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Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 20 Mo |
Extrait
^vETUDES
GRECSTRAGIQUES
PATINPAR M.
de l'Académie française
de PariaProfesseur de poésie latine à la Faculté des lettres
SOPHOCLE
ÉDITIONCINQUIÈME
PARIS
HACHETTE ET CLIBRAIRIE
SAINT-GERMAIN, 7979. BOULEVARD
1877
Droit traduction réservédeETUDES
TRAGIQUES GRECS
TROISIEME.LIYRE
THEATRE DE SOPHOCLE.
CHAPITRE PREMIER.
.
Ajax'.
retracé leJ'ai ailleurs^ tableau de la révolution qu'o-
péra, dans la tragédie, le génie de Sophocle. On a pu
voir comment une manière comprendrenouvelle de les
événements qui sont la matière du drame, avait en partie
substitué au ressort primitif de la fatalité le ressort
presque inconnu des passions humaines; comment d'un
plus heureux mélange, d'un concours plus égal de l'irré-
\. C'est le titre primitif, était donné par les didascaliestel qu'il
contemporaines. enL'argument grec qui l'assure, fait connaître même
temps que Dicéarque avait désigné la pièce sous un autre titre : la
Mortd'Ajax. On ne sait trop quand fut ajoutée au nom à'Ajax, d'après
une circonstance très-particulière de la tradition suivie par Sophocle,
et qu'il a mdiquée, v. 110, l'épithète [xacrTiToopôpo;, porte-fouet^ pour
distinguer l'ouvrage de quelque autre avec lequel on aurait pu le con-
fondre, par exemple de VAjax Locrienle de Sophocle, dit encore l'ar-
gument grec déjà cité.
2. Voyez, t. et suivantes.1, p. 3'i2 SOPHOCLE.
sistible ascendant de la destinée lesavec mouvements de
la -liberté morale, était sortie une tragédie, toujours
simple, toujours grande, toujours empreinte d'une som-
bre majesté, mais en même temps plus rapprochée des
proportions de notre nature; une tragédie plus pure et
plus belle, de formes plus précises et plus variées, d'un
mouvement vif rapide, paraissaitplus et plus où un art
plus achevé et plus complet. Tel est en effet le caractère
général nombreuses,des compositions, trop peu qui nous
sont restées de Sophocle, et sur chacune desquelles je
me propose d'appeler successivement l'attention de mes
lecteurs. Il les frappera, je l'espère, dans celle qui com-
mence ordinairement recueil, qui, seuleson et par cette
raison, se placera aussi la première dans cette revue de
chefs-d'œuvre. offre déjà l'intérêt d'uneses Son Ajax
action sans doute encore peu étendue, mais animée toute-
fois nouvelle des incidents; une conduitepar la variété
naturelle, régulière, attachante; des caractères tracés
habilement, et qui ressortent par d'ingénieux contrastes;
une peinture de mœurs, une expression de sentiments
vraies et touchantes; une terreur adoucie par les émo-
pathétiques que produit le spectacletions nobles et de
Théroïsme et du malheur.
mérites, qui se mêlent et se confondentTous ces dans
Tunité de son œuvre, dans l'impression qu'on en retire,
il faudra, et je crois devoir m'en excuser, les considérer
isolément. C'est l'inévitable inconvénient de la critique,
lasoit qu'elle s'occupe des productions de nature, soit
qu'elle s'arrête aux créations de l'art, de diviser ainsi ce
rompre par l'analyse l'accord veut connaître, de et
l'ensemble des parties, ce tout harmonieux d'où résultent
si parvient ensuite àla beauté et la vie. Heureuse elle
rapprocher ces pièces désunies, à reconstruire ce qu'elle
sur et à retrouver,a brisé, à replacer la statue sa base,
en sa présence, ce premier sentiment d'une admiration
regretter les no-confuse et naïve, que font quelquefois
tions plus positives et plus claires de la science! Je tâ-
cherai du moins, Sophocle et, paren parlant de VAjax de