Etude INED : Quand la séparation des parents s’accompagne d’une rupture du lien entre le père et l’enfant

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Etude INED : Quand la séparation des parents s’accompagne d’une rupture du lien entre le père et l’enfant

Sujets

• Mère
• Père
• Lien
• Parent
• Séparation
• Institut national d'études démographiques

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• Publié le: 23 mai 2013
• Nombre de lectures: 107
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Numéro 500
mai 2013
English
Version
Population & Sociétés
Quand la séparation des parents
s’accompagne d’une rupture du lien
entre le père et l’enfant
Arnaud Régnier-Loilier*
Lorsque les parents sont séparés, une partie des enfants ne voit plus que rarement leur père, et
certains même plus du tout. Combien sont-ils ? Analysant l’enquête de l’Ined et l’Insee Étude des
relations familiales et intergénérationnelles, Arnaud Régnier-Loilier étudie la fréquence de la rupture
du lien entre un père et son enfant et les circonstances dans lesquelles elle a lieu.
Le risque pour un enfant de connaître la séparation rencontres sont fréquentes, et la proportion d’enfants ne
de ses parents s’est accru avec la fragilisation des unions. voyant jamais leur père ou leur mère est insignifante.
La loi du 4 mars 2002 pose comme principe l’exercice Quand les parents sont séparés (fgure 1b) de nettes
commun de l’autorité parentale entre père et mère en diférences apparaissent entre père et mère. À quelques
cas de séparation : elle s’applique dans 98 % des divorces rares exceptions, la mère déclare vivre avec ses enfants
et 93 % des séparations de parents non mariés [1]. L’exer- jusqu’à leur majorité, que ce soit à temps complet ou en
cice du droit de visite et d’hébergement ne peut être résidence alternée. Passé cet âge, les rencontres avec la
refusé au parent qui n’a pas la garde de l’enfant (sauf mère restent fréquentes ; seuls 5 % des enfants de
motifs graves) mais la loi n’impose pas de principe relatif 18-34 ans ne la voient jamais.
à la résidence des enfants, qui est majoritairement fxée La résidence de l’enfant chez le père est plus rare, et
(1)chez la mère (dans 7 cas sur 10). Bien qu’en augmentation elle est surestimée dans l’enquête . Lorsque le père ne
ces dernières années, la résidence alternée reste rare et vit pas avec lui, les rencontres sont nombreuses aux
la résidence du père l’exception. En cas de séparation, jeunes âges, notamment avant 5 ans. Néanmoins, l’ab-
l’exercice de la paternité est mis à l’épreuve par l’absence sence de rencontre concerne près d’un enfant mineur sur
de vie quotidienne avec l’enfant. dix, proportion qui atteint 19 % si l’enfant a entre 18 et
Le développement de la monoparentalité a conduit à 21 ans et 32 % s’il a entre 30 et 34 ans. Au total, pour 18 %
s’intéresser à ses conséquences sur les enfants à l’adoles- des enfants (de 0 à 34 ans) de parents séparés, le père dit
cence ou une fois adultes. Bon nombre d’études se sont ne jamais les voir.
attachées à démontrer l’efet positif sur le développement Un net décrochage apparaît ainsi à 18 ans (fgure 1b).
social, cognitif et émotif de l’enfant du maintien de Il pourrait tenir au droit de visite et d’hébergement
l’engagement du père après la séparation. L’absence de encadré juridiquement jusqu’à la majorité de l’enfant.
rencontre entre un père séparé et son enfant reste cepen - Le parent chez qui la résidence est fxée est alors
dant fréquente comme le montre l’enquête Étude des contraint de présenter l’enfant à l’autre parent sous
relations familiales et intergénérationnelles (encadré). peine de sanctions pénales. Au-delà de cet âge, il
Près d’un enfant de parents séparés sur cinq *Institut national d’études démographiques.
1. Lorsque l’enfant est décrit par le père comme habitant avec lui, il ne voit jamais son père
s’agit principalement de situations de résidence alternée ; par ailleurs,
les pères ayant rompu récemment leur union sont sous-représentés
Lorsque les parents ne sont pas séparés (fgure 1a), les dans l’enquête [2] ; enfn, les hommes tendent dans les enquêtes à
sous-déclarer le nombre de leurs enfants, notamment suite à une enfants commencent à quitter le domicile parental à
séparation quand le lien est rompu, mais aussi à déclarer comme vivant
18 ans, pour suivre des études ou s’installer, mais les avec eux des enfants qui résident en réalité ailleurs [3].
numéro 500 • mai 2013 • Population & Sociétés • bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques www.ined.frQuand la séparation des parents s’accompagne d’une rupture du lien entre le père et l’enfant
Des liens qui se défont
Figure 1. Fréquence des rencontres enfants-parents selon l’âge de l’enfant
avec le temps
Ce net efet d’âge de l’enfant au
moment de l’enquête recouvre
par ailleurs diférentes tempora-
lités. En premier lieu, plus l’en-
fant est âgé, plus la séparation de
ses parents est probablement
ancienne, or le temps écoulé
depuis la rupture est lié à l’inten-
sité des liens. Par exemple, la
proportion d’enfants ne voyant
jamais leur père est inférieure à
6 % si la séparation remonte à
moins de 4 ans, elle est de 19 % si
le père est séparé depuis 10-14 ans
et 32 % au-delà (tableau). L’âge
de l’enfant au moment de la
séparation intervient également.
Plus l’enfant était jeune, moins il
voit son père ensuite : plus d’un
enfant sur quatre parmi ceux qui
avaient moins de 3  ans au moment
de la séparation ne rencontre pas
son père, contre un sur sept par-
mi ceux qui avaient au moins
8 ans.
Avec le temps, la situation du
père peut aussi évoluer : remise
en couple et, parfois, arrivée d’un
nouvel enfant. La distension du
lien avec l’enfant est alors plus
forte : 14 % des enfants ne voient
jamais leur père s’il vit seul contre
24 % s’il vit en couple et a eu un
enfant dans le cadre de cette
nouvelle union (tableau). Si ces
Source  : I n e d - I n s e e ,  É r f - G G S ( 1 ) , 20 0 5 . résultats mettent bien en évi-
Champ  : e n f a n t s d e  m o i n s d e 3 5 a n s . habite avec le ou les deux parents dence une corrélation, ils ne per-Lecture : Pour 8  % des enf ant s de 0  à 4 ans dont 
les parents sont séparés, le père déclare ne mettent pas d’en déterminer le
voit son ou ses parentsj a m a i s l e s v o i r . sens. La remise en couple du père
Note :  en  cas  de  séparaton   des  parents deux fois par mois ou plus
( f g u r e  1 b ) , d ’ a p r è s  l e s  m è r e s ,  9 8  %  d e s  e n f a n t s  peut conduire l’enfant à ne plus
d e  0  à  4  a n s  v i v e n t  a v e c  e l l e s  e t ,  d ’ a p r è s  l e s  moins de deux fois par mois désirer voir son père, le père à p è r e s ,  2 6  %  v i v e n t  a v e c  e u x  ( s o i t  u n e   s o m m e 
s u p é r i e u r e   à  1 0 0  % )  :  c e l a  t e n t  d ’ u n e  p a r t  a u x  souhaiter se détacher de l’enfant,
s i t u a t o n s  d e  r é s i d e n c e  a l t e r n é e ,  p è r e s  e t  m è r e s  ou encore la mère à faire obstacle moins d’une fois par moisd é c l a r a n t  a l o r s  l ’ e n f a n t  c o m m e  v i v a n t  c h e z  e u x /
elles, mais aussi au fait que certains pères aux rencontres entre l’enfant et
t e n d e n t  à  d é c l a r e r  c o m m e  v i v a n t  a v e c  e u x  d e s 
son père ; la rupture du lien avec e n f a n t s  q u i  e n  r é a l i t é  n e  s o n t  p r é s e n t s  c h e z  e u x  jamais
q ue p o n c t ue l le m e n t . l’enfant peut de son côté avoir
encouragé le père à refaire sa vie.
n’existe plus de moyens jurid