Sylvare et Arbolie
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Description

Un mégot froid posé sur un cendrier embaume la pièce de son odeur rauque. Nous sommes dans un café. Le genre de troquet parisien qui empeste le houblon, la sueur et la gerbe.

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Publié le 24 juillet 2013
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Un mégot froid posé sur un cendrier embaume la pièce de son odeur rauque. Nous sommes dans un café. Le genre de troquet parisien qui empeste le houblon, la sueur et la gerbe. Les clients, ramassés contre les murs, arborent de tristes sourires. Le type de sourire glacial qui ne se détachera jamais vraiment de leurs sales tronches fatiguées. Un sourire forcé, sculpté depuis longtemps dans leurs traits, qui trahit la lutte constante de leur corps sur leurs esprits perdus, imbibés des alcools les moins purs quon puisse se mettre derrière la casquette. Les dernières miettes despoir sont époussetées de leurs grosses bedaines, tendues par la bière, de leurs lourdes mains abimées, qui puent encore la mouille des putes qui daignent les recevoir dans leurs palais charnels. Quelques pervers de plus pour remplir la fosse qui nous attend tous, à lextérieur.
Ce monde est gris, perfide. Je crache un glaviot sanguinolent sur le plancher. Ma peau seffrite sous les coups répétés du temps qui passe. Je reste poussière, comme le déchet que je suis.
Comme figés dans le temps et l'espace, les hommes meurent et renaissent sans cesse ; à mesure que leurs verres se vident, se remplissent et se vident encore. Ce vide, c'est moi. J'aspire à la beauté mais je ne peux me linterpréter autrement que par le dégout de la perfection. Jaime la saleté de lhomme, sa perversité et sa haine. J'ai le verre facile et la syllabe qui démange. Mais ce n'est rien sans la passion, la force dâme, le courage et la rage. Et je suis faible et je me ratatine sur ma chaise. Lair perdu, lâme fatiguée, les yeux qui suintent des larmes sèches.
Je serre les dents.
Je crois que je vais claquer. Un jour... Peut être demain ? Non. Oui. Je suisdéjàmort.
J'ai froid et mon stylo est tombé en panne. Alors, je me rappelle. Je me rappelle Arbolie, délicieuse femme. Et je me rappelle Sylvare. Et eux nont jamais existé quà travers moi, en moi. Je suis Sylvare et Arbolie, ils sont ma rédemption, mon espoir. Depuis longtemps décharné.
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