Fentsch ou Fensch ? Le retour aux sources.
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Description

Fensch ou Fentsch ? Le retour aux sources. Alain Simmer, Les Cahiers du pays Thionvillois, 19 p 18-21 C'est une question que beaucoup se sont déjà posée: faut-il écrire FENSCH ou FENTSCH ? On répond habituellement que FENTSCH est une forme introduite par les Allemands dans un souci de germanisation, qu'il faut donc la proscrire et revenir à la graphie lorraine, sans t. C'est beau, mais c'est faux... S'il est exact que l'administration allemande a réintroduit ce nom, elle est loin de l'avoir inventé et n'a fait que reprendre une forme ancienne, on ne peut plus lorraine. En effet, si l'on étudie l'origine de ce terme, on s'aperçoit que Fentsch n'est qu'une évolution germanique de Fontes qui également donné Fontoy. La même racine a donc servi à désigner la 1rivière et le village, qui est l'endroit où naissent les sources (ad Fontes en 959) . Fentsch s'est fixé comme nom de rivière alors que la forme romane de Fontoy ne s'est appliquée qu'au village. Cependant, les interférences étaient multiples; dès les premiers siècles du Moyen Âge, Fontoy était, en partie, fief luxembourgeois et formait une véritable enclave en terre barroise : le bilinguisme e eétait donc de règle. Si les actes des XII et XIII siècles ne citent que des termes du type Fontois, c'est tout simplement parce que l'allemand était encore rarement employé dans les chartes eluxembourgeoises.

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Publié le 25 août 2014
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Langue Français

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FenschouFentsch? Le retour aux sources.
Alain Simmer, Les Cahiers du pays Thionvillois, 19 p 18-21
C'est une question que beaucoup se sont déjà posée: faut-il écrire FENSCH ou FENTSCH ? On répond habituellement que FENTSCH est une forme introduite par les Allemands dans un souci de germanisation, qu'il faut donc la proscrire et revenir à la graphie lorraine, sanst.
C'est beau, mais c'est faux... S'il est exact que l'administration allemande a réintroduit ce nom, elle est loin de l'avoir inventé et n'a fait que reprendre une forme ancienne, on ne peut plus lorraine.  En effet, si l'on étudie l'origine de ce terme, on s'aperçoit queFentschn'est qu'une évolution germanique deFontes qui également donné Fontoy. La même racine a donc servi à désigner la 1 rivière et le village, qui est l'endroit où naissent les sources (ad Fontesen 959) . Fentsch s'est fixé comme nom de rivière alors que la forme romane de Fontoy ne s'est appliquée qu'au village. Cependant, les interférences étaient multiples; dès les premiers siècles du Moyen Âge, Fontoy était, en partie, fief luxembourgeois et formait une véritable enclave en terre barroise : le bilinguisme e e était donc de règle. Si les actes des XII et XIII siècles ne citent que des termes du typeFontois, c'est tout simplement parce que l'allemand était encore rarement employé dans les chartes e luxembourgeoises. Mais au XIV siècle, les doublets germaniques feront leur apparition en force, tant pour désigner le village que les membres de la famille seigneuriale: ainsi Gersilius, chevalier de FENSCHE (1329); Aleidis, dame de FOYNTZ (1338); Gérard, seigneur de VENSCHE (1375); 2 Aleyde de VENTSCHEN (1379) . On pourrait multiplier les exemples de ce genre pour les siècles suivants, ou la mixité des appellatifs de Fontoy est devenue de règle. Il n'y a rien d'étonnant dans ce phénomène : de par la situation politique et linguistique du village, en rapport étroit avec la langue luxembourgeoise, il ne pouvait en être autrement. Si les différentes évolutions du nom de village présentent des traces germaniques indéniables, comme beaucoup d'autres dans la région, ce n'est donc pas à Guillaume II qu'on le doit, mais au passé ancestral de la localité.  e Pour les uns, leFontes du deviendraX siècle Fontoy et pour les autresFentsch. On peut noter à ce propos que cette forme de 959, considérée comme la plus ancienne attestation écrite du terme, n'est pas la première connue puisqu'un acte plus vieux de deux siècles cite la rivière FENTA 3 à l'occasion d'une donation à l'abbaye d'Echternach en l'an 775 . On peut déjà y relever cetétymologique que l'on retrouvera bien plus tard dans FENTSCH. La présence de cetdonc est
constante à travers les siècles et l'on doit s'interroger sur la graphie moderne de ce nom, qui ne correspond en rien aux formes anciennes. Supprimer let de FENTSCH équivaut purement et simplement à la suppression dut de FONTOY qui devrait alors s'écrire FONOY... Il n'y a plus à hésiter bien longtemps : respectons donc les origine de notre terroir et suivons les leçons de l'histoire en écrivant ce nom tel qu'il s'est toujours écrit: FENTSCH. Un autre problème se pose quant à ce toponyme: c'est celui de ses origines: pourquoiad Fontesprécisément à cet endroit alors que les sources sont nombreuses un peu partout ? La réponse ne tient pas seulement à une raison géographique: elle est avant tout religieuse et est en rapport 4 étroit avec le passé gallo-romain de Fontoy, qui a été‚ jusqu'à présent très largement sous-estimé . Ces sources étaient en effet sanctifiées, peut-être même guérisseuses, comme en témoignent les découvertes archéologiques anciennes : les diverses représentations de Minerve, Apollon, Epona et Mithra proviennent en effet de temples voués au culte des eaux. Fontoy était avant tout un centre religieux, bien plus qu'un banal relais de poste comme on l'a dit trop longtemps. Mais cette vocation culturelle ne remonte pas simplement à l'époque gallo-romaine, elle est beaucoup plus ancienne: elle n'est que le reflet de la romanisation d'une région déjà largement développée avant l'arrivée des légions romaines. La culture dominante s'est imposée, mais sans détruire les croyances ancestrales, et la langue des nouveaux occupants n'a fait que remplacer, par le choix de nouveaux toponymes, les noms anciens. En règle générale, ces premiers appellatifs ont définitivement disparu, mais la chance a voulu que l'on puisse redécouvrir le nom que portait la rivière baptiséeFontesaux premiers siècles de notre ère. En examinant les implantations antiques le long de la rivière, deux noms retiennent l'attention: Oury et Daspich, siège d'anciennes bourgades gallo-romaines. Les formes médiévales de ces toponymes impliquent une racine commune,vicus, encore nettement perceptible: (Orwech en 5 1495) .Si l'un n'était à l'origine qu'Oberweich, c'est-à-dire unvicus superior(par rapport au cours de la rivière), l'autre portait un nom assez énigmatique,Dan, associé lui aussi àvicus: il ne s'agit 6 pas d'un qualificatif quelconque, mais bel et bien du nom originel de la rivière . LaFentsch s'appelait donc DAN à l'époque protohistorique et ce terme peut être assimilé à une racine indo-européenne que l'on retrouve fréquemment dans les noms de rivières, qui représentent pratiquement toujours un des états les plus anciens de la langue des peuples qui occupaient alors le pays. Ainsi peut-on comparer ce qui allait devenir la Fentsch avec... le Danube (DAN-AVA) et avec le Don: leur origine est linguistiquement identique. Quant au sens que l'on peut assigner à ce
nom, il est lui aussi connu et signifiait "fort, impétueux". La Fentsch était donc à l'aube de l'histoire, "la rivière impétueuse". Ce retour aux sources démontre à l'évidence que la région n'est pas née d'hier. Pendant longtemps, elle n'a été qu'un prétendu désert archéologique. Il y a quelques temps, on a commencé à y soupçonner des implantations gallo-romaines, dont l'ampleur n'a sans doute pas fini de nous étonner (tels les fours de potiers de Daspich... ). Aujourd'hui, c'est l'occupation pré-romaine qui resurgit à la lumière de la toponymie. Il ne faudra certainement plus attendre très longtemps pour pouvoir établir, cette fois grâce à des découvertes tangibles, l'importance de l'occupation protohistorique du Pays-Haut Mosellan.  ALAIN SIMMER 1. M. de BOUTEILLER,Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, Paris, 1874, p. 87. 2.Publications de la Section Historique de l'Institut Grand-Ducal, 1863, t. 19, p. 13; 1869, t. 24, p. 117. J. VANNERUS,Les armoiries des anciens seigneurs de La Tour-en-Ardenne, Annales de l'Institut Archéologique du Luxembourg, 1904, t. 49, p. 271-273. 3. C. WAMPACH,Geschichte der Grundherrschaft Echternach im Frühmittelalter, Luxembourg, 1930, t.I,2 p. 136. 4. E. GASPARD, A. SIMMER,Le Canton du Fer, Metz, 1978, p. 17. 5. J. VANNERUS,Le terme vicus dans la toponomastique de l'ancien Luxembourg, Annuaire de la Société luxembourgeoise d'études linguistiques et dialectologiques, 1930, p. 54-65. 6.ibidem, p.64, note 30. 7. P.E. KIFFER,Les noms de deux ruisseaux du pays de Thionville et leurs groupes, Bulletin de l'Institut Grand-Ducal, section linguistique, folklore, toponymie, 1937, p. 17-19. On peut noter que le nom d'un affluent de la Fentsch, leConroy, a connu une évolution tout à fait semblable: le terme médiéval deconroy(lieu où poussent les coudriers) ayant supplantéModovera(rivière bruissante) qui subsiste cependant dans le nom du ruisseau de laPetite Moyeuvre, à Boulange; cf.Le Canton du Fer, p. 10.
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