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«GUIDE POUR LA RÉALISATION D’UN DICTIONNAIRE »Béatrice BOUVIERChargée d’étudesJanvier 2001 ÉTUDEDES MAÎTRES D’ŒUVRE FRANCAISSOUS-DIRECTION DES ÉTUDES, DE LA DOCUMENTATION ET DE L’INVENTAIREDIRECTION DU PATRIMOINE ET DE L’ARCHITECTUREMINISTÈRE DE LA CULTUREBéatrice BOUVIERSOMMAIRELes dictionnaires des architectesDe l’InventaireProjet de méthode pour un dictionnaire extensifTable des matièresLes Fichiers « biographiques » en régions Biographies » de l’InventaireLa Base « ANNEXE IIANNEXE ICONCLUSIONCHAPITRE III Les Sources biographiques dans les fichiers CHAPITRE IICHAPITRE IINTRODUCTIONAVANT PROPOSBéatrice BOUVIERCahiers«««Ce livre se présente sous la forme d’un guide destiné aux chercheurs, historiens et historiens de l’artsoucieux de repérer rapidement les sources biographiques conservées dans les sources – bases informatiques oufichiers manuels – de la sous direction des études, de la documentation et de l’inventaire et de ses servicesrégionaux.Le premier objectif de ce travail était de réaliser une étude de faisabilité pour un dictionnaire des architectes » français. Mais, dès le commencement des recherches, il s’est avéré indispensable d’ inclure les autres1 acteurs » intervenants dans le premier œuvre du bâti : maçons, charpentiers, entrepreneurs, ingénieurs,géomètres… Un autre critère de sélection aurait pu être retenu, celui de la limite chronologique. Le choix a été del’exclure au profit d’une exhaustivité la plus grande ...

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Langue Français

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Béatrice BOUVIER
MINISTÈRE DE LA CULTURE DIRECTION DU PATRIMOINE ET DE L’ARCHITECTURE SOUS-DIRECTION DES ÉTUDES, DE LA DOCUMENTATION ET DE L’INVENTAIRE
GUIDE POUR LA RÉALISATION D’UN DICTIONNAIRE DES MAÎTRES D’ŒUVRE FRANCAIS
ÉTUDE » «
Béatrice BOUVIER Chargée d’études Janvier 2001
AVANT PROPOS INTRODUCTION
CHAPITRE I
CHAPITRE II
Béatrice BOUVIER
SOMMAIRE
Les dictionnaires des architectes
Les Sources biographiques dans les fichiers De l’Inventaire
CHAPITRE III Projet de méthode pour un dictionnaire extensif
CONCLUSION
Table des matières
ANNEXE I
ANNEXE II
Les Fichiers « biographiques » en régions
La Base « Biographies » de l’Inventaire
AVANT-PROPOS
Béatrice BOUVIER
Ce livre se présente sous la forme d’un guide destiné aux chercheurs, historiens et historiens de l’art soucieux de repérer rapidement les sources biographiques conservées dans les sources – bases informatiques ou fichiers manuels – de la sous direction des études, de la documentation et de l’inventaire et de ses services régionaux. Le premier objectif de ce travail était de réaliser une étude de faisabilité pour un dictionnaire des « architectes » français. Mais, dès le commencement des recherches, il s’est avéré indispensable d’inclure les autres « acteurs » intervenants dans le premier œuvre du bâti1: maçons, charpentiers, entrepreneurs, ingénieurs, géomètres… Un autre critère de sélection aurait pu être retenu, celui de la limite chronologique. Le choix a été de l’exclure au profit d’une exhaustivité la plus grande possible. L’étude se divise en trois parties : 1- Une recherche bibliographique des dictionnaires d’artistes et d’architectes français et étrangers ; 2- Un inventaire des « maîtres d’œuvre » recensés dans les bases et fichiers des services de l’Inventaire général ; 3- Une proposition d’exploitation de cet inventaire, suivi d’un projet de méthode pour la réalisation du dictionnaire des maîtres d’œuvre français. L’inventaire des noms dressé à partir des bases informatiques se limite volontairement à des listes nominatives élaborées à partir des informations suivantes : nombre d’occurrences, nom, prénom, profession. Au total, plus de 72 000 noms présents dans les bases et fichiers de l’Inventaire général : 25 000 références en régions, essentiellement sur les maîtres d’œuvre locaux ; plus de 44 000 pour les bases nationales (Mérimée, Palissy, Archidoc, bâtciv) ; complétées par des informations biographiques conservées dans diverses publications (Cahiers etRépertoires). Ce constat est éloquent, bien que le chiffre exact des noms puisse être contesté. L’exactitude des statistiques n’est pas sans faille, certains noms sont redondants et apparaissent dans plusieurs bases. L’objectif n’était pas de constituer un index commun à toutes les bases documentaires, mais de permettre aux chercheurs de repérer rapidement les noms d’architectes ou assimilés dans chacune d’elles. Les bases documentaires de l’Inventaire général regroupent un nombre considérable de « maîtres d’œuvre », pour la plupart des acteurs secondaires, sans réelle notoriété, mais qui ont joué un rôle déterminant dans le profil architectural français. Michel Melot le rappelle très justement : « L’Inventaire général d’André Malraux, renferme, entre autres, l’un des plus grands dictionnaires de noms d’artistes et notamment des bâtisseurs de ces monuments2». Dans l’état actuel des choses, les informations biographiques pour chaque nom recensé demeurent très réduites. Mais grâce à la datation des œuvres, il reste possible de resituer chronologiquement l’activité du « maître d’œuvre », et de connaître parfois le nom du maître d’ouvrage. Certaines notices renferment également des renseignements bibliographiques très précieux. Les listes établies pourraient faire l’objet d’une exploitation plus biographique et permettraient de réaliser un dictionnaire des artisans et entrepreneurs du bâtiment, document jusqu’à présent inexistant. Si les architectes possèdent plusieurs dictionnaires consacrés à leur profession, on ne peut en dire autant des maîtres d’œuvre et entrepreneurs. La question est de savoir si une telle entreprise figure parmi les priorités de l’Inventaire général qui, à l’origine, avait pour mission de recenser les «monuments et des richesses artistiques de la France».
                                                       1 Liste des métiers retenus. 2 Melot, « Michel propos Avant »,Hommes et métiers du bâtiment (1860-1940) : l’exemple des Hauts-de-Seine, Paris, Librairie du Patrimoine, projet de publication.
INTRODUCTION
Béatrice BOUVIER
« Architecte » : étymologie et histoire d’une profession L’architecte est «celui qui exerce, en qualité de maître, l’art de bâtir, traçant les plans, et surveillant l’exécution des constructions. » (Littré, édition de 1881). «de bâtir, qui en dessine lesCelui qui dirige des constructions suivant les règles de l’art plans, en dresse les devis : bon savant, habile architecte. » (Larousse, XIXe siècle).
Établir une histoire de l’architecte et de son métier est une entreprise périlleuse, mais réussie par Louis Callebat, dans son ouvrageHistoire de l’architecte (Flammarion, 1998, 285 p.). La problématique demeure complexe : Comment désigner l’homme qui conçoit et construit un édifice ? Faut-il le nommer bâtisseur ? édificateur ? constructeur ? architecte ? ou maître d’œuvre ? Louis Callebat tente de répondre à cette question par une recherche historique du mot. Il précise que le terme «architecton» apparaît pour la première fois au Ve siècle avant notre ère dans les propos de l’historien grec Hérodote. Ce dernier identifie le constructeur de l’aqueduc de Samos, Eupalinos de Mégare. Personnage que nous retrouvons sous la plume de Paul Valery qui en fait une figure emblématique. L’architecte semble devoir rassembler les qualités de concepteur («archi-» en grec signifie « chef de ») et de réalisateur d’architecture («-tecton Louis Callebat suppose que le mot composer »).» en grec signifie « « architecton» désignait aussi le maître charpentier « en référence aux techniques primitives de construction ». Le sculpteur «tãsan» pouvait également occuper les fonctions d’architecte. Les recherches étymologiques de Louis Callebat retracent les origines du mot « architecte ». Il est inutile de reprendre ce qui a été fait de façon remarquable. Signalons, tout de même, quelques dates, l’apparition du terme «architekt», dès 1585 sa forme latine et,« architector», en 1627, probablement influencée par la forme allemande.
Le choix d’intituler ce travailGuide de faisabilité pour un dictionnaire des « maîtres d’œuvre »évite de se limiter aux professionnels qui portent le titre d’architecte. Dans les bases documentaires de l’Inventaire général, un même individu peut être désigné par plusieurs métiers. Il fallait donc élargir la sélection aux professions annexes. L’appellation « maître d’œuvre » permet de regrouper un ensemble « d’acteurs du bâtiment ». Bien que Louis Callebat retrace l’histoire du mot architecte, de sa naissance à l’emploi actuel, une autre question reste en suspens : « Qui sont les architectes ? » L’emploi de l’appellation « architecte » n’est réglementé que depuis 1941, avec la création de l’ordre des architectes sous le gouvernement de Vichy. Mais depuis le début du XIXe siècle, l’architecte s’interroge sur son identité.
Les « ambiguïtés » de la profession En 1859, Adolphe Lance (1813-1874) s’interroge sur le statut de la profession. Il est l’un des premiers à proposer des rapports sur la question : « Qu’est-ce qu’un architecte ? »3À quoi, il répond : « Aux yeux de certains gens, l’architecte est un homme qui sait, au besoin, tracer des lignes parallèles à l’aide d’une règle et d’un compas, mais pour beaucoup d’autres, ce n’est guère qu’un maçon en habit noir4». La législation française à travers l’article 1795 du code Napoléon assimile, en effet, l’architecte au négociant. Le fait d’assigner l’architecte au paiement d’une patente prouve l’amalgame qui existe entre leur profession et celle du négociant.
                                                       3Béatrice Bouvier,L’Encyclopédie d’architecture: un miroir de son temps, Paris, 1999, thèse de doctorat, EPHE, 2 vol. ; sous la direction de Jean-Michel Leniaud. 4Lance, « Qu’est-ce qu’un architecte ? »,Adolphe Encyclopédie d’architecture, t. IX, 1859, col. 177-182.
Béatrice BOUVIER
À partir du XIXe siècle, l’architecte est victime d’un préjudice moral. Il semble moins considéré que les autres artistes par les critiques et le public. La méconnaissance du public pour l’architecture explique, en partie, la mauvaise opinion portée sur la profession. L’autre explication repose sur la complexité de la fonction de l’architecte. Il doit à la fois être responsable de la conduite des travaux exécutés sur ses plans, il doit rédiger les mémoires destinés aux entrepreneurs et signaler les vices de procédure. L’enseignement officiel demeure très longtemps inadapté à l’exercice de la profession. La presse spécialisée en architecture dénonce, tout au long du XIXe siècle, les programmes de l’école des beaux-arts et se pose la question : « Pourquoi la profession est-elle malade ? » Le statut encore mal défini à l’époque de l’architecte, homme d’art et de science, pose des problèmes d’identité. L’organisation de l’Institut, en 1795, détermine tous les arts, grammaire, langues anciennes, poésie, antiquités, peinture, sculpture, musique et déclamation. L’arrêté consulaire du 23 janvier 1803 compose la classe des beaux-arts avec la peinture, la sculpture, l’architecture et la gravure, et l’unité des arts s’organise autour du dessin et repose sur l’idée que les arts du dessin possèdent des principes communs. Cette union académique est bien loin d’atteindre son but et semble un obstacle aux changements. Les architectes, plus que tous autres, sont freinés dans leur activité : Comment l’architecte peut-il s’entendre avec le peintre et le sculpteur, qui, pour produire, s’adressent toujours de nouveau à la nature, et, suivant les idées et les mœurs du temps, rajeunissent et transforment les interprétations et les expressions, tandis que lui piétine sur place ?5 Profession libérale, le métier d’architecte s’adapte plus ou moins bien aux exigences de la société industrielle et capitaliste. L’institutionnalisation de l’architecture en tant que pratique culturelle savante depuis le XVIIe siècle ne correspond plus aux nécessités du XIXe siècle. Officialiser une « bonne architecture » par le Grand prix de Rome ne répond pas davantage à une société en complète mutation culturelle, sociale et économique. Les architectes du XIXe siècle, en mal d’identité, réclament des repères et semblent trouver une première réponse dans la création d’un « diplôme »6. L’Espagne apparaît comme le premier pays à instituer des statuts relatifs à la profession d’architecte. À la fin du XVIIIe siècle, ces statuts sont soumis au roi Ferdinand VI par un Français, Héard, membre de l’Académie. Le projet de ce dernier est adopté par le gouvernement espagnol. Il est renouvelé le 29 septembre 1801, par le nouveau roi Charles IV, sur propositions de Pedro de Cevallos et Isodore Rosart. Dorénavant, nul ne peut prétendre au titre d’architecte, ni exercer la profession, s’il n’est agrégé, pourvu d’un diplôme spécifique et approuvé par l’Académie royale de San Fernando. Les conditions d’obtention du diplôme espagnol reposent sur la production de plusieurs pièces : un certificat d’architecte agrégé de l’Académie, le dépôt d’un projet rendu avec ses détails accompagné d’un mémoire explicatif sur le mode de construction, une esquisse et l’obtention d’un examen de deux à trois heures portant sur des questions pratiques et théoriques. La nouvelle réglementation de 1801 prescrit que toute personne qui a recours à un architecte non agrégé ne peut intenter un recours en justice en cas de litiges. En France, la création de la société centrale des architectes apparaît comme un premier essai pour sortir de l’isolement. Dès sa fondation en novembre 1840, la Société centrale, à travers la personnalité de Charles Gourlier, se préoccupe, de la question du diplôme. Un an après son institution officielle en 1843, elle reçoit un rapport de la société académique de Lyon7, qui lui rappelle que « les vices existants » dans l’organisation de la profession d’architecte réclament des mesures efficaces pour les faire cesser. Au sein même de la Société centrale, des voix s’élèvent et renforcent les propos. Le 11 juin 1845, un rapport de Charles Gourlier signale la volonté « unanime d’établir un diplôme ». Pourtant une polémique s’installe entre les partisans du diplôme obligatoire avec ou sans examen. Le conflit évolue et la question est de savoir si un diplôme peut sanctionné un état libéral. Les mesures proposées par la Société centrale sont, en 1845, en faveur d’un diplôme facultatif, pour tous les architectes déjà en exercice, mais obligatoire pour les élèves en architecture. En revanche, le diplôme revient de droit aux étudiants de l’école des beaux-arts primés au Grand prix ou au prix départemental, et âgés de moins de vingt-cinq ans.
                                                       5 de Baudot, « À propos d’une conférence de E. Guillaume Anatole», Encyclopédie d’architecture, t. III, 1890-1891, p. 9-11. 6Jean-Michel Leniaud,Les Bâtisseurs d’avenir1998, 503 p., pp. 135-140 [chap. II, « La profession, Paris, Fayard, d’architecte »]. 7 d’architecture de Lyon fut fondée dans les années 1830 et entreprit de nombreuses démarches pour L’Académie améliorer la profession.
Béatrice BOUVIER
Après une nouvelle tentative d’une commission, l’année suivante, le rapporteur, Gounod, suggère de porter l’âge minimum à trente ans. Le 28 octobre 1846, un nouveau conseil se déroule à la Société centrale, dans le but de faire le point sur les diverses positions : créer un diplôme ou un certificat de capacité ; le délivrer immédiatement et sans examen aux architectes en exercice ; adapter l’enseignement des futurs architectes à l’exercice du métier. La dernière recommandation concerne l’organisation du service des bâtiments civils de Paris et des départements, de façon à « assurer aux architectes qui s’y consacrent la position, la fixité et un avenir convenable ». Cette phase de réflexion sur le diplôme dure dix années. En 1847, le ministre reçoit enfin les membres de la société centrale chargés du dossier. Charles Gourlier et Henri Labrouste présentent les conditions requises par la Société centrale. L’ordonnance sur le point d’être entérinée, est retardée par les évènements de 1848. Les négociations reprennent en décembre 1853. Un courrier rédigé par Charles Rohault de Fleury, Henri Labrouste et Victor Baltard demande la poursuite des discussions. Adolphe Lance relance le débat sur le diplôme obligatoire et insiste sur la nécessité de le remettre à tout architecte âgé d’au moins trente ans qui a fait ses études théoriques dans une école publique ou privée et dirigé l’exécution d’un chantier. Le diplôme doit, en revanche, être refusé à tout « architecte », ou « soi-disant » tel, qui n’est pas en mesure de fournir des garanties demandées par l’article précédent. Charles Gourlier s’oppose à l’idée. Lance s’adoucit et propose la création d’une corporation d’architectes diplômés qui permette de donner une garantie supplémentaire à tous ceux qui font appel aux architectes. Les « ennemis » de la profession, selon lui, sont « les menuisiers retirés des affaires, ou dont les affaires se sont retirées, des toiseurs et des arpenteurs géomètres » qui font office d’architecte. Le statut juridique de l’architecte est, en effet, des plus ambigus. Le code civil ne fait aucune distinction entre « l’architecte » et « l’entrepreneur ». L’élitisme des architectes veut, du moins jusqu’à la fin de l’Ancien régime, privilégier les architectes du roi, de formation académique. Ce lourd héritage charge encore la profession d’un protocole de cooptation nuisible à l’essor nécessaire à la survie du métier. De plus, la patente, établie après la Révolution, assimile le travail de l’architecte à un emploi commercial. En échange de la somme de cent francs, toute personne pouvait obtenir une patente et le droit d’exercer. Le journaliste Teulère décrit parfaitement l’état de la profession au XIXe siècle : J’ai connu un bonhomme, qui était maître d’école sous l’Ancien régime. Quand on organisa le nouvel enseignement primaire, on le trouva faible et on le renvoya de son école. Fort embarrassé de sa personne, il chercha une profession. On le refusa comme cantonnier. En désespoir de cause, il se fit architecte ! Il s’établit dans un arrondissement, et, comme il était très apprécié des paysans placés à la tête des municipalités, avec lesquels il buvait sec, il eut une superbe clientèle »8.
Jusqu’à la fin des années 1860, la société centrale poursuit la discussion sur la question du diplôme. Plusieurs propositions apparaissent : la création de deux diplômes, l’un pour les architectes dessinateurs, l’autre pour les architectes constructeurs ; la création d’une formation au diplôme d’inspecteur et de conducteur de travaux. Les disciples de Viollet-le-Duc sont plus favorables au « certificat de fin d’études » qui confirme la maîtrise des bases fondamentales de l’art de bâtir, et qui serait délivré par des écoles spécifiques à Paris et en province, retirant tout monopole à l’école des beaux-arts. Anatole de Baudot, à l’image de son « maître », s’oppose à trop d’interventionnisme de l’État. Le seul diplôme viable en architecture, réside dans la confiance qui s’installe entre l’architecte et sa clientèle et dans les relations avec ses confrères : le diplôme résulte alors de ses capacités et de la maîtrise de son art. Viollet-le-Duc entend ainsi réhabiliter la fonction de « maître d’œuvre ». En novembre 1867, l’État instaure un diplôme non obligatoire, délivré par l’école des beaux-arts, en faveur des élèves de la première classe d’architecture. Attribué par concours, il s’organise sur deux épreuves : graphique et orale. L’année suivante, l’école spéciale d’architecture d’Émile Trélat institue à son tour un diplôme spécifique à l’établissement, délivré dès la sortie de la première promotion. Cette politique s’appuie sur l’idée qu’un diplôme peut ouvrir de nouveaux débouchés pour les jeunes architectes dans les carrières libérales. Durant les années 1870 à 1880, l’école des beaux-arts limite le nombre de diplômés à dix par an. Le nombre de jeunes architectes diplômés croît d’autant chaque année et commence à former une sorte de corps spécial qui sollicite de plus en plus d’avantages liés à leur statut particulier.
                                                       8T. Teulère, « Du diplôme et quelques questions à côté »,Encyclopédie d’architecture, t. IV, 1891-1892, p. 81-83, p. 90-91.
Béatrice BOUVIER
Le diplôme apparaît pour certains architectes comme dangereux pour l’art et d’une application difficile dans la pratique. Il ne peut, selon eux, répondre aux exigences d’une profession dont les limites restent imprécises9. Toutes ces réflexions poussent les architectes à se regrouper. Après 1840 et à la suite des événements de 1848, plusieurs sociétés, associations voient le jour : la société centrale des architectes, en 1840, la société des artistes industriels, en 1848, la société nationale des architectes, en 1873, la société des diplômés du gouvernement, en 1877, la société de la caisse de défense mutuelle, en 1884 et le syndicat des architectes français, en 1890. En province, de nombreuses entreprises identiques suivent l’exemple parisien. L’Académie d’architecture de Lyon s’interroge, dès les années 1830, sur les moyens à adopter pour améliorer la profession. La Société des architectes de Bordeaux suit le mouvement après 1863. Des groupes régionaux et départementaux se constituent. À la fin de l’année 1888, la province compte plus de vingt-trois sociétés d’architectes organisées. Pour éviter l’isolement des petites associations départementales, la société centrale organise, tous les ans à partir de 1873, un congrès des architectes, dont le but est de susciter la discussion, de résoudre les diverses questions qui se posent à la profession. En 1868, le débat sur l’exercice de la profession d’architecte est européen et fait l’objet d’une étude de la société générale des architectes et ingénieurs allemands10 architecture ». La section « réunie à Hambourg, en septembre 1868, expose les propositions de J. de Eglé, membre du conseil supérieur des bâtiments de Stuttgart et Bockmann, président de la société des architectes de Berlin. Les honoraires des architectes sont estimés sur les mêmes bases que celles des ingénieurs, d’après un système de classification des constructions. Les Allemands proposent un autre sujet de réflexion qui retient particulièrement l’attention des Français : le droit à la propriété artistique des architectes. Les préoccupations des architectes anglais s’avèrent différents par le fait qu’ils possèdent un enseignement architectural d’État. En 1872, le Royal Institute of British Architects (RIBA) propose un code de déontologie11à concilier les lois du marché avec les principes du concours académique, tandis. Le RIBA cherche que la France tend à poursuivre l’effort inverse. La situation n’évolue pas de façon significative dans la période de l’Entre-deux guerres. Le débat se concentre davantage sur les questions de la « modernité architecturale». Mais les inquiétudes demeurent identiques. Tandis que la loi s’évertue à réglementer la profession après 1941 à travers l’Ordre des architectes, la profession devient, après les années 1960, l’objet d’études sociologiques. Jean-Michel Leniaud souligne parfaitement le phénomène. Les sociologues des années 1970 considèrent les architectes non plus comme des individualités mais comme des groupes, sujets de statistiques. Il signale dans son ouvrage,Les Bâtisseurs d’avenir, l’étude parue en 1973, intitulée,Les Architectes12, qui rendait compte d’une réalité nouvelle, celle d’une diversification de la profession. Les auteurs de l’étude mettent l’accent sur l’augmentation du nombre d’architectes salariés en rupture avant l’exercice libéral de la profession. En parallèle, le nombre des étudiants en architecture s’accroît constamment. De 1930 à 1973, les écoles d’architecture produisent 11 132 diplômés, dont 1 500 de 1968 à 1971. En 1960, 8 372 architectes sont inscrits à l’Ordre, et 10 372, quinze ans plus tard. En 1996, ils sont passés à 26 50013J.-M. Leniaud explique le phénomène d’augmentation des salariés à 27 700 en 2000.  et14 comme expression « de l’évolution de la commande, et singulièrement de la commande publique. Plus le volume de l’offre augmente, plus les effectifs des agences croissent ». De nouveau, le phénomène est européen. En 1998, le nombre d’architectes en Grande-Bretagne s’élève à 30 000, 70 000 en Italie et 80 000 en Allemagne. L’instauration d’un                                                        9  Françoise Boudon, « Recherche sur la pensée et l’œuvre d’Anatole de Baudot», Architecture, Mouvement, Continuité, t. XXVIII, 1873, p. 1-66. 10La société générale des architectes et ingénieurs allemands s’était réunie du 1eau 4 septembre 1868, à Hambourg, au nombre d’environ huit cents membres. Elle regroupait plusieurs sections : celle des architectes et celle des ingénieurs. L’entente entre les deux professions se retrouve dans le programme de « fixation des honoraires » présenté lors de cette réunion. Les honoraires de l’architecte et de l’ingénieur allemand sont calculés sur la même base. 11Jean-Michel Leniaud,Op. cit., p. 146. 12 RaymondeMoulin, Françoise Dubost, Gras, Alain, Jacques Lautman, Jean-Pierre Martinon , Les Architectes. Métamorphose d’une profession libérale, Paris, Calmann Lévy, Archives des sciences sociales, 1973. 13Chiffres fournis dans l’étude de J. M. Leniaud,Op. cit.,p. 394. -14Ministère de la culture, service de la formation d’architecture, observatoire de la profession : statistiques pour au mois d’octobre 2000 , pour 35 000 diplômés et 27 700 inscrits à l’ordre. Le mode d’exercice des architectes se répartit de la façon suivante : libéral (83,6 %), architectes exerçant en sociétés (12,9 %), individuels (70,7 %). Les 16,3 % restant se répartissent entre les agents publics de l’État ou des collectivités territoriales (3,3 %), les salariés (8,4 %), les architectes exerçant à l’étranger (0,2 %) et les architectes sans activité (5 %).
Béatrice BOUVIER
numérus claususà l’entrée des écoles est réclamée par certains, d’autres recommandent de rehausser le niveau des études. L’objectif à atteindre étant de restreindre le flux des étudiants. Les questions du concours, du diplôme et de la réforme de l’enseignement demeurent d’actualité. Les uns proposent de couronner les études par la collation du grade de docteur, au même titre que les médecins ou les universitaires, les autres réclament un enseignement plus pratique, avec l’essentiel de la formation en agence. Au fond, les sujets de discussion n’ont pas beaucoup évolué depuis l’Empire et restent les mêmes : concours, diplôme, enseignement, propriété artistique. Néanmoins, le nombre des professionnels qui étaient assimilés aux « architectes », ou plus exactement qui exerçaient la fonction d’architecte, a considérablement diminué. Le géomètre, l’employés de l’équipement, l’entrepreneur ou même le « maître d’œuvre agréé» qui pouvaient ériger des bâtiments de moins de 170 m2 15, tend à disparaître, non pas en raison du statut plus affirmé des architectes, mais davantage par le poids d’une réglementation administrative plus imposante. Ces dernières années, un autre phénomène est venu bouleverser la profession : la réunion de l’architecture et du patrimoine au sien du ministère de la culture et de la communication. Ce changement a engendré de nombreuses modifications dans l’enseignement de la profession. Sans rentrer dans le détail de la réforme, nous pouvons, tout de même, citer un passage de la page « Formation aux métiers de l’architecture » du site internet du ministère de la culture qui expose tous les secteurs où l’architecte peut être conduit à intervenir : « La conception et la réalisation de bâtiments ; la gestion et le suivi de chantiers ; l’entretien, la réhabilitation, la transformation et l’agrandissement de bâtiments ; la sécurité des constructions ; la décoration intérieure ou extérieure d’un bâtiment ; la conservation et la restauration des monuments historiques ; la programmation, le montage d’opérations ; la conception et l’aménagement d’espaces publics ; les études d’impact et environnementales ; l’enseignement et la recherche ; le conseil aux collectivités territoriales ; l’assistance à la maîtrise d’ouvrage privée ; l’expertise auprès des tribunaux ; le paysagisme ; l’urbanisme ; le design ; l’infographie et les nouveaux médias ; la scénographie ; l’architecture navale ; les métiers de l’organisation et de la communication, etc.16» Vous comprendrez mieux, à la lecture de cette imposante liste, la difficulté qui apparaît à vouloir fixer des critères de sélection à la réalisation d’un dictionnaire des « architectes». Nous allons, pour cette fois, suivre les conseils de Viollet-le-Duc et « réhabiliter » le terme de « maître d’œuvre » pour désigner l’ensemble des professionnels recensés dans cette étude.
                                                       15La loi du 3 janvier 1977 sur l’architecture consacre l’intervention des architectes dans l’acte de bâtir. Elle dispose que le recours à un architecte est obligatoire pour toute construction dont la surface est supérieure à 170 m2 (800 m2 pour les bâtiments agricoles). 16ht ion.htmi-formathcra/snoitamrof/esqutira-posnf/iuterc/lu.vrfg.uoture.cul/wwwtp:/
Béatrice BOUVIER
CHAPITRE I
LES DICTIONNAIRES DES ARCHITECTES
Béatrice BOUVIER
1. Bibliographie des dictionnaires d’artistes et d’architectes
I – Les dictionnaires d’artistes et d’architectes français A – Ouvrages biographiques d’artistes (peintres, graveurs, sculpteurs et architectes…)
Achard, M.-J.-P.X.., Notes sur quelques anciens artistes d’Avignon, suivies d’un acte du Xie siècle, qui mentionne un peintre et qui détermine très approximativement l’époque où fut construit l’édifice actuel de l’église métropolitaine de Notre-Dame-des-Doms,Carpentras, Impr. de L. Devillard, 1856. Cote Bib. Municipale d’Avignon 8° 27015. Bellier de la Chavignerie, E.,Dictionnaire général des artistes de l’École française depuis l’origine des arts du dessin jusqu’à nos jours, architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes… continué par Louis Auvray, Renouard, Paris, 1868, 2 vol. Cote Bib. Forney U.920.700 Bel. Bénézit, Emmanuel, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, Paris, Gründ, 1948-1999, 2 vol. Cote Bib. nat. de France 4- G-2524(1). Béraldi, Henri, Les Graveurs du XIXe siècle, Paris, L. Conquet, 1888-1889, 2 vol. Cote Bib. nat. de France microfiche Est-Us-83 (7-8).
Bérard, A.,du XIIe au XVIIe siècle, suivi d’une tableDictionnaire biographique des artistes français chronologique et alphabétique, comprenant en vingt classes les arts mentionnés dans l’ouvrage,Paris, Dumoulin, 1872. Cote Bib. nat. de France LN10-127. Bernardy, André,Les Artistes gardois, peintres, sculpteurs, architectes de 1820 à 1920, Uzès, Ateliers Henri Peladan, 1980, 205p. Cote Bib. municipale de Montpellier, B29200, fonds local. Bibliothèque municipale. Dijon. Fichier Prost et Brune, BM Dijon, ms 1986 [fichier biographique]. Bonafons, L. de,  (Abelconnu sous le nom de l’abbé de Fontenay),Dictionnaire des artistes, où notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, Paris, Vincent, 1776, 2 vol. Cote Bib. nat. de France Z-30086 (97). Calendrini (abbé), Dictionnaire des artistes manceaux, fichier manuscrit conservé aux archives départementales de la Sarthe (13 F 1313-1330).
Carnoy, Henry,Dictionnaire biographique des membres des société savantes. –Dictionnaire biographique international des inventeurs, ingénieurs et constructeurs, des grands commerçants et industriels, des agriculteurs, etc., Paris, Carnoy, 1900, 264 p.  Cote Bibl. nationale de France M-6461 (10).
Béatrice BOUVIER
  Chardon, Les Artistes du Mans jusqu’à la Renaissance, Paris, E. Champion, s.d., 38 p.  Cote Bib. arts décoratifs Br. 7026.   Denis, J.-L., Dictionnaire des artistes et artisans manceaux. Notes et documents de l’abbé Gustave-René Esnault, Laval, A. Goupil, 1899, 2 tomes.   Dictionnaire abrégé de peinture et d’architecture, où l’on trouvera les principaux termes de ces deux arts avec leur explication, la vie abrégée des grands peintres et architectes célèbres, et une description succincte des plus beaux ouvrages de peinture, d’architecture et de sculpture soit antiques soit modernes, Paris, Nyon fils, 1746, 2 vol.  Cote Bib. municipale de Dijon, 2645, CGA.   des notabilités dans les lettres, lesDictionnaire biographique, comprenant la liste et les biographies sciences et les arts, dans la politique, la magistrature, l’enseignement, etc. (département de la Somme), Paris, H. Jouve, 1893, 408 p.  Cote Bib. municipale dAmiens, PIC 20753.  Dictionnaire des artistes ou notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs et danseurs, imprimeurs, horlogers et méchaniciens, Paris, Vincent, 1776, 2 vol.  Cote Bib. municipale de Toulouse Fa D9788 (1-2) fonds ancien.   Dictionnaire universel de l’art et des artistes, où sont traités, de manière historique et critique à nos jours, les écoles et mouvements, la vie et l’œuvre des architectes, peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Paris, F. Hazan, 1967-1968, 3 vol.  Cote Bib. Forney U 700 Dic. 3   Durieux,Les Artistes cambraisiens,s.l., s.d., s.p.  Cote Bib. arts décoratifs, J 146.   Dussieux, L., Les Artistes français à l’étranger, Paris, Didron, 1852.  Cote Bib. nat. de France LN10-3.   Edouard, Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains 1910-1930, Paris, Art et édition,4 vol., plus suppl., 164 p.  Cote Bib. nat. de France 4-G-544 et 4-G-2264.   Eméric-David, Toussaint-Bernard, Vie des artistes anciens et modernes, architectes, sculpteurs, peintres,Paris, Charpentier, 1853, 346 p.  Cote Bib. municipale de Macon, 1302 Havard.   Fleury, Marie-Antoinette,du Minutier central concernant les peintres, graveurs, sculpteurs,Documents au XVIIe siècle (1600-1650),Paris, Sevpen, 1969.  Cote Bib. Forney NS 16523.   Gabet, Charles,Dictionnaire des artistes de l’école française au XIXe siècle. Peinture, sculpture, architecture, gravure, dessins, lithographies, orné de vignettes gravées par Deschamps, Paris, Vergne, 1831, 709 p.
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