• L'hépatite Aest devenue moins fréquente. Son incidence actuelle est d'environ 10 000 nouveaux cas par an. Elle atteintaujourd'hui plus souvent l'adulte chez qui elle est plus grave.
Leshépatitesvirales
Texte de synthèse
Une discipline à caractère transversal
Epidémiologie
• L'hépatite Ba une incidence d'environ 10 pour 100 000 habitants. Elle expose au risque d'hépatite fulminante et d'hépatitechronique, à l'origine de cirrhoses et de carcinomes hépatocellulaires.
• L'hépatite Ca une prévalence de 1 % chez l'adulte, soit 500 000 à 600 000 sujets atteints. Elle affecte particu-lièrement leshommes entre 30 et 40 ans. Le principal mode de contamination actuel est la toxicomanie intraveineuse, mais divers autres modesde contamination sont possibles dont la transmission nosocomiale. Une hépatite chronique survient chez 80 % des maladescontaminés ; elle conduira à une cirrhose chez 20 % d'entre eux en 20 ans. La mortalitéest liée aux complications de la cirrhose,notamment le carcinome hépatocellulaire. L'incidence de ces complications va augmenter dans les années à venir, aggravant descoûts directs et indirects déjà élevés.
Lapathologiealcooliquedufoie
Les cirrhoses sont à l'origine d'environ 8 500 à 9 000 décès par an et sont en France pour la majoritéd'entre elles en relation avecune consommation excessive d'alcool. Les pathologies organiques directement liées à l'alcoolisme représentent un coût de 6,7milliards de francs par an.
Lescancersdigestifsetlescancersdufoie
Cinquante-cinq mille nouveaux cancers digestifs et du foie sont diagnostiqués chaque année (25 % de l'ensemble des cancers).Ces cancers sont responsables de 40 000 décès. L'incidence du cancer colorectal était en 1995 de 33 405 nouveaux cas (60 %des cancers digestifs) ; elle était de 7 310, 4 430 et 3 300 respectivement pour le cancer de l'estomac, de l'œsophage et dupancréas. L'incidence du cancer colorectal a beaucoup augmenté(+ 34 % en 20 ans)
et celle du cancer du pancréas plus modérément. L'incidence du cancer du foie est également en augmentation. À l'inverse,l'incidence des cancers de l'estomac et de l'œsophage a diminuéde 25 et 19 %, respectivement.
On peut estimer à 200 000 le nombre de personnes qui sont ou ont étéatteintes d'un cancer colorectal. Des facteurs favorisantscommencent à être connus, qui pourraient déboucher sur une prévention primaire. Le dépistage généraliséet organisépermet deréduire la mortalitédu cancer colorectal et, par la détection des adénomes, proba-blement son incidence. Selon les donnéeseuropéennes EUROCARE, la France a l'un des meilleurs taux de survie pour ces cancers. Cela témoigne de la qualitédu systèmede santéet de l'accès aux soins. Le pronostic des cancers colorectaux reste pourtant médiocre.
Le coût direct estimédes cancers digestifs est de 15 à 20 milliards de francs par an.
Lesulcèresgastroduodénauxs
Ils ont beaucoup diminué. Environ 96 000 ulcères gastro-duodénaux ont étéobservés en endoscopie en 1998, soit environ 5 foismoins que dans les années 1970-1980. L'origine infectieuse(Helicobacter pylori)explique cette dimi-nution de fréquence du fait del'amélioration des conditions d'hygiène et de l'éradication de la bactérie. Le recours à la chirurgie est devenu exceptionnel.L'incidence des complications (hémorragies digestives et perforations) reste encore élevée, en partie du fait de l'augmentation desulcères médicamenteux.
Lesmaladiesinflammatoireschroniquesdel'intestin
Leur incidence est de 5,6 pour la maladie de Crohn et 3,5 pour la rectocolite hémorragique pour 100 000. Leur prévalence aaugmenté, car ces maladies sont observées tôt dans la vie et évoluent sur de longues années. Leur retentissement sur la viepersonnelle et sociale est souvent très important et leurs coûts directs sont élevés : 7 800 francs par an (passant à 72 000 francsen cas d'hospitalisation pour une maladie de Crohn, par exemple).
Lesmaladiesdupancréas
La pancréatite chronique est d'origine alcoolique dans 86 % des cas. Son incidence est de 4,7 pour 100 000. L'incidence de lapancréatite aiguë est de 22 pour 100 000. Ces deux pathologies induisent respectivement 8 000 et 16 000 hospitalisations par an.L'âge médian des malades est de 45 ans.
Les maladies à fort retentissement sur la qualité de vie
LalithiasebiliaireElle concerne 20 % de la population. Les complications surviennent dans 1 cas sur 5, soit 4 % de la population. En 1998, lediagnostic de lithiase biliaire a étéportéchez 103 186 malades hospitalisés ; 70 574 complications ont étérépertoriées, dontcertaines sévères, telle l'angiocholite (5 400 cas) et la pancréatite aiguë (4 500 cas). Le coût est liéà l'hospitalisation. Lestraitements coelioscopiques et endoscopiques constituent un progrès majeur. La lithiase biliaire verra pourtant sa morbiditéet samortalitéaugmenter avec le vieillissement (55 % des complications survien-nent après 70 ans).Lerefluxgastro-œsophagienCette pathologie est très fréquente : 15 à 20 % de la population ont des symptômes de reflux gastro-œsophagien au moins une foispar semaine, et4à7 % quotidiennement. Il s'agit 2 fois sur 3 d'une affection chronique dont les complications sont rares, mais quireprésente un facteur de risque reconnu d'adénocarcinome de l'œsophage et du cardia. Sa grande fréquence, son retentissementsur la qualitéde vie et son impact économique en font un réel problème de santé.LestroublesfonctionnelsdigestifsLeur prévalence est très élevée : 15 à 20 % de la population pour la dyspepsie fonctionnelle (avec une proportion élevée de recoursaux soins) et 20 % pour les troubles fonctionnels intestinaux (recours aux soins dans un quart des cas). Leur incidence augmente.Leur coût a étécalculédans les formes les plus symptomatiques (4 % de la popula-tion) : il est, par mois, de 471 francs pour lescoûts directs et de 99 francs pour les coûts indirects. De façon étonnante, alors que ces troubles fonctionnels sont réputés bénins,l'altération de la qualitéde vie est comparable à celle des états dépressifs et plus importante que celle du diabète et même del'infarctus du myocarde.LaproctologieLa pathologie hémorroïdaire a une prévalence de 13 à 14 %. Les autres atteintes rectales (fissures, suppurations, troubles de lastatique pelvienne, prolapsus, rectites) sont à l'origine d'une symptomatologie douloureuse plus ou moins chronique. L'incontinencefécale est un handicap fréquent chez les personnes âgées, en institution particuliè-rement. Les services rendus en proctologie sontimportants au plan du confort et de l'éducation du malade.LesdiarrhéesaiguësChaque année, un Français sur 20 consulte un médecin généraliste pour cette raison. Les diarrhées aiguës sont le plus souventd'origine infectieuse et entraînent des coûts indirects importants en raison des arrêts de travail : 30 % des malades qui consultentont un arrêt de travail d'une durée moyenne de 3 jours.Trois pôles d'activité majeurs en épidémiologie hospitalièreL'alcoologieCinq à 6 millions de Français sont des consommateurs d'alcool à risque et 1,5 à 2 millions sont des sujets alcoolo-dépendants. Sur85 287 décès avant 65 ans, 42 963 sont liés à l'alcool. Le nombre des consommateurs à risque est largement sous-diagnostiqué, ycompris en milieu hospitalier.L'hépato-gastroentérologue hospitalier est en première ligne en alcoologie car l'hospitalisation des sujets alcooliques se faitdavantage en médecine qu'en psychiatrie et de façon prédominante dans les services d'hépato-gastroentérologie. De nombreusespathologies digestives et hépatiques sont dues à, ou aggravées par, l'alcool : cirrhoses, pancréatites, hépatites et cancers.L'alcoolisme est aussi une cause fréquente d'hospitalisation en hépato-gastroentérologie dans les hôpitaux publics (ivresse,sevrage, troubles neuro-psychiatriques aigus).Les actions de prévention sont encore insuffisamment développées. L'identification des consommateurs à risque doit être plussystématique dans les consultations libérales ou hospitalières, et le suivi développéen relation avec le médecin généraliste. Il estdémontréque le simple conseil peut efficacement réduire une consommation excessive. Les malades alcoolo-dépendants devraientêtre pris en charge par des équipes d'alcoologie de liaison, en renforçant l'action des hépato-gastroentérologues hospitaliers, et enrendant vraiment opérationnels les réseaux de soins ville-hôpital. Ces réseaux sont indispensables à une prise en charge globaledans le concept plus général des addictologies. Un effort de formation doit accompagner les actions mises en place ces dernièresannées.