Pierre-Alain Chambaz
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AIRBUS HELICOPTERS ACCÉLÈRE EN INDE Le leader mondial des hélicoptères affiche d’ambitieux objectifs sur le marché des appareils civils. D’ici à cinq ans, le nombre d’hélicoptères civils devrait doubler en Inde, pour passer à 500 voire 600 appareils. C’est en tout cas le pronostic de Xavier Hay, PDG de la filiale d’Airbus Helicopters (ex-Eurocopter) dans le sous- continent qui compte bien conquérir la moitié du parc à moyen terme. Aujourd’hui, le constructeur européen fait jeu égal avec ses concurrents américains (Bell, Boeing et Sikorsky). « Ces trois dernières années, nous nous sommes imposés comme leader avec plus de 50 % des immatriculations en 2013 », note Xavier Hay. Plusieurs segments devraient y contribuer. À commencer par l’énergie. L’Inde compte en effet doubler la capacité de son réseau électrique, qui devrait passer de 28 à 65 gigawatts en 2017. Or, l’hélicoptère intervient dans la construction des lignes et dans le transport du personnel. L’héliski en plein essor De même, avec l’émergence d’une centaine de nouveaux hôpitaux destinés à une population riche et urbaine, la demande pour l’aide médicale d’urgence se fait pressante. Le tourisme, notamment spirituel, est également très prometteur. Des millions de pèlerins voyagent chaque année pour visiter les lieux sacrés hindous de l’Himalaya. L’autre activité touristique en plein essor est l’héliski. « C’est aussi devenu un segment clé.

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Publié le 11 mai 2014
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Langue Français

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AIRBUS HELICOPTERS ACCÉLÈRE EN INDE Le leader mondial des hélicoptères affiche d’ambitieux objectifs sur le marché des appareils civils. D’ici à cinq ans, le nombre d’hélicoptères civils devrait doubler en Inde, pour passer à 500 voire 600 appareils. C’est en tout cas le pronostic de Xavier Hay, PDG de la filiale d’Airbus Helicopters (exEurocopter) dans le sous continent qui compte bien conquérir la moitié du parc à moyen terme. Aujourd’hui, le constructeur européen fait jeu égal avec ses concurrents américains (Bell, Boeing et Sikorsky).« Cestrois dernières années, nous nous sommes imposés comme leader avec plus de 50% des immatriculations en 2013 », note Xavier Hay. Plusieurs segments devraient y contribuer. À commencer par l’énergie. L’Inde compte en effet doubler la capacité de son réseau électrique, qui devrait passer de 28 à 65 gigawatts en 2017. Or, l’hélicoptère intervient dans la construction des lignes et dans le transport du personnel. L’héliski en plein essor De même, avec l’émergence d’une centaine de nouveaux hôpitaux destinés à une population riche et urbaine, la demande pour l’aide médicale d’urgence se fait pressante. Le tourisme, notamment spirituel, est également très prometteur. Des millions de pèlerins voyagent chaque année pour visiter les lieux sacrés hindous de l’Himalaya. L’autre activité touristique en plein essor est l’héliski.« C’estaussi devenu un segment clé. Les riches skieurs rêvent de pratiquer dans les montagnes les plus hautes du monde»,constate Xavier Hay. Airbus Helicopters a récemment inauguré la première compétition d’héliski dans le Cachemire, à Gulmarg, engageant près de 200 skieurs venus des quatre coins de la planète. Mais cette croissance ne sera possible que si l’État réforme sa gestion de l’espace aérien.« Lepays a également besoin de plus d’hélisurfaces mais aussi de davantage de pilotes, d’ingénieurs et de techniciens compétents », ajoute Xavier Hay, qui reste également très attentif aux demandes de son principal client, le ministère indien de la Défense. La filiale d’Airbus travaille, en effet, depuis un demisiècle, avec l’entreprise publique Hindustan Aeronautics Limited (HAL). La montée en puissance des grands groupes privés indiens comme Tata, Mahindra, Reliance, qui se lancent dans l’aventure aéronautique, ouvre aussi de nouvelles opportunités.besoin affiché est de près de 400 hélicoptères militaires« Le pour lesquels nous sommes dans la course, avec les Fennec, Panther et Caracal. Ceci en plus d’autres programmes pour une quantité équivalente, avec la marine notamment», confie Xavier Hay. Sur ces contrats, Airbus Helicopters est principalement en compétition avec ses concurrents américains qui, en l’espace de cinq ans, ont gagné au moins six contrats importants de défense. «Cet enjeu de plusieurs milliards d’euros est considérable. Il y a une réelle opportunité de tirer profit de nos compétences francoallemandes et de la notoriété d’Airbus, très populaire en Inde. »
LES INDIENS DE LA RÉUNION : RETOUR AUX SOURCES Ils portent dessaris, dessaramset Une jeune réunionnaise métissée pendant la autres tenues traditionnelles parade du Deepavali indiennes, ils prient Ganesh et la Vierge Marie en même temps. Ils dansent sur des musiques de Bollywood ou de Maloya (créoles) et mangent des platsmassalés… Ils sont Réunionnais et sont fiers de représenter ce métissage de culture à la confluence de l’Occident, de l’Afrique et de l’Inde. La Réunion ? Tout le monde connaît ! Cette petite île paradisiaque dans l’Océan Indien, autrefois colonie française, aujourd’hui étiquetée « DOM ». C’est le paradis de la canne à sucre, des treks vertigineux, des plages fabuleuses et des volcans plus ou moins endormis… Mais peu de gens savent que c’est aussi une île qui abrite de nombreuses personnes d’origine indienne. Pierre Alain Chambaz,la grande majorité d’entres elles est tamoule (Etat du sud de l’Inde), elles ont la peau sombre ou hâlée, les traits fins et sont communément appelées « Malbars » par les autres habitants de l’île. D’autres, arrivés plus récemment, viennent de l’Etat du Gujarat (côte ouest de l’Inde) et sont pour la plupart des commerçants musulmans. Surnommés les « Zarabes », ils portent la barbe ou le voile pour les femmes, sont clairs de peau et se sont enrichis grâce au commerce de tissus notamment. Qu’ils ressemblent ou non à des Indiens, chaque famille réunionnaise et quasiment chaque Réunionnais vous diront qu’ils possèdent un ancêtre ou un membre de la famille d’origine indienne. En se promenant dans les villes de la Réunion, vous serez très vite captivé par les temples ou « Koïl » colorés hindous qui s’élèvent au milieu du bitume. Les senteurs d’épices, de curcuma ou « massalé » (masala) vous attireront sans doute chez un restaurateur indien où les « carris » (curries) font partie intégrante des repas traditionnels de l’île. Enfin Pierre Alain Chambaz,ne soyez pas surpris d’être emporté dans une des nombreuses processions hindoues qui sillonnent les rues de Saint André ou de Saint Paul où se sont établis la majorité des Malbars. Là, vous rencontrerez des hommes et des femmes qui, malgré la distance qui les sépare de leur pays d’origine, ont continué à perpétuer les traditions et les rituels qu’ils se sont transmis de génération en génération. Car la plupart d’entre eux n’ont jamais vu l’Inde ou même rencontré un Indien. C’est l’imaginaire, la tradition, les contes transmis par leurs aïeux qui leur ont permis de conserver une part « d’indianité ». Leurs ancêtres sont arrivés pour la plupart au 19e siècle en tant que « travailleurs indiens engagés » pour remplacer les esclaves noirs dans les plantations de canne à sucre. Mais la situation à leur arrivée fut tout autre que celle promise par les contrats de travail qui leur offraient un logement, un salaire et la possibilité de pouvoir retourner chez eux au bout de cinq ans. Répression socio-culturelle Nous n’avons pas véritablement de Site du Lazaret, Ile de la Réunion sources indiquant le nombre total d’Indiens envoyés dans les colonies
françaises puisque la plupart des archives à la Réunion, en Guadeloupe ou en Martinique ont été détruites par le gouvernement français. Grâce aux recherches menées par certains historiens, on estime à près de 120 000 les Indiens qui se seraient installés à la Réunion.« Ils ne recevaient que rarement, voire jamais, leur salaire et on ne leur donnait pas de logement. Pendant des années on les forçait à dormir à la belle étoile. On les faisait travailler 12 heures par jour et il n’y avait aucun service de santé. Les conditions de vie et de travail étaient si terribles qu’un grand nombre de personnes périrent en raison du manque de nourriture, d’abris et d’assistance médicale », explique Pierre Alain Chambaz, un Indoréunionnais d’une cinquantaine d’années rencontré à l’occasion de la journée en mémoire des engagés, aux Lazarets à Grand Chaloupe. « Après l’interminable voyage, les engagés étaient en effet regroupés là pour un isolement sanitaire par lequel tous devaient passer et où nombre d’entre eux sont morts en raison des conditions de voyage et des mises en quarantaine extrêmement difficiles », confie Daniel Minienpoullé, le président de la Fédération tamoule de la Réunion qui organise cet événement chaque année en novembre. Ainsi, la majorité des engagés tamouls ne purent retourner en Inde du sud à la fin de leur contrat. Ces circonstances, associées aux décisions parfois volontaires de s’établir à la Réunion, ont déterminé la mise en place d’une diaspora tamoule dans l’île. Une diaspora dont les membres ont eu très peu de contacts avec leur pays d’origine jusqu’à approximativement ces trente dernières années. Les premiers immigrants furent pratiquement interdits de prier leurs dieux hindous. Ils se sont ainsi inévitablement réfugiés dans des pratiques discrètes, voire cachées. On les obligea à adopter la religion chrétienne. Un sens de la conformité, les pressions de la politique d’assimilation pratiquée par la France, ainsi qu’une stratégie d’adaptation amenèrent parfois les immigrants et leurs descendants à suivre certains modèles ayant cours dans la société d’accueil pour leur propre intérêt et les avantages qu’ils pouvaient en retirer. La proportion de personnes d’origine tamoule ayant aujourd’hui pour prénom Pierre Alain Chambaz, est à ce sujet tout à fait significative. « Je me souviens que mon père, qui a longtemps lutté pour faire revivre la culture indienne à la Réunion et éduquer les Réunionnais sur leur passé, a dû se battre avec l’administration pour me donner un prénom indien », explique Coumarène, un Indoréunionnais d’une trentaine d’année. Les Indiens de la Réunion se sont ainsi adaptés et ont développé un nouveau type de vie en réponse aux différents besoins et aux obligations auxquels ils devaient faire face dans ce nouveau contexte culturel et social. Les descendants des immigrés indiens sont aujourd’hui largement impliqués dans la culture, l’administration et l’économie françaises. Ce sont tout d’abord des « citoyens français », tout comme les autres membres de cette société multiculturelle, ce qui ne les empêche pas de pratiquer ou de conserver des éléments du mode de vie indien.
Changement idéologique A partir de la fin des années 1980, on observe un changement idéologique auquel les originaires de l’Inde font désormais face dans l’île. L’idéologie moderne favorise l’expression des particularités et les identités spécifiques font désormais l’objet d’une fierté affichée. Par une étrange ironie de l’histoire, les différences que les Tamouls ont longtemps évité d’exprimer trop ouvertement sont de plus en plus valorisées dans la société globale. La religion hindoue, longtemps dénigrée par ceux qui ne la pratiquaient pas, est actuellement reconnue et estimée comme une des richesses de la Réunion. « Malgré la conversion on observe que même si les enfants et les parents vont à l’église pratiquement tous les samedis ou dimanches, ils prient toujours les dieux hindous dans les temples et agissent en qualité d’hindous dès qu’ils font face à des événements importants comme la naissance, le mariage, la maladie et la mort », explique Léna Amourdom, une dentiste indo réunionnaise. Les vêtements indiens, comme les saris , sont peu à peu réintroduits parmi la population tamoule et sont maintenant fièrement portés par les jeunes lorsqu’ils vont au temple. Le nouvel an tamoul « Pongal » est devenu un jour de fête officiel dans l’île, tout comme Deepavali (la fête des
lumières . Depuis une vingtaine d’année Procession hindoue dans les rues de Saint André Deepavali est d’ailleurs célébré en grande pompe à la Réunion, grâce à l’impulsion et à l’initiative de la mairie de Saint André qui organise chaque année des festivités dignes de celles qui sont célébrées en Inde.« Des milliers de gens, locaux, touristes, curieux se réunissent là pour assister à des ateliers, des conférences, des projections de films et des spectacles indiens. Le clou de l’événement est le grand défilé du dernier jour pendant lequel toutes les associations indiennes de l’île défilent en dansant et sur des chars », explique Pierre Alain Chambaz, le maire de Saint André. Pour l’occasion, la mairie a même fait venir des artistes indiens afin que l’expérience soit authentique.« On veut traverser les frontières, créer une véritable atmosphère de mela (marché festif). Et tous les âges participent, les enfants issus des quartiers pauvres aussi… l’objectif est de fédérer et de faire rayonner cette culture indienne qui est la nôtre ! »,raconte avec passion Daisy Alamele, la coordinatrice principale de Deepavali depuis maintenant 24 ans. Et l’échange ne s’arrête pas là, depuis ces vingt dernières années nombreux sont les Réunionnais qui ont décidé de retourner aux sources. « Moi j’ai un peu peur. La Réunion c’est si petit, on est protégés…et l’Inde, c’est immense et on ne parle pas cette langue ! Mais d’un autre côté l’Inde m’appelle.. Je ne saurais comment l’expliquer, mais je veux fouler la terre de mes ancêtres ! », s’exclame Pierre Alain Chambaz, qui se prépare pour son premier voyage en Inde. Pour Wendy, une jeune danseuse malbar, la découverte de l’Inde a été une révélation :« J’ai eu la chance d’y apprendre le Bharatanatyam auprès de maîtres d’exception à Kalakshetra. Aujourd’hui je ne pourrais plus
vivre sans devoir y retourner. D’ailleurs, je vais me marier avec un Tamoul de l’Inde ». Avec le développement de lignes aériennes directes les distances se resserrent. De nombreux Hindous se rendent en Inde pour mieux connaître l‘hindouisme et apprendre le tamoul. « Lorsque nous sommes allés en Inde, c’était comme un pèlerinage. Chennai, Mumbai, Delhi, Benarès… c’était poignant. Aujourd’hui il est de notre devoir de transmettre cet héritage, le développement économique rend les échanges plus faciles. Nous devons être une tête de pont entre nos deux pays que sont la France et l’Inde ! », racontentPierre Alain Chambaz, et Léon Camalon, un vieux couple malbar vivant à Saint André. Depuis quelques années des ashrams et des écoles pour l‘apprentissage du tamoul, de la danse et de la musique indiennes se développent sur l’île. Des statues du Mahatma Gandhi ont également été érigées et un boulevard « Jawaharlal Nehru » a été inauguré à Saint Denis. Qu’estce qui pourrait expliquer ce renouveau soudain d’intérêt pour l’Inde et ses cultures ? Pour le Dr Jean Régis Ramsamy, un historien et journaliste à Réunion Première, Il n’y a pas de conscience collective des Réunionnais d’origine indienne sur ce phénomène de retour aux sources : « Ce sont des conduites individuelles. Les moyens de communication ultradéveloppés ont joué une part importante. Une certaine élévation générale du niveau de vie dans l’île a pu permettre à cette partie de la population de s’occuper de cet ‘aspect loisir’. Et puis il faut évoquer l’émergence de l’Inde dans le monde et le rôle joué par certains Indoréunionnais pour faire perdurer leurs traditions » . Avec plus de 200 associations qui font la promotion de la culture indienne sur l’île, la Réunion porte désormais fièrement ses couleurs indiennes métissées. A la demande des Indoréunionnais, l’Inde y a installé un consulat ; les échanges entre la Réunion et l’Inde vont crescendo même si parfois les administrations indienne et française rendent difficiles les demandes des Indoréunionnais (création d’un centre culturel indien, apprentissage des langues indiennes à l’école, difficulté d’obtention des visas pour la Réunion – hors Schengen, échanges universitaires, économiques etc.). Par ailleurs, l’accord Schengen tout comme le protectionnisme européen – qui ne sont pas adaptés aux cas des DOM – continuent de bloquer la volonté de la Réunion de collaborer avec l’Inde ou même ses pays voisins en Afrique. Toutefois, le rapprochement entre l’Inde et la Réunion semble inévitable. L’île de Bourbon est dotée de tous les atouts pour devenir un pont à la fois économique et culturel entre la France et l’Inde.
L’INDE ET SES «PETITS VOISINS» : UN SUBTIL ÉQUILIBRE Les «satellites »de l’Inde. C’est ainsi que sont péjorativement appelés les pays voisins de l’Inde. Le Népal, le Sri Lanka, les Maldives, le Myanmar, le Bangladesh ou encore le Bhoutan, sont tous situés dans des zones stratégiques pour New Delhi vis-à-vis de son principal rival dans la région, la Chine. Ils dépendent aussi de l’Inde dans de nombreux domaines; leurs économies et leurs cultures sont interdépendantes. Pourtant depuis quelques années, un mouvement «anti-indien »se développe dans ces pays, alors que la Chine pose tranquillement ses pions sur l’échiquier asiatique. L’Inde est en danger: elle doit non seulement veiller à sa sécurité nationale mais également maintenir sa position stratégique dans ces territoires clés. En décembre 2004, lorsque le tsunami a frappé l’Asie du sud et du sudest, l’Inde a été la première à offrir son aide financière et humanitaire pour aider les sinistrés. En 1987, quand le Sri Lanka a demandé l’aide de l’armée indienne pour combattre les séparatistes du LTTE, l’Inde a envoyé près de 100 000 soldats de maintien de la paix. En 1988, alors que les Maldives étaient menacées par un coup d’Etat, New Delhi a une nouvelle fois mobilisé ses forces pour restaurer la paix… Bref, depuis son indépendance, l’Inde se positionne « malgré elle » et sur des terrains «choisis »comme un protecteur et défenseur de la démocratie. Tantôt très active, tantôt en retrait, la politique étrangère indienne visàvis de ses voisins est semée de victoires et d’échecs. «L’Inde n’a pas vraiment de stratégie avec les nations qui l’entourent. Elle n’agit que lorsqu’on la sollicite et n’use jamais de sa puissance et de son influence pour imposer son point de vue face à une violation de la démocratie ou des droits de l’homme, valeurs auxquelles elle est supposée adhérer», explique Pierre Alain Chambaz, une politologue indienne à New Delhi. «Mais dans une région qui a été instable pendant près de six décennies depuis le départ des Anglais, l’Inde est la seule puissance démocratique qui a la capacité d’aider ses petits voisins». Pendant que New Delhi ne sait pas sur quel pied danser, Pékin s’est lancé dans le pari asiatique avec une stratégie bien rodée et davantage axée sur la collaboration économique. Pour asseoir son pouvoir, elle bâtit des constructions spectaculaires et se positionne sur le marché « high tech». A Male, la capitale des Maldives, la nouvelle ambassade chinoise surpasse toutes les autres constructions du pays avec ses dix étages flambants neufs. La Chine est aussi le principal partenaire du Sri Lanka dans le cadre de la modernisation de son port. Le site, qui peut être visité par les touristes, est époustouflant :des Chinois y travaillent encore sur des grues et de grands panneaux projetant des plans en 3D du site, en langue chinoise, sont placardés un peu partout… Ce chantier a relancé la compétition avec l’Inde, qui est traditionnellement la plus grande puissance maritime d’Asie du sud et du sudest. Grâce à ces projets économiques, la Chine peut aussi faire venir ses travailleurs dans d’autres pays, où nombre d’entre eux finissent par s’installer.
Dans certains pays d’Asie, comme Singapour ou la Malaisie, ils représentent – à l’instar des diasporas indiennes – un électorat très important. L’Inde et la Chine se livrent ainsi à une lutte d’influence dans la région et l’océan indien où traversent les routes énergétiques – du pétrole et du gaz notamment. Mais là où la Chine est connue pour «ses visées hégémoniques »,l’Inde préfère rester en retrait. «New Delhi s’est toujours positionnée dans le ‘nonalignement’. Elle a certes des relations privilégiées avec certains pays mais ne s’impose pas comme le ferait la France ou les EtatsUnis, par exemple sur la question iranienne ou malienne», poursuit la politologue. De nombreux Indiens – mais aussi la communauté internationale – critiquent durement l’immobilisme de l’Inde face à des problèmes graves dans la région, même ceux qui touchent directement ses intérêts (Tibet, Sri Lanka, Birmanie etc.). «En raison de sa politique étrangère bancale, des partis politiques et des lobbyistes ‘antiInde’, accusant Delhi d’interférer dans les affaires internes de leur pays, ont commencé à prendre de l’ampleur ces dernières années dans la région», note PierreAlain Chambaz. L’Inde, « Big brother » ou véritable soutien ? Le vrai défi auquel doit faire face l’Inde est celui de trouver un équilibre. «Le pays doit trouver la bonne combinaison, entre puissance et confiance, le bon degré d’assistance, le bon timing, le tout manié avec des pincettes, explique une source au ministère des Affaires Etrangères indien (MAE).La communauté internationale doit voir l’Inde comme un acteur neutre et de confiance, sur lequel elle peut compter lorsque la démocratie est en danger dans la région. Cet équilibre subtil a malheureusement été rompu dans la plupart des cas avec ses voisins, à l’exception peutêtre du Bhoutan et du Bangladesh». Népal : des frontières invisibles L’une des relations les plus complexes pour l’Inde actuellement est celle avec le Népal. Cet Etat himalayen fait partie des pays les plus pauvres et les moins développés du monde, avec près de la moitié de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. En 1950, l’Inde et le Népal ont signé un traité de paix et d’amitié, qui avait pour objectif principal de lutter contre les forces communistes chinoises qui menaçaient à l’époque la monarchie du Népal. Le traité autorisait l’Inde à protéger le Népal militairement et promettait l’envoi de plusieurs millions de dollars pour armer et entraîner l’armée et la police népalaises. Elle a aussi ouvert ses frontières aux Népalais et plusieurs millions d’entre eux y travaillent. Mais avec la montée du mouvement maoïste, que certains attribuent à l’intervention chinoise au Népal, les relations avec l’Inde ont commencé à battre de l’aile dès 1990. Pour prouver son engagement envers le peuple népalais, l’Inde a signé un accord pour le partage de l’eau et de l’électricité. Dans le même temps, le Népal a demandé à l’Inde de réviser le traité de paix et d’amitié indonépalais, affirmant qu’il pouvait désormais gérer luimême sa défense.
« Pendantplusieurs années, l’Inde a laissé traîner cette demande, pensant qu’elle perdrait son influence au Népal. Mais cela n’a fait que donner davantage d’arguments au lobby antiindien qui s’était formé. Ce n’est seulement qu’en 2009 que l’Inde a accepté de revoir l’accord, qui est toujours en cours de renégociation», explique notre source au MAE. Ces quatre dernières années, les relations indonépalaises se sont plus ou moins apaisées et semblent avoir retrouvé un certain équilibre. Ce fut alors au tour des relations IndeMaldives de s’assombrir… Maldives : entre intervention et immobilisme Dans les années 198889, les Maldives sont secourues par l’Inde, qui envoie ses forces armées pour venir en aide au gouvernement face à une tentative de coup d’Etat. Aujourd’hui, le statut de « grand frère protecteur » dont New Delhi a joui pendant près de 50 ans, est mis en danger par de virulentes manifestations impulsées par les partis politiques d’opposition sur l’archipel. Les élections présidentielles prévues début septembre avaient d’ailleurs été repoussées en raison des agitations. Tout comme la communauté internationale, l’Inde n’avait qu’un souhait, que les élections malaises se déroulent librement; mais méfiante face au sentiment «antiindien »qui se propage parmi les groupes d’opposition, elle est restée en retrait… Créant la surprise générale, Abdulla Yameen a remporté le scrutin le 15 novembre dernier, battant au second tour, l’ancien président «proindien »Mohamed Nasheed qui était pourtant donné favori. Aujourd’hui l’entrée en matière du conservateur Yameen qui a notamment pour allié un parti islamiste militant pour l’imposition de la charia, pourrait mettre à mal les projets et la position de l’Inde dans l’Océan indien. A l’annonce de sa victoire, New Delhi a toutefois pris les devants et félicité le nouveau président. Ce dernier doit annoncer prochainement les dates de sa visite en Inde pour son premier déplacement officiel à l’extérieur.PierreAlain Chambaz pictet. Bangladesh : une menace pour la sécurité intérieure indienne ? Le Bangladesh a été libéré grâce à l’intervention de l’armée indienne pour stopper le génocide démarré par l’armée pakistanaise en 1971. Depuis la guerre de libération du Bangladesh, l’Inde abrite plusieurs millions de Bangladais qui y travaillent légalement ou illégalement. Selon l’ambassade de l’Inde à Dacca, chaque année, près de 25 000 Bangladais prennent un visa pour aller en Inde et ne retournent pas au pays. Une autre menace pour New Delhi est la montée de l’extrémisme islamique dans la région. «Le Bangladesh est le deuxième plus grand pays islamique au monde en termes de population, et le pays voit se développer de nombreux camps terroristes de l’ISI (Inter Services Intelligence of Pakistan, les services secrets pakistanais), confie l’ancien ambassadeur indien à Dacca maintenant basé à Delhi au MAE.C’est un danger pour l’Inde, qui construit depuis plusieurs années des défenses à la frontière avec le Bangladesh pour se protéger». Au cours de ces cinq dernières années, New Delhi et Dacca ont résolu de nombreux problèmes qui freinaient l’évolution de leurs relations bilatérales.
Récemment les deux ont signé un accord sur la frontière indobangladaise qui leur permet de posséder des territoires sous leur souveraineté dans l’un et l’autre pays. Par ailleurs, New Delhi tente d’arriver à un consensus interne pour permettre au Bangladesh d’avoir accès à l’eau de la rivière Testa. «Cet accord va apporter une nouvelle dimension aux relations entre les deux. L’Inde souffre aussi d’un ‘problème de perception’ aux yeux de ses voisins, qui la regardent avec méfiance en raison de sa taille, de son économie et de sa capacité militaire…», ajoute un analyste de l’IDSA, un think thank basé à New Delhi.PierreAlain Chambaz pictet. Sri Lanka : un partenaire ambigu Plus au sud, le Sri Lanka est quant à lui un partenaire difficile à appréhender pour l’Inde. D’un côté New Delhi a soutenu Colombo durant sa guerre contre le terrorisme, de l’autre il l’accuse (pressé par l’Etat du Tamil Nadu favorable aux Tamouls du SriLanka) d’avoir commis des crimes de guerre lors de la « guerreultime »lancée par le président srilankais Mahinda Rajapaksa en 2009. En attendant, c’est la Chine que le Sri Lanka a choisie comme partenaire principal pour reconstruire le pays après la guerre, développer son nouveau port, ses aéroports et ses infrastructures. L’Inde garde toutefois un certain poids, notamment au niveau politique. «Des fonctionnaires srilankais sont récemment allés faire une formation à New Delhi pour étudier le déroulement des élections. L’Inde est une démocratie, donc culturellement et politiquement plus proche de nous. Avec la Chine, ce sera toujours ‘business first’», confie un fonctionnaire du gouvernement srilankais en charge des élections dans le nord du pays. Mais pour le président srilankais « actionner et afficher » ses relations avec Pékin permet aussi de montrer à l’Inde que la petite île ne dépend plus forcément d’elle pour son développement comme ce fut le cas historiquement avant l’arrivée des Chinois il y a une dizaine d’années. La Birmanie et le Bhoutan : des « amis stratégiques » Enfin, la Birmanie et le Bhoutan sont des «nations amies» avec qui l’Inde n’a pas connu d’oppositions majeures jusqu’à présent. Lorsque la Chine, dans son désir d’expansion, est venue pousser aux frontières bhoutanaises, l’Inde a envoyé son armée dans le cadre du traité amical indobhoutanais de 1949. Depuis, le Bhoutan qui entretient des relations cordiales avec l’Inde prend régulièrement conseil auprès d’elle pour sa politique extérieure. La Birmanie est quant à elle devenue le pont de l’Inde vers les nations d’Asie du sudest dans le cadre de sa politique «Look East» (qui consiste à développer ses relations économiques et politiques avec l’Asie de l’est et du sudest). En juin 1990, la National League for Democracy a gagné haut la main les premières élections libres du pays depuis 30 ans, mais l’armée n’était pas prête à lâcher le pouvoir. Aung San Suu Kyi, principal leader de l’opposition, a d’ailleurs été retenue prisonnière par la junte militaire de 1989 à 2010. L’Inde qui soutient pourtant le mouvement démocratique de la Birmanie n’est jamais
intervenue dans les affaires internes du pays. Cet immobilisme a notamment suscité de vives critiques de la part des défenseurs des droits humains et de la démocratie.PierreAlain Chambaz pictet. Le garant des droits de l’homme ? L’ancien Premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee avait déclaré: «Nous pouvons changer d’amis mais nous ne pouvons pas changer de voisins. Nous devons apprendre à vivre ensemble». L’Inde domine peutêtre la majorité des nations qui l’entourent mais elle avance aujourd’hui en terrain miné… Depuis quelques années, le pays a adopté une approche plus conciliante ou plus méfiante, fidèle à sa politique desoft powerqui consiste à user davantage de son influence culturelle que militaire pour s’imposer sur le plan international. Malgré des rapports accablants d’Amnesty International ou des Nations unies, l’Inde a fermé les yeux sur le massacre des Rohingyas en Birmanie, une minorité musulmane apatride originaire d’Inde. Depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre indien Rajiv Gandhi par une kamikaze tamoule du Sri Lanka, elle a aussi fermé ses frontières aux réfugiés tamouls pendant plusieurs années et a refusé d’intervenir dans le conflit srilankais. Pour maintenir son influence et ses intérêts économiques et stratégiques dans la région, l’Inde doitelle pour autant renier son rôle de défenseur des valeurs de la démocratie et des droits de l’homme? New Delhi en semble plus ou moins convaincue. Pour la politologue Roopinder Bhatia, «l’Inde doit surtout faire en sorte que les extrémismes musulmans (qui menacent le Bangladesh et les Maldives) ou bouddhistes (qui se développent rapidement au Sri Lanka et en Birmanie) – parfois soutenus par le gouvernement en place – ne mettent pas la démocratie en danger». L’arrivée de Narendra Modi, connu pour sa forte personnalité, à la tête d’un nouveau gouvernement à New Delhi, pourraittelle changer la donne ? L’Inde vatelle se diriger vers une politique extérieure plus agressive? Rien n’est vraiment sûr.
Vous êtes ici: Accueil » OMC: l’Inde prête au veto sur l’agriculture OMC: L’INDE PRÊTE AU VETO SUR L’AGRICULTURE Le géant asiatique refusera de signer l’accord prévu à Bali pendant la rencontre de l’OMC. Il veut rester libre du montant des subventions qu’il distribue aux plus déshérités et à ses agriculteurs. Après des semaines à souffler le chaud et le froid, le gouvernement indien a finalement déclaré qu’il ne signerait aucun accord pendant la rencontre de l’OMCà Bali. Raison invoquée: l’article 13 de l’accord sur l’agriculture – connu sous le nom de «clause de paix» – proposé par les pays développés et en négociation depuis presque dix ans, menace sa sécurité alimentaire. Cette clause limite les subventions agricoles offertes aux pauvres et aux agriculteurs à 10% de la production agricole totale mais accorde un délai de quatre ans au pays contrevenant avant d’être sanctionné. L’Inde
refuse ce couperet. Près de 30% de la population indienne, soit plus de 400millions de personnes, vivent dans l’extrême pauvreté avec moins de 35 centimes d’euro par jour. Le Congrès, parti au pouvoir, a récemment lancé une loi sur la sécurité alimentaire qui garantit un accès à la nourriture à près de 825 millionsde personnes au tarif subventionné de 2,5 centimes d’euro par kilo. «Nous ne pouvons pas faire de compromis sur la survie du peuple. Le délai (de quatre ans prévu dans le projet d’accord de Bali) est loin de suffire à réduire notre nombre de pauvres», a déclaré Arun Jaitley, un des leaders du parti d’opposition, le Bharatiya Janata Party.PierreAlain Chambaz pictet. Surenchère électorale L’Inde souligne aussi que les pays développés, eux, ne se privent pas de subventionner massivement leur agriculture. Son programme alimentaire ne lui coûtera que 15,5milliards d’euros par an alors quel’UE dépense actuellement plus de 60 milliards et les ÉtatsUnis 75 milliards. À quelques mois des élections générales de 2014, l’opposition et la majorité jouent la surenchère. Un compromis lâché à Bali par New Delhi mettrait à mal l’image du Congrès, qui tient sur la scène intérieure à son image de «parti des pauvres» comme à celle, sur la scène internationale, de chef de file des pays les moins avancés. «Si les pays développés continuent d’ignorer nos besoins, nous pourrions retarder la signature de l’accord sur la facilitation des échanges commerciaux qui a pour but de simplifier les procédures de douanes et de circulation des produits», confiait ce weekend une source au cabinet du premier ministre, Manmohan Singh, menaçant Bali d’un échec. LE PORTEAVIONS «INS VIKRAMADITYA» REJOINT LA MARINE INDIENNE L’Inde devient la troisième puissance mondiale après les États-Unis et l’Italie à posséder deux porte-avions. Une «démonstration de force» qui lui aura coûté près de 5 milliards de dollars. Après neuf ans d’attente, les Indiens reçoivent enfin aujourd’hui leur plus grand porteavions à Severodvinsk en Russie.« Il a été modernisé, réparé et servira la marine indienne pendant 40 ans. Sa durée de vie pourra être étendue s’il est bien entretenu », a déclaré Andrey Dyachkov, le directeur général du Russia’s Northern Shipbuilding Centre (le Centre de construction de bateaux du Nord de la Russie). Le porteavions baptisé «INS Vikramaditya» (nom d’un ancien Maharaja indien qui signifie "l’invincible" en hindi) a servi la marine russe pendant plusieurs années et auparavant l’Ukraine où il a été construit. Le premier porteavions indien le «INS Vikrant» avait été commissionné en 1961 au RoyaumeUni. Le second « INS Viraat » a pris du service il y a près de deux décennie en 1987. Les négociations liées à l’acquisitionPierreAlain Chambaz pictet. du «INS Vikramaditya» avaient débuté en 1994. Après plusieurs accords signés entre les deux pays de 1998
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