Les Chasseurs de Vérités - Tome 1: Les Êtres Maudits
621 pages
Français

Les Chasseurs de Vérités - Tome 1: Les Êtres Maudits

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Description

Spesa et le Plan Rimal. Deux territoires si proches que pourtant tout oppose : La Terre et le Ciel, les bestiaux et les Hommes, La Nature et La Civilisation. Tant de choses séparent ces deux espaces qui se font face. Seule la Pirse, une énergie au potentiel sans limites, connecte ces deux zones.
Au milieu de ce drôle de monde scindé en deux par la volonté des Hommes se trouve Lanastel, une adolescente un peu paumée, mais plutôt déterminée. À la poursuite de l’Introuvable Trouveur, elle file à travers les forêts et les cités, esquivant la faune et les mauvaises personnes.
Lancée dans un contre-la-montre aux enjeux insoupçonnés, la jeune femme devra redoubler d’efforts pour avoir une chance de rencontrer l’être mythique qu’elle recherche et peut-être découvrir la Vérité, sa Vérité.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 08 janvier 2016
Nombre de lectures 11
Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

NASSER
MASSADIMI
Les Chasseurs
de Vérités
Tome 1
Les êtres MauditsÀ mon père et à mon grand frère, qui m’ont encouragé
À ma mère, qui m’a appris à lire
À mon petit frère, qui m’a aidé sans vraiment s’en rendre compte
À Borén et à ses compagnons, mes premières créations.
© Nasser Massadimi 2015
ISBN : 978-2-9554242-0-9Prologue : Un patient nerveux
Deux heures qu’il patientait. Deux longues heures passées à supporter l’inébranlable
cliquetis de l’horloge. Au cœur de cette salle immaculée, l’effroyable gardien du temps se
distinguait des autres éléments supposés décorer les environs. De son corps brun et éclatant se
dégageait une telle sensation de majesté que les patients, intrigués par cette mécanique à la
beauté inégalée, ne pouvaient s’empêcher de le contempler. De temps à autre, les plus curieux
d’entre eux s’en approchaient et en caressaient avec respect la surface vernie. Le Soleil avait
déjà quitté la voûte céleste emportant avec lui la plupart des patients. À travers les larges
fenêtres ovales de la salle brillait faiblement une Lune à moitié dévorée par les ténèbres de
cette nuit sans étoiles.
Assis sur l’un des poufs mauves mis à disposition, il jonglait nerveusement avec son
Tamaï en se plaignant intérieurement d’être le dernier patient à être consulté. Depuis une
heure, il était le seul à attendre son tour. La blancheur de cette pièce commençait à le rendre
malade. Il supposait que le décorateur des lieux avait tant bien que mal essayé d’égayer cette
antichambre avec quelques affreux tableaux peints par ces escrocs se prétendant artistes. En
vain. Les clairs-obscurs et les glacis des peintures n’étaient pas en mesure de dissiper le
sentiment de malaise que provoquait l’artificielle clarté de pièce. Sans grand intérêt, le dernier
patient promenait machinalement son regard sur la silhouette boisée de l’horloge à
l’esthétique magnétique. Passé la troisième visite, son attrait pour le fascinant objet
s’évanouit. Bien ouvragée ou pas, une horloge restait une horloge.
Au vu du temps que prendrait la consultation, le dernier patient estima qu’il ne serait
pas chez lui avant le milieu de la nuit. Une perspective qui le foutait en pétard. Son cœur
battait de plus en plus vite et de plus en plus fort. Insidieusement, l’anxiété s’installait.
Comment en était-il arrivé là ? Pourquoi est-ce que c’était tombé sur lui ? Inlassablement, ces
interrogations tourbillonnaient dans sa tête. Il savait très bien que cela ne l’avancerait à rien,
que cela ne résoudrait pas la situation, mais il voulait comprendre : il en avait besoin.
Après très exactement deux heures vingt-sept minutes et une poignée de secondes
d’attente. La porte s’ouvrit enfin. De cette issue s’échappa un grand garçon svelte, vêtu d’une
blouse blanche aux manches remontées jusqu’aux coudes. À la vue du patient, il déclara d’un
air gêné :— Désolé de t’avoir fait attendre si longtemps on était en train de finaliser une ou deux
bricoles et on n’a pas vu le temps passait.
Le large couloir sembla s’étendre à l’infini. Un tapis rouge onéreux recouvrait
l’impressionnante artère : de toute évidence, Le Docteur savait comment recevoir ses clients.
Puissant notable ou criminel notoire, peu lui importait la nature du patient. Du moment que
les clients disposaient des ressources financières, le centre médical ne faisait pas de
discrimination. Cette particularité avait fait du Complexe Warren-Carlso un lieu polémique,
souvent décrié pour ses tarifs exorbitants.
De part et d’autre du passage, de grandes baies vitrées avaient été dressées. Derrière ces
murs transparents, un escadron entier de scientifiques discutait. Au sein de ce concentré de
connaissances, les nations, les idéologies et les origines se fondaient harmonieusement. Au
nom de la science, les biologistes les plus talentueux s’étaient rassemblés autour du génie du
Docteur Warren. Il fallait au moins ça pour percer les multiples mystères du vivant. Cet
incroyable vivier scientifique constituait la véritable fierté de l’érudit.
Au milieu de cette serre intellectuelle, les deux hommes marchaient à un rythme très
lent. L’empressement du patient avait laissé place à une certaine appréhension. En son for
intérieur, il imaginait déjà les mauvaises nouvelles qu’il risquait de lui être annoncé. Chacun
de ses pas semblait plus lourd que le précédent. À ses côtés, le jeune homme se déplaçait avec
légèreté. De temps à autre, entre deux pas gracieux, il jetait un coup d’œil inquiet au mutique
patient. C’était bien la première fois qu’il le sentait aussi abattu.
Au fur et à mesure des consultations, un lien avait commencé à se tisser entre les deux
hommes. D’abord, limitées à des bribes, des bouts de phrases entrecoupés de longues pauses,
leurs conversations avaient, avec le temps, gagné en consistance. Pour le plus grand plaisir du
garçon élancé. Le temps aidant, il s’était attaché à cet individu.
— Écoute, quoi qu’il se passe dans cette salle, peu importe ce que te dira Warren, je
veux que tu restes optimiste, OK ?
Afin d’appuyer ces mots, le jeune homme avait posé sa main sur l’épaule du patient et
avait plongé son regard dans le sien. Ou du moins, avait fait tout comme. Le temps d’une
phrase, la détermination avait remplacé l’habituelle hésitation qui le caractérisait.
Ils s’arrêtèrent. Devant eux se tenait une imposante porte brune.
— Rester optimiste ? Rester optimiste ? répéta de sa voix instable le patient. Tu penses
vraiment que je peux encore me permettre d’être… optimiste ?
Il se tourna vers les baies vitrées qui bordaient le long couloir et y scruta son propre
reflet. Il approcha ses doigts de son visage et les déposa sur les bandes de tissus orange quirecouvraient intégralement son visage. Les deux plaques de verre sombres qui dissimulaient
ses yeux reflétaient partiellement la lumière du couloir.
— Regarde-moi bien, tonna-t-il. Tu crois que je suis en état de sourire ? Tu as vu dans
quel état je me trouve ?
— Je t’en prie, reprend ton calme, tenta de le raisonner le garçon en blouse blanche. Ce
n’est pas ainsi que tu résoudras les choses. Tu dois…
Avec une brutalité inouïe, le poing du patient alla s’écraser à plusieurs reprises sur la
vitre doublement renforcée. Terrorisés par cet accès de violence, les scientifiques cessèrent
leurs activités respectives. Avec un mélange de tristesse et de peur, il observait cet individu
qu’il connaissait tous de réputation.
— Ne me parle pas d’optimisme, cracha-t-il à l’attention du garçon élancé. Je suis
foutu, je le sais. Foutu.
— Veuillez excuser l’indélicatesse de mon assistant. Il ne pensait pas à mal. Étant
donné, vos précédents résultats, faire preuve d’optimisme serait inconscient. Cependant, tout
n’est pas noir. À défaut de vous promettre l’impossible, je peux au moins vous éclairer sur
votre situation. Si tel est votre désir, bien sûr.
Chaque mot avait été savamment pesé, le ton parfaitement dosé. La porte brunâtre
s’était ouverte et face au patient désespéré se tenait désormais le Docteur Warren. Le son de
cette voix l’avait calmé. Secoué par sa propre colère, il resta groggy comme un boxeur après
une mauvaise reprise.
— Alors vous me suivez ? Ou vous préférez rester ici et perdre votre précieux temps à
effrayer mes pauvres collaborateurs, lui demanda le Docteur Warren.
* * * * *
Bordélique. Tel était le mot le plus apte à décrire l’environnement dans lequel évoluait
la crème des crèmes des toubibs. Une mer de feuilles bourrée d’analyse sanguine, de rapports
psychologiques et de notes personnelles s’écoulait paisiblement entre le portemanteau et le
bureau du Docteur Warren.
— Fei ! Je vous en conjure, regardez où vous posez vos pieds ! Vous êtes en train de
piétiner le dossier médical de Mme Chantry.
— Autant pour moi Doc, s’excusa l’apprenti, mais vous savez bien que cela n’arriverait
pas si vous me laissiez mettre un peu d’ordre dans votre bureau…— Une perte de temps, se révolta le Docteur. Ce n’est pas la propreté du bureau qui fait
le scientifique, mais le temps qu’il passe à expérimenter.
— Ouais, si vous le dites, cependant reconnaissez que cette pièce n’a pas vu un balai et
une pelle depuis des lustres, remarqua le jeune assistant en essayant de dépoussi

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