NOUVELLES TECHNOLOGIES ET RELATIONS INTERNATIONALES
Ce sont deux visages opposés de la dimension internationale de la science et des technologies que retient pour cette année la présente rubrique : d’un côté, la recherche fondamentale sur la physique des particules et la coopéra tion internationale très large et à préoccupation purement scientifique que concrétise par exemple le CERN; de l’autre, l’utilisation intéressée et en définitive largement unilatérale de technologies très élaborées à des fins de renseignement, avec le réseau Echelon, organisé et maîtrisé par les Etats Unis, même s’ils disposent de partenariats et de concours extérieurs. Le premier type de coopération, tourné vers l’élucidation des secrets de la matière, fonctionne avec toute la transparence possible pour ce type de recherches, en toute hypothèse inaccessibles au grand public et ainsi rendues discrètes par le caractère élevé des connaissances qu’elles requièrent. Le second se propose à l’inverse comme objet la vie quotidienne, s’intéresse aux activités humaines dans toutes leurs dimensions, ne s’assigne pas pour but une connaissance abstraite, la vérification ou l’approfondissement d’hypo thèses ou de théories scientifiques : il vise au contraire à accumuler des don nées utiles pour les objectifs nationaux du pays dominant; secrets indus triels et commerciaux, activités militaires ou stratégiques, voire simple vie privée font partie de ses cibles multiples et constamment diversifiées. On pourrait ainsi opposer, de façon un peu simpliste, une recherche scien tifique fondamentale tendant à accroître les connaissances et à les diffuser et une activité conduite par un Etat de façon semiclandestine et dans son propre intérêt; on pourrait en conséquence considérer qu’il y a là deux modèles généraux. La généralisation serait cependant excessive, car la recherche fondamentale est parfois opérée sur une base et avec des objectifs largement nationaux – ainsi la conquête de l’espace –, tandis que l’utilisa tion des technologies peut être tournée vers des objectifs d’intérêt universel et passer par une active coopération internationale – ainsi dans le domaine de la santé publique. Il faut toutefois relever que, même dans les domaines d’intérêt universel – par exemple pour les OGM ou le génie génétique –, la logique de la puissance vient interférer constamment avec la recherche pure. En définitive, que ce soit pour des raisons économiques, stratégiques, sécuri taires ou pour le maintien d’une avance intellectuelle, lalibido sciendin’est jamais bien loin de lalibido dominandi.