Etude qualitative  article SIFF 2007  - Vaxelaire
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Etude qualitative article SIFF 2007 - Vaxelaire

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Etude qualitative sur la réalité de diverses décisions financières comme instruments de signaling Vaxelaire Jean-Christophe Laboratoire GERME Ecole Supérieure des Affaires (Université de Lille 2) – Groupe ESC Lille 1 place Déliot 59020 Lille, France jcvaxelaire@yahoo.fr Résumé Notre recherche vise à apprécier la réalité de certains instruments de signaling dans le monde des affaires, en particulier l'augmentation du dividende ordinaire, le versement d'un dividende exceptionnel, l'annonce d'un rachat d'actions et l'accroissement de la dette. Grâce à une étude qualitative, constituée de l'analyse d'entretiens auprès d'analystes financiers et investisseurs professionnels (récepteurs des "signaux") et de “relations investisseurs” de firmes cotées (émetteurs de "signaux"), nous n'invalidons pas la capacité de ces décisions à servir de signaux sur la "qualité" de la firme émettrice. Par ailleurs, nous obtenons que l'augmentation du dividende ordinaire, comparativement aux autres décisions étudiées, est celle ayant la plus forte probabilité d'être perçue comme signal sur les perspectives futures de la firme, en particulier en terme flux de liquidités attendus. Ce papier s’inscrit dans le cadre de travaux de thèse sur le thème de « l’efficience relative de divers instruments de signaling », suivis par le Professeur Lobez Frédéric. Cet article se fonde sur le dernier chapitre de la thèse et est proposé ici dans ...

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   Etude qualitative sur la réalité de diverses décisions financières comme instruments de signaling   Vaxelaire Jean-Christophe Laboratoire GERME Ecole Supérieure des Affaires (Université de Lille 2) – Groupe ESC Lille 1 place Déliot 59020 Lille, France  jcvaxelaire@yahoo.fr  
   Résumé   Notre recherche vise à apprécier la réalité de certains instruments de signaling dans le monde des affaires, en particulier l'augmentation du dividende ordinaire, le versement d'un dividende exceptionnel, l'annonce d'un rachat d'actions et l'accroissement de la dette. Grâce à une étude qualitative, constituée de l'analyse d'entretiens auprès d'analystes financiers et investisseurs professionnels (récepteurs des "signaux") et de “relations investisseurs” de firmes cotées (émetteurs de "signaux"), nous n'invalidons pas la capacité de ces décisions à servir de signaux sur la "qualité" de la firme émettrice. Par ailleurs, nous obtenons que l'augmentation du dividende ordinaire, comparativement aux autres décisions étudiées, est celle ayant la plus forte probabilité d'être perçue comme signal sur les perspectives futures de la firme, en particulier en terme flux de liquidités attendus.              Ce papier s’inscrit dans le cadre de travaux de thèse sur le thème de « l’efficience relative de divers instruments de signaling », suivis par le Professeur Lobez Frédéric. Cet article se fonde sur le dernier chapitre de la thèse et est proposé ici dans sa première version.  
La théorie du signaling, née dans l’article de M. Spence (1973), a été abordée de nombreuses fois dans des articles, principalement au travers de modélisations visant à proposer une vision spécifique de certains instruments financiers, soit leur possiblité de servir de signaux sur la qualité de la firme émettrice, comme le dividende ordinaire – S. Bhattacharya (1979) –, la dette – S. Ross (1977) –, ou encore le rachat da’ctions – T. Vermaelen (1984) –, pour ne citer que ces derniers. Dans d’autres papiers, à vocation empirique, les auteurs ont cherché à vérifier la réalité du signaling dans les faits boursiers, tels D. Nissim & A. Ziv (2001) pour le dividende, ou R. Comment & G. Jarrell (1991) pour les différentes formes de rachat de titres. En revanche, l’approche qualitative de la théorie centrale dans nos recherches est singulière. Dans ce sens, cette méthode et les résultats qui en découlent constituent une part importante de notre apport à la littérature existante sur le thème du signaling.  L’étude qualitative menée va nous permettre, par delà la théorie du signaling, de juger de sa réalité dans le monde des affaires. En d’autres termes, les "signaux" que nous étudions, s’ils sont – ou du moins peuvent être –considérés comme tels dans la littérature financière, le sont-ils pour autant pour les membres de la direction des firmes cotées et les analystes financiers et investisseurs ? Si tel est le cas, un signal se détache-t-il du lot ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre.  Ce papier va s’articuler comme suit : en premier lieu, nous présenterons la méthodologie usitée, en justifiant de son choix dans notre processus de recherche, et en présentant les détails de sa réalisation. Dans un deuxième temps, nous présenterons les résultats obtenus et conclurons sur la réalité des dits "signaux" et leur comparaison les uns avec les autres.  1. Méthodologie de la recherche :  Le chercheur dans le domaine des sciences de gestion à orientation financière dispose de multiples moyens de mener à bien ses inquisitions : modèles théoriques, tests empiriques et études qualitatives. Pourquoi choisir ce dernier type d’approche dans le cadre de nos recherches ? Ce qui le justifie est l’avantage comparatif de ce type d’études sur les modélisations et les tests empiriques au vu de ce que nous cherchons à étudier : la perception des "signaux" par les professionnels intervenant sur les marchés financiers. Expliquons-nous davantage.  
 
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1.1. Choix de l’étude qualitative et place de nos travaux dans la littérature : 
 Le signaling est une notion qui trouve ses fondements dans l’article de M. Spence (1973). Elle consiste en une action de transfert d’informations entre deux parties pour contrecarrer l’asymétrie informationnelle pesant sur l’une d’elle, sa qualité, ou celles des biens qu’elle vend sur le marché. Se basant sur le cas du marché des voitures d’occasion, G. Akerlof (1970) montrait les risques d’une information non parfaite dans le cadre d’échanges entre deux parties, cette asymétrie de l’information pouvant aboutir à la destruction du marché. Face à cette situation, l’émission d’un signal peut permettre d’éviter un tel dénouement, en permettant la poursuite des échanges grâce à la levée de l’asymétrie existante. Le signaling trouve ainsi sa justification et peut se définir de la sorte: c’est un transfert d’informations initié par la partie informée en direction de la partie non informée pour détruire l’asymétrie préalable. Toutefois, pour être crédible, un signal doit être coûteux, et c’est d’ailleurs son coût qui confère à une action potentiellement à contenu informatif son caractère de signal, ce coût étant marginalement décroissant avec la qualité de l’émetteur.  Si M. Spence (1973) construit sa théorie en prenant comme cadre le marché du travail, la notion de signaling sera transposée au cadre des marchés financiers, avec dans le rôle des informés les dirigeants des firmes cotées, et dans le rôle des mal informés les investisseurs. L’asymétrie informationnelle régnant entre firmes et marché aboutirait à une sous valorisation des titres des meilleures firmes, confondues avec celles de moindre qualité. De ce cadre théorique, émergeront nombre de modèles de signaling. Dans la majeure partie des cas, l’élément signalé par les dirigeants des firmes est la séquence des flux de liquidité futurs, leur anticipation par les investisseurs servant de base à l’évaluation des titres par le marché. Citons notamment dans ce sens S. Bhattacharya (1979), K. John & J. Williams (1985) pour le dividende à usage de signal, S. Ross (1977) pour la dette, et E. Talmor (1981), dont l’article fut le premier à traiter du multi-signaling, en l’occurrence par le dividende et la dette.  Compte tenu des recherches et articles préalables, il semble que le signaling soit une notion avant tout théorique. A défaut d’être totalement confirmée, celle-ci se trouve non invalidée par les tests empiriques réalisés, quel que soit le "signal" étudié : dividende, rachat d’actions, dette. En effet, les papiers sur la vérification empirique de l’existence d’un effet signal contenu dans différentes décisions financières n’aboutissent pas tous au même résultat. La méthodologie employée est double, et nous pouvons distinguer les articles suivant leur
 
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approche du phénomène. Certains, tel R. Comment & G. Jarrell (1991), se focalisent sur l’impact de l’annonce d’un supposé signal sur le cours de bourse, en terme de rentabilité anormale, pour appréhender le signaling sous l’angle de son bénéfice, à savoir la réévaluation de la firme qui en découle. D’autres, comme D. Nissim & A. Ziv (2001), adoptent l’approche du contenu informatif théorique des signaux sur un paramètre donné, sur lequel pèserait une asymétrie informationnelle : flux de liquidité, rentabilité financière ou résultats futurs, en particulier. Ces études économétriques des signaux présentent des limites. Premièrement, l’étude d’événement, basée sur la rentabilité anormale du cours de bourse autour de l’annonce d’une décision ou opération, ici supposée à vocation de signaling, peut être confondue avec un test d’efficience, mesurant la rapidité du marché à intégrer de nouvelles informations dans le cours de bourse. Deuxièmement, et c’est ce qui va le plus nous importer, tenter de valider l’hypothèse d’un signaling par quelque outil que cela soit en mesurant le lien entre ce supposé signal et la performance future de l’entreprise, en terme de flux de liquidité, résultats ou rentabilité financière, comme cela a déjà été fait, implique que ce signal en soit un dans l’absolu, or, selon la théorie, il n’en est un que s’il permet à la firme de parer à une asymétrie informationnelle pesant sur l’une de ses caractéristiques, influant sur sa valorisation. C’est justement cette nuance que nous souhaitons mettre en lumière dans ce papier.  Nous souhaitons à notre tour tenter de vérifier la réalité du signaling, par le dividende, le rachat d’actions et la dette en particulier. Pour ce faire, et pour nous démarquer des études préalables, nous préférons à une nouvelle vague de tests empiriques sur ce thème la réalisation d’une étude qualitative. L’objectif est de connaître la vision qu’ont les analystes financiers et membres – de la direction financière – de firmes cotées des différents instruments potentiels de signaling que nous étudions. Comme le souligne E. Talmor (1981), l’émergence d’équilibres de signaling, quel que soit l’outil employé à cet effet, provient de la convergence d’anticipations par les émetteurs et les récepteurs des signaux, lesquels révisent leurs croyances sur l’élément méconnu signalé, jusqu’à ce que l’asymétrie d’information planant sur ce paramètre, et pesant négativement sur l’évaluation de la firme, disparaisse. Dans le même esprit, dans la réalité des faits, une décision financière au sein d’une firme peut être considérée comme signal si (1) elle contient de l’information sur les perspectives de l’entreprise, et permet donc d’en signaler la qualité – ses flux de liquidité futurs par exemple – pour parer à une sous-évaluation de ses titres par le marché, et si (2) elle est interprétée par les intervenants sur le marché comme vecteur d’informations sur la qualité de l’émetteur, et donc sa valeur, alors révisée à la hausse du fait du signal. Ainsi, pour vérifier cette théorique
 
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adéquation entre les perceptions des émetteurs et des récepteurs des signaux, il nous semblait tout à fait correct et valable de recourir à des entretiens avec l’ensemble de ces potentielles parties prenantes à des actions de signaling.  Notre étude qualitative a ainsi été réalisé dans un double but : (1) savoir si le dividende ordinaire comme exceptionnel, le rachat d’actions et la dette peuvent être à valeur de signaux dans les faits, que cela soit pour leurs émetteurs potentiels – les membres de la direction des firmes cotées – comme pour leurs récepteurs supposés – les analystes financiers et investisseurs professionnels – (2) déterminer, en cas de réponse favorable à la première question que nous nous posons, si un signal l’emporte sur les autres, le critère retenu étant celui de la probabilité plus forte pour ce dernier à être perçu comme vecteur d’information – positif – sur la qualité de la firme par les différentes parties concernées par le signaling.   1.2. Description de la méthode :  Même si les études qualitatives, menées sur la base d’entretiens, ont des difficultés à s’imposer comme outil véritable pour des chercheurs en finance, elles n’en demeurent pas moins une voie scientifique d’investigation. En cela, elles présentent des spécificités et requièrent l’emploi de techniques selon l’objectif de la recherche qui nous amène à y recourir. Ce sont les détails de notre étude que nous allons présenter.  Entretiens exploratoires semi-directifs :  D’après R. Quivy & L. Van Campenhoudt (2006), dans leurManuel de recherche en sciences sociales « », nous ceux-ci, si « lectures donnent un cadre aux entretiens exploratoires les éclairent sur la pertinence de ce cadre ». Nous explorons ainsi le terrain pour, en premier lieu, savoir si oui ou non, réellement, les décisions financières que nous étudions, à valeur potentielle de signaux dans la littérature, peuvent en être.  Nos interlocuteurs, analystes financiers, gestionnaires de fonds et “relations investisseurs” de firmes cotées, constituent le public directement concerné par le phénomène que nous étudions. Ces types d’interlocuteurs sont « engagés dans l’action, les uns et les autres sont
 
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généralement portés à expliquer leurs actions en les justifiant ». Dans ce type d’approche, c’est la subjectivité qui nous importe.  Pourquoi ces entretiens devraient-ils être semi-directifs ? Notre but dans cette recherche exploratoire consiste à apprécier la pertinence de notre cadre de recherche – les signaux que nous étudions en sont-ils réellement, dans l’absolu ou éventuellement ? – et la dispersion et/ou proximité des interprétations de nos interlocuteurs sur certains évènements. Dans cet esprit, il convient de ne pas fermer les questions à poser : ce qui nous intéresse porte sur la perception de certains éléments par les répondants, et il faut donc laisser à ces derniers la possibilité d’approfondir leur raisonnement, de justifier leurs choix et croyances. Cependant, nous ne devons pas omettre de structurer nos entretiens autour d’un thème : le signaling. C’est pourquoi les auteurs, tels R. Quivy & L. Van Campenhoudt (2006), définissent les entretiens exploratoires comme « semi-directifs ou semi-structurés ».  Pour en finir avec l’exposé de la méthode des entretiens exploratoires semi-directifs, intéressons-nous à l’aspect subjectif des résultats attendus de ce type d’enquête. D’après R.A. Thiétart et al. (2007), dans l’ouvrageMéthodes de recherche en management, le choix d’une étude qualitative versus quantitative, comme peuvent l’être les études empiriques, réside notamment dans le caractère respectivement subjectif versus objectif des résultats de la recherche. Les auteurs, citant F. Erickson (1986), avancent que « la caractéristique la plus distinctive de l’enquête qualitative réside dans la mise en exergue de l’interprétation » qui « ne doit pas être celle du chercheur mais celles des individus qui sont étudiés. » Cette affirmation constitue le cœur de notre choix de l’étude qualitative. Le risque n’est-il pas dès lors une occultation du critère d’objectivité dans nos recherches ? D’après Y. Lincoln & E. Guba (1985), « si de multiples observateurs sont en mesure d’émettre un jugement collectif sur un phénomène, on peut dire qu’il est objectif ». Ceci nous rassure dans le choix de notre méthode. Notons toutefois que, de ce point de vue, la disponibilité des répondants, tout comme la longueur des entretiens et la nécessité d’analyser en détails les réponses – les questions posées étant volontairement assez ouvertes –, font que nous ne prétendons pas disposer d’un échantillon d’une ampleur telle qu’il suffit à assurer l’objectivité totale et indiscutable, l’universalité des résultats obtenus. Mais, comme nous le verrons, la conjonction de certaines réponses permet la réalisation d’un classement justifiable et somme toute assez fiable.  
 
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La méthode que nous utilisons dans les buts qui sont les nôtres nous amène à privilégier, dans notre approche, le recours à des entretiens exploratoires semi-directifs. Désormais la question qui se pose, et à laquelle nous avons commencé à apporter des réponses plus haut, est celle de la constitution de l’échantillon. En d’autres termes : qui interviewer ? Combien faut-il, au minimum avoir de répondants dans notre étude ? C’est ce à quoi nous allons maintenant tenter de répondre.  Constitution de l’échantillon :  L’existence d’un signal suppose une intention de lever une asymétrie informationnelle, de communiquer sur les perspectives de l’entreprise, de la part de l’émetteur – la direction de la firme – et une perception dans ce sens par le récepteur – les professionnels de l’investissement –. Ainsi, nos entretiens doivent inclure ces deux parties prenantes potentielles, nous poussant évidemment à opter pour une étude de cas multiples. Comment inclure ces différentes parties dans notre échantillon d’étude ? Un signal naissant d’une convergence d’anticipations sur ce dernier entre la direction des firmes émettrices et les intervenants sur les marchés financiers, selon la théorie, ces deux acteurs du jeu du signaling doivent être en nombre égal dans notre échantillon. Ceci nous incite à ne pas accorder une place prépondérante à l’une de ces parties au détriment de l’autre.  Quelle taille critique, minimum notre échantillon doit-il atteindre ? Notre premier objectif est de nous assurer qu’au moins l’un des instruments potentiels de signaling que nous étudions en est un dans la réalité, en tout cas telle qu’elle est vécue par les membres de la direction de firmes cotées et les investisseurs professionnels sur les marchés financiers. Qu’est-ce qui permettra de s’assurer que tel est le cas ? Nous nous référons au principe de réplication qui influe sur la définition de l’échantillon de répondants. Selon ce principe, deux critères majeurs influent sur la sélection des répondants : le degré de certitude que le chercheur souhaite obtenir et l’ampleur des différences constatées. Relativement à notre questionnement premier dans notre étude qualitative, ce qui permettra d’avancer qu’un signal peut effectivement en être un dans les faits est l’observation de plusieurs résultats similaires allant dans ce sens. Il s’agit dès lors d’un cas de réplication littérale. D’après R.A. Thiétart et al. (2007), se référant aux travaux de R. Yin (1994), « deux ou trois cas de réplication littérale sont suffisants lorsque les différences mises en évidence entre deux théories sont importantes ou lorsqu’on
 
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ne souhaite pas un degré de certitude important ». Qu’est-ce que cela implique pour la constitution de notre échantillon ? (1) Ne pouvant connaître a priori l’ampleur éventuelle des différences d’interprétation des diverses décisions financières que nous étudions par les répondants, nous adoptons une démarche itérative. Ainsi, nous ne définissons pas directement le nombre de répondants nécessaires au début de notre étude, mais au fil des entretiens, et ce jusqu’à dépasser le nombre minimal de réplications littérales tel qu’il est défini par R. Yin (1994), ce que nous obtenons évidemment. Rappelons que deux à trois cas de réplication littérale suffisent si les différences mises en lumière entre des théories sont de taille ! Si ces différences sont plus subtiles, cinq à six cas constituent la limite. D’après les réponses des interviewés, il s’avère que les divergences de perception sont importantes, puisque si une décision financière, comme le rachat d’actions, peut très bien être perçue comme signal sur les flux de liquidité futurs attendus, elle peut également être considérée comme la marque d’une absence de projets d’investissement suffisamment rentables pour la firme ! De manière assez générale, les avis sont très divergents, même si, comme l’avancent certains répondants, le contexte importe. Ces écarts dans les réponses justifient la limite minimale de deux à trois cas de réplication littérale a posteriori dans nos entretiens. (2) Qu’en est-il pour le degré de certitude ? Nous ne sommes pas sans savoir que, par delà notre premier questionnement pour lequel deux ou trois cas de réplication suffisent, nous voulons aller au delà dans la recherche et savoir si un signal l’emporte sur un autre. Dès lors, la multiplicité des cas importe plus. Notre volonté est de savoir, dans un deuxième temps, donc, si un signal a une probabilité plus forte d’être considéré comme tel – et émis dans ce sens – dans les faits. S’agissant d’un classement peut-être plus subtil, demandé en fin d’entretiens aux répondants, cinq à six cas semblent un minimum, en nous référant à R. Yin (1994). Ainsi, nous avons réalisé des entretiens jusqu’à ce qu’un signal se détache des autres et soit considéré comme « meilleur signal potentiel » par plus de six répondants.  Notons toutefois une dernière chose sur le degré de certitude : une étude qualitative, contrairement à une étude quantitative, empirique, n’a pas pour vocation à valider une théorie, mais soit à la réfuter soit à ne pas l’invalider ! Le degré de certitude dans des études qualitatives est, de par leur mise en œuvre et leur vocation, toujours moins fort que celui recherché et atteignable dans des études à orientation quantitative. Nous visons juste à proposer au lecteur de nos travaux les résultats originaux d’une recherche sur le signaling en nous assurant que les limites minimales au nombre de cas traités, telles qu’elles ont été
 
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définies dans des recherches sur les méthodologies, sont respectées pour offrir à ces résultats un caractère « valable ».  Au final, notre échantillon est constitué d’une dizaine de répondants, également répartis entre “relations investisseurs” de firmes cotées et professionnels de l’investissement, quatre analystes financiers et un gestionnaire de fonds, intervenant dans des secteurs différents, sans quoi pèserait un biais éventuel sur nos résultats (Cf. annexes). Les “relations investisseurs”, disposés à répondre à nos questions, transmettent les messages des membres de la direction générale et financière, au cœur du processus décisionnel qui nous importe, en terme de fixation du dividende, ordinaire ou exceptionnel, de rachat d’actions et d’endettement. Ces entretiens nous semblent, dans ce sens, tout à fait justifiés et appropriés dans notre travail de recherche. Pour ce qui est des analystes financiers et gestionnaires de fonds, la justification est encore plus directe : ce sont ces professionnels qui évaluent les entreprises, ou prennent des décisions d’investissement dans ces dernières, en fonction des informations qu’ils obtiennent et/ou génèrent sur celles-ci et de leurs estimations de la valeur des actions qui en découle. Le contenu des entretiens n’est, selon nous, en aucun cas biaisé par la présence d’un gestionnaire de fonds contre quatre analystes financiers, leur positionnement, relativement à nos recherches, étant proche, voire similaire : capter des informations, analyser des décisions à contenu potentiellement informatif sur la firme, pour valoriser ses actions, et, selon leur métier, décider d’investir ou pas dans une entreprise. Ces deux types de répondants sont alors également tout à fait à même de nous éclairer sur notre problématique de recherche.  Remontées d’informations :  Dans cette dernière partie de notre présentation de la méthode d’enquête, nous allons présenter la base de nos entretiens, à savoir nos questionnaires, ainsi que la façon dont pourront être analysés les résultats obtenus.  De par nos interrogations, nous structurons nos questionnaires en fonction de divers sous-thèmes, à savoir : la valorisation des actions – méthodes employées par les professionnels de l’investissement et place accordée au cours de bourse au sein des firmes cotées –, la communication financière et son impact sur la valorisation – ce que nous pourrions qualifier de « signaling non coûteux », en référence à D. Austen-Smith & J. Banks (2000) ou bien encore U. Bhattacharya & A. Dittmar (2000) –, et les différentes décisions financières
 
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étudiées et leur interprétation – particulièrement en terme de capacité à véhiculer une information positive sur les flux de liquidité futurs et la valeur de la firme –. Nous concluons nos entretiens sur un classement par les répondants de nos supposés outils de signaling dans leur probabilité à en être. Ces différents points seront détaillés lors de la présentation des résultats, celle-ci suivant la structure de nos questionnaires.  Quelles opérations, analyses sont-elles possibles compte tenu des données collectées et de leur nature ? Les données dont nous disposons à la suite des entretiens menés sont d’ordre qualitatif et correspondent donc, selon Y. Evrard et al. (1993), à des variables pouvant être mesurées sur des échelles nominales et/ou ordinales, donc non métriques. Certaines mesures sont-elles cependant envisageables ? Les variables mesurées sur une échelle nominale n’acceptent qu’un type de calcul statistique, à savoir celui de la fréquence. Ainsi, plus une décision financière sera interprétée comme véhicule potentiel d’information, même si ce n’est pas dans l’absolu, plus nous pourrons soutenir la capacité de cette décision à servir de signal dans la réalité des faits. Comme nous l’avons explicité, deux ou trois cas de réplication littérale peuvent suffire à soutenir une théorie. Ainsi, la fréquence joue un rôle d’importance, si ce n’est central, dans notre approche de la réalité du signaling dans les faits. Remarque : le classement terminal des signaux éventuels demandé aux répondants dans les entretiens débouche sur des données mesurables sur des échelles ordinales, permettant des mesures de position – de type médiane, quartile par exemple –. Ce qui nous intéresse le plus dans ce classement final réside cependant dans la fréquence plus ou moins grande de certaines décisions à être citées comme meilleur ou pire signal potentiel par les répondants. C’est ainsi que nous effectuerons notre propre classement synthétique, objet de notre étude qualitative.  Après avoir tenté de justifier au mieux le choix de l’étude qualitative, en en montrant l’intérêt particulier et ses avantages dans notre processus de recherche, et après description de la méthode usitée en détails, nous allons maintenant aller plus au cœur de notre travail : l’exposé et l’analyse des entretiens. Nous allons présenter, par sous thème, une synthèse des diverses réponses des interviewés et essayer d’en tirer l’essentiel pour répondre à notre problème de recherche.     
 
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2. Résultats :  Pour analyser les entretiens (Cf. annexes), matière première de notre étude qualitative, nous allons procéder progressivement, par étapes, en suivant l’ordre des questions posées. Nous tenterons ici de synthétiser les réponses des divers interviewés en distinguant si nécessaire celles des “relations investisseurs” et analystes financiers et gestionnaire de fonds.  2.1. Valorisation des titres et communication financière :  Compte tenu de l’intitulé et du contenu de cette partie, nous serons amenés à distinguer souvent les réponses des analystes financiers et gestionnaire de fonds de celles des “relations investisseurs”. Nous avons d’alileurs orienté différemment les questions suivant les groupes d’interviewés dans ce sens : (1) Pour les membres des firmes cotées, nous nous sommes intéressés à la place accordée au cours de l’action au sein de leur entreprise, à la perception du cours comme étant oui ou non le reflet de la valeur « véritable » du titre – telle que l’estiment les répondants – et aux possibilités d’influer sur le cours pour la firme. (2) Pour les analystes et investisseurs professionnels, nous avons tenté de connaître les méthodes de valorisation et éléments majeurs pris en considération pour la valorisation des titres, les raisons de possibles variations dans l’évaluation des actions et enfin l’importance accordée aux communiqués et annonces des firmes – pour capter, dans ce dernier point le poids du « signaling non coûteux » –. Avantde poursuivre, expliquons cette notion : Dans la littérature, certains auteurs abordent cette notion sous l’angle des communications financières dispensées par les firmes au marché. Dès lors, il nous importe de connaître l’importance et la crédibilité que les analystes, investisseurs accordent à ce mode de transfert d’information. En effet, si un transfert d’information théoriquement non coûteux suffit à la firme pour lever une quelconque asymétrie informationnelle pénalisante pour sa valorisation, pourquoi émettre des signaux coûteux ? Comme peut le laisser penser le modèle de D. Austen-Smith & J. Banks (2000), l’émission d’un signal coûteux complémentaire à un transfert d’information non coûteux permettrait d’accroître la crédibilité de ce dernier. Ou encore, comme l’avancent U. Bhattacharya & A. Dittmar (2000), le choix d’un outil de transmission d’information – coûteux versus non coûteux – peut dépendre du suivi préalable de la firme par le marché. Ainsi, pour un titre faiblement suivi, un « signaling non coûteux »
 
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