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LA PRÉVENTION PERMET D'ÉVITER LA DÉRIVE MAIS ELLE NE PEUT SE FAIRE SON CONNAITRE LES ÉLÉMENTS DE VULNÉRABILITÉ POUR CELA INTRODUIRE LES BILANS PSYCHOLOGIQUES DANS NOS ORGANISATIONS ME PARAIT D'UNE GRANDE UTILITÉ

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Publié le 26 août 2013
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Langue Français

Extrait

EMPRISE DE L’IMAGE ET LA CULTURE DE LA PERFORMANCE

Dr BAZBAZI RIDOUANE
Médecin spécialiste en médecine sportive
Diplômé en cardiologie de sport – Diététique – Diabétologie
Et en analyse et prévention du dopage
Casablanca avril 2013

Nous sommes parfois douloureusement confrontés -souvent à notre insu- à La relation
d’emprise qui est un phénomène universel dans les entreprises, les institutions, les familles,
les couples à travers les situations de harcèlement, de maltraitance…
La relation d’emprise apparaît comme l’impossibilité fondamentale d’accepter l’autre dans sa
différence. L’autre est nié en tant que sujet ; l’autre est considéré et traité comme objet
méprisé et maîtrisable et le droit d’être autre lui est refusé. En général c’est une
violence lies à des rapports d’autorité
L’absence d’une causalité linéaire de cette relation fait sa complexité et explique les
approches multidimensionnelles utilisées pour l’appréhender.
D’une manière générale, mon ami Philipe Léotard que je salue en se référant aux travaux de
Marie-France Hirigoyen constate que l’emprise résulte d’une triple action : une action
d’appropriation ; une action de domination et une dimension d’empreinte
Comment s’opère l’influence et comment s’assure l’emprise ?
La relation d’emprise est l’aboutissement d’une logique redoutable. Elle s’installe d’une
manière insidieuse en se construisant autours d’un très lent travail fait de :
 La succession des petites violences subies habituelles et qui préparent en quelques
sortes le terrain à des violences autrement plus traumatisantes, sous l’effet d’une
domination légitimée par la fonction
 L’acceptation de contraintes physiques de plus en plus insupportables pour la victime
tant que le terme salarié ou fonctionnaire désigne passivité et soumission
 L’appropriation symbolique passe par le langage le plus habituellement utilisé pour
dire une relation de nature technique mon équipe ; ma secrétaire ; mon chauffeur ;
 Une sorte de droit de propriété des résultats et des réalisations renforce l’idée de
possession
 L’absence de normalité et le désir d’amélioration du rendement fait que la dimension
d’empreinte soit renforcée (fixation des taches et organisation des postes de travails)

Donc l’emprise est d’abord une rencontre qui devient une liaison particulière, basée pour des
raisons fonctionnelles à la production de performance.

La dérive prend alors racine dans les structures et lieux hiérarchisés lorsqu’on perpétue que
l’incarnation à la fois de l’institution, du savoir, de la compétence, assure aussi une fonction
protectrice et que de l’autre coté s’installe de plus en plus l’absence de réaction et la perte des
possibilités critiques. L’emprise s’exerce aussi d’autant plus fortement qu’elle est traversée
par un investissement affectif réciproque à savoir une image survalorisée par sa compétence
technique ((Mon patron est le meilleur répond a mon poulain) donc (le plus motivé au plus
technique)). Mais, dès lors que l’on projette sur ses collaborateurs d’autres désirs, la satisfaction ne peut
plus venir des performances mais de la nature des autres offrandes. La contreperformance
peut même être attendue car elle donne l’occasion de renforcer l’emprise. Le protecteur
viendra consoler, sécuriser et garantir un progrès ou une future performance grâce à sa
compétence technique et à ses conseils éclairés.
L’emprise se renforce aussi par l’obéissance à l’égard du technicien, et par l’acceptation des
souffrances imposées « pour la bonne cause » des mots, blessants, mots qui rappellent sans
cesse le rapport de domination pour blesser sans laisser de traces
Primo Levi, Si c’est un homme, 1947.

« Le sentiment de notre existence dépend pour une bonne part du regard que les autres
portent sur nous : aussi peut-on qualifier de non humaine l’expérience de qui a vécu des jours
où l’homme a été un objet aux yeux de l’homme. »

La pulsion d’emprise
Le terme « pulsion d’emprise » a été proposé en 1960 par GRUNBERGER
« FREUD entend par là une pulsion non sexuelle qui ne s’unit que secondairement à la
sexualité et dont le but est de dominer l’objet par la force ». Il comporte à la fois l’idée de
conquête par la force, de domination contrôlée ou maîtrise et enfin de possession au sens de
conservation
La pulsion est caractérisée par trois critères constitutifs :
1. elle tire sa source d’une excitation corporelle ou état de tension,
2. elle tend vers un but qui vise à supprimer l’état de tension par la satisfaction et
la décharge de l’énergie investie,
3. ·enfin, elle reconnaît un objet au travers duquel ou grâce auquel le but peut
être atteint.
Il ne s’agit pas là de stigmatiser mais uniquement de rappeler que dans la relation
d’emprise les individus violents ne sont pas des « malades mentaux » mais des
individus « normaux » pleinement responsables de leurs actes
La frustration naît du non accession à l’objet ou au but pulsionnel et s’accompagne
d’un accroissement de la tension qui est ressentie comme un déplaisir. L’individu
s’attache donc à satisfaire ses pulsions pour éviter de souffrir

L’emprise ; quelle prévention ?

Pour casser ce pouvoir et permettre à chaque acteur de la relation d’échapper à l’apparente
inéluctabilité de l’emprise, il est nécessaire d’avoir conscience des mécanismes par lesquels il
se perpétue, de repérer les petits riens par lesquels elle se fait.
 L’instauration du bilan psychologique dans nos structures constitue un grand
espace de liberté qui permettra de dépister le risque de tout glissement potentiel
et les éléments de vulnérabilité individuelle qui marquent une faiblesse relative
tantôt temporaire, tantôt durable (référence voir travaux de Stéphane Proia) .
 L’écoute psychologique au bout du fil qui représente une opération de masse
contribuera certainement a augmenter la sensibilité à la violence d’une part et
à l’orientation des victimes (Pr Jean Billard)
 Aujourd’hui l’acteur du changement dans nos organisations devra développer
(intervention psychologique Oliver Conaud 15 septembre 1976) :

1. Le respect des identités
2. La communication n’est pas unidirectionnelle et asservissante mais
procède de l’échange
3. Développer des relations de symétrie pour retrouver l’équité

Donc Pour éviter d’être piégé dans une relation d’emprise il faut être capable de développer
une sensibilité à la violence, d’apprendre à la repérer et la refuser, poser des limites et ne pas
accepter ni chercher d’excuses à un comportement déviant quel qu’il soit, qu’on en soit la
victime ou le témoin.

« A moins d’être complice, les victimes de la perversion narcissique sont à plaindre et
plus encore à protéger. » (RACAMIER, 1992)

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