Mémo d Amour - Premier extrait
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Mémo d'Amour - Premier extrait

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Description

Affronter avec humour et sensibilité 44 années d'une existence chaotique où se mêlent joies, amour, souffrance et douleurs, telle est la devise de Thierry D.
Cette autobiographie fera de nos larmes, une source d'espoir.

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Publié par
Publié le 24 décembre 2012
Nombre de lectures 199
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Mémo d’Amour

erSamedi 01 décembre 2012, je flâne dans notre maison glaciale par ce matin d’automne.
Dobby, le chien recroquevillé sur le cuir du canapé semble dérangé. Il me jette un regard
sombre et lointain.
Une odeur âpre de tabac froid envahit le salon. Je m’assieds et positionne calmement mes
écouteurs stéréo dans chacune de mes oreilles.
Le choix de l’artiste devient ma difficulté matinale : Cali ou Damien SAEZ ? Il est déjà 5h00.
J’opte pour un mixte. Double-clic sur le notebook. Les premières notes résonnent.
Calme, volupté, frissons, je fixe un mégot de cigarette abandonné dans le cendrier. Le rêve
éveillé s’installe. Souvenirs ou nostalgie, des images et des scènes futiles m’égarent vers un
passé disloqué, où s’entrechoquent des maux d’amours et des bonheurs inégalables.
……………………………………………………………………
Eté 72,
Vava, mon frangin, cadet de deux ans est aux anges sur la balançoire. Du haut de ces 6
ans, en frère attentif, Fabien, de son vrai prénom, s’applique à me décrire les mouvements
de jambes qui me permettront de toucher le ciel et peut-être même le soleil.
Je l’admire, il est tellement grand et connait tant de choses.
Côte à côte, tels des moineaux gazouillant de joie, nous survolons le jardin de la belle dame
blonde.
Fabien me dévoile un secret qu’il ne faudra surtout pas répéter à maman et papa : La jolie
polonaise se fait bronzer…. Les nénés à l’air !!!
Il faut être prudent. L’unique moyen d’apercevoir ce majestueux spectacle est de voler le
plus haut possible afin que nos regards surplombent la haie de thuyas jouxtant le mur de
pierre.
Je sus intrigué. Au-delà de ma curiosité visuelle, je ne trouve que peu d’intérêt à découvrir
l’érotisme de ce corps étendu sur une serviette de plage. Je préfère de loin, donner des
coups de pieds à ce ballon jaune immobile et avoir le sentiment de déplacer les nuages au
gré de mes mouvements.
Je tairai malgré tout la confidence de mon frère jusqu’à ce jour. Cet immense jardin de récréation où siégeait notre maison ne nous appartenait pas. Nos
parents, employés communaux bénéficiaient d’un logement de fonction, en contrepartie d’un
gardiennage alterné avec les occupants du second étage de la bâtisse.
J’adorais cet endroit. Il y avait des camions, des tracteurs, des voitures grises et des outils
partout. Normal, nous habitions « les garages et ateliers municipaux ».
Hormis les week-ends, l’atmosphère était toujours bruyante. Au dehors, comme au-dedans.
Papa se levait très tôt. Maman, en femme attentive lui préparait son petit déjeuner. Pas un
joli bol breton avec un prénom dessus, comme l’oncle Jean-Claude avait chez lui, mais une
casserole jaune imprégnée d’un filet marron indélébile, signe d’une utilisation excessive.
Les quelques fois, ou mes nuits courtes m’autorisaient à accompagner le repas matinal de
mon père, je me faisais un plaisir à caler un par un, les rectangles de sucre dans cette eau
noire. Je compris en grandissant que ces sucres avalés chaque matin, lui auront été fatal. Il
y en avait douze.
Papa avait son propre camion, il était jardinier. Sa fierté, emmener ses deux garçons et sa
fille faire le tour de notre ville, Dammarie lès Lys.
Il était si beau ce père : Un regard félin avec des yeux bleu marine, une peau mate, des
muscles puissants, seul bémol, il était malentendant.
Il était si triste ce papa. Je ne le savais pas. Je le ressentais.
Il était toujours occupé à bricoler, à jardiner, comme le font ces personnes pour oublier un
drame, une erreur, ou une parole déplacée, pour ne pas cogiter, pour ne pas se souvenir.
En fait, nous sommes quatre enfants.
Jean-François, mon frère ainé, âgé de seize ans avait été placé depuis sa petite enfance,
dans un Institut de jeunes handicapés mentaux.
L’obligation cruelle de se séparer d’un enfant différent, rejeté par les systèmes éducatifs
réservés à une normalité établie depuis des décennies, avait assombri le bonheur d’un
homme et d’une femme.
J’ai compris en grandissant, que la débilité n’avait de vulgaire que la signification que chacun
d’entre nous pouvait lui associer.
Etre débile n’est pas inné. Accident de grossesse ou accident de la vie, cette infirmité
survient inopinément. Elle est dévastatrice, détourne discrètement le regard de l’adulte,
génère la moquerie de l’adolescent, mais fort heureusement, convoite la sympathie de nos
enfants.
Aujourd’hui encore, de grandes journées nationales commémorent le Handicap, de grandes
causes soutiennent la recherche. Les médias, les politiques, les uns, les autres s’offrent une
conscience de grâce au moins une fois par an. Mais après ? L’oubli…. Je m’amuse très souvent à débattre du handicap. Mon constat, dans
quatre-vingt-dix pour cent des cas, la vision du handicap se résume aux infirmités
physiques. Mieux vaut taire le handicap mental. Trisomie, débilité, bipolarité, schizophrénie,
ces maladies sont pour beaucoup des tares issues d’une hérédité malsaine.
Souvenons-nous, Les nazis marquaient d’un triangle noir les asociaux. Aucun monument du
souvenir n’a été érigé en mémoire de cette haine.
…………………………………………………..
erLe 01 aout, maman nous réveilla plus tôt que d’habitude. Ce secret bien gardé afin de
nous préserver d’une excitation puérile, annonçait enfin un départ en direction des plages du
sud.
Je découvrais ébahi, l’Ami 8 beige de mon père chargée à bloc. Une galerie sur le toit
soutenait un amas de bagages enveloppés avec précaution dans des bâches de plastique
translucide.
Ma grande sœur toujours discrète ne montrait que peu d’enthousiasme. Le réveil précipité
avait certainement contrarié le rêve passionné d’une jeune adolescente
Bien souvent, Marie Christine se substituait à notre mère. Elle me rappelait que je ne devais
surtout pas oublier ma peluche et ma poupée aux cheveux défraichis par des ciseaux
d’enfant, poupée qui lui avait appartenu et qu’elle m’avait gracieusement offert.
Le trajet fût long, très long.
Fabien dormait sur le plancher arrière du véhicule. Je câlinais ma sœur, qui plongée dans un
roman, tricotait ma chevelure bouclée d’un doigt de fée.
La route semblait interminable, nous roulions en direction de PAU, plus exactement
GOURETTES.
Jean-François représentait l’étape initiale du voyage. Nous devions le récupérer dans son
Institut, l’Ensoleillade.
Ce frère qui ne m’était que peu familier, représentait une sorte d’icône. Je le côtoyais environ
trois fois par an : Noêl en Seine et Marne, Pâques à la montagne et l’été à la plage.
Ce frère ainé me paraissait surnaturel. De petite taille, fluet, il portait des lunettes d’écailles
avec des hublots au travers desquels, nous ne distinguions que deux petites billes marrons.
Son parfum d’eau de Cologne était presque entêtant. Frère méconnu, je l’adorais.
Sa passion : Il était fan de Claude-François. Sa plus grande fierté était de nous dévoiler des
cahiers remplis d’images de son chanteur favori, découpées dans diverses revues. Il n’a
jamais su lire, ni écrire. Mais il avait le don de nous conter des récits incroyables.
Au cours du trajet, une première étape traditionnelle nous offrait une soirée dans un hôtel
d’Angoulême. « La clé des champs ». Le propriétaire était d’une gentillesse i insoupçonnable. Petit homme vouté, il était toujours
disponible, peu importe notre heure d’arrivée. Des sandwichs énormes nous attendaient. Nos
sirops de menthe ou de grenadine faisaient guise d’apéritif face aux verres de porto et de
pastis des parents.
Maman et Papa avait leur chambre, nous, la nôtre. Notre espace devenait une scène
d’aventures magiques. Nous chuchotions des histoires rocambolesques parsemées de
monstres, de sorcellerie et de désirs d’enfant.
Le petit déjeuner était bref. Il fallait reprendre la route rapidement.
Marie Christine, qui était éclaireuse de France, sorte de dérivé du scoutisme, nous apprenait
des refrains joyeux que nous chantions à tue-tête.
La vue des Pyrénées annonçait les retrouvailles du grand frère.
Le bâtiment de l’Ensoleillade dominait une vallée majestueuse. Le panorama était d’une
beaut

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