Franck Lozac h La cité intérieure
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Franck Lozac'h La cité intérieure

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FRANCK LOZAC'H http://flozach.free.fr/lozach/ LA CITE INTERIEURE PREFACE La Cité intérieure est un ouvrage de synthèse formé de tous les recueils de Messages qui s’étalent sur une période de deux ans - 95 et 96, et formé également de tous les recueils de Résonances s’étalant sur la période 97-98. Douze recueils ont donc été exploités, synthétisés, prélevés pour obtenir cette étrange mosaïque de réflexion imagée concernant l’activité intime du poète. Dans son introduction à La poétique de l’espace Gaston Bachelard pose la pertinente question sur l’origine phénoménologique des images. On nous demandera peut-être, pourquoi, modifiant notre point de vue antérieur, nous cherchons maintenant une détermination phénoménologique des images. Dans nos travaux précédents sur l’imagination, nous avions en effet estimé préférable de nous situer, aussi objectivement que possible, devant les images des quatre éléments de la matière, des quatre principes des cosmogonies intuitives. Fidèles à nos habitudes de philosophe des sciences, nous avions essayé de considérer les images en dehors de toute tentative d’interprétation personnelle. Peu à peu, cette méthode, qui a pour elle la prudence scientifique, m’a paru insuffisante pour fonder une métaphysique de l’imagination. À elle seule, l’attitude “ prudente ” 2 n’est-elle pas un refus d’obéir à la dynamique immédiate de l’image ?

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Publié le 26 novembre 2013
Nombre de lectures 42
Langue Français

Extrait

 
 
FRANCK LOZAC'H http://flozach.free.fr/lozach/ LA CITE INTERIEURE
 
 PREFACE
 
 
 
La Cité intérieureun ouvrage de synthèse formé de tous lesest
recueils de Messages qui s’étalent sur une période de deux ans- 95 et 96, et formé également de tous les recueils de Résonances s’étalant sur
la période 97-98.
 
Douze recueils ont donc été exploités, synthétisés, prélevés pour
obtenir cette étrange mosaïque de réflexion imagée concernant l’activité intime du poète.
 
Dans son introduction à La poétique de l’espace Gaston
Bachelard pose la pertinente question sur l’origine phénoménologique
des images.
 
On nous demandera peut-être, pourquoi, modifiant notre point
de vue antérieur, nous cherchons maintenant une détermination
phénoménologique des images. Dans nos travaux précédents sur
l’imagination, nous avions en effet estimé préférable de nous situer,
aussi objectivement que possible, devant les images des quatre
éléments de la matière, des quatre principes des cosmogonies
intuitives. Fidèles à nos habitudes de philosophe des sciences, nous
avions essayé de considérer les images en dehors de toute tentative
d’interprétation personnelle. Peu àpeu, cette méthode, qui a pour elle la prudence scientifique, m a paru insuffisante pour fonder une
métaphysique de l’imagination.Àelle seule, l’attitude “ prudente ”
2
 
 
n’est-elle pas un refus d’obéir à la dynamique immédiate de l’image ? Nous avons d’aillcombien il est difficile de décrocher deeurs mesuré
cette “ prudence ”. Dire qu’on abandonne des habitudes intellectuelles
est une déclaration facile, mais comment l’accomplir ? Il y a là, pour
un rationaliste, un petit drame journalier, une sorte de dédoublement
de la pensée qui, pour partiel qu’en soit l’objet- une simple image -,
n’en a pas moins un grand retentissement psychique. Mais ce petit
drame de culture, ce drame au simple niveau d’une image nouvelle,
contient tout le paradoxe d’une phénoménologie de l’imagination :
comment une image parfois très singulière peut-elle apparaître comme
une concentration de tout le psychisme ? Comment aussi cet événement
singulier et éphémère qu’est l’apparition d’une image poétique
singulière, peut-il réagir - sans aucune préparation -sur d’autres
âmes, dans d’autres cœurs, et cela, malgré tous les barrages du sens
commun, toutes les sages pensées, heureuses de leur immobilité ?
 
Au chapitre VIII de la poétique de l’espace, il esquisse
admirablement le problème del’immensité intime : 
 
L’immensité est, pourrait-on dire, une catégorie philosophique de la rêverie. Sans doute, la rêverie se nourrit de spectacles variés,
mais par une sorte d’inclination native, elle contemple la grandeur. Et
la contemplation de la grandeur détermine une attitude si spéciale, un
état d’âme si particulier que la rêverie met le rêveur en dehors du
monde prochain, devant un monde qui porte le signe d’un infini. Par le simple souvenir, loin des immensités de la mer et de la
plaine, nous pouvons, dans la méditation, renouveler en nous-mêmes
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les résonances de cette contemplation de la grandeur. Mais s’agit-il
vraiment alors d’ souvenir ? L’imagination, à elle seule, ne peut-elle un pas grandir sans limite les images de l’immensité ? L’imagination
n’estla première contemplation ? En fait, la-elle pas déjà active dès rêverie est un état entièrement constitué dès l’instant initial. On ne la
voit guère commencer et cependant elle commence toujours de la même
manière. Elle fuit l’objet proche et tout de suite elle est loin, ailleurs,
dans l’espace del’ailleurs(1).
 
Quand cetailleurs estnaturel, il ne se loge pas dans les quand
maisons du passé, il est immense. Et la rêverie est, pourrait-on dire,
contemplationpremière.
 
Si nous pouvions analyserles impressions d’immensité, les
images de l’immensité ou ce que l’immensité apporte à une image, nous
entrerions bientôt dans une région de la phénoménologie de la plus
pure - une phénoménologie sans phénomènes ou, pour parler moins
paradoxalement, une phénoménologie qui n’a pas à attendre que les
phénomènes de l’imagination se constituent et se stabilisent en des
images achevées pour connaître le flux de production des images.
Autrement dit, comme l’immense n’est pas un objet, une
phénoménologie de l’immense nous renverrait sans circuit à notre conscience imaginante. Dans l’analyse des images d’immensité nous
réaliserions en nous l’être pur de l’imagination pure. Il apparaîtrait
alors clairement que les œuvres d’art sont lessous-produits de cet
existentialisme de l’être imaginant. Dans cette voie de la rêverie
4
 
 
d’immensité, le véritableproduit, c’est la conscience d’agrandissement.
Nous nous sentons promus à la dignité de l’être admirant. 
 
Dès lors, dans cette méditation, nous ne sommes pas “ jetés
dans lemonde ” puisque nous ouvrons en quelque sorte le monde dans
un dépassement du monde vu tel qu’il est, tel qu’il était avant que nous
rêvions. Même si nous sommes conscients de notre être chétif - par
l’action même d’une brutale dialectique- nous prenons conscience de la grandeur. Nous sommes alors rendus à une activité naturelle de
notre être immensifiant.
 
L’immensité est en nous. Elle est attachée à une sorte
d’expansion d’être que la vie réfrène, que la prudence arrête, mais qui
reprend dans la solitude. Dès que nous sommes immobiles, nous
sommes ailleurs ; nous rêvons dans un monde immense. L’immensité
est le mouvement de l’homme immobile. L’immensité est un des
caractères dynamiques de la rêverie tranquille. 
 
 
 
 
 
 
 
(1) Cf. SUPERVIELLE, m’entraîne en son mouvant exil.” 
L’escalier ,
5
p. 124. “La distance
 
 
 
Pourtant il ne s’agit pas ici uniquement d’images consacrées à
l’espace intérieur. Il s’agit également de considérations conflictuelles
entre un Moi pensant, évoluant et un Moi critique condamnant la
situation analysée. De cette violence est sorti un nombre considérable de
poèmes et detextes que l’on pourra découvrir au fil des pages. 
 
Les derniers endroits de l’ouvrage recèlent des fragments à
caractère philosophique où l’influence de Martin Heidegger ne saurait
être minimisée.
 
                                              Franck Lozac’h 
 
6
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
STUCTURES DEMI
7
SES
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
                             Labyrinthe 
 
Messages I
J'étais dans une de ces recherches où l'espoir n'a pas les moyens
d'exister, ou seuls l'impossible et le néant pénètrent. Mon investigation
poétique était nulle, et je n'obtenais aucun résultat. J'abandonnais ce
terrain et laissais à d'autres ces étranges servitudes. L'avenir de trouver
m'était retiré. Pourtant quelque fois, une brise illuminée venait caresser
mon visage comme pour me dire : Ne te désespère pas. Investis encore.
Investis.
 
Je m'imposais à découvrir avec une force renouvelée, avec une
véhémence nouvelle. Je tentais encore de pénétrer des secrets dont
l'essentiel tenait dans de l'impalpable et de l'inexpliqué.
 
Peu s'essaient à comprendre, à violer. Ils préfèrent conquérir
sans la peine. C'est parfois à la jeunesse de tenter dans sa source
d'accéder au delta.
 
Qu'ai-je réellement compris ! Peu de chose, mais je cherche
encore.
 
 
 
8
 
 
                            Pénètre-la 
 
Pénètre-la au plus profond de la chair ! Impose-toi à creuser !
Peut-être y trouveras-tu la substance de l'esprit subtilement cachée ?
 
 
                            L'homme s'exhale
 
L'homme s'exhale inexorablement.
L'homme dont la recherche interne est de comprendre. Il se
nourrit d'autrui, s'instruit de l'inconnu et tente par l'alchimique effort de
réduire, d'étendre, d'élever.
 
L'homme qui use de prémonitions, d'avenirs proches, se plonge
dans le passé, et se construit de l'intérieur.
 
Aux uns, l'insignifiance de la poésie. Aux autres, la sublimation
du verbe.
Offrir cette création, orienter la lumière, pour qui ?
Nous tentons stupidement de plaire, mais la clé de la métaphore
est seulement accessible à l'élite.
 
Nous superposons des dimensions et des espaces les uns sur les
autres, nous franchissons des portes au-delà de l'audace et pénétrons
dans l'invisible. Mais qui pour nous suivre ?
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                             Je pris ta divine lampe
 
Je pris ta divine lampe et enfermé en moi-même, je pensai :
"Heureux, fils, heureux, je connais la voie."
 
Le ciel était plus pur quand je partis empruntant la route
éclatante de lumière, je parlais en ma chair et disais : "Inspire-moi, ô
sublime puissance, mon feu intérieur s'éteint et va mourir."
 
                              La pensée intérieure
 
La pensée intérieure s'ouvre et telle une corolle et un bouquet
d'idées remplis de vertiges et d'images resplendit tout à coup sous ce
vaste dôme :
 
Pyramides bleues, cyclones d'espoir, fluides lumineux qui
jaillissent comme des boules multicolores,
Tournesol voltigeant, oeil d'extase enivré de folies très légères,
Puissances de sonorités, chambres de notes, monologues aigus et
incompris,
Souffles, raisons exquises enrubannées de douceurs adorables,
Tourbillons, vapeurs rousses qui s'élèvent dans la nuit de jade,
Envolées de lumières, ailes claires tachetées de blanc,
 
Je m'endormis, j'inventais mon sommeil, je contemplais la nuit se
draper de signes lumineux :
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Femmes vivantes, bracelets de chair et de flammes, îles ardentes
qui respirent les parfums aériens,
Sources élégantes, chevelures floues et vaporeuses, bras de
mouvances là-bas dans l'interdit, derrière la porte de sang.
 
Pourtant j'attendais stupidement qu'une présence féminine s'en
vint.
Rien que le silence énorme éclatant sous un soleil invisible
d'ombre, de néant.
Il y avait nul espoir de changement. Qui pouvait venir ?
J'entendis une rumeur de pieds bruyants circuler dans les ruelles de
l'esprit.
 
 Parle-moi, ô fille ! Est-ce toi ? Fille de l'agonie ? Tu n'as pas de
voix ?
Il y a du sang, il y a des pieds déchiquetés, souffrants sur les
ronces, des habits déchirés,
Il y a ta chevelure d'or.
 
N'y a-t-il pas de bouleversantes femmes qui tourbillonnent sur
l'herbe sacrée, dans l'essaim vert et les feuilles d'or ?
 
Je crois entendre des cris là-bas de femmes claires qui circulent
vers l'aube chantante.
Non, il n'y a pas de mort, il y a la vie au bord de cette source
aveuglée pourtant.
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