L’auteur a écrit ce livre avec l’aide de la Fondation Anne Frank. Elle a aussi bénéficié d’une bourse de voyage octroyée par le Fonds des Lettres néerlandais.
L’éditeur remercie la Fondation néerlandaise pour la littérature pour son soutien sur cet ouvrage.
Ouvrage originellement publié par Uitgeverij Ploegsma, 1016 AC Amsterdam, PaysBas, sous le titreBuiten is het oorlog, Anne Frank en haar wereld.
Loi 49956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Tous droits réservés. Reproduction, même partielle, interdite.
Janny van der Molen LA VIE D’ANNE FRANK
Adapté du néerlandais (PaysBas) par Emmanuèle Sandron Illustré par Martijn van der Linden
PREMIERS PAS
Anne Frank, de son vrai nom Annelies Marie Frank, naquit le 12 juin 1929, à FrancfortsurleMain, en Allemagne. Elle avait une grande sœur, Margot. Ses parents, Edith et Otto Frank, étaient tous deux originaires d’une famille fortunée. Celle de son père possédait une banque, où il travaillait. En vrai patriote, il avait combattu dans les rangs allemands durant la Première Guerre mondiale (19141918).
Dans les années 1920 et 1930, l’Allemagne fut frappée de plein fouet par le chômage et la crise économique. Adolf Hitler, le chef du parti nationalsocialiste, rendait les Juifs responsables de tous les maux. Il rêvait de trans former l’Allemagne en une grande puissance européenne. Son parti remporta les élections législatives de 1932. Il devint chancelier en 1933 et président de l’Allemagne en 1934. Il se fit alors appeler le « Führer ».
Les parents d’Anne étaient juifs, mais seule Edith, la mère, allait à la synagogue. Depuis toujours, ils vivaient
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en bonne entente avec des personnes de religion diffé rente et des athées. Or, voilà que, subitement, on les considérait comme des ennemis de la patrie, au seul motif qu’ils étaient juifs. La vie en Allemagne devint de plus en plus pénible pour eux. Finalement, ils prirent la décision d’émigrer aux PaysBas, à Amsterdam.
Anne avait quatre ans. Les Frank s’installèrent dans un bel appartement situé dans un quartier où vivaient de nombreuses autres familles juives qui avaient fui l’Allemagne. Anne s’adapta vite. Elle et sa sœur Margot apprirent rapidement le néerlandais, la langue des PaysBas. Et il ne leur fallut pas longtemps avant de se sentir de vraies petites Néerlandaises.
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1 UNE ENFANCE HEUREUSE
– Je n’y arriverai jamais! rouspète Anne, les joues en feu, en essayant de faire rouler son cerceau. Il tombe tout le temps! Découragée, elle regarde son amie Sanne, qui trottine le long du trottoir avec le sien au bout de sa baguette. – Mais comment faistu ? – Facile ! Tu tiens ton cerceau bien droit et tu lui donnes un petit coup énergique. Anne suit les indications de Sanne. Oui ! Ça marche ! Mais, après quelques tours sur luimême, le cercle de bois retombe sur le sol. – Oh ! J’en ai assez ! bougonnetelle. Je préfère la trottinette !
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La rue où vit Anne, la Merwedeplein, est un endroit idéal pour jouer. De temps en temps, sa mère se poste à la fenêtre de leur appartement pour la surveiller, mais que pourraitil lui arriver ? Il y a peu de circulation. À part les vélos et les voitures des habitants, les rues de ce quartier péri phérique encore peu construit sont vides. Anne s’amuse pendant des heures dans le bac à sable à côté de son immeuble. En dix minutes de marche, elle se retrouve à la campagne et peut voir des vaches. Ainsi granditelle, dans un appartement agréable. La rue est paisible, et à deux pas d’une école fantas tique où elle a de nombreuses amies.
– Pfuiiiit ! C’est un jour comme les autres dans la famille Frank. En ce début de matinée, il ne fait pas encore tout à fait clair. – Anne ! appelle Edith en entrant dans la chambre de ses filles.Ton amie Hannah t’attend en bas. Je l’ai entendue siffler. C’est l’heure de partir à l’école. Anne pose son livre, attrape sa veste au portemanteau et l’enfile en vitesse.
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– Attends ! l’arrête sa mère en néerlandais. Nous sommes en hiver. Je voudrais que tu mettes ton bonnet. Anne, qui parle déjà mieux la langue des PaysBas que sa mère, corrige son accent, avant de protester : – Il ne fait pas si froid ! Et, de toute façon, j’ai huit ans! Je suis assez grande pour savoir si j’ai besoin d’un bonnet ou non ! – Obéis ! répond sa mère en lui faisant les gros yeux. Anne comprend qu’elle a intérêt à obtempérer. Une fois bien emmitouflée, elle s’engouffre dans l’escalier. – Les trottoirs sont peutêtre glissants ! Fais atten tion ! crie encore sa mère dans son dos. Mais Anne n’a pas entendu. Elle est déjà presque en bas, trop pressée d’annoncer la grande nouvelle à son amie Hannah, qu’elle surnomme Hanneli. – Hanneli! Hanneli! Je pars en voyage! Avec Papa! Rien que nous deux ! Formidable, non ? On va en Suisse, rendre visite à Omi, ma mamie de Bâle ! Je verrai aussi tante Leni et oncle Erich. Et mes cousins Bernd et Stephan! C’est l’anniversaire d’Omi. C’est l’anniversaire de Stephan aussi et... Hannah éclate de rire.
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– Qu’estce que tu as ? demande Anne, étonnée. – Tu parles si vite que j’ai du mal à te suivre ! – Oh, mais je suis tellement contente ! Bernd patine comme un champion. Et Omi raconte si bien les histoires ! Et... – Je trouve ça fantastique pour toi, Anne. Vrai ment ! Vous partez quand ? – Dans quelques semaines. Je ne sais pas comment je vais pouvoir attendre jusquelà ! Oh ! Regarde ! Voilà Kitty et Ietje ! Si on s’amusait à leur faire peur ? Anne adore les farces. Un doigt sur la bouche, elle suit discrètement ses deux amies. Lorsqu’elle se trouve derrière elles, elle leur enfonce un index dans les côtes en lançant : – Bouh ! – Hiiii ! crient Kitty et Ietje en sursautant. Anne se tord de rire. – Petite peste ! s’écrie Kitty en riant à son tour.
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Anne et son père sont dans le train pour Bâle. – Quand estce qu’on arrive? demande Anne pour la énième fois.