loisirs avec mes parents. J'avais mis ma main sur un tapis roulant et je ne l'ai pas retirée à temps ! Elle est restée coincée et j'ai paniqué. J'avais évidemment peur que la machine n'avale mon bras tout entier. Heureusement, Papa m'a saisi le bras, il a tiré de toutes ses forces et a libéré ma main blessée. Encore aujourd’hui, on voit les cicatrices sur la paume.
Je pense que les premières blessures, survenues dans notre prime enfance, sont aussi physiques qu'affectives. Proportionnellement à la douleur physique, la blessure émotive est souvent plus importante parce qu'elle révèle au jeune enfant, la fragilité de l'existence, la sienne et celle de ses proches. Ainsi, moi, lors d'une promenade au parc Astrid, ma mère qui me tenait dans ses bras m'a laissée tomber, en voulant descendre un escalier bancal. Je devais être fort jeune mais je m'en rappelle non pas à cause du choc sur le sol mais par le sentiment d'abandon, de panique qui m'a envahie à ce moment-là.
Une belle entaille sur le front, au-dessus du sourcil gauche. Je devais courir maladroitement comme le font de nombreux gamins, je voulais rejoindre le jardin mais je ne me suis pas rendu compte que la porte(vitrée) de la véranda était fermée et je l'ai prise "de front"!Je me souviens de tout, des quelques points de suturespar l'assistante d'un docteur inconnu mais ce que je retiens avec émotion ce sont les mots de mon père après le choc qui n'arrêtait pas de répéter " mais qu'est-ce que tu as fait ? "
Punis et mis en quarantaine dans la cave, pour une raison sans doute futile, j’ai vu une bouteille d’eau de vichy sur l’étagère. Sans doute pour retrouver un peu de liquide perdu en larmes, je prends la bouteille et bois à pleine gorgée le liquide qui, en fait, était ... de l’esprit de sel. Ma maman fût ainsi punie pour une bonne raison : celle de ne pas avoir pris la précaution de changer l’étiquetage et ainsi de me voir en feu de l’intérieur.
Aux alentours de mes 7 ans, j'étais inscrit au cours de catéchisme de la paroisse de Neder ! Un jour, je n'en connais plus les circonstances exactes, le vicaire a dû sortir de l'église précipitamment, a fermé les portes derrière lui, me disant qu'il n'en avait que pour quelques minutes. Ce qui devait arriver, arriva !Je fus oublié, seul, pendant plusieurs heures, dans une immense église sombre et froide ! J'ai pleuré pas mal, crié, appelé à l'aide ...jusqu'à la délivrance et les excuses confuses du brave homme. Je me souviendrai toujours de cette
inquiétude énorme qui m'a submergée et qui m'a profondément marqué si j'en crois les proportions fantastiques que cela avait pris, ce jour-là, et peut-être encore aujourd'hui.
Franchement, je n'ai pas de souvenirs d'une première blessure. Je ne vois pas...En tous les cas je ne me souviens pas d'un événement qui m'aurait assez marqué pour resurgir de ma mémoire. C'estgrave ?
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