Libertés N°31 - Le Christianisme face au règne de l argent
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LIBERTÉS Journal de l’Action Sociale Corporative LE CHRISTIANISME FACE °31 AU RÈGNE DE L’ARGENT. n RENÉ DE LATOUR DU PIN 2 3Édito. 4Le Libéralisme, voilà l’ennemi ! 6Les profiteurs de la crise grecque. DOSSIER - LE CHRISTIANISME FACE AU RÈGNE DE L’ARGENT. 8le Christ ou l’esclavage. Ou 15 LaRépublique contre le Catholicisme. 21date... Lau 24Référendum et démocratie directe, de l’antique Athènes à la Grèce contemporaine. 26La crise agricole : la République incapable et impuissante. 28Les votes à la pluralité des voix dans les assemblées de SOMvillaMgesAsoIusRl’AnEcien Régime 30L’esprit Camelot du Roi, aujourd’hui et demain. LIBERTÉS n°31 LE CHRISTIANISME FACE AU RÈGNE DE L’ARGENT. LIBERTÉS n°31 Journal de l’Action Sociale Corporative LE LIBÉRALISME, VOILÀ L’ENNEMI ! RÉFÉRENDUM ET DÉMOCRACIE... LES VOTES À PLURALITÉ.... L’ESPRIT CAMELOT «TOUTE PENSÉE QUI NE SE TRADUIT PAS EN ACTE EST UNE DÉFAILLANCE» - DOSSIER LE CHRIST ... Frédéric WINKLER EnEfin seulsD lespIeuplTes qui oOnt de la mémoire comprendront... Les catholiques découvrent une république agissant contre eux mais faut il qu’ils soient aveugles ou ignorants du fondement même de la république laïque ? Oublient-ils que la révolution fut faite avant tout contre le christianisme ? Oublient-ils les lois contre l’Eglise depuis le début du XXeme siècle ? Mais réveillez-vous et comprenez enfin que seul un Roi défend la foi.

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Publié le 02 octobre 2016
Nombre de lectures 2
Langue Français
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Extrait

LIBERTÉS Journal de l’Action Sociale Corporative
LE CHRISTIANISME FACE °31 AU RÈGNE DE L’ARGENT. n
RENÉDELATOUR DU PIN
2
3Édito. 4Le Libéralisme, voilà l’ennemi ! 6Les profiteurs de la crise grecque. DOSSIER  LE CHRISTIANISME FACE AU RÈGNE DE L’ARGENT. 8le Christ ou l’esclavage. Ou 15 La République contre le Catholicisme. 21date... Lau 24Référendum et démocratie directe, de l’antique Athènes à la Grèce contemporaine. 26La crise agricole : la République incapable et impuissante. 28Les votes à la pluralité des voix dans les assemblées de SOMvillaMgesAsoIusRl’AnEcien Régime 30L’esprit Camelot du Roi, aujourd’hui et demain.
LIBERTÉS n°31
LE CHRISTIANISME FACE AU RÈGNE DE L’ARGENT.
LIBERTÉSn°31 Journal de l’Action Sociale Corporative
LE LIBÉRALISME, VOILÀ L’ENNEMI !
RÉFÉRENDUM ET DÉMOCRACIE...
LES VOTES À PLURALITÉ....
L’ESPRIT CAMELOT
«TOUTEPENSÉEQUINESETRADUITPASENACTEESTUNEDÉFAILLANCE»
 DOSSIER  LE CHRIST ...
Frédéric WINKLER EnEfin seulsD les pIeuplTes qui oOnt de la mémoire comprendront...Les catholiques découvrent une république agissant contre eux mais faut il qu’ils soient aveugles ou ignorants du fondement même de la république laïque ? Oublientils que la révolution fut faite avant tout contre le christianisme ? Oublientils les lois contre l’Eglise depuis le début du XXeme siècle ?
Mais réveillezvous et comprenez enfin que seul un Roi défend la foi. Nous vivons dans un système qui fait la guerre aux catholiques et qui ne s’arrêtera que lorsque tout sacré et tout catholicisme aura disparu...
Alors ne perdez plus de temps à croire, découvrir, vous offusquer d’un système qui depuis plus de 200ans vous détruit, réagissez avec intelligence et comme nous luttez directement contre la racine du mal : la RIPOUxBLIQUE !!!
LIBERTÉS n°31
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Frédéric WINKLER
LE LIBÉRALISME, VOILÀ L’ENNEMI !
 Rappelons nous Patrick Le Lay déclarant « Le métier de TF1, c’est de vendre à CocaCola du temps de cerveau disponible »… De plus en plus, le système capitaliste actuel transforme« les chefs d’entreprises en serviteurs zélés, voire en esclaves dorés des actionnaires » (J. Peyrelevade). De nom breux libéraux constatent désormais les dégâts d’un système auquel ils n’apportent aucun remède n’osant s’attaquer aux racines du mal. « La seule opposition tolérée est celle qui accepte de se manifester au sein même du système, en a inté gré les règles et fait mine d’intervenir à la marge en continuant à croire aux vertus autorégulatrices d’un marché planétaire dont elle profite par ailleurs ».
 Pour connaître les solutions et avoir le cou rage de les envisager, il faut aussi observer la vie de nos aïeux et comprendre, sans oublier la leçon de l’empirisme organisateur :« la vraie tradition est cri tique ». Au regard des expériences passées et des conditions actuelles de l’économie et des modes de vie qui régissent les relations sociales, il faut faire un choix de société : soit le Libéralisme, soit la socié té communautaire protectrice garantissant la qua lité des produits et la défense de ses producteurs/ consommateurs. Choisir entre la société mercantile menant à un nouvel esclavage ou la France huma niste des Corps de métiers. Jusqu’à la Révolution de 1789, grâce à la volonté de ses rois, le travail de qualité fut préservé dans le respect de l’être hu main. Étudiez l’histoire de la France Capétienne et découvrez comment maintes fois furent maintenues les règles de vie chrétiennes, les fêtes chômées, les privilèges spéciaux, les horaires de travail dans le respect des femmes et des enfants. Louis XV en son temps entendit les plaintes du peuple anglais soumis à l’esclavage industriel des puissances d’argent dans la complicité bienveillante de la couronne anglaise usurpatrice.
 Cet esclavage vint en France grâce à la Ré volution, dans les valises des «Philosophes éclairés » et inonda notre pauvre pays exsangue des excès révolutionnaires. Le Libéralisme économique et la République, en définitive, ne font qu’un. Il serait chimérique de penser pouvoir garder l’un en ex cluant l’autre. C’est d’ailleurs ce que beaucoup d’es prits n’ont pas compris, ou pas voulu comprendre…
 Le socialisme, né des excès du capitalisme et en réaction à ceuxci, ne remet pas fondamenta lement en question le système, c’est pour cela que sa critique reste stérile.« Nous ne sommes pas les défenseurs du capitalisme. Le capitalisme est pour nous une création libérale qui non seulement désor ganise l’économie et suscite des injustices mais qui, de plus, se trouve être le plus sûr soutien matériel de la Démocratie. Le capitalisme comme celleci insti tuent le triomphe de l’Or en détruisant la loi du sang ». Il existe une grande carte à jouer pour la franco phonie si dans ces domaines nous participions aux demandes du Tiers monde.
 Bruno Wieseneck, dans un dialogue « père fils » pas si imaginaire que cela, souligna les incohé rences de cette génération post68, celle qui veut « jouir sans contrainte » et, en somme, a renforcé puis « légitimé » ce que Mai 68 prétendait hypocritement combattre :« Il est interdit d’interdire de s’avilir : Mai 68 n’est pas une réaction antibourgeoise, tu le sais bien, elle représente au contraire le triomphe de la nonvolonté, la fin de l’homme, la parousie du consommateur, la célébration hystérique de l’idéal petitmec. L’ultralibéralisme est sorti tout armé de vos partouzes sinistres du Quartier latin. Ça ne gêne pas le bobo socialiste revendiqué que tu es de voir tous les anciens soixantehuitards gérer leur por tefeuille boursier, mettre leurs enfants dans ce qui reste des écoles privées, appeler à l’ouverture des frontières pour faire rentrer encore plus d’immigrés tout en fuyant ces nouveaux esclaves du capitalisme dans des quartiers bien blancs et bien protégés ? ». Les royalistes, luttèrent pour la justice sociale dans la France postrévolutionnaire. La révolution de 1789, avant même de guillotiner et massacrer le peuple, le spolia de ses organisations professionnelles et de son patrimoine corporatif (servant aux œuvres so ciales) par les sinistres et très libérales lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791, véritables actes fondateurs de l’exploitation du prolétariat…
 La république interdit aux ouvriers de s’as socier, diminua les salaires et obligea femmes et en fants aux travaux pénibles (14 heures par jour…) pour subvenir au salaire du mari. Celleci supprima aussi les fêtes religieuses et institua le Décadi, semaine de 10 jours de travail sans repos, sans doute pour mieux appliquer la formule de Benjamin Franklin,
« le temps c’est de l’argent »…(selon Alain Decaux nous avions pratiquement autant de jours de repos avant 89 qu’aujourd’hui). Contre cela les royalistes s’opposèrent et se battirent contre les lois ignobles pour restaurer un semblant de législation sociale et humaine dans ce système qui ne l’était plus…« Quoi ! En moins de deux mois, un seul entrepreneur au rait pu réaliser trente mille francs de bénéfice net, et il s’étonne que les ouvriers auxquels il aurait dû ces immenses profits réclament dix centimes de plus par heure ! »(Berryer). Rappelons pour finir que La Tour du Pin reste d’une actualité brûlante :« l’objet de l’économie politique est d’organiser le monde de l’utile conformément à la justice et en vue du bien commun ». Déjà il s’indignait des délocalisations : «…là où il (le capitaliste) trouvait la maind’œuvre ou la matière première à meilleur marché».
 Le 25 janvier 1884 à l’occasion d’une inter pellation sur la crise économique Albert de Mun pro posait déjà une législation internationale,« …l’adop tion d’une législation internationale qui permette à chaque Etat de protéger l’ouvrier,sa femme et son enfant,contre les excès du travail,sans danger pour l’industrie nationale ». On y voit une préoccupation humaniste bien plus réelle que celle des tenants des droits de l’homme.
 Le néolibéralisme est en fait un retour aux sources des théories du XVIIIème siècle :« Tel est le legs d’Hayek et de sa famille. Une société sans Etat, des nations sans frontières et un corps social sans abri. ». La progression du régime de l’économie et des finances avec JeanJacques Servan Schreiber, Pompidou et Giscard :« Avec Foutriquet au pouvoir, l’argent ne trouvera aucun obstacle : dans la période d’attente et de détour, tant que la France n’est pas en core le rien promis pour l’an deux mille, l’internatio nale de cet argent, les sociétés multinationales entre autres, n’auront à redouter aucune intrusion un peu sérieuse d’un Etat qui abdique ses droits régaliens, la défense du pauvre comme l’indépendance natio nale, ce qui n’empêche en rien l’exercice solitaire de sa tyrannie.»(Pierre Boutang ). En somme, et c’est la grande leçon que l’on peut tirer, rien de social ne pourra se faire sans une politique d’Etat digne de ce nom, sans un Etat conscient de ses devoirs et prêt à les assumer, pour le bien des Français…Recherchez dans votre histoire, c’est écrit dans la profondeur de nousmêmes. Un minimum d’Etat garantissant les li bertés citoyennes maximum, c’est le sens de notre choix…
Notre Jour viendra !
LIBERTÉS n°31
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Jean-Philippe CHAUVIN
LES PROFITEURS DE LA CRISE GRECQUE
 Cet été qui n'est pas encore achevé fut ce lui des révélations et de la fin des illusions euro péennes, comme le souligne avec force JeanPierre Chevènement dans le dernier numéro de Marianne, et c'est la Grèce qui a supporté, mal et bien malgré elle, le poids de cellesci : le revirement de M. Tsipras, salué comme une «victoire du bon sens» par les gouvernements européens (en particulier par l'an cien trostkiste Michel Sapin, actuel ministre français des finances), ce qui en dit long sur le cynisme ou l'aveuglement des oligarchies contemporaines, n'a pas sauvé la Grèce et encore moins les travailleurs et retraités grecs. Il a juste permis aux États de la zone euro de «sauver leur mise» et, surtout, mon tré le caractère «obligatoire» (dictatorial, diraient certains...) d'une Europe plus mondialisée qu'euro péenne, c'estàdire d'une Europe dans laquelle au cune alternative au libéralisme économique n'est au torisée, ni «socialiste» ni sociale tout simplement : «l'Europe sociale n'aura pas lieu», pourraiton dire aujourd'hui sans trop de crainte d'être démenti, mal heureusement d'ailleurs, par les réalités.
 Dans une crise, il y a certes des perdants, et nous les reconnaissons : les Grecs et, plus générale ment, les peuples au sens large mais aussi et surtout au sens des classes populaires. Il y en aura d'autres dans les temps qui viennent, et la sévérité de l'Union européenne et de l'Allemagne pourra sans doute trouver à s'exprimer à l'égard de la France en 2017, pendant et, surtout, après l'élection présidentielle : nous en reparlerons ! Mais il y a aussi des gagnants : estce l'Allemagne, par exemple, qui a imposé son « ordolibéralisme » et menace toujours de mettre la Grèce hors de la zone euro, alors même que rien
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ne l'y autorise dans les traités ? Sans doute, en fait : les privatisations qui reprennent en Grèce ces joursci après six mois de suspension semblent bien le confirmer, avec l'achat, pour un prix fort intéres sant (voire mieux encore...), de quatorze aéroports de Grèce (sur trenteneuf), mais aussi avec les 100 milliards d'économies budgétaires évoquées par Jo seph MacéScaron dans son éditorial de Marianne (édition du 14 au 20 août 2015), citant une étude de l'Institut Leibniz d'études et de recherches écono miques, publiée le 10 août... « En effet, la peur du « Grexit » a précipité les investisseurs vers ce qu'ils considèrent comme le plus sûr : les obligations de l’État allemand. Ce faisant, les taux d'intérêt réels auxquels l'Allemagne emprunte sont inférieurs à 0 %. Voilà pourquoi« ces économies dépassent le coût engendré par la crise, et ce même si la Grèce ne remboursait pas entièrement sa dette, commentent les économistes. L'Allemagne a donc dans tous les cas profité de la crise grecque. »
 Mais cette victoire allemande pourrait bien se retourner contre elle : en effet, le FMI, contribu teur important au prochain plan de sauvetage de la Grèce, demande instamment à l'Allemagne et aux autres pays de la zone euro de considérer sérieuse ment une forte réduction de la dette grecque, sous peine de ne pas participer luimême au plan prévu... Ce bras de fer entre le FMI et principalement l'Al lemagne montre bien les limites d'un système de venu fou, qui ne sait plus comment arrêter la folle mécanique de l'endettement des sociétés inscrites dans une mondialisation qui prend la tournure d'une guerre économique de tous contre tous !
 Tout le monde sait que la Grèce ne pourra rembourser une dette qui continue de se creuser un peu plus chaque jour, et que le troisième plan d'aide a peu de chances de succès, à l'image et à la suite des deux précédents, ce que souligne Le Monde dans son édition du mardi 18 août, mais qu'importe, semblent dire les institutions et les gouvernements de l'Union, pourvu que l'on fasse définitivement passer à la Grèce l'envie de résister aux oukases de cette Europe punitive qui a, pourtant, échoué à tenir ses promesses économiques des années 19902000, et que l'on fasse bien passer le message à tous ceux qui pouvaient espérer un autre destin que celui de cette Europelà ! «La Grèce paiera !», continuent de clamer les plus fervents des européistes, furieux des résistances de plus en plus fortes des classes popu laires de l'Europe réelle. Mais l'avenir risque bien de ne pas exactement confirmer ce pronostic martelé avec tant de vigueur...
 Le système financier et économique de la zone euro est dans une impasse : il est plus que temps de repenser l'économie, non plus sur les seuls principes de l'individualisme et du profit démesuré, du libre Marché et de la concurrence sauvage, mais sur ceux de la dignité des personnes et du Bien com mun. En somme, civiliser l'économie pour la sortir de son ensauvagement contemporain et nous en préserver !
Rude et vaste tâche...
DOSSIER LE CHRISTIANISME FACE AURÈGNE DE L’ARGENT.
Groupe D’ACTION ROYALISTE
OU LE CHRISTIANISME OU L’ESCLAVAGE
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« Vers la fin des temps, un descendant des Rois de France régnera sur tout l’antique Empire romain.
Il sera le plus grand des Rois de France et le dernier de sa race. Il arrivera comme par miracle. Il sera de la vieille cape. Le trône sera posé au Midi. Après un règne des plus glorieux, il ira à Jérusalem, sur le mont des Oliviers, déposer sa couronne et son sceptre, et c’est ainsi que finira le saint empire romain et chrétien. »
Saint Remi, à la veille du baptême de Clovis
 Alors que Moïse faisait l’ascension du mont Sinaï, pour y recevoir les Tables de la Loi, les Hébreux, libérés du joug de Pharaon, impatients de ne pas voir revenir Moïse resté pendant quarante jours et quarante nuits, pressèrent Aaron, le frère de Moïse, de leur construire une idole. Ils firent fondre les pendants d’oreille, les bracelets et les colliers en or qu’ils avaient emportés avec eux. Avec l’or fondu, Aaron édifia un veau d’or que les Hébreux vénérèrent à l’imitation d’une divinité adorée en Egypte, le taureau Apis. Lorsque Moïse descendit du mont Sinaï en possession des Tables de la Loi, et qu’il vit les Hébreux adorer une idole, attitude contraire au troisième Commandement de Dieu, il fut pris d’une si grande colère qu’il brisa les Tables de la Loi sur un rocher.
 Ce récit biblique enseigné dans l’Ancien Testament est clair : l’homme, icibas sur Terre, est et sera à jamais tenté par deux conceptions de
l’humanité : celle du monde matériel (incarné par le Veau d’or) et celle du monde spirituel (incarné par les Tables de la Loi), ces deux visions du monde engendrant chacune des civilisations bien différentes, où l’une verra l’homme devenir esclave et l’autre le verra comme un être transcendantal !
 Le penseur grec qui influa le plus durablement sur la pensée de l’Occident pendant deux mille ans demeure Aristote, dans le domaine économique comme en bien d’autres. Aristote, que Dante appellera « le maître de ceux qui savent », interroge la nature et l’expérience au lieu de bâtir dans l’abstrait une cité utopique comme Platon. Aristote blâme l’avidité humaine sans limite, autant qu’un saint Thomas d’Aquin pourra le faire. Le bonheur profond de l’homme, ditil, n’est pas dans l’acquisition illimitée des biens d’icibas ; le bonheur de l’homme est dans la sagesse (on retrouvera, tout au long du monde médiéval chrétien, et spécialement
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chez le fondateur du grand ordre monastique bénédictin, ce souci d’équilibrer toujours l’action et la contemplation).
 Nous constatons à travers ces lignes combien ce précurseur, à partir de l’expérience accumulée par l’observation, dicte les saines lois qui font la sagesse des sociétés et l’équilibre des hommes. Leur avidité sans frein engendre les plus grands bouleversements.«C’est pour se procurer le superflu et non pas le nécessaire qu’on commet les plus grands crimes», dit Aristote. Et encore : «Toutes les choses qu’on regarde comme utiles sont précisément celles dont la surabondance est nécessairement nuisible ou au moins inutile». Pour ce qui est du christianisme, le message est assez clair en ce qui concerne le rôle des riches.  Au sujet de la richesse matérielle, Jésus enseigna d’abord à ses disciples :« Nul ne peut être en même temps au service de deux maîtres, car ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l’Argent. »(Matthieu 6:24) Plus tard, à la suite de la question d’un jeune homme (ou d’un notable, selon les évangiles et les traductions) qui lui demandait que faire pour obtenir la vie éternelle, Jésus donna à ses apôtres l’exemple suivant :Si tu « veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donnele aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suismoi.»Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s’en alla tout triste ; car il avait de grands biens. Jésus dit à ses disciples :«Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux. Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.» (Matthieu 19:2124)
 Des siècles après la chute de Rome, la société médiévale vivait dans les principes chrétiens de l’équilibre entre droits et devoirs, entre privilèges et services. C’est ce que n’enseignent plus les livres d’Histoire, et pour cause ! Il est gênant d’expliquer ce qui motivait une société tournée vers le dépassement de soi, lorsque l’on vit dans un monde allant vers le néant ! Il est difficile d’expliquer une société faite de rapports d’hommes, de paroles données, dans laquelle un seigneur discutait avec un ouvrier, ayant tous deux des armoiries, l’un de victoires et l’autre de créations artistiques… Il est délicat d’apprendre aux enfants, que les «ignobles» rois lavaient les pieds des malades, touchaient les scrofuleux et respectaient « nos seigneurs les pauvres ». Que celui qui n’avait rien avait tout de même quelque chose : le droit de glanage, les communaux, le pain bien calibré, l’assistance, l’école gratuite par l’Église, etc. C’est cela une société équilibrée, naturelle, au service de tous, loin des idéologies fabriquées par des esprits chagrins, pour des êtres qui seraient tout sauf humain…
 Les vicissitudes de la guerre de Cent Ans, qui marqua la fin de la période médiévale, verront l’émergence d’une génération plus attirée par l’anthropocentrisme, comme l’éthique antique, incarnant une période que l’on nommera la Renaissance ! Elle prêcha surtout le triomphe de l’individu, l’épanouissement de ses désirs et de ses passions, amena dans le monde économique, dans l’univers du commerce et de l’industrie, une sorte de mentalité chaotique. Certes on ne s’en aperçut pas immédiatement ; il faudra attendre trois siècles pour que les conséquences ultimes des idées dites modernes soient distinguées. Mais nous devons connaître leur origine. Dès le XVIe siècle, l’Église comprit le bouleversement qui se préparait. Elle vit
très bien, dit Louis Salleron,« qu’on allait mettre Mammon à la place de Dieu, l’intérêt à la place de la justice, l’action sans mesure à la place de la contemplation, les hiérarchies d’argent à la place des hiérarchies humaines, la jungle de la liberté sans frein à la place de la règle et de la loi, le millénarisme du bienêtre à la place du royaume de Dieu, le Progrès immanent à la place de l’être transcendant ». Toutes les doctrines sociales qu’engendrera l’ère moderne semblent résumées dans ces quelques mots. C’est aussi au XVIe siècle que l’on vit renaître un état d’esprit tout à fait éloigné des conceptions médiévales, mais revivifiant un mode de vie de l’Antiquité : le mépris pour le travail manuel et ceux qui le pratiquent. Le mouvement de la Renaissance est essentiellement un mouvement d’intellectuels, de lettrés, de professeurs, qui verra renaître la pratique antique de l’esclavage, chose qui avait totalement disparu depuis la chute de l’Empire de Rome et l’émergence de la société chrétienne !
 La Renaissance accouchera également d’une réforme religieuse qui ensanglantera durablement l’Europe : le protestantisme. Luther et Calvin, ses deux principaux doctrinaires, flétrissent vigoureusement les usuriers, mais Calvin a changé une mentalité, un état d’esprit : celui qui faisait de l’argent un sujet de mépris quasitotal. L’écrivain anglais Tawney a écrit avec justesse :« Le calvinisme a été le premier corps systématique de doctrine religieuse dont on peut dire qu’il reconnaît et approuve les vertus économiques. Son ennemi n’est pas l’accumulation des richesses, mais leur mauvais usage à des fins d’égoïsme et d’ostentation. » La Réforme (surtout la Réforme calviniste) va, de ce fait, changer les doctrines économiques. En Angleterre, pays où triomphera un jour l’économie
libérale, la lecture de l’Ancien Testament répandue partout apprend aux hommes que Dieu promet longue vie et prospérité au juste (les Quakers et les Puritains verront, dans le succès économique, un signe de l’élection divine). Dans l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber montre bien que cette vision des choses a été formatrice du capitalisme en Amérique, que plus on accumule de richesses, plus on prouve que l’on vit d’une façon agréable à Dieu dans la logique de cette éthique. Et c’est cette distinction avec le catholicisme qui mènera aux guerres de religion puis à la révolution de 1789. Car là encore, dans ces deux cas, deux mondes s’affrontaient : les matérialistes et les spirituels !
 Bref, c’est un fait d’Histoire qu’en France, aux XVIe et XVIIe siècles, les protestants furent à la tête du progrès dans l’agriculture, le commerce, l’industrie (d’où la catastrophe économique amenée en France par la révocation de l’édit de Nantes). Aux XVIIIe et XIXe siècles, ce sont aussi les protestants qui monopoliseront la banque, avec les Israélites. Les mercantilistes prendront en presque tout le contre pied des idées médiévales : ils exalteront l’industrie et le commerce à l’encontre de l’agriculture, ils prêcheront le dynamisme, l’activité sans frein à l’encontre de la modération, de la stabilité et de la prudence. Et ces mêmes théories s’épanouiront en Angleterre qui abandonnera de plus en plus complètement, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, sa structure agricole, afin de devenir exclusivement une nation commerçante, pour l’enseignement non seulement de l’Europe, mais du monde. Dans son Traité d’économie politique chrétienne rédigé en 1834, Alban de Villeneuve Bargemont écrivait : «Ce qui m’a frappé surtout, dans mes études, c’est l’influence funeste que le système industriel et politique de l’Angleterre a exercé sur
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