CHAPITRE 1

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• Publié par: janine.jodeau
• Publié le: 07 janvier 2014
• Nombre de lectures: 27
• Langue: Français

Extrait

CHAPITRE 1

 L'histoire que je conte est aussi une histoire d'amour, banale, sordide diront même certains . Une histoire d'amour qui se résume à quelques rencontres avec un homme marié et à une correspondance pendant plusieurs années . Histoire qui continue à travers les yeux d'une enfant . Pas un seul jour, je n'ai revu le sourire creusant une fossette dans ses joues, ses mains longues aux doigts fins et sa démarche nonchalante . Ce qui peut paraître une aventure pareille à tant d'autres, marqua ma vie d'une grande rayée de soleil au moment justement où elle était plus difficile que jamais . Il était mon havre de paix qui me reposait de mes soucis, non qu'il m'aidât mais j'avais pour la première fois quelqu'un qui savait m'écouter .  La vie nous a séparés une première fois, brutalement, malgré la séparation qui dura trois années, le lien a tenu . Contre toute attente, tout espoir, nous nous sommes revus, nous avons continué à nous aimer, lui à l'Est, moi à l'Ouest . Mais la distance, la séparation, l'impatience, l'attente et le doute ; la vie impitoyable s'est acharnée comme l'érosion sur un roc bien solide finit par l'émousser.  Un jour, la distance s'est faite encore plus grande puisqu'il est reparti vivre dans son pays d'origine: Les Comores. Le découragement a eu raison de nous .Il lui a fallu lutter pour se refaire une situation et moi pour élever seule mes trois enfants . S'il ne nous était pas facile de nous déplacer d'Est en Ouest à cette époque où les voyages étaient chers et longs, un départ au bout du monde était une séparation définitive . Il m'a fallu faire le deuil . Il me fallait bien continuer à vivre, n'est-ce pas ?  J'ai classé dans un petit coin de mon coeur cet amour impossible, croyant l'oublier ... J'aurai pu me remarier mais j'ai mener de front ma vie, contournant les pièges qui mènent au mariage . Je crois qu'un petit coin de moi se disait : "Il est revenu trois ans après, revoir sa fille, il reviendra encore !"  Après deux divorces et ce grand amour comparable à un feu d'été qui ne peut s'éteindre, j'effaçai les mauvais souvenirs au tableau noir du passé, rangeai les bons : ceux de mon amour, comme des perles rares dans un écrin de velours rouge, écrin de mon coeur, les ressortant aux heures de nostalgie. Parce que j'étais jeune, je me chauffai à d'autres soleils : je continuai d'aimer, jamais à tort mais toujours de travers. J'aimai non seulement l'homme qui faisait battre mon cœur et frissonner ma chair, j'aimai et aidai mes amies dans l'embarras. J'aimai la petite vieille tristounette que je transportais, elle et son cafard, partageant en silence, le poids de sa peine trop lourde.  Issue d'une génération qui ne badine pas avec la morale, ceci tempère cela. Quant aux préjugés dont est bourrée notre société, je les rejette, ils m'ont trop fait souffrir....je préfère juger avec mon coeur.

 Mon existence n'est pas tellement différente de celle de ces milliers de gens que je côtoie journellement. Mon travail : chauffeur de bus me passionne ou m'assomme suivant l'humeur. Mes enfants : il me reste à charge Jean-Jacques et Angelina, le fruit de ma passion. Ils sont le centre, le but, la fierté de ma vie. Des enfants gentils, pas compliqués, sans histoire. Ma vie est assez mouvementée : le travail, la maison et de multiples activités. Ai-je assez de temps pour

eux ? Toujours par monts et par vaux, je cours.... Mon fils vit sa vie de jeune homme, je connais ses copains qui sont " bien". Sportif, il a lui même ses activités. Ma fille fréquente un jeune homme aussi studieux qu'elle, tous deux ne pense qu'à leur avenir. Pour eux, j'ai toujours évité qu'un homme s'installe chez nous: avec mon travail prenant et ma fille métisse devenue très tôt une magnifique jeune fille, ç'eut été introduire le loup dans la bergerie. Maintenant qu'ils sont grands, il m'arrive de penser que bientôt peut-être, je serai seule.  Justement, Serge, un ami de longue date vient me demander. Issue du même milieu culturel, partageant de nombreux centres d'intérêt, une certaine affection nous unissant, je ne peux m'empêcher de considérer sa demande assez favorablement. Mais Serge ne s'est pas toujours bien conduit par le passé et cela me reste à l'esprit. Que faire ?...