Crushing Roses
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Description

PARTIE 1 PALPITATIONS 1 1 CHAPITRE I Jamais cette demeure n’avait connu autant de cris et de larmes mêlés. Le sang est partout. Eva est étendue sur le lit, ivre de douleur et la voix étouffée de sanglots. Elle supplie le Docteur Paterson, en vain. Son calvaire ne cesse d’empirer. Les manches retroussées et le regard embué, le vieux médecin de famille pourtant chevronné ne peut que constater la scène. Dans une sorte d’égarement noué de panique, il tente pourtant désespérément d’éclairer la vaste chambre, à la recherche de la bassine d’eau chaude et du linge de maison. En cette nuit de décembre, les pannes d’électricité sont fréquentes et ce soir, les bougies finissent par manquer. Dans la lumière vacillante se dessine pourtant le sombre supplice d’Eva. Entre halètements et implorations, la jeune femme a le souffle trop court et les joues empourprées. Miss Élisabeth est à son chevet, elle aussi. La gouvernante vêtue de noir caresse maternellement son front trempé de sueur. Elle ne cesse de répéter frénétiquement que tout ira bien, que tout cela sera bientôt fini. Une façon dérisoire de lutter contre la funeste fatalité, mais son unique façon de résister. Seule son obsession à frotter, énergiquement, les éclaboussures de sang séché sur son tablier trahit son angoisse. Son regard cerclé par le temps, lui, reste franc et rassurant. En 15 ans de maison, Miss Élisabeth est devenue la mémoire de la famille.

Informations

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Publié le 11 avril 2013
Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

1
 
PARTIE 1
PALPITATIONS
1
CHAPITRE I
Jamais cette demeure n’avait connu autant de cris et de larmes mêlés. Le sang est partout. Eva est
étendue sur le lit, ivre de douleur et la voix étouffée de sanglots.
Elle supplie le Docteur Paterson, en vain. Son calvaire ne cesse d’empirer. Les manches retroussées
et le regard embué, le vieux médecin de famille pourtant chevronné ne peut que constater la scène.
Dans une sorte d’égarement noué de panique, il tente pourtant désespérément d’éclairer la vaste
chambre, à la recherche de la bassine d’eau chaude et du linge de maison. En cette nuit de décembre,
les pannes d’électricité sont fréquentes et ce soir, les bougies finissent par manquer.
Dans la lumière vacillante se dessine pourtant le sombre supplice d’Eva. Entre halètements et
implorations, la jeune femme a le souffle trop court et les joues empourprées.
Miss Élisabeth est à son chevet, elle aussi.
La gouvernante vêtue de noir caresse maternellement son front trempé de sueur. Elle ne cesse de
répéter frénétiquement que tout ira bien, que tout cela sera bientôt fini. Une façon dérisoire de lutter
contre la funeste fatalité, mais son unique façon de résister.
Seule son obsession à frotter, énergiquement, les éclaboussures de sang séché sur son tablier trahit
son angoisse.
Son regard cerclé par le temps, lui, reste franc et rassurant.
En 15 ans de maison, Miss Élisabeth est devenue la mémoire de la famille. Tour à tour nurse, confidente, et roc indéfectible, cette britannique d’origine, d’une cinquantaine d’années, a
toujours su résoudre les difficultés qui se présentaient.
Mais aujourd’hui, les serviettes rubescentes ne suffisent plus à éponger l’hémorragie. Le médecin
s’agite autour d’elle, dans un élan désespéré, alors que les draps jadis immaculés se souillent
désormais d’un crime involontaire : ce fils unique, naissant, assassine peu à peu sa mère. 2 2
Miss Élisabeth, tente alors de capter le regard du Dr.Paterson, afin d’y trouver, à défaut d’un
apaisement, au moins un espoir. Un espoir infime, un espoir fou.
Seulement, pour seule réponse à son pressentiment sinistre, le médecin secoue la tête en signe de
défaite.
Les yeux bas, il se prend le visage entre ses mains ensanglantées, sombrant lentement dans un
abattement certain.
Derrière la lourde porte en chêne, Paul fait les cent pas. Tel un homme en pleine force de l’âge que la
crainte aurait transformé, par certains aspects, en petit garçon effrayé. On peut même distinguer de
fines gouttelettes de sang perler à l’extrémité de certains de ses ongles trop rongés.
Voilà plusieurs heures qu’il perçoit les râles.
Voilà plusieurs heures qu’il ne supporte plus les cris.
Il tente pourtant, par tous les moyens, de trouver une échappatoire. Un moyen de supporter l’insupportable.
Il s’enfonce ainsi chaque seconde un peu plus dans ses pensées.
Il s’enfonce ainsi, pas à pas, dans les catacombes des jours rêvés.
Il revit cette soirée, au cœur de cette demeure victorienne, où valsaient les petits fours en ronde
gastronomique. Où scintillaient les lourds lustres de cristal, qui tremblaient en musique.
Cette soirée, qui avait des allures de bal d’un autre siècle.
Cette soirée, où il fallait être.
Les femmes étaient gantées. Les hommes attentionnés. Chacun riait avec mesure et souriait élégamment. Les parures devaient être exposées, mais chacun devait se fondre dans cet
environnement. L’opulence était de mise, mais l’exubérance déconseillée. Seule la profusion assurait le bon ton. Le rang parfait.
Cependant la première chose qui apparut à Paul, c’est cette nuque mise à nue par des cheveux bruns
profonds relevés en chignon. Un chignon délicatement flouté qui laissait çà et là quelques mèches
s’échapper. Autour, tout avait disparu.
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3
Envolés les convives amoncelés, les hôtesses parfaitement dressées et les bulles s’échappant des
coupes de champagne dorées. Les sons alentours s’éloignaient au cœur d’une musique désorganisée.
Il n’y avait plus que cette nuque, à la fois sensuelle et inaccessible, douce et rigide. A la noblesse
envoûtante.
  
Lorsqu’Eva se retourna, il ne put s’empêcher d’être ému. Cela était donc vrai. Une telle beauté pouvait ainsi exister. Une beauté aussi pure que l’onde. Aussi fatale que l’or.
Un trésor caché au monde, et aujourd’hui révélé.
Son regard de braise avait tout à la fois la douceur des jours clairs et la force des âmes fières.
Ses longs cils lui accordaient toutes les faveurs. Son sourire lui pardonnait tous ces impairs. Le rouge
de ses lèvres tranchait avec son teint subtilement poudré, lui donnant ce cachet mordant des bouches
charnelles.
Elle était jeune, 25 ans à peine. Mais ses gestes élégants trahissaient son éducation bourgeoise, et sa vivacité d’esprit présumait de longues heures d’apprentissage. Elle discourait avec la même facilité tant dans la langue du Nouveau Monde que dans celle de l’Asie. Elle jonglait avec les mots, à la
façon d’une équilibriste expérimentée.
La disparition de ses parents l’avait sans doute obligée à grandir trop vite. Elle avait déjà la sagesse
de ceux que la vie n’avait pas épargnés. La réflexion de ceux que les drames avaient ébranlés.
Lorsque Paul s’était approché d’elle, elle lui avait immédiatement tendu sa main.
-« Eva Zinari » avait-elle annoncé. -« Paul Ewerson, je suis enchanté. »
Elle l’avait alors aussitôt entraîné dans une danse comme l’on entraîne une vieille connaissance.
Il n’avait pourtant pas l’habitude de ces rapprochements presque inopportuns lors des premières
minutes d’une rencontre. Mais le souffle chaud de cette femme au creux de son cou lui faisait oublier
tout le protocole et les bonnes manières mondaines. Elle riait à mesure qu’elle tournoyait, telle une enfant enjouée au cœur d’une fête foraine. 4 4
Les yeux bleutés de Paul ne pouvaient se détacher de cette divine beauté aux allures de fée et de folie
douce.
Il l’avait dès lors décidé : plus jamais il ne la quitterait.
Soudain, un hurlement strident. Un de ceux qui vous arrachent le cœur. Paul est brusquement ramené à l’instant présent.
Il se recroqueville. C’en est trop. Il ne peut plus rien entendre de cette douleur. Il ne peut plus
soutenir ses sanglots.
À bout de force, totalement crispée, repliée sur elle-même, Eva livre à cet instant sa dernière bataille.
Alors que son cri perce la nuit glaciale, sa souffrance devient incommensurable.
Entre la volonté d’en finir et le tourment fatal de faillir, dans un ultime effort, l’enfant lui déchire les
entrailles.
 
Ses longues boucles brunes encadrent encore son visage angélique, alors que ses lèvres perdent lentement la couleur de la vie.
Elle ferme les yeux. Ses grands yeux, d’un noir intense, captivant. Enivrant.
Le docteur Paterson soulève alors lentement l’enfant encore inconscient. Il faudra quelques secondes
avant que les premiers vagissements ne se fassent entendre. Un son de vie presque étouffé par l’atmosphère régnante. Le médecin enveloppe le nourrisson dans un drap blanc, sans même parvenir à esquisser une
quelconque émotion.
 
Il ouvre alors la lourde porte en chêne dernière laquelle se consumait Paul.
À l’approche du médecin, sa mine se réjouit, résolument.
Puis rapidement ses yeux s’illuminent à la vue de ce petit être fragile, de son fils, de son sang.
 
Cependant, alors qu’il lève son regard vers le Docteur, il comprend. Très vite. Trop vite.  5 5
 Que s’est-il passé ? Je peux la voir ? s’inquiète-t-il en tentant de passer la porte. Le médecin -
lui serre alors fermement les épaules, le fait reculer de quelques pas, avant d’ajouter d’une manière
autoritaire :
 Écoutez, il va falloir être fort, maintenant, pour votre fils. -
- Comment ça ? Comment va-t-elle ? Eva !
 Je suis désolé, je n’ai rien pu faire, l’hémorragie était trop importante. - Rien n’a pu la stopper…  
Le sol semble alors totalement se dérober sous les pieds de Paul.
Un bourdonnement sourd s’empare de son corps entier.
Il se laisse lentement glisser le long du mur tapissé.
Plus rien ne semble alors avoir d’importance.
Seules les images d’Eva lui reviennent à l’esprit, se projetant telles des diapositives jaunies, sur
l’écran déréglé du passé. Le film de leur vie à deux défile, peu à peu, sur fond de leurs rires
mélancoliques.
Il se souvient de ses mots, de ses derniers mots avant l’accouchement : - s’appellera Aaron.« Ilaffirmé avec aplomb tout en laissant délicatement ses », avait-elle doigts parcourir son ventre rond.
Il avait alors souri, en signe d’acquiescement, avant d’embrasser tendrement son front.
- répète-il désormais à haute voix, semblant »Il s’appellera Aaron. Il s’appellera Aaron…
sombrer dans une sorte d’autisme hypnotique
Tourbillonnant dans une spirale de souvenirs, le présent lui devient insoutenable. L’enfant, depuis
qu’il respire, se transforme peu à peu en responsable de tous ses maux. De ses maux d’amour, comme de ses maux d’avenir. Il lui devient impossible de poser le regard sur ce nouveau-né encore bleuté sans suffoquer.
Il lui a donné la mort alors qu’elle lui offrait la vie.
Cette idée odieuse lui donne la nausée.
S’extirpant de sa torpeur, il se relève brutalement, et se rue aussitôt auprès d’Eva. 6 6
Là, il ne peut s’empêcher de passer presque violemment ses phalanges dans sa chevelure encore
humide, vacillant entre colère et anéantissement.
Il soulève son visage inanimé et le presse nerveusement contre son torse. La berçant fébrilement,
d’avant en arrière. Comme s’il voulait retenir un semblant de souffle de vie.
Il refuse d’y croire. Mais la chaleur de son corps n’est plus qu’un faux témoignage de la réalité
implacable : Eva n’a pas survécu.
Pour la première fois, les larmes ne cessent de couler sur le visage viril de Paul. Ses yeux rougissent, renfermant à jamais un terrible ressentiment. Telle une arme affutée, à double tranchants.
Paul verrouille avec difficultés les dernières valises qu’il va falloir emporter. La maison est
désormais presque vide. Une sensation à la fois de tristesse et de soulagement parcourt son corps. Le
berceau est prêt. Au dehors, le vent hurle à l’unisson frappant au cœur les hauts cèdres verts,
imparfaitement enneigés.
Miss Élisabeth patiente déjà sur le perron.
Il ne reste plus que cette petite boîte en bois de marronnier doré, dernier souvenir de son amour
passé.
Il s’en saisit, le cœur serré.
L’Amérique sera l’endroit parfait.
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*** 17 ans plus tard ***
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Il ne cesse de secouer la petite boîte en marronnier dorée près de son oreille. Il le sait, quelque chose
y est enfoui. Quelque chose y est caché. Il a beau chercher au plus profond de sa mémoire, jamais il
n’a
Aaron a grandi. Il a désormais les traits d’un homme.
Les cheveux couleur ébène de sa mère, au sein desquels règne toujours un désordre presque
artistique. Le regard bleu de son père, résolument charmeur et à la profondeur mystérieusement
charismatique.
Et puis il y a son sourire, tout aussi énigmatique que merveilleusement enjôleur.
Il est d’une beauté à l’équilibre parfait.
Cela fait une semaine qu’il a emménagé à Columbia Falls.
Les cartons ne sont pas encore tous défaits. Mais cela ira vite. Son père étant un industriel
international respecté, les déménagements se sont accumulés. C’est presque devenu une habitude.
Faire et défaire, avec de moins en moins de nostalgie.
Rompre les liens, avec de moins en moins de chagrin.
Ne pas s’attacher, c’est le maître-mot de Paul. Ni aux lieux, ni aux gens. C’est sa définition de la
force.
Seules comptent l’indépendance et les facultés d’adaptation.
Cette philosophie de vie avait quelque peu façonné Aaron, à la manière d’un loup solitaire.
S’attachant peu, mais se conduisant bien.
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Accroupi au milieu de ces souvenirs empilés, il le sait : une fois encore, une nouvelle tranche de vie
s’apprête à commencer.
Pourtant, alors qu’il devrait songer à son énième rentrée dans un nouvel établissement, cette boîte le préoccupe, et l’empêche de trouver le sommeil.
Depuis plusieurs secondes, il ne cesse de la malmener. Elle produit un bruit sourd, tel des perles entrechoquées que l’on aurait déposées sur un papier à lettre épais. Impossible de l’ouvrir. Un petit
cadenas argenté garde jalousement le secret de son contenu.
Intrigué, Aaron ne peut s’empêcher de forcer la boîte à plusieurs reprises, dans l’espoir que ce geste
suffise à la faire céder.
Quand soudain, derrière lui, la porte s’ouvre avec fracas.
Elle claque contre le mur adjacent, dans une violence rare. À vous glacer le sang.
Il n’avait pas entendu les pas rapides grimpant, quatre à quatre, les marches de l’escalier en chêne.
Paul se tient devant lui. La mâchoire serrée. Le regard trahissant une colère sombre.
Il arrache violemment la boîte des mains d’Aaron, tout en le fixant avec insistance. Aucun son ne
parvient à sortir de sa gorge nouée.
Alors que les larmes commencent à envahir ses yeux bleus perçants, Paul se retourne et redescend
les escaliers d’un pas pressé.
Miss Élisabeth, blottie contre la porte, n’a rien manqué de la scène.
Elle se précipite auprès d’Aaron, encore choqué.
Relevant délicatement sa longue jupe noire, elle s’agenouille alors près de lui, luttant tant bien que
mal contre la raideur infligée par son âge.
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-
Ne prends pas ses réactions trop à cœur. Tu sais bien comment est ton père. Il a du mal à
exprimer ses émotions, mais il t’aime, tu sais….
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Elle passe alors lentement sa main dans les cheveux emmêlés de cet enfant, qu’elle a élevé avec tant de dévouement. Tant d’application. Mais Aaron n’est pas d’humeur compatissante. Il repousse brusquement le bras de Miss Élisabeth.
-la peine de lui chercher des excuses. Je commence à avoir l’habitude, luiCe n’est pas
rétorque-il sèchement, tout en se relevant.
Sans se retourner, il quitte la pièce. Le visage fermé. Le regard glacé.
Impuissante face à ce manque de communication entre ce père blessé et ce fils tant choyé, Miss
Élisabeth n’insiste pas.
Elle s’attache seulement à désamorcer les conflits subjacents.
Elle en a fait le serment.
Ce serment est devenu son fardeau.
Elle reste la gardienne de leur filiation, telle une vestale entretenant une flamme aux relents de
révolte. Aux reflets de damnation.
Elle tente de retenir leur affection comme l’on retiendrait un prisonnier récalcitrant sur l’échafaud. Toujours soucieuse de contenir l’acte violent. Toujours soucieuse de retenir le mot de trop.
Mais, certains jours, le poids de l’incompréhension conjugué à celui du passé, ravivent des tensions à
jamais ancrées. Les reproches fusent, les objets volent, les portes claquent et l’affection s’amenuise
sous les verves insolentes et les dénonciations savamment ciblées.
Pourtant, tout aurait dû si bien se passer. La vie aurait dû avoir le parfum de ces matins toujours
d’été. Une vie aux allures de contes pour petites filles rêveuses, et de récits enchantés.
Une existence inéluctablement sucrée, dans l’univers aisé d’une société tout aussi élitiste que
raffinée.
Nous sommes en 1960, au pied d’une demeure cossue, ornée de balustrades dressées en farandoles antiques.
Miss Élisabeth vient d’avoir 28 ans. Elle se tient, stoïque, face à une lourde porte d’entrée en bois
vert émeraude et à la poignée dorée.
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Après avoir réajusté son tailleur gris et sa coiffe en feutrine, c’est tirée à quatre épingles qu’elle se
saisit de l’anneau faisant office de loquet. Elle le fait résonner trois fois. Trois coups secs.
Madame Zinari entrouvre dans un premier temps la porte. Elle esquisse rapidement un rictus rassuré
à la vue d’Élisabeth. Elle l’ouvre alors plus largement, affichant un sourire chaleureusement
accueillant.
Mme Zinari n’a pas encore trente ans, mais son chignon rigoureusement laqué et ses manières strictes lui donnent cet aspect rude qu’entretiennent certaines femmes quarantenaires. Un air presque
sévère.
Derrière ses jambes fines, dévoilées par une jupe crayon beige, se dissimule tant bien que mal une
petite fille brune, au regard réjoui.
Miss Élisabeth s’apprête aujourd’hui à prendre ses nouvelles fonctions.
Elle vient d’être embauchée par cette riche famille libanaise afin de suppléer Mme Zinari, aussi bien
dans sa tâche de mère que dans celle de maîtresse de maison. Elle devra, autant tant que possible,
dispenser une sorte d’affection maternelle de substitution tout en veillant à la bonne marche du foyer.
Autour d’un thé et de cupcakes sucrés, les deux jeunes femmes évoquent, avec précision, les différentes activités qui seront chaque jour à accomplir. Elles concernent tout autant les travaux domestiques que l’éducation de la petit Eva.
Âgée d’à peine 4 ans, cette fillette pétillante aux boucles lumineuses possède déjà l’éveil, la
curiosité, et le goût prononcé pour la découverte.
Elle est un de ses enfants obéissants à la compréhension rapide et avides de savoir. Un de ceux que
même les explications les plus argumentées ne rassasiassent jamais.
Elle était véritablement jolie. Elle était belle à croquer. Miss Élisabeth avait immédiatement succombé au charme enfantin de cette pureté innocente, à l’esprit vif, aux joies simples et aux joues
rougissantes.
Elle s’était véritablement attachée à cette gamine, au fil des heures, au fil des jours. Peu à peu, des
liens indéfectibles s’étaient tissés entre elles.
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