Bruits de bottes à l Eldorado
232 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Bruits de bottes à l'Eldorado , livre ebook

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232 pages
Français

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Description

Jomo est burkinabé et sa femme Josy est ivoirienne. Jomo, expert dans une ONG internationale, réside avec sa famille à Lomé, capitale de la République du Togo, depuis quelques années. Mais un jour, sur un coup de tête, Josy décide de retourner chez elle ... C'est à ce moment-là que survient le coup d'Etat manqué du 19 septembre 2002 à Abidjan. Les voilà pris au piège.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2011
Nombre de lectures 59
EAN13 9782296468429
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0040€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BRUITS DE BOTTES
À L’ELDORADO
©JEL, 2011
01 BP 4903 Ouagadougou 1 BURKINA FASO

ISBN : 978-2-915889-05-5
EAN : 9782915889055


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56390-2
EAN : 9782296563902

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Jémal Dazoaba SILA


BRUITS DE BOTTES
À L’ELDORADO

Rendez-moi ma fille Nadia Anna !


Roman


JEL
Avertissement
Ce roman est inspiré d’une histoire vraie. Mais cet ouvrage n’est pas un manuel d’histoire contemporaine. Certains épisodes mettant en scène des personnages, leurs faits et gestes qui sont rapportés par l’auteur dans ces pages, sont entièrement le fruit de son imagination et relèvent donc de la pure fiction. La Côte d’Ivoire de l’« Après 19 septembre 2002 » constitue la toile de fond historique du récit. Le drame vécu par Jomo et sa famille illustre les épreuves et les souffrances endurées par des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards, tous des innocents anonymes. C’est à eux que ce livre est dédié.
En racontant cette histoire, l’auteur voudrait rendre hommage, à sa manière, à tous ceux qui, Ivoiriens et non Ivoiriens, à un titre ou à un autre, ont eu à subir, dans des proportions variées, les affres et les conséquences de la crise qu’a traversée la Côte d’Ivoire. A cet égard, le trio familial composé de Jomo, sa femme Josy et leur fille Nadia Anna, représente symboliquement, avec le père curé Bernard, missionnaire français, toutes ces victimes aux origines diverses. Ce livre restera comme un mémorial dressé en l’honneur de tous et de toutes. Sans distinction ni de nationalité, ni d’ethnie, ni d’origine sociale, ces gens se sont retrouvés là, unis un jour sur le sol ivoirien, dans un destin partagé.
Chapitre 1 Le dernier anniversaire
Pendant que Jomo et Josy échangeaient leurs impressions et leurs sentiments sur le dernier épisode du feuilleton brésilien qui passait sur la chaîne privée Canal 4 de la télévision chaque soir, soulevant les passions les plus folles dans les foyers et dans les cours communes, le serveur était en train de débarrasser leur table. Le couple venait de terminer le plat de résistance. Jomo avait commandé et dégusté un canard laqué, accompagné de haricot vert du Burkina Faso, tandis que Josy qui aimait les fruits de mer, avait pris et apprécié un plat de gambas aux champignons noirs, accompagné du riz cantonais. Après avoir fini de débarrasser la table et nettoyer avec soin les miettes de pain et de nourriture de la table, le serveur se dirigea avec empressement vers la tablette sur laquelle étaient empilés les menus. Il en saisit deux pour le dessert et revint vers Josy, qui en prit un, puis il remit l’autre à Jomo.
Merci, dit Jomo, avant de porter son regard sur le menu.
Il trouva la rubrique des desserts à l’avant-dernière page. La dernière page contenait la liste des vins et des liqueurs. Pendant ce temps, le serveur se tenait à distance respectable, prêt à intervenir pour prendre la commande. Au bout de quelques instants…

Madame, dit le serveur en s’avançant et en s’adressant à Josy avec un sourire aimable et des gestes obséquieux. Nous avons d’excellents desserts, dit-il. Si vous aimez les glaces, vous ne serez pas déçue. Nous les servons aux multiples parfums et au chocolat. Nous avons aussi des fruits de saison.
Puis levant les yeux vers Jomo…
Avez-vous choisi le vôtre, monsieur ? dit-il, en se tournant vers Jomo sans attendre la réponse de Josy.
Le serveur avait constaté que Jomo avait cessé de chercher son dessert dans le menu, et observait discrètement à droite et à gauche dans la salle, les clients assis sur les autres tables du restaurant. On aurait cru qu’il espérait y trouver parmi eux une connaissance, un ami, un collègue de bureau. Mais il ne reconnut personne.
Josy choisit un café liégeois, son dessert favori. Quant à Jomo, il opta pour une pêche melba. Les deux époux dégustèrent lentement leurs plats de dessert, sous les yeux attentifs et mobiles du serveur qui se tenait immobile devant la porte, les bras croisés, tel un Bouddha. Quand ils eurent terminé, Jomo discrètement fit un signe du doigt en direction du serveur et celui-ci se dirigea immédiatement vers la caisse, d’où il apporta la facture. Jomo paya après avoir soigneusement vérifié les montants affichés sur la facture.
Les haut-parleurs du restaurant distillaient de la musique douce et les chansons d’amour, aux accents pétillants de la voix de Boncana Maïga, d’Angélique Kidjo, d’Alpha Blondy et de Julio Iglésias. Tout à coup, une chanson passait, filtrant des notes de musique langoureuse et mielleuse qui disaient quelque chose comme : « Te quiero… mi amor… mi querida… mi coraçón… ». Le peu de l’espagnole qui lui restait depuis le secondaire où il avait appris la langue de Don Quichotte, lui permit de deviner que cela voulait dire : « Je t’aime, mon amour, ma bien-aimée, mon cœur… ». Il y avait comme une ambiance caressante, sensuelle et lascive dans la salle, que Jomo imputa à cette musique. Au moment où le serveur s’éloignait vers la caissière pour prendre la monnaie, Josy remercia son mari d’un murmure et d’un regard ensorceleurs, appuyés par un sourire de satisfaction qui en disait long sur son état de bien-être. La musique n’était pas trop forte pour leur permettre de se faire des confidences à voix basse, sans que les voisins ne puissent les entendre.
Ne me remercie pas, rétorqua Jomo d’une voix douce et en souriant. C’est naturel, je ne fais que mon agréable devoir, en t’invitant au restaurant. Je me rends compte que c’est depuis longtemps que j’aurais dû le faire, en geste de félicitations pour la naissance de Nadia Anna. Maintenant elle a six mois. Mais quand on peut faire plaisir à une personne, surtout quand cette personne est sa femme, il n’est jamais tard. C’est pour cette raison que j’ai décidé de t’emmener dîner ce soir dans ce restaurant Chinois, le Golden Tulip. C’est un lieu super classe fréquenté par des gens qui aiment la bonne cuisine asiatique. Cette sortie est la première depuis que tu as accouché. Tu as bien mérité ce repas. De plus, c’est le dixième anniversaire de notre mariage que nous célébrons. C’est un événement à marquer d’une pierre blanche. Cela se fête. Dans l’ancien temps, chez nous au village, une femme qui accouchait avec succès, recevait en cadeau une pintade ou un coq, des mains de son beau-père et de chacun de ses maris (tous autant qu’ils étaient dans la grande famille : frères et cousins de l’époux). Avec cela, elle se faisait une bonne soupe tous les soirs dont elle se souvenait pendant longtemps. Ainsi, le plaisir du palais buccal pouvait lui faire oublier les douleurs de l’enfantement, pensaient nos ancêtres.
Entre temps, le serveur était venu déposer la monnaie sur la table. Quelques instants plus tard, après avoir pris le solde et laissé un gros pourboire, Jomo s’empara du berceau roulant dans lequel dormait leur bébé, Nadia Anna. Sa femme Josy le précédait vers la sortie. Le serveur tenait la porte ouverte. Il les remercia et eux se dirigèrent vers leur voiture.
Ayant solidement installé et fixé le berceau contenant le bébé sur la banquette arrière de la voiture, Jomo prit le volant et démarra. Josy, assise à côté de lui, était toute excitée. Le vin de table, le Bordeaux Saint-Emilion, ayant commencé faiblement à faire son effet sur elle au milieu du repas, continuait à agir de plus en plus fort et son action devenait de plus en plus irrésistible. Aussi s’enhardit-elle à poser sa main sur la cuisse de Jomo, pendant que ce dernier conduisait, l’attention concentrée sur la circulation. Il poussa un soupir complice et jeta un regard furtif et concupiscent sur sa partenaire. Un frisson de désir charnel lui parcourut le dos.
De la main droite, profitant d’un instant de répit dans le trafic au niveau d’un feu rouge, et sans quitter la route des yeux, Jomo répondit au geste amoureux et spontané de sa femme en lui prenant la main gauche encore occupée sur sa propre cuisse. Josy accentua sa pression en se penchant légèrement, et d’un geste lascif, elle posa sa tête sur l’épaule droite de son homme. Jomo était obligé de conduire plus prudemment et lentement à cause de la circulation devenue plus intense à cet endroit du centre-ville, appelé Décon, surtout la nuit durant le week-end. Mais il le faisait à contrecœur. Il aurait souhaité rouler plus vite pour arriver à la maison rapidement… et répondre aux invitations amoureuses de sa femme.
Cet endroit, situé sur le Boulevard Circulaire de la ville de Lomé, était connu comme étant l’un des quartier

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