le voyage de parma luna
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1 LE VOYAGE DE PARMA LUNA SOMMAIRE A LA FENETRE ................................................................................................................................................... 3 TOXILUS ET COMPAGNIE .............................................................................................................................. 8 AU RUISSEAU DES TROIS ROSEAUX ........................................................................................................ 15 LE SECRET ........................................................................................................................................................ 22 LE DEPART........................................................................................................................................................ 31 LA GEMME D’EAU .......................................................................................................................................... 38 L’EVASION DES LOTUPES ............................................................................................................................ 46 LE CHÂTEAU ENSORCELE........................................................................................................................... 54 AU CŒUR DU VOLCAN .................................................................................................................................. 63 SOUAD DU DESERT..............................

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Publié le 14 novembre 2013
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Langue Français

Extrait

   
 
1
 
   
A LA FENETRE
LE VOYAGE DE PARMA LUNA   SOMMAIRE
................................................................................................................................................... 3 
TOXILUS ET COMPAGNIE .............................................................................................................................. 8 AU RUISSEAU DES TROIS ROSEAUX ........................................................................................................ 15 
LE SECRET ........................................................................................................................................................ 22 
LE DEPART ........................................................................................................................................................ 31 
LA GEMME D’EAU .......................................................................................................................................... 38 
L’EVASION DES LOTUPES ............................................................................................................................ 46 
LE CHÂTEAU ENSORCELE ........................................................................................................................... 54 
AU CŒUR DU VOLCAN .................................. ................................................................................................ 63 
SOUAD DU DESERT ......................................................................................................................................... 70 
LES BECS-A-DENTS ......................................................................................................................................... 78 
LA CAVERNE POURPRE ................................................................................................................................ 85 
MONSTRUA ....................................................................................................................................................... 95 
LE BAL DU CLAIR DE LUNE ....................................................................................................................... 101 RESUME ........................................................................................................................................................... 105 
L’AUTEUR : SEVERINE BRION ..................................................................................................................
  
 
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A LA FENETRE
  Parma ? Tu es encore en train de rêver ? Et voilà, ça ne rate jamais. Parma ne peut pas rester inactive cinq petites minutes, admirer le vol d'un papillon ou suivre des yeux les fourmis transportant les miettes de gâteau au miel qu'elle répand exprès devant la fenêtre de sa chambre, sans que sa soeur aînée Eléa la rappelle à l'ordre. Quel fardeau que d'avoir une soeur, surtout une soeur comme la sienne ! Toujours à la harceler pour qu'elle range sa chambre, à s'admirer en tortillant son derrière devant le miroir du salon, ou à commenter les choix vestimentaires de Parma. Non mais ! On ne lui demande rien après tout ! Et puis aujourd'hui, Parma n'a pas envie qu'on l'ennuie. Elle a dû se lever du mauvais pied comme on dit chez les humains. Ah oui, c'est vrai ! Je ne vous l'avais pas encore dit ! Parma est une Elfe des bois. Et elle est très jolie cette petite Elfe-là : de longs cheveux noirs coiffés en deux couettes, de chaque côté de la tête, des oreilles pointues qui dépassent de son chapeau, deux yeux de la couleur des violettes des sous-bois, des ailes soyeuses sagement repliées dans son dos. Pour le reste, elle ressemble à s'y méprendre aux petites filles du village que les humains ont construit à la lisière de la forêt « dont je t'interdis formellement de t'approcher », lui répète inlassablement sa grand-mère. Douce, leur maman, étant gravement malade depuis des années, avant même la naissance de Parma, c’est sa belle-mère Mielline qui a élevé ses deux filles. Non, aujourd'hui, Parma n'est pas d’ humeur badine. Comme tous les Elfes, Parma est née dotée de pouvoirs magiques. Seulement, le problème avec Parma, c'est qu'elle a beaucoup de mal à se concentrer pour réussir ses enchantements. On dirait que chez elle la magie est si forte qu'elle n'en fait qu'à sa tête ! C'est ainsi que, par exemple, la semaine dernière, d'un seul éclat de rire, elle a métamorphosé en grenouilles un groupe de Nymphes aquatiques qui prenaient un bain de soleil au bord de l'étang voisin. Ca a fait toute une histoire ! L'enchantement était si efficace qu'il a fallu appeler l'oncle Megafortus pour réparer les dégâts. Il a dû retransformer les ondines l'une après l'autre. Elles sont reparties vexées et vertes de rage d'avoir passé autant de temps dans la peau grumeleuse de vulgaires batraciens. A d'autres moments, au contraire, plus rien ne fonctionne et on pourrait croire qu'il ne reste plus en elle la moindre parcelle magique. Elle a beau fixer de toutes ses forces la pomme juteuse et croquante qui la nargue du haut de sa branche, le fruit reste accroché à son pommier et ne bouge pas d'un millimètre ! D'autres fois, ce sont ses oreilles qui ne lui obéissent plus et elle n'est plus capable de communiquer avec les animaux. En effet, comme tous les êtres magiques qui vivent autour de nous en secret, les Elfes comprennent très bien les animaux. Ils se parlent, s'avertissent des dangers, s'annoncent les bonnes et mauvaises nouvelles. Il n'est pas rare par exemple de surprendre une biche et une Fée en grande conversation dans l'ombre feutrée d'une clairière. Les Sorcières échangent avec leur chat des recettes de cuisine tout en remuant le contenu de leur chaudron. Sirènes et dauphins se saluent lorsqu'ils se croisent au fond de la mer. Il n'y a guère que les humains pour avoir oublié ces temps anciens où eux aussi comprenaient les cerfs et les oiseaux. Et donc Parma, elle, est si douée pour communiquer avec les animaux des alentours, que, naturellement, elle est devenue leur amie et leur confidente préférée. Elle passe son temps à se rouler dans l'herbe haute des prairies avec les lapins duveteux. Elle fait la course pour rire avec les daims entre les troncs. Assise sur une branche, en haut d'un 3    
chêne ou d'un marronnier, perdue au milieu des grandes fleurs roses et blanches, balançant ses jambes nues dans le vide, elle écoute les écureuils lui chuchoter leurs secrets. Ils lui racontent leurs petits ennuis, et lui apprennent comment fonctionne le monde des humains qui la fascine et la surprend toujours. Dans le monde de Parma, les humains ne sont guère appréciés. On les craint, on les évite le plus possible; les mamans en menacent les enfants turbulents. « Si tu n'es pas sage, un humain viendra te chercher et tu iras vivre parmi eux... » Brrrrr ! Les camarades de Parma en ont les ailes toutes tremblantes rien que d'y penser. Quand Eléa et Parma se disputent, ce qui arrive malheureusement très souvent, elles finissent toujours par s’insulter à grand renfort d’expressions rappelant l’existence de ce peuple indésirable. « Tête d’humaine !» par exemple, est l’une de leurs injures favorites. Mais ce matin, pas de souci de magie, pas de problème de communication. Tout est normal de ce côté-là, merci bien ! Non, ce qui rend Parma pensive et chagrine ce matin, c'est qu' Elabelle Lépine, la plus belle fille de Mirilieu, enfin c'est elle qui le dit, a réussi à convaincre Sylvan de l'emmener au bal du Clair de Lune, qui aura lieu au prochain solstice. Pourtant, Sylvan lui a promis depuis des mois, à Parma, de l'inviter à ce bal. Et ce bal, Parma l'attend depuis si longtemps ! Cette année, la jeune Elfe va fêter ses treize ans et justement, treize ans, c'est l'âge auquel sa soeur Eléa est allée au bal pour la première fois. C'est aussi celui où sa mère et sa grand-mère y sont allées pour la première fois. En fait, c'est l'âge auquel tout le monde y va POUR LA PREMIERE FOIS ! C'est une tradition ancestrale. Tous les garçons et les filles qui auront treize ans dans l'année ont le droit de participer au bal du Clair de Lune, qui est le plus grand évènement elfique, avec Noël, bien sûr. Quand Parma imagine la fête, elle se voit dans une robe de soie resplendissante, ses cheveux noirs scintillant de perles de rosée. Elle porte des petites chaussures pailletées et un sac assorti. Elle volète, légère, et tourne sans fin au rythme de la musique, sous le ciel étoilé. Mais voilà, c'est Elabelle, à présent, qui va au bal avec le beau Sylvan, l'Elfe garçon le plus craquant de tout Mirilieu, et vraiment, Parma ne peut pas se faire à cette idée. Comment Elabelle a-t-elle pu le faire changer d'avis ? Elle ne lui aurait quand même pas fait boire un philtre d'amour ? Voilà ce qui rend Parma toute rêveuse en cette belle matinée du mois d’avril. Elle cherche l'inspiration dans la forme des nuages. Elle écoute le souffle du vent, respire les senteurs d'herbes et de fleurs qui entrent par la fenêtre. Que faire pour que ce soit elle, et personne d'autre, qui aille à ce fameux bal au bras de Sylvan ? Il y a beaucoup d’autres garçons, bien sûr, comme Clément le cousin de son amie Lilas, ou Antoine un camarade de classe. Elle se rend compte que ses yeux violets d’une couleur si particulière ne laissent personne indifférent, mais seul le beau visage de Sylvan charme son cœur. Dans la pièce voisine, la jeune Elfe entend sa grand-mère laver la vaisselle du petit-déjeuner en chantonnant son air préféré, celui sur lequel elle a dansé pour la première fois avec son mari Animus. – Il faudrait que je demande conseil à Mamina, murmure-t-elle en suivant du regard une colonne de fourmis rouges chargée de miettes. Mamina, c’est le petit nom qu’elle donne à sa grand-mère. Elle aimerait tant pouvoir parler de ce genre de choses avec sa mère, mais celle-ci ne communique presque plus depuis qu’elle
   
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est atteinte de sa mystérieuse maladie. Elle ne veut pas raconter ses soucis à Eléa, qui plus âgée qu’elle de deux ans seulement, la considère souvent encore comme une petite fille. – Oh, non, ma sœur se moquerait sûrement de moi. Par la fenêtre, elle regarde son aînée, la belle Eléa, suspendre des vêtements fraîchement lavés au fil à linge installé entre deux poteaux de bois. Ses longs cheveux châtains se balancent doucement dans son dos, soulevés par la brise du petit matin. De l’endroit où elle se trouve, Parma entend les grosses perles de bois de son collier s’entrechoquer au gré de ses mouvements. Ce bijou est un souvenir de leur grand-père, que leur grand-mère Mielline a un jour confié à Eléa. « Je t’offre ce collier car tu es notre aînée. Prends-en grand soin; c’est un hommage de la communauté des Elfes de Mirilieu rendu à Animus ton grand-père. » Souvent, les deux filles se sont disputées au sujet de ce bijou que Parma aussi aimerait bien porter. Mais Eléa prend très à cœur son rôle d’aînée responsable et refuse de le confier à sa « petite sœur ». Pégasillon, leur petit poney ailé avec lequel Parma a si souvent volé, broute paisiblement l’herbe qui envahit les plates-bandes du jardin. Parma a toujours beaucoup aimé les chevaux. Qu’ils aient des ailes ou non, elle trouve que ce sont des animaux merveilleux, plein de grâce et de noblesse. Elle se souvient de sa joie le matin de Nœl où elle l’a découvert sous le sapin du salon. Il était minuscule, à peine plus grand qu’un chiot, et dormait confortablement lové au creux d’une chaude couverture de laine bleue tricotée par Mielline. Depuis, il a bien grandi et s’est révélé un compagnon de jeu espiègle et joyeux comme le sont souvent les poneys. Tout en regardant l’animal se diriger vers Eléa, elle se met à penser que si elle avait eu un papa, ce serait sûrement avec lui qu’elle aurait appris à monter. Mais son père Eloïs a quitté le village avant sa naissance et elle ne l’a jamais connu. – Pégasillon, arrête ! s’écrie soudain Eléa en se retournant. Le poney s’est approché par derrière et a commencé à brouter sa robe à fleurs. – Laisse ma robe ! dit-elle en essayant de repousser l’animal à qui elle donne de grands coups de chaussette mouillée sur le nez. Mais le poney est têtu et s’obstine à tirer sur une fleur qu’il doit croire réelle, du bout de ses grandes dents. Parma se met à rire, la situation est vraiment trop comique ! – Parma, fais quelque chose au lieu de te moquer demoi ! s’exclame Eléa toute rouge en se tournant vers sa sœur. Il abîme ma robe ! Je vais devoir me changer. J’ai l’air d’être habillée avec un chiffon maintenant. Accoudée à la fenêtre de sa chambre, Parma continue à pouffer de rire. – Oh, pas plus que dhabitude, crie-t-elle pour faire enrager sa sœur. On dirait lépicière humaine du village d’à côté, toujours habillée avec un sac à pommes de terre ! Mais elle finit quand même par appeler Pégasillon tout en tirant la langue à Eléa qui lui lance des regards noirs au-dessus de la corbeille à linge. – Viens, mon beau, dit-elle en lui tendant le restede la tranche de gâteau qu’elle a émiettée pour les fourmis. Ca c’est un bon poney ! Pégasillon, gourmand et affamé, abandonne le morceau de tissu pour une nourriture plus consistante et se dirige en trottant vers la fenêtre. Il lève sa tête vers Parma et attrape du bout des lèvres la friandise qu’il engloutit avec délice. La jeune Elfe caresse les naseaux bruns et soyeux du poney, puis elle glisse sa main sous le toupet de crins qui orne sa jolie tête blanche et se surprend à sourire. Elle peut toujours compter sur Pégasillon pour trouver une pitrerie qui lui remonte le moral lorsqu’elle se sent triste. La mésaventure de sa sœur aînée lui a rendu sa bonne humeur finalement. – Ca y est, il est rassasié, ce goinfre ? demande Eléa d’un air méfiant. – Mais oui, tu n’as plus rien à craindre. Regarde comme il est gentil. Elle montre le poney qui se frotte à présent le dos sur le sable de l’allée, les quatre sabots en 6    
l’air en poussant des petits hennissements de bien-être. Les deux sœurs se regardent et éclatent de rire. Puis Eléa, qui a fini d’étendre son linge, commence à cueillir des jonquilles dans un massif de fleurs du jardin dont elle fait un bouquet qui égaiera joliment la table de la cuisine. Après quelques minutes, elle rentre à la maison les bras chargés de fleurs.  Parma, elle, reste à la fenêtre, souriant gaiement à la belle journée qui commence.      
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