L'oeuvre romanesque de Léonora Miano

Alice Delphine Tang

Description

Ce livre, consacrée à l'oeuvre de Léonora Miano, se veut à la fois un hommage à une romancière confirmée et un texte de référence pour les chercheurs et tous ceux qui s'intéressent à sa production littéraire. Il rassemble des articles de chercheurs qui se sont intéressés à l'esthétique et à l'histoire des textes qui la composent. Ils posent ainsi un regard transversal et innovant dans le décryptage de ces textes, en tant que spécialistes des littératures francophones et du champ littéraire féminin.


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Sujets

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• Cameroun
• Littérature
• Afrique subsaharienne

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 15 septembre 2014
• Nombre de lectures: 81
• EAN13: 9782336356358
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Sous la direction d’Alice Delphine Tang

L’ŒUVRE ROMANESQUE DE LÉONORA MIANO

Fiction, mémoire et enjeux identitaires

Préface de MarieRose AbomoMaurin

L’œuvre romanesque de Léonora Miano

Sous la direction d’Alice Delphine Tang L’œuvre romanesque

de Léonora Miano

Fiction, mémoire et enjeux identitaires

Préface de Marie-Rose Abomo-Maurin

© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-04291-6 EAN : 9782343042916

Sommaire

Préface .................................................................................................................7

La force du féminin dansLa Saison de l’ombre(2013) Christiane CHAULET ACHOUR......................................................................17

Le sort des enfants de la postcolonie: « Suite Africaine » deLéonora Miano Valérie DUSAILLANT-FERNANDES.............................................................29

Femmes et hommes dans la micro-société d’Eku, ou l’écriture de l’éveil féminin dans l’Afrique des villages Marie-Rose ABOMO-MAURIN .......................................................................45

Le sens du clair- obscur dans les romans de Léonora MIANO Alice Delphine TANG .......................................................................................67

Apologue et/ou écriture romanesque dansde l’ombreLa saison de Léonora MIANO Pierrette BIDJOCKA FUMBA ..........................................................................81

Figures et voix du peuple dans lesAubes écarlatesde Léonora Miano Germain NYADA ..............................................................................................97

Paroles, Personnages subalternes et Nations postcoloniales chez Miano Trésor Simon YOASSI ....................................................................................113

Écriture de la folie dansL’intérieur de la nuitde Léonora Miano Nelly Ludwine MABICKAS BOUSSAMBA..................................................127

Entre « lutte » et « paix » : Violence et réhabilitation du corps féminin dans Contours du jour qui vient Jennifer MISRAN ............................................................................................141

Esthétique de la rupture dans la prose romanesque de Léonora Miano Guy Aurélien NDA’AH ...................................................................................155

La représentation de l’enfance fragmentée dansContours du jour qui vient de Léonora Miano Guedeyi Yaeneta HAYATOU .........................................................................173

La dialectique lutte/paix ou le rapport mère/fille dansjour quiContours du vientde Léonora Miano Augustine H. ASAAH .....................................................................................189

Sur les traces des rastafaris dansTels des astres éteintsde Léonora Miano : une (re)négociation identitaire marquée Christiane Félicité EWANE ESSOH, Amos KAMSU SOUOP TETCHA .....205

L’identité historique des personnages afropéens de Léonora Miano. Lamemoria de la diaspora africaine constructrice des récits et de leurs héros Marjolaine UNTER ECKER............................................................................227

L’écriture dansTels des astres éteintsde Léonora Miano: de la signifiance à la signification Sylvie Marie Berthe ONDOA NDO ................................................................245

Configurations idéologiques dans l’esthétique romanesque de Léonora MIANO : une lecture del’intérieur de la nuit Rosine PAKI SALE .........................................................................................261

Écriture romanesque, Musique et posture identitaireTels des astres éteintsde Léonora Miano Paul KANA NGUETSE...................................................................................279

Léonora MIANO ou la gynécocratie racontée dansLa Saison de l’ombre Patricia BISSA ENAMA .................................................................................291

Léonora Miano et espace afropéen : territoire physique, site virtuel et identités dansBlues pour Elise Sophia MIZOUNI ............................................................................................305

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Préface

L’œuvre romanesque de Leonora Miano : fiction, mémoire et enjeux identitaires, tel est le titre de l’ouvrage collectif que présente Alice Delphine Tang. Léonora Miano qui a publié, entre 2005 et 2013, plus d’une dizaine d’ouvrages et récolté de nombreux prix littéraires qui, ainsi que le montre sa 1 bibliographie , forcent l’admiration. Elle semble ainsi pressée de parler au monde, ce monde qui pour elle a également besoin de s’exprimer, de se livrer. Ainsi, elle a décidé de faire de la littérature une exploration des expériences des peuples de la région subsaharienne ainsi que des descendants des Africains désormais installés dans le continent américain, la mer des Caraïbes, questionnant, s’interrogeant. Rien de plus normal que cette littérature n’attire la reconnaissance des instances de légitimation. Rien de plus normal également que des chercheurs nationaux et internationaux adhèrent eux aussi à cet hommage qui est non seulement indispensable, mais qui met également en évidence la pertinence des sujets que porte Léonora Miano ainsi que des qualités de son écriture. Si l’on part du principe, ainsi que le confirment de nombreux contributeurs de cet ouvrage, que les romans de Miano relèvent de l’écriture postcoloniale, s’affiche également de manière visible que celle-ci s’intéresse au petit peuple, dans l’univers littéraire où l’on a l’habitude de s’attaquer principalement au pouvoir. Toutefois, Miano égratigne à sa façon les instances dirigeantes pour leur absence totale du théâtre des malheurs du peuple. La lecture des travaux réunis dans cet ouvrage montre la diversité des thèmes abordés ainsi que les 1 La saison de l'ombre,roman, Grasset, 2013 - Prix Femina 2013 et Grand Prix du Roman Métis 2013. Habiter la frontière, conférences, L'Arche Editeur, 2012. Ecrits pour la parole, théâtre, L'Arche Editeur, 2012 - Prix Seligmann contre le racisme, 2012. Ces Âmes chagrines, roman, Plon, 2011. Blues pour Elise, roman, Plon, 2010. Les Aubes écarlates, roman, Plon, 2009 - Trophée des arts afro-caribéens, 2010. Soulfood équatoriale, nouvelles, Nil, 2009 - Prix Eugénie Brazier (coup de cœur) 2009. Tels des astres éteints, roman, Plon, 2008. Afropean soul,nouvelles, Flammarion, 2008. Contours du jour qui vient, Plon, 2006 - Prix Goncourt des lycéens 2006, Prix de l'Excellence camerounaise 2007. L'Intérieur de la nuit, Plon, 2005 - Prix Louis Guilloux 2006, Prix René Fallet 2006, Prix Montalembert du premier roman de femme 2006, Prix Grinzane Cavour 2008 (pour la traduction italienne, catégorie : premier roman étranger). Ce roman est inscrit au programme scolaire camerounais depuis l'année 2010,pour les classes de seconde. Léonora Miano a reçu le Grand Prix Littéraire de l'Afrique Noire pour l'ensemble de son oeuvre, en 2012. http://www.leonoramiano.com/?page=biographie,ce 02/06/2014.

différentes facettes de l’écriture romanesque de Miano. Le présent ouvrage, riche de ses dix-huit chapitres qui correspondent aux travaux de dix-huit contributeurs, expose des sujets et thèmes divers, dont six principaux.

-L’être féminin Le sujet auquel on peut tout d’abord s’attendre, dès qu’il s’agit d’un roman écrit par une femme, est l’évocation de la femme. Le titre de Christiane 2 Chaulet-Achour (CCA) , « La Force du féminin dansLa Saison de l’ombre», dès le premier chapitre, impose cette orientation de la lecture de l’ouvrage. La célébration des femmes, dans leur héroïsme, pendant la traite négrière, donne tout son sens au roman dont le désir de lever le voile sur la mémoire de l’esclavage ne fait aucun doute. Pierrette Bidjocka Fumba (PBF) met également en évidence des faits de l’héroïsme féminin dans « Apologue et/ou écriture romanesque dans La Saison de l’ombre ». Elle précise : Par leur vaillance et leur pugnacité, certaines victimes des affres de la traite transatlantique ont bravé ‘‘monts et vaux’’, mues par leur affection maternelle. Ces héroïnes sont valablement représentées dans le texte de Miano par Eyabe et Ebeise. Avec finesse, la romancière leur rend hommage, à juste titre ; ces braves mères font partie de ceux qui n’ont pas sombré dans la résignation ou dans le défaitisme face à l’ombre ou la capture.

Cette bravoure des femmes qui se glisse d’un roman à l’autre et cette même force étaient déjà inscrites dans le premier romanL’Intérieur de la nuit, aptitudes qu’Abomo-Maurin Marie-Rose (AMMR) dévoile dans « Femmes et homme dans la micro-société d’Eku ou l’écriture de l’éveil féminin dans 3 l’Afrique des villages » . La prise de pouvoir des femmes prend sa source dans ces qualités jugées autrefois masculines, mais que les hommes ont désertées, obligeant les épouses à se substituer à eux. Cette passation d’autorité est ainsi palpable au cours du martyre nocturne d’Eku. Rosine Paki Salé (RPS), dans « Configurations idéologiques dans l’esthétique romanesque de Léonora Miano : une relecture deL’Intérieur de la nuit», revient sur cette répudiation de l’homme pour un retour à la gynécocratie, une notion qui cimente le propos de Patricia Bissa Enama dans « Léonora Miano ou la gynécocratie dansLa Saison de l’ombre». Les contributions qui composentL’œuvre romanesque de Leonora Miano : fiction, mémoire et enjeux identitairespourtant revenues sur le rejet de la sont femme et la misogynie dont elle est victime. « Entre lutte et paix : violence et réhabilitation du corps féminin dansContours du jour qui vient» de Jennifer Misran (JM) évoque les violences infligées aux corps de la femme. « Ces sévices, d’abord focalisés sur le corps de la petite fille, vont par la suite se 2 Cette contribution sera désormais signalée par les initiales de l’auteur (CCA), comme toutes les autres qui vont suivre. 3 L’Intérieur de la nuit, Paris, Plon, 2005.

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’’ transmettre’’ au corps féminin en général – véritable espace de torture – lorsque Musango sera témoin de viols perpétrés à l’égard de jeunes femmes désirant ’’faire l’Europe’’ ». L’impureté de la femme ayant été décrétée, il est impératif de recourir à « des séances de réarmement moral » (Miano, 2006 : 46) durant lesquelles leur corps est « nettoyé » selon divers rituels (physiques et/ou mystiques) ». Augustine H. Assah (AHA), dans « La dialectique lutte/paix ou le rapport mère/fille dansContours du jour qui vientde Léonora Miano », revient sur cette misogynie qui prend toute son ampleur dans le roman. Par cette forme de rejet, la réification de la femme se fait systématique, sans pour autant que soit revendiquée la disparition totale du féminin, sans lequel rien ne serait plus possible. Les malheurs de la femme, souvent oubliés par l’Histoire, s’installent au cours de la traite négrière : ce que confirme la lecture du dernier roman de Miano par Patricia Bissa Enama (PBE). « Léonora Miano ou la gynécocratie dansLa Saison de l’ombre» interroge les silences et les non-dits de l’Histoire, surtout le sort des femmes non déportées sur lesquelles les récits ont mis un voile opaque.

La thématique de l’être féminin ouvre un autre pan tout aussi dramatique : il s’agit de la relation difficile, conflictuelle entre la mère et la fille. Cette problématique, surtout concentrée dans le second roman de Miano,Contours du jour qui vient, est mise en exergue par Jennifer Misran, Augustine H. Asaah et dans « La représentation de l’enfance fragmentée dansContours du jour qui vient» de Guedeyi Yaeneta Hayatou (GTH). S’il est vrai que le roman exploite la thématique de la violence faite aux enfants et de la maltraitance, dans cet environnement de malheurs et de cruauté, l’accent est mis sur la violence et les humiliations qui sont du fait d’une mère que l’enfant ne va pourtant pas cesser de chercher tout au long de l’intrigue. Cette image peu connue de la femme en littérature écrite, celle de la mère-bourreau, dont le portrait sadique inquiète le lecteur, discrédite profondément l’être féminin.

-L’Histoire de l’Afrique : la traite des esclaves et la colonisation Le roman africain évoque rarement cette époque de l’histoire africaine, comme si, une fois partis dans les conditions les plus humiliantes et les plus inhumaines, ces enfants, ces Africains, n’intéressaient plus la terre africaine. Le récit de Miano questionne l’histoire, interroge la mémoire. Pour Christiane Chaulet-Achour, si le dernier roman de Miano se lit comme un récit initiatique dans lequel des traces épiques sont aisément repérables, le désir de lever le voile sur la mémoire africaine, en ce qui concerne l’esclavage, est également évident, autant qu’est perceptible ce désir de classer le trafic triangulaire parmi les crimes contre l’humanité. Dans « Apologue et/ou écriture romanesque dansLa Saison de l’ombre» (PBF), « la rhétorique de la mémoration », l’installation de la mémoire au cœur du roman, la soumission de la romancière elle-même au

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