Histoire de l art dramatique en France depuis vingt-cinq ans
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THÉOPHILE GAUTIER h\ HISTOIRE L'ART DRAMATIQUE i. EN FRANCE DEPUIS VINGT-CINQ ANS (3" série) LEIPZIG ÉDITION HETZEL ALPHONSE DURR, LIBRAIRE-ÉDITEUR 1869 LIBRARY 760438 TORONTOOFUNIVERSITY — Théâtre-Français : les Burgraves, irilogie par M. VictorMARS i843. — —— Analyse de la pièce. La composition et le style. AltitudeHugo. — — mâles et lesdu public. Qualité dominante chez M. Hugo. Les génies — : représentation au bénéfice degénies féminins. Les acteuris.— Italiens — —— Olello. — L'enthousiasme rétrospectif. Mario.madame Grisi. —Innovation dans le costumedu More de Venise. Tamburini, Lablaclie. — Charles—Variétés : une Nuit de mardi gras. Le cancan.—Opéra : V/, de Halévy.—paroles de MM. Casimir et Germain Delavigne, musique M. pièce et la partition.— Le cortège de Lancastrc. — Où les classiquesLa rendent des points aux romantiques. — Baroilhet, madame Slollz. 13 mars 1843. —Théâtre-Français. Les Burgraves. Autrefois, sur le faîle lesdes rochers qui hérissent bords du Rhin, se dressaient, au milieu inaccessibles habités par des burgraves,des nuées, des donjons ban- dits gentilshommes, voleurs homériques qui rançonnaient les pas- sants, pillaient les convois et remontaient ensuite à leurs nids avec leur proie dans les serres. Éventrées par les assauts, ébréchées par le temps, disjointes par l'envahissement de la végétation, les hautes tours des burgs abandonnés tombent pierre à pierre dans le fleuve ou pendent démesurés.

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THÉOPHILE GAUTIER
h\
HISTOIRE
L'ART DRAMATIQUE
i. EN FRANCE
DEPUIS VINGT-CINQ ANS
(3" série)
LEIPZIG
ÉDITION HETZEL
ALPHONSE DURR, LIBRAIRE-ÉDITEUR
1869LIBRARY
760438
TORONTOOFUNIVERSITY— Théâtre-Français : les Burgraves, irilogie par M. VictorMARS i843.
— —— Analyse de la pièce. La composition et le style. AltitudeHugo.
— — mâles et lesdu public. Qualité dominante chez M. Hugo. Les génies
— : représentation au bénéfice degénies féminins. Les acteuris.— Italiens
— —— Olello. — L'enthousiasme rétrospectif. Mario.madame Grisi.
—Innovation dans le costumedu More de Venise. Tamburini, Lablaclie.
— Charles—Variétés : une Nuit de mardi gras. Le cancan.—Opéra : V/,
de Halévy.—paroles de MM. Casimir et Germain Delavigne, musique M.
pièce et la partition.— Le cortège de Lancastrc. — Où les classiquesLa
rendent des points aux romantiques. — Baroilhet, madame Slollz.
13 mars 1843.
—Théâtre-Français. Les Burgraves. Autrefois, sur le faîle
lesdes rochers qui hérissent bords du Rhin, se dressaient, au milieu
inaccessibles habités par des burgraves,des nuées, des donjons ban-
dits gentilshommes, voleurs homériques qui rançonnaient les pas-
sants, pillaient les convois et remontaient ensuite à leurs nids avec
leur proie dans les serres. Éventrées par les assauts, ébréchées par
le temps, disjointes par l'envahissement de la végétation, les hautes
tours des burgs abandonnés tombent pierre à pierre dans le fleuve
ou pendent démesurés.formidablement sur l'abîme en fragments
Aux brigands héroïques bardés de fer ont succédé les filous et lesL ART DUAMATIQLK EN FRANCK
escrocs. La ruse a pris la place de la force, les voyageurs ne sont
—plus dëlroussés que par les aubergistes. Dans ses admirâmes
Lettres sur Wilti,le M. Viclor Hugo, avec ce la eut descriptif qui
n'eut jamais d'égal, nous a fait parcourir quelques-uns de ces anti-
ques repaires féodaux dont il sait tous les secrets; la salle d'armes,
les caveaux aux voûtes surbaissées, l'escalier en colimaçon, le cou-
loir qui circule dans l'épaisseur des murs, l'oubliette au fond pavé
d'ossements, la guérite en poivrière accrociiée aux créneaux comme
un nid d'hirondelle, il nous a tout montré, il nous a prooK né dans
—toutes les salles, à tous les étages. C'est sans doute en visitant uu
de ces donjons que l'idée des Burgraves esl venue à l'illuslro poêle.
Il aura d'abord, par le travail de la pensée, restauréles porlions en
ruine, remis à leur place les pierres écroulées, rattaché le pont-Ievis
chaînes, rétabli les planchers effondrés,à ses arraché le lieri'e et les
herbes parasites, replacé les vitraux dans leurs mailles de plomb,
jeté un chêne ou deux dans la gueule béante des cheminées, posé çà
dans l'embrasure des fenêtres quelqueset là chaires de bois sculpté;
puis, quand il aura vu toutes les choses ainsi arrangées et remises
en état dans le manoir seigneurial, la fantaisie lui aura pris d'évoquer
anciens habitants, car le poëte a,les comme la pythonisse d'Endor,
la puissance de faire apparaître et parler les ombres. Hallo se sera
présenté le premier, puis Magnus son père, puis Job l'aïeul, le
cercle de la rêverie s'éiargissanl et se reculant toujours : cetie vision
des temps disparus, M. Victor Hugo l'a tixée et réalisée en \ors ma-
résultégnifiques, et il en est la trilogie des Burgraves.
la toile, en se levant, laisse lesLorsque yeux des speclat* urs pé-
nétrer dans le monde fantastique que sépare du monde réel (et étin-
celanl cordon de feu qu'on appelle la rampe, nous sommes au burg
de Heppenheff, une de ces hautes demeures féodales escarpées,
inabordables, se cramponnant au rocher par des serres d( granit,
faisceaux de tours engagées les unes dans les autres, où la muraille
continue la montagne à s'y méprendre, et dont les ruines du Châ-
teau-Gaillard, près des Andelys, aux bords de la Seine, peuvent
donner une idée à ceux qui n'ont pas vu les burgs du Rbin. Les
nuages baignent les créneaux, et l'épervier, en passant, se déchire
la plume au fer de la lance des sentinelles les fossés sont dej^ abîmes
;OKPUIS VINGT-CINQ ANS
OÙ hiniicliil, loul là-bas, dans la vapeur bleue, l'eau savonneuse d'un
vertige vous prend à vous penclierlorrenl. Le aux élroiles fenêtres.
"- communication avec le dehors, pas joint cetteNulle un dans
armure de pierre de taille que revêt, par-dessus l'armure de fer qui
ne le quille jamais, le vieux burgrave Job le maudit, Job l'excom-
centenaire,munié, espèce de Goelz de Derlicbingen Titan du Rhin
veut mourir comme il a vécu, sans loi, sans maître, qui repoussequi
d'un pied obstiné l'échelle de l'empire appliquée à ses murailles, et,
ouverte lapour montrer qu'il est en révolte contre société, piaule
noir sa plus haute tour. Celle grande salleun grand drapeau sur
fine, où l'humidité verdildélabrée où l'abandon tamise sa poussière
les pierres, où l'araignée travailleuse suspend ses rosaces aux ner-
vures brisées, c'est la galerie des portraits seigneuriaux du burg de
lleppenheff.
Au fond, l'on voit flamboyer, à travers les pleins cintres d'une
galerie menaçantes san-romane, un coucher de soleil aux teintes et
guinaires. Le premier étage de ce promenoir se compose de piliers
courts, trapus, écrasés, à l'aHitude massive, aux chapiteaux fantas-
tiques; le second, de colonnelles plus légères el plus rapprochées;
sommetsj)ar l'interstice des arcades se découvrent en perspective les
des remparts et des autres tours du burg. Des lumières scintillent
déjà aux barbacanes, d'où s'échappent par éclats de stridentes fan-
fares de clairons el de tumultueux refrains de chansons à boire.
Ilatto, le plus jeune et le plus méchant des burgraves, est en train
de banqueter avec ses compagnons. La chose dure depuis le matin
el a toute la mine de se vouloir prolonger : on ne s'arrèle pas en si
beau chemin. Au vacarme insolemment joyeux de la fêle se mêle |)ar
instant le bruit sinistre de pas lourds el de feuilles froissées : ce sont
les captifs, les esclaves qui reviennent du travail, conduils p.ir un
soblat le fouet en main. Certes, si jamais lion a dû se croire en sûreté
dans son antre, c'est le comte Job. La herse est baissée, le pont-
levis ramené; l'archer veille à son poste; la chambre du comte, avec
sa porte éloilée d'énormes clous, ses serrures compliquées de secrets,
eslcomme une autre forteresse au cœur de la première; les esclaves
sont enchaînés solidement; les cachols ont des profondeurs incon-
nues el ne lâchent jamais leur proie; que peut craindre le vieuxDRAMATIQUE8 LART EN FRANCE
Promélliée sur son roc? Qu'il ne descende du ciel un vautour en-
voyé par Jupiler!
Eh bien^ dans ce manoir si bien gardé, malgré les remparts, mal-
gré les senlineUes, a su se glisser un ennemi. Vous voyez celle
Vieille, sombre, dévastée, avec sa tristesse d'orfraie, son morne et
spectre, ses durs talons qui résonnent sur les dallesfroid regard de
comme les talons du commandeur, son nom rauque et bizarre, ses
allures sinislremenl mystérieuses : c'esl la haine, c'est la vengeance,
c'est Guanhumara, pauvre esclave vendue et revendue vingt fois,
qui a traîné les bateaux qui vont d'Oslie à Rome et qui, changeanl
sans cesse de maître et de climat, a vécu pendant soixante ans de
tout ce qui fait mourir. Dans cette variété d'infortunes, à travers
cette existence errante, elle a trouvé des secrets merveilleux ef-;
frayante pour les tigres eux-mêmes, elle a cueilli dans les forêts
monstrueuses de puissantes donnent la vie oullnde les berbes qui
la mort; durant les immenses nuits des pôles où les étoiles brillent
six mois aux cieux, elle a médité sur les forces secrètes des astres
et avecdes philtres; elle a conversé les noirs esprits el lentement
combiné le plan de sa vengeance, que Satan lui-même sauraitne
désirer plus complète; elle erre à travers ce manoir dont elle con-
naît tous les replis, dont elle a sondé tous les souterrains; car on
lui laisse une liberté en considérationespèce de de quelques cures
—surprenantes qu'elle a faites. Elle inspire à ses compagnons d'in-
fortune une espèce d'effroi vague, de terreur superstitieuse, et elle
se promène a

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