Corrigé Bac 2015 : Philo série L sujet 1
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Corrigé Bac 2015 : Philo série L sujet 1

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Publié le 17 juin 2015
Nombre de lectures 20 488
Langue Français

Extrait

Sujets corrigés
Bac 2015
Philosophie
Série L
Sujet 1Respecter tout être vivant est-ce un devoir moral ?
Problématisation possible :

« Toute conscience est conscience morale » disait Alain. Donc, c’est parce que nous sommes
des sujets face à d’autres sujets humains que nous nous demandons ce que nous nous devons
moralement de faire ou de ne pas faire, que nous ne pouvons pas agir sans tenir compte de
prescriptions morales. La question que soulève ce sujet est donc celle de savoir, si cette
morale peut – ou même – doit être étendue à tout être vivant. Ce « tout » pose à son tour deux
questions : celle de savoir ce qui fait qu’un être vivant peut entrer dans le champs de
considérations morales (en quoi peut-il être un « objet » de respect, ou plutôt « un sujet »
digne d’être respecté ?) ET celle de savoir si le respect dépend de ce qui est à respecter (ce qui
invite aussi peut-être à se demander si seulement certains êtres vivants ont droit au respect et
donc à interroger ce qui impose en eux ce respect chez l’homme et donc sur la possibilité
d’une relativité de ce respect) ou de celui qui se doit de respecter (nous respectons-nous en ne
respectant pas les êtres vivants ? Un devoir moral implique-t-il chez l’autre un droit ? La
morale est-elle asymétrique ou réciprocité ? ). Donc un sujet très riche qui invite à interroger
les notions de respect, de morale et de vivant, mais qui pourrait aussi inviter à penser la
différence entre l’éthique et la morale.
Un plan possible parmi d’autres :
I. On doit préserver les êtres vivants et respecter les hommes
On pourrait d’abord penser que si les êtres vivants méritent qu’on les préserve de
souffrances inutiles, des effets négatifs de nos actions, ils ne méritent pas un respect qui,
présupposant la conscience, ne pourrait leur être du.
On pourrait ici avancer que :
1. comme le dit Kant, « le respect s’applique aux personnes jamais aux choses ».
On considère que seul l’homme est un sujet moral, c’est un être doué de raison, de liberté et
de volonté, capable de se donner pour principe d’action une loi de la raison. Ce qui présuppose qu’il peut échapper aux déterminismes extérieurs et intérieurs pour se fixer
soimême ses propres finalités. En tant que fin en soi, c’est-à-dire en tant que sujet moral,
l’homme a une valeur absolue, donc une dignité à respecter inconditionnellement, d’où le
second impératif catégorique de Kant. « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi
bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une
fin, et jamais simplement comme un moyen. » Tout le reste n’a qu’une valeur relative. La
nature (qu’on peut définir toujours selon Kant comme « l’existence des choses en tant
qu’elle est déterminée par des lois universelles ») est elle, non-libre. Tout phénomène
naturel n’est que la conséquence d’un mécanisme, tout comme le comportement d’un être
vivant. Ce n’est pas en tant qu’être vivant que l’homme est à respecter mais en tant
qu’être conscient et pensant.
2. on peut penser les êtres vivants sont en un sens des choses, des « machines animées ».
C’était la thèse mécaniste de Descartes, qui semble pouvoir être encore justifiée par :
– un certain fonctionnement des organismes vivants : métabolisme automatique,
organespièces (organe vient d’ailleurs du grec « organa » qui signifie au départ chez Aristote « partie
des machines de guerres ») ;
– une efficacité des modélisations techniques pour expliquer le vivant : le cœur-pompe, le
système nerveux-réseau ferroviaire, synapses-aiguillages ;
– le remplacement de certains organes par des pièces mécaniques : pacemaker, bras articulé,
respirateur artificiel,…
Mais cette approche des êtres vivants n’est-elle pas éminemment réductrice et dépassée par
les travaux de l’éthologie contemporaine (étude du comportement animal) et de la biologie ?
II. Les êtres vivants ne sont pas des « choses »
1. La réduction de l’organisme vivant à une machine est abusive
Contrairement à ce que disait Descartes, Kant soutient qu’un être vivant n’est pas qu’une
machine. Le réduire à une mécanique dotée d’une force motrice, peut-être aussi sensitive ou
même dianoétique (intelligence artificielle), c’est nier la force formatrice et organisatrice,
propre au vivant. Une machine n’est pas capable de s’autoréguler (polyvalence des organes :
hémiplégie droite n’entraîne pas chez l’enfant une aphasie, car réorganisation des autres
régions du cerveau ; un intestin de lapine peut se comporter comme un utérus, si on y place un
placenta, selon l’expérience de Courrier), de s’auto-réparer (cicatrisation), de s’adapter à son
milieu, de se reproduire. Une machine est la somme de ses pièces, elle est démontable et remontable. Un organisme vivant est une totalité spécifique individuelle (unique) soumise au
principe d’irréversibilité, où la somme des parties n’est pas égale au tout, où retirer une partie,
c’est altérer l’ensemble. Si une machine peut être un bijou de technologie, elle s’explique, se
laisse analyser. Un organisme vivant est lui « un miracle et on ne peut comparer à aucune
œuvre humaine fabriquée artificiellement à la lumière de la lampe de la connaissance » selon
Schopenhauer.
Donc, il n’y aurait pas entre le vivant et la machine une simple différence de complexité ou de
miniaturisation, il y aurait un « écart ontologique », c’est-à-dire une différence d’essence. Un
être vivant n’est pas seulement de la matière (sans quoi un cadavre serait encore un être
vivant), c’est une matière animée par quelque chose qui ne saurait se laisser réduire à une
quelconque analyse. Ce que Bergson appelait « l’élan vital », Nietzsche « une force plastique
einconsciente », Aristote une « âme » et Hippocrate, le premier médecin (V av. JC) « une force
médicatrice » que le médecin se devait en grande partie de laisser faire.
2. La frontière entre l’homme et l’animal semble donc contestable au regard de la
biologie, mais aussi de l’éthologie. L’observation du comportement animal a montré que les
animaux et même, végétaux sont :
– des êtres sensibles, c’est-à-dire capables de souffrir. C’est ce que rappelle BENTHAM en
1780, qui voit dans la protection animale, la suite logique du progrès des consciences et de la
justice en Occident. Il rappelle que « chez les Hindous et les Musulmans, on a accordé
quelque attention aux intérêts de l’autre partie de la création animale » et pense qu’après avoir
reconnu que certains hommes n’étaient pas inférieurs, « le jour viendra peut-être où le reste de
la création animale pourra recouvrer les droits qu’on ne lui aurait jamais déniés, sinon par
l’effet de la tyrannie ». Pour lui, nous appartenons tous à la même espèce, celle des êtres
sensibles. À partir du vécu de cette souffrance, les animaux sont des êtres qui ont un intérêt,
ce sont des êtres téléonomiques qui posent des valeurs (le bon, le mauvais). Et c’est parce que
l’homme pose des valeurs qu’il a lui-même une valeur, d’où même chose pour les animaux.
– des êtres téléonomiques. Chaque être vivant est une totalité unique organisé en vue de se
maintenir en vie, « la vie est l'ensemble des fonctions résistant à la mort » (Bichat) et des
êtres intelligents : les animaux élaborent des stratégies, poursuivent des fins ne serait-ce que
celle de se maintenir en vie. Certes leur intelligence est moins développée que la nôtre sur
certains points, mais on est obligé de reconnaître que leur psychologie est aussi riche – voire
plus riche (« Un cheval ou un chien adultes sont plus rationnels et capables de plus de
conversation qu’un nouveau-né d’un jour, d’une semaine ou même d’un mois », rappelle
Bentham) – que certains humains qu’on respecte cependant. Si on ne réclame pas une égalité de fait pour une égale considération chez les hommes, on serait incohérent en la réclamant
pour les animaux.
Donc les êtres vivants et certains vivants tout particulièrement (animaux supérieurs) semblent
avoir les qualités requises pour être à respecter, mais justement le respect dépend-t-il de
qualités ? (Ou ses qualités permettent-elles pour autant d’imposer un respect au sens de Kant,

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