MILLER et Autisme/ La psychanalyse en procès & Pour la défense des droits des autistes
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MILLER et Autisme/ La psychanalyse en procès & Pour la défense des droits des autistes

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Description


Je crois que la parole, sur la question de la psychanalyse, n'est pas assez donnée aux analysants Je suis venu au fil du temps à m'autoriser à parler et à voir ma vie un peu d'une autre manière. Moins absurde ? Pleine d'expériences que je peux tenter, pour moi, avec d'autres, les autres, que j'ai découverts aussi au fil de cette analyse. Je parle, je peux parler, nous pouvons échanger. Ca n'est pas rien. Aujourd'hui, je m'appuie sur la profondeur de cette exploration comme d'une richesse dans laquelle je puise. Dans le cas de maladie telle que l'autisme, peut-être n'est-ce pas suffisant, et beaucoup de praticiens, je crois, ont déjà des approches multiples.
  [Moins]

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Langue Français

Extrait

Conférence au Lutétia
L’autisme a reçu du gouvernement le label « Grande cause nationale 2012 ». Depuis lors, des associations de parents d’enfants autistes mènent grand tapage sur le thème : « La guerre est déclarée à la psychanalyse ». Un député UMP a déposé une proposition de loi visant à interdire la psychanalyse dans le traitement de l’autisme, tandis qu’un Ilm a été diFusé, qui prétend mettre en évidence l’infamie de ses praticiens.
La HAS – Haute Autorité de Santé — a été sommée de bannir la psychanalyse de la liste des « bonnes pratiques » relatives à l’autisme. Des médias moutonniers ont fait écho de cette tentative de proscription publique d’une discipline que l’on pouvait croire reconnue et honorable. Bref, une atmosphère de « croisade » et de « chasse aux sorcières ».
L’Université populaire Jacques-Lacan a voulu étudier posément ce phénomène d’opinion, et le contrarier en faisant entendre d’autres voix. Son ïnstitut de l’Enfant a réuni dimanche dernier, 4 mars, une « conférence de presse » à l’hôtel Lutétia. Cette réunion, qui a duré 3 heures, a été intégralement Ilmée par l’équipe de La Règle du jeu ; elle donnera lieu à une publication — Jacques-Alain Miller
La vidéo de la conférence de presse de ce dimanche 4 mars au Lutétia
http://laregledujeu.org/2012/03/07/9189/autisme-et-psychanalyse/
Avec : Agnès Aalo, psychiatre et psychanalyste, médecin-chef du CMP de Bagnolet
Guy Briole, professeur, ancien chef du Service de Psychiatrie de l’Hôpital du Val-de-Grâce, Président de l’Association des Agrégés de l’École du Val-de-Grâce
Kristell Jeannot, secrétaire générale de Lacan quotidien
Éric Laurent, psychanalyste, ex-président de l’AMP, enseignant à la Section clinique de SaintDenis
Jean-Claude Maleval, professeur de psychopathologie à Rennes 2
Jacques-Alain Miller, psychanalyste, écrivain et l’un des fondateurs de l’École de la Cause reudienne
Corinne Rezki, psychiatre, praticien hospitalier aux unités hospitalières pour enfants et adolescents du Clos Bénard
Alexandre Stevens, psychiatre, Directeur thérapeutique du Courtil, Tournai, enseignant à la ormation continue de l’Université Libre de Bruxelles
réactions
Dans cet article: Autisme : une mise en garde contre la méthode ABA et la psychanalyse. Le Monde.fr | 15.03.12 | 11h15 Le Français Laurent Mottron, psychiatre et chercheur en neurosciences cognitives résidant au Québec, est directeur scientiIque du Centre d’excellence en troubles envahissants du développement de l’Université de Montréal (Cetedum). ïl est considéré comme un des vrais plus grands spécialistes de l’autisme de la francophonie et cela est incontestable. Paroles textuelles non déformées: Alors que pour moi, la psychanalyse n’a rien à dire ni à faire avec l’autisme. La psychanalyse est une croyance, une pratique qui doit rester limitée à un rapport entre adultes consentants. On doit la sortir du soin, des enfants en particulier (et pas seulement de l’autisme). Je suis parti au Canada pour fuir cela il y a vingt ans. ïl est par contre réservé et critique à l’égard d’une utilisation à outrance de la méthode ABA. Tout cela pour dire que le discours des psychanalystes français visant encore à imposer leur psychanalyse dans l’autisme est hors-jeu.
« Une femme tombée entre les mains des psychanalystes devient déInitivement impropre à tout usage, je l’ai maintes fois constaté. Ce phénomène ne doit pas être considéré comme un eet secondaire de la psychanalyse, mais bel et bien comme son but principal. Sous couvert de reconstruction du moi, les psychanalystes procèdent en réalité à une scandaleuse destruction de l’être humain. ïnnocence, générosité, pureté… tout cela est rapidement broyé entre leurs mains grossières. Les psychanalystes, grassement rémunérés, prétentieux et stupides, anéantissent déInitivement chez leurs soi-disant patientes toute aptitude à l’amour, aussi bien mental que physique ; ils se comportent en fait en véritables ennemis de l’humanité. ïmpitoyable école d’égoîsme, la psychanalyse s’attaque avec le plus grand cynisme à de braves Illes un peu paumées pour les transformer en d’ignobles pétasses, d’un égocentrisme délirant, qui ne peuvent plus susciter qu’un légitime dégoût. ïl ne faut accorder aucune conIance, en aucun cas, à une femme passé entre les mains des psychanalystes. Mesquinerie, égoîsme, sottise arrogante, absence complète de sens moral, incapacité chronique d’aimer : voilà le portrait exhaustif d’une femme analysée. »
Michel Houellebecq, Extension du Domaine de la Lutte
Pour la défense des droits des autistes
Dimanche 11 mars 2012
10 ans de science et de liberté d'expression face à la psychanalyse
 Article écrit par KOllectif7Janvier
2002
Jacques Bénesteau publie Mensonges freudiens : histoire d'une désinformation séculaire en Belgique suite au refus de 14 éditeurs français. Ce résultat d'un travail de recherche colossal qui s'appuie sur plus de 730 éléments de référence est ignoré par la grande presse littéraire française mais recevra pourtant en mars 2003 le prix de la société française d'histoire de la médecine (SHM). Cet évènement sera suivi de plusieurs critiques d'Elisabeth Roudinesco, notamment une sous la forme d'un article dans Les Temps Modernes intitulé "Le club de l'Horloge et la psychanalyse : chronique d'un antisémitisme masqué" pour lequel Bénesteau lui intentera un procès en diFamation. Les juges ne sauront pas se prononcer sur le fond en raison de propos de l'accusée qu'ils jugeront insuîsamment précis : la procédure sera alors considérée comme juridiquement nulle. Ceci sera considéré comme une victoire par de nombreux psychanalystes et une bonne partie de la presse française.
2003, le 8 octobre
L'amendement proposé par le député et médecin Bernard Accoyer est adopté à l'unanimité par l'Assemblée Nationale. Celui-ci vise à réglementer l'usage du titre de psychothérapeute, et notamment à le limiter aux médecins et aux psychologues. Après plusieurs révisions, cet amendement devient la loi du 9 août 2004 qui dispose que la liste des personnes habilitées est étendue aux psychanalystes, alors que le titre de psychanalyste n'est protégé par aucun diplôme. Le décret ne paratra que le 9 Juin 2010, soit : 6 ans plus tard et permettra l'inscription au registre national des psychothérapeutes sous condition d'une formation théorique et pratique de psychopathologie. De cette formation seront partiellement dispensés les psychanalystes, à condition d’être inscrits dans une société de psychanalyse et d’avoir un master de psychologie ou l’équivalent, et ce malgré la non réglementation de leur titre.
2004, le 26 février
L'expertise collective de l'ïNSERM intitulée "Psychothérapies : trois approches évaluées" est rendue publique, trois ans après avoir été demandée par la Direction Générale de la Santé et deux associations de patients (UNAAM et NAPSY). Les résultats sont en défaveur de la psychanalyse dont l'eîcacité se révèle notamment inférieure à celle des thérapies cognitives et comportementales. ïnvité par Jacques-Alain Miller au septième forum des psys qui se tient le 5 février 2005, le Ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy annonce que le rapport sera retiré du site oîciel du Ministère de la Santé et que les psychanalystes n'en entendront plus parler. ïl sera toutefois maintenu sur le site de l'ïNSERM, puis traduit en anglais et connaitra un succès inespéré.
2005, le 1er Septembre
Un collectif de spécialistes de la psychanalyse (historiens, philosophes, psychiatres etc.) de dix nationalités diFérentes dirigés par Catherine Meyer publie Le livre noir de la psychanalyse : vivre, penser et aller mieux sans reud, un ouvrage critique destiné au grand public et dont les récits sont solidement étayés par des démonstrations et des preuves vériIables. Le jour même de sa sortie, Le Nouvel Observateur propose un dossier intitulé "aut-il en Inir avec la psychanalyse ?". Son rédacteur en chef rançois JoFrin déclarera par la suite qu'Elisabeth Roudinesco l'avait encouragé à "passer sous silence cet ouvrage", à "remplacer les extraits prévus par un long entretien avec elle", qu'elle
avait refusé de débattre avec un quelconque auteur de ce livre qu'elle considérait comme "politiquement louche" et "à la limite de l'antisémitisme". Elle Inira par reconnatre que l'ouvrage "n'avait aucune trace d'antisémitisme et qu'il pouvait aller au débat". Le livre noir se vendra à 50 000 exemplaires et sera traduit en chinois, en espagnol, en grec, en italien et en portugais (Brésil).
2010, Avril
Michel Onfray publie Le crépuscule d'une idole, l'aFabulation freudienne, un ouvrage critique rigoureux dans lequel il expose la religiosité psychanalytique et l'échec de reud à constituer la science "dure" à laquelle il aspirait. L'auteur aîrmera avoir été la cible d'insultes plus ou moins directes proférés dans les médias par les principaux représentants du mouvement psychanalytique : nazi, vichyste, pétainiste, compagnon de route des négationnistes, révisionniste, antisémite, défenseur de l'idéologie de l'extrême droite française, Ils d’une femme de ménage racontant des ragots de femme de ménage sur la vie privée de reud… ïl accusera par ailleurs publiquement Elisabeth Roudinesco d’avoir passé un coup de Il au Président de la Région Normandie aIn qu'il réduise, voire qu'il supprime les subventions du Conseil Régional à l’Université Populaire de Caen, créée et animée par le philosophe. Quelque mois plus tard, par l'intermédiaire d'une lettre ouverte adressée aux responsable de rance Culture, un collectif de psychanalystes et d'enseignants demande l'interruption de la diFusion des conférences de Michel Onfray et qu'il soit mis In au contrat qui le lie à la radio. Ceci n'empêchera pas le livre de se vendre à environ 100 000 exemplaires.
2011, Septembre
Après 4 ans d'enquête (45 interviews dont 27 Ilmées), Sophie Robert dévoile son documentaire Le Mur : la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme dans lequel les psychanalystes sont invités à expliquer leurs théories et leurs pratiques en matière d'autisme. Estimant que leurs
propos et leurs pensées ont été dénaturés, trois d'entre eux demanderont et obtiendront la saisie des rushes du Ilm avant d'assigner Sophie Robert en justice et de réclamer l'interdiction du Ilm ainsi que des dommages et intérêts s'élevant à 290 000 euro. Le 26 janvier 2012, Sophie Robert sera condamnée par le tribunal de grande instance de Lille pour "atteinte à l'image et à la réputation" de ces trois psychanalystes. Elle devra retirer du Ilm les interviews incriminées et payer 36 000 euro aux plaignants ainsi qu'une astreinte de 100 euro par jour en attendant la procédure d'appel. Le Ilm connaitra par ailleurs un succès notable à l'étranger et sera présenté lors d'un congrès ABA à Philadelphie.
2012, le 13 février
Un journaliste de Libération se procure le rapport à paratre de la Haute Autorité de Santé sur les recommandations de bonne pratique dans la prise en charge de l'autisme. Le journal dévoile que les interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle sont classées dans la catégorie des "interventions non recommandées ou non consensuelles". Quelques semaines plus tard, après des négociations entre la HAS et des psychanalystes, la version déInitive du rapport considère seulement ces approches comme "non consensuelles". Si les médias estiment qu'il s'agit d'une défaite historique pour les psychanalystes, les associations de parents devront continuer à lutter aIn que les pratiques les plus adaptées soient mises en place dans le milieu scolaire.
Jacques Bénesteau. Mensonges freudiens : histoire d'une désinformation séculaire. Mardaga, 2002.
O. Canceil, J. Cottraux, B. alissard, M. lament, J. Miermont, J. Swendsen, M. Teherani, J.M. Thurin. ïNSERM, Psychothérapie : trois approches évaluées, expertise collective, ïNSERM, 2004. URL :http://www.inserm.fr/content/download/1420/13020/Ile/psychothe rapie_synthese
M. Borch-Jacobsen, J. Cottraux, D. Pleux, J. Van Rillaer, Le Livre noir de la psychanalyse : vivre, penser et aller mieux sans reud, ouvrage collectif sous la direction de Catherine Meyer, Paris, Les Arènes, 2005.
Romina Bianco et Esteve reixa i Baqué. "Elisabeth Roudinesco ou comment utiliser les médias pour discréditer les opposants à la théorie freudienne". Les cahiers psychologie politique [En ligne], numéro 11, Juillet 2007. URL :http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php? id=622
Michel Onfray. Le crépuscule d'une idole, l'aFabulation freudienne. Grasset, avril 2010.
Michel Onfray. "Roudinesco sur Onfray". Les ressorts du divan, 17 avril 2010. URL :http://onfray.over-blog.com/article-roudinesco-sur-onfray-48805922.html
Michel Onfray. La bêtise ne prend pas de vacances. Les ressorts du divan, 21 juillet 2010. URL :http://onfray.over-blog.com/article-la-betise-ne-prend-pas-de-vacances-54264098.html
Science & pseudo-sciences, Hors série "Psychanalyse : les dessous du divan". AïS, n° 293, décembre 2010.
Esteve reixa i Baqué. "Le pouvoir (pas le moins du monde occulte) des psychanalystes". Science & pseudo-sciences [En ligne], n° 293, hors-série Psychanalyse, décembre 2010. URL :http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1540
Tribunal de grande instance de Lille. Ordonnance du jugement du 26 janvier 2012 condamnant Sophie Robert. URL :http://www.autistessansfrontieres.com/lemur-site-oîciel.php
Eric avereau. Autisme : les psys réduits au silence. Libération, 13 février 2012, URL :http://www.liberation.fr/societe/01012389570-autisme-les-psys-reduits-au-silence
Aude Lorriaux. Autisme : le packing condamné par la Haute Autorité de la santé. Le Huîngton Post, le 08 mars 2012. URL :http://www.huîngtonpost.fr/2012/03/07/autisme-le-packing-interdit_n_1327493.html
Autisme : la psychanalyse en procès
Par ELïSABETH ROUDïNESCO Historienne de la psychanalyse, directrice de recherches (HDR) université de Paris-Vïï
Grande cause nationale pour l’année 2012, l’autisme est désormais l’enjeu d’une guerre politico-juridique qui oppose des associations de parents à la communauté des psychiatres, psychanalystes et pédiatres, attachés à une approche psychique de la maladie au détriment de son traitement éducatif. Réalisatrice d’un documentaire hostile à la psychanalyse(le Mur),Sophie Robert a été assignée en justice (Libédu 8 décembre) puis condamnée, le 26 janvier (Libédu 27 janvier), pour avoir Ilmé des praticiens connus pour leur adhésion à une psychologie œdipienne de bazar selon laquelle la sacro-sainte «loi du père» serait le seul rempart contre une prétendue folie universelle des mères «crocodiles», par essence «incestueuses», «fusionnelles», «froides», «dépressives» et incapables «d’expulser de leur corps le rejeton qu’elles n’auraient jamais désiré».
On connat cette vulgate caractéristique d’une certaine frange de psychanalystes qui, au nom de cette même loi du père s’est opposée depuis des lustres aux homosexuels désireux d’adopter des enfants et aux nouvelles pratiques de procréation assistée. Après des années de refus de prendre en compte l’évolution des mœurs et les progrès de la science, voilà que ces praticiens, qui ne représentent plus qu’eux-mêmes - et en aucun cas l’ensemble des cliniciens qui s’occupent des enfants en souFrance et de leurs familles -, sont à leur tour frappés par la foudre de la loi en la personne d’un député UMP du Pas-de-Calais, Daniel asquelle, qui s’apprête à déposer devant le Parlement une proposition de loi visant à abolir toute approche psychanalytique dans l’accompagnement des enfants autistes. On croit rêver !
Dans cette guerre, chacun est convaincu de détenir la solution miracle pour soigner l’autisme, maladie aux visages multiples (quatre enfants sur mille) qui touche principalement les garçons. Sans doute est-elle, de l’aveu même des meilleurs chercheurs en biologie, Jean-Claude Ameisen, Bertrand Jordan et bien d’autres, à la fois neurologique et psychique plutôt que franchement génétique ? Toujours est-il que les adeptes fanatiques de la causalité organique stigmatisent le malheureux Sigmund reud en accablant toute la psychanalyse - depuis
ses origines viennoises jusqu’à nos jours - tandis que les partisans tout aussi fanatiques de la causalité psychique s’en réclament en accusant les parents : mauvaises mères, mauvais pères, piètres familles… Objet depuis un siècle de toutes les calomnies possibles - mais aussi de toutes les appropriations dogmatiques -, reud n’a pourtant jamais parlé d’autisme.
Que s’est-il donc passé en rance pour qu’on en arrive à une situation aussi désastreuse et aussi peu conforme à la raison et à la science ? C’est au psychiatre suisse, Eugen Bleuler, fondateur de la clinique du Burghölzli de Zurich que l’on doit, en 1907, l’invention du terme pour désigner un repli précoce du sujet sur un monde intérieur et une absence de contact avec l’extérieur pouvant aller jusqu’au mutisme et à l’automutilation. Ainsi décrit, l’autisme fut assimilé à une psychose (folie) infantile et c’est à partir de cette déInition que se construisit la clinique d’inspiration psychanalytique, consistant à regarder tout patient comme un être humain, immergé dans le langage : la maladie n’est pas séparable du sujet qui en est atteint.
D’où une prise en charge globale de la famille et des enfants au détriment d’une description froide d’un syndrome isolé de toute vie subjective. De Bruno Bettelheim, immigré viennois, déporté à Buchenwald et fondateur en 1944 de l’école orthogénique de Chicago, qui comparait l’autisme à une«situation extrême»et son syndrome à une«forteresse vide»,à rances Tustin en passant par Margaret Mahler, Donald W. Winnicott, Jenny Aubry, l’approche psychanalytique des enfants autistes et psychotiques visèrent à les extirper d’un destin asilaire. En 1943, le psychiatre américain Leo Kanner, originaire de l’Empire austro-hongrois, transforma l’approche de l’autisme en la distinguant de la schizophrénie et donc de la psychose, tout en évoluant vers une explication de type organique. L’année suivante, Hans Asperger, pédiatre viennois, qui avait été lui-même atteint dans son enfance, décrivit une nouvelle forme d’autisme dite de «haut niveau» caractérisée par une absence d’altération du langage et une capacité de mémorisation exceptionnelle comme en témoigne le IlmRain Man(1988).
A partir des années 1980, on identiIa des autismes et non plus une entité unique : celui des enfants mutiques et violents, celui des petits génies surdoués, capables de témoigner de leur univers intérieur à travers des livres, celui enIn des enfants qui parlent, tout en adoptant des attitudes énigmatiques. Une approche multiple, la meilleure à ce jour, s’imposa alors : réexion psychanalytique, techniques éducatives
et, dans des cas très graves,packing(enveloppement de l’enfant dans des linges mouillés). L’évolution de la psychiatrie mondiale vers une classiIcation comportementale, d’où était évacuée l’idée de subjectivité, eut pour conséquence de faire entrer l’autisme dans la catégorie d’un trouble d’envahissement du développement (TED) tellement élargi qu’un enfant sur 150 en serait atteint. A l’évidence, cette évolution était liée au changement des critères diagnostiques beaucoup plus qu’à une «épidémie». Quant aux parents, lassés de s’interroger sur leur statut de bon ou de mauvais géniteur et convaincus que la psychanalyse était responsables des dérives de certains de ses héritiers, ils se tournèrent vers des techniques de conditionnement visant à démutiser l’enfant dans un cadre faisant appel à son initiative. Aussi bien celui-ci est-il «récompensé» à chaque progrès (par une sucrerie) et «puni» par une sanction à chaque recul. D’où la guerre désolante à laquelle on assiste, puisque des praticiens éminents, comme le pédopsychiatre Pierre Delion (CHU de Lille) partisan d’une approche multiple, soutenue d’ailleurs par des associations de parents, est devenu, comme d’autres cliniciens parfaitement respectables, la principale victime d’une campagne de calomnies orchestrée par les adeptes d’un antifreudisme radical.
«Nous avons cherché l’ennemi et nous l’avons trouvé en nous»,disait Stanley Kubrick. Les psychanalystes devraient rééchir à ce jugement. A force de repli sur eux-mêmes, ne sont-ils pas devenus, comme le redoutait reud, les ennemis de la psychanalyse ?
Autisme: quand les psychanalystes font mur
ParCixi
A n'en pas douter, Sophie Robert savait que son documentaire «Le Mur ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme»n'allait pas être accueilli cordialement par la congrégation des psychanalystes français. Mais de là à tâcher d'en faire carrément interdire la diFusion..
Le Ilm de 52 minutes traite donc de cette particularité de la psychiatrie française - sous l'emprise des théories psychanalytiques freudiennes et lacaniennes - de vouloir absolument faire de l'autisme une maladie psychique de l'ordre de la psychose là où le reste du monde diagnostique des "troubles du développement social humain" liés à des problèmes d'ordre neurologique.
Et au Il du documentaire, les éminents pédopsychiatres / psychanalystes interrogé(e)s d'expliquer à longueur de scènes que tout le problème de l'autisme... vient de la mère ! Mère trop froide ou trop chaude, mère dépressive ou possessive (envieuse du pénis de l'homme et qui voit dans son enfant un substitut de pénis), mère incestueuse et abusive, mère dragon, mère crocodile,
mère qui a mis en échec la mission sacrée du père de "couper le cordon" en s'interposant par la toute puissance de son pénis (symbolisé par la loi... mais un stylo bic fera tout aussi bien l'aFaire) dans la relation mère/enfant...
Et à la base de ces aîrmations, l'intuition de quelques grands penseurs de la psychanalyse (reud bien sûr, Bettelheim et Lacan...), beaucoup de cures psychanalytiques... et pas l'ombre d'une expérimentation, d'une statistique ou d'un contrôle de résultat pour étayer leurs théories.
Théories qui ne sont pas sans conséquences. Sûr(e)s de leurs bons droits, avec des poses de résistants à l'envahisseur anglo-saxon et ses théories cognitives comportementales (qu'ils apparentent à du dressage), les voilà qui isolent les enfants autistes de leurs parents, s'opposent à leur socialisation et scolarisation, culpabilisent les parents et instillent le doute d'une potentiel maltraitance de la part des parents et en particulier de la mère.
Quant à leurs rapports avec la science (biologie, neurologie etc.)... c'est atterrant et relève de la pensée magique ! ïl faut les entendre se lancer dans des explications sans queue ni tête sur le rejet biologique de la mère de la part génétique du père dans le fœtus, de la double négation biologique de la mère, du rôle paternel du placenta et j'en passe. Ces hommes et ces femmes oîcient à titre de soignants dans des hôpitaux psychiatriques en rance et leurs connaissances en matière de biologie humaine sont à pleurer.
Je passe sur l'aîrmation révoltante de cette pseudo psy pour qui l'inceste d'un père sur sa Ille est nettement moins grave ("au pire, ça fait des Illes débiles" dira-t-elle) que celui d'une mère sur son Ils (qui en fera un psychotique).
EnIn, en Iligrane, se dessine la vision erronée, négative et rétrograde (quasi biblique) de la emme : envieuse, mauvaise, « nature » et coupable (forcément !). Mais également de l'Homme : puissant, chargé du symbolique et de la culture (opposé à l'état de nature de la mère bien sûr), de la loi, en charge de détacher les bébés de leurs mères (ces dévoreuses de bébés en puissance) et d'en faire de vrais humains...
Et maintenant, à vous de juger !
Ressources n°1 : le documentaire de Sophie Robert en trois partie.
LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'autisme - Partie 1fromlinkizonVimeo.
LE MUR - La psychanalyse à l'épreuve de l'autisme - Partie 2fromlinkizonVimeo.
LE MUR - La psychanalyse à l'épreuve de l'autisme - Partie 3fromlinkizonVimeo.
Ressources n°2 : L'interview duProfesseur Monica Zilbovicius- Psychiatre spécialisée dans les troubles du Développement de l'Enfant et de l'autisme infantile et travaillant à l'ïNSERM. Elle y explique l'état des connaissances de la communauté scientiIque sur l'autisme.
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