Lettre à l’Horizon…
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Description

Lettre à l’Horizon… Prélude Chère Madame, Puisque c’est «  avec beaucoup d'intérêt et de plaisir que  vous me relirez si je vous   réponds », et puisque je me fie entièrement à vous et à cette intuition oh combien douce, où il  y a une incitation au rêve et à un voyage initiatique que j’espère durera éternellement, je vais  vous écrire… Il y a des contes de fées, Madame, qui commencent des fois par un événement ou acte  d’une banalité déconcertante. Je pense que notre échange épistolaire, encore embryonnaire,  relève de ce genre de contes. Mais permettez­moi d’abord de vous dire, sans vouloir vous  choquer le moins du monde, que tout en étant mécréant, je crois, aussi fermement qu’un  mécréant peut croire, à certains contes dont la morale, des fois, est hautement instructive…  Pardi, un agnostique qui croit à des contes ; drôle d’homme ! C’est quelque peu anachronique,  mais c’est comme cela.  Il faut dire, Cher Horizon, que j’ai eu l’immense chance d’être élevé dans un monde  où le conte faisait partie intégrante de l’éducation des enfants en bas­âge. Mes arrières  grand­mères, mes   grand­mères ainsi que ma regrettée et adorable mère, étaient toutes des  femmes, certes analphabètes, mais possédant une culture orale monumentale et très raffinée.

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Publié par
Publié le 07 mars 2013
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Lettre à l’Horizon… Prélude
Chère Madame, Puisque c’est«avec beaucoup d'intérêt et de plaisir quevous me relirez si je vous réponds », et puisque je me fie entièrementàvous etàcette intuition oh combien douce, oùil y a une incitation au rêve etàun voyage initiatique que j’espère dureraéternellement, je vais vousécrire… Il y a des contes de fées, Madame, qui commencent des fois par unévénement ou acte d’une banalitédéconcertante. Je pense que notreéchangeépistolaire, encore embryonnaire, relève de ce genre de contes. Mais permettez-moi d’abord de vous dire, sans vouloir vous choquer le moins du monde, que tout enétant mécréant, je crois, aussi fermement qu’un mécréant peut croire,àcertains contes dont la morale, des fois, est hautement instructive… Pardi, un agnostique qui croitàdes contes ; drôle d’homme ! C’est quelque peu anachronique, mais c’est comme cela. Il faut dire, Cher Horizon, que j’ai eu l’immense chance d’êtreélevédans un monde oùconte faisait partie int leégrante de l’éducation des enfants en bas-âge. Mes arrières grand-mègrand-mres, mesères ainsi que ma regrettée et adorable mère,étaient toutes des femmes, certes analphabètes, mais possédant une culture orale monumentale et très raffinée. De nombreuses années se sontécoulées, et l’enfant qui aétésevré, hélas, de tant de plaisirs, découvritàl’âge adulte Les Mille et une Nuits, dans la belleédition publiée et annotée par deux des plus grands orientalistes de notre temps qui sont A. Miquel et J. E. Bencheykh, dans les Editions Gallimard. Et quelle ne fut ma surprise en lisant passionnément ce magnifique texte, de constater le fait que je connaissais déjàplusieurs de ces contes, certes avec des variantes, mais dont le fond et l’origine restaient intacts. Maints contes de ce chef d’œuvre font allusion, quand on les lit en filigrane, au destin, cette puissance qui, d’après certaines croyances, fixerait de façon irrévocable le cours desévénements. L’on sait que les Grecs dans leur mythologie faisaient du fatum une puissance supérieure aux dieux mêmes ! Plus de deux millénaires après la disparition de cette magnifique Grèce classique, il se trouve qu’il existe encore de nos jours une multitude de personnes qui continuentàcroireàla force du destin. Je ne crois nullementàcette force, mais par contre je crois aux mille et un hasards de la vie, en tant que concours de circonstances inattendus et inexplicables…
1
J’ai l’impression que notre premieréchange, Madame, relève de ce genre de hasard, que, dans mon cas, j’ai forcéen quelque sorte en allant chercher, dans un moment de faiblesse, je ne sais quelle chose ; et je veux dire par chose tout ce qui existe et qui est concevable comme un objet unique, abstrait ou réel… Des sites comme celui oùj’ai relevéles quelques mots qui vous présentaient, il doit exister sur la toile des dizaines si ce n’est des centaines. Le nombre des personnes qui y sont inscrites est assez impressionnant. Mais de tant de pseudonymes banaux et des fois barbares, le vôtre, oh hasard, tel un soleil,émergeait d’un chaos ténébreux !Je commençaisàpeineàme familiariser avec ce drôle et combien heureux moyen de faire connaissance. Ledit moyen est d’ailleurs digne d’un sujet de thèse en sociologie ! Alors pourquoi et comment je me suis trouvéau milieu de tout ce beau monde qui tantôt m’étonnait, tantôt provoquait en moi un sentiment de peine ou au contraire réveillait ma curiositéet me poussaitàl’interprétation de tel ou tel mot, de telle ou telle phrase ! Mais ce monde je l’ai quittéàjamais, et notre coquin de Pseudo-poète, tout en ayant besoin, comme tout poète, d’une muse, a fini par découvrir la sortie du labyrinthe oùil errait depuis la nuit des temps ! Dans l’immense espace oùnos premières phrases ontéchangéleurs premiers sourires, vos mots se distinguaient, par leur subtilité, de ce qu’affichaient les tristes fenêtres de la foule ! Le style est l’homme même ; et il résulte d’une sensibilitéspécialeàl’égard du langage comme l’a bien dit le Poète P. Valéry. Vous possédezàmerveille cette sensibilité, et il se trouve que je partage avec vousàfond ladite sensibilitéque je décèleàchaque tournure de vos belles et douces phrases. Vous trouverez mes propos quelque peu insensés et même extravagants, d’autant plus que ces phrases ontétéjusqu’àprésent peu nombreuses. Mais le fait est là, et se résumeàce que la sensibilitéque vous imprégniezàcette alchimie du verbe, rend vos mots aussi doux que paisibles. C’est un sentiment personnel, qui, comme tout sentiment, est bienévidemment subjectif, mais qui m’a procuré, en lisant votre gentille réponse, oh combien attentive, l’une des plus belles sensations que j’aiéprouvée ces dernières années. Cela dit, je me sens très heureux en commençant cetéchange que je baptiserai, si vous ne voyez pas d’inconvénient, Lettresàl’Horizon. J’espère qu’elles seront fécondes et qu’elles aiguiseront davantage ma sensibilitéà l’égard des mots. J’irai jusqu’au bout du monde butiner ces mots pour vous, dans les meilleurs arbres fleuris d’une oasis que le bienveillant Apollon m’aideraitàcréer spécialement pour la plus douce et tendre des lectrices : Horizon. 2
Le vrai Zadjal d'en mourir
Ômon jardin d’eau fraîche et d’ombre Ma danse d’être mon cœur sombre Mon ciel desétoiles sans nombre Ma barque au loin douceàramer
Heureux celui qui meurt d’aimer
Qu’àd’autres soit finir amer Comme l’oiseau se fait chimère Et s’en va le fleuveàla mer Ou le temps se part en fumée
Heureux celui qui meurt d’aimer
Heureux celui qui devient sourd Au chant s’il n’est de son amour Aveugle au jour d’après son jour Ses yeux sur toi seule fermés
Heureux celui qui meurt d’aimer
D’aimer si fort ses lèvres closes Qu’il n’est besoin de nulle chose Hormis le souvenir des roses A jamais de toi parfumées
Heureux celui qui meurt d’aimer
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 M.G.
Celui qui meurt mêmeàdouleur A qui sans toi le monde est leurre Et n’en retient que tes couleurs Il lui suffit qu’il t’ait nommée
Heureux celui qui meurt d’aimer
Mon enfant dit-il ma chèreâme Le temps de te connaîtreôfemme L’éternitén’est qu’une pâme Au feu dont je suis consumé
Heureux celui qui meurt d’aimer
Il a ditôfemme et qu’il taise Le nom qui ressembleàla braise A la bouche rougeàla fraise A jamais dans ses dents formée
Heureux celui qui meurt d’aimer
Il a ditôfemme et s’achève Ainsi la vie ainsi le rêve Et soit sur la place de grève Ou dans le lit accoutumé
Heureux celui qui meurt d’aimer
 LouisAragon, Le Fou d'Elsa.
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