Amour et Vérité, Justice et Paix, pour une Afrique Nouvelle
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L'Afrique peut et doit se relever en s'appuyant les valeurs que constituent: Amour, Vérité, Justice et Paix.

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Publié le 08 mars 2012
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Extrait

AMOUR ET VERITE, JUSTICE ET PAIX, POUR UNE AFRIQUE NOUVELLE.
Après les 50 ans de l’indépendance de la plupart des pays africains, le moment n’est-il pas
venu pour que des hommes de bonne volonté, en Afrique comme ailleurs, décident de mener
des réflexions pouvant aider à poser des repères sûrs pour un avenir heureux de ce continent ?
Les nouvelles, à la Une, en ce début d’un nouveau départ pour les 50 ans à venir ne sont pas
toujours rassurantes. Des soulèvements en Tunisie, en Egypte manifestent le ras le bol des
populations meurtries. Les crises post-électorales plongent la Côte d’Ivoire dans une situation
inédite de conflits et de misère. Des élections présidentielles en Guinée, en Centre-Afrique, au
Sénégal et dans d’autres pays africains sont toujours remises en question par les opposants
des régimes en place…Que faire pour que les erreurs du passé soient évitées pour permettre à
l’Afrique de bien partir cette fois-ci ? Donnera-t-elle encore raison à René Dumont, auteur du
livre intitulé : « L’Afrique noire est mal partie » ?
Depuis le début des indépendances, en effet, l’Afrique a connu des dictateurs qui ont rendu la
vie difficile à leurs concitoyens. De fait, « les gouvernants africains, avec la fin de la
colonisation, avaient promis au peuple des lendemains plus chantants. Et, en fait, c’est la
dictature qui s’est abattue sur les peuples d’Afrique »
1
Beaucoup d’Africains de grande valeur
ont connu l’exil ou la mort par les manœuvres politiques dépourvues de toute humanité de ces
dictateurs qui ont germé très tôt sur la terre africaine. Après 50 ans d’indépendance, fut-elle
nominale, les évaluations sur les plans sociopolitique et économique laissent perplexes les
Africains eux-mêmes et beaucoup d’observateurs étrangers. L’Afrique continue de piétiner
faute d’une vraie politique pouvant amorcer définitivement son essor. A qui la faute ? Aux
puissances étrangères ou aux Africains eux-mêmes ? En effet, beaucoup d’Africains, les
intellectuels surtout, n’ont pas cessé d’accuser la politique des puissances étrangères en
Afrique : politique d’exploitation, de domination, d’ingérence… Pour eux, le malheur de
l’Afrique, c’est la colonisation qui continue sous une autre forme. Entre les Africains eux-
mêmes, des voix s’élèvent pour dénoncer la politique des dirigeants qui exploitent leur peuple
et s’enrichissent sur leur dos, mettant en place un régime totalitaire. En ce 21
ème
siècle où tous
les peuples aspirent à la liberté, plusieurs pays africains demeurent encore sous le joug d’une
certaine dictature, même si elle est larvée. Comment comprendre que beaucoup de nos
dirigeants immobilisent dans leurs comptes bancaires à l’intérieur et surtout à l’extérieur, des
sommes d’argent considérables, évaluées à des milliards de francs en plus des biens
immobiliers qu’ils possèdent à l’étranger ? Dans le même temps un pan important des
populations végète dans la misère. Aiment-ils en vérité leur pays ? Certains parmi eux restent
collés au pouvoir et deviennent hostiles à toute alternative. Dans leur ruse, ils cherchent à
modifier la Constitution en leur faveur pour durer au pouvoir, ou à se faire remplacer le
moment venu par un de leurs enfants ou un de leurs proches. En accusant sans cesse les
puissances étrangères, les africains oublient qu’ils sont parfois eux-mêmes les fossoyeurs de
l’Afrique. Nos chefs d’Etat, passionnés par le pouvoir, n’hésitent pas à éliminer leurs
opposants, à corrompre ceux qui leur résistent, à semer la terreur, la division, à apprivoiser
l’armée par l’argent, juste pour s’accrocher
au pouvoir aussi longtemps que possible et
parfois au mépris de la Constitution.
Le vent de la démocratie commence à souffler en Afrique. Il connaît des difficultés à y
pénétrer et à y asseoir ses dispositifs pour permettre aux peuples africains de se libérer des
régimes totalitaires et prendre en main leur propre destin. Ces difficultés relèvent de la
mentalité africaine hostile à la liberté d’expression, au principe d’égalité et qui voit, dans le
chef, le tout puissant dont la parole ne saurait être remise en cause.
1
Robert DUSSEY,
L’Afrique malade de ses hommes politiques
, Jean Picollec, Paris, 2008 p. 73.
1
La démocratie, comme régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par le peuple avec
les principes de liberté d’expression, d’association, de presse, de la séparation des pouvoirs…
est, aujourd’hui, la seule voie capable de remettre l’Afrique debout. La démocratie devient un
chemin ouvert sur lequel doivent s’engager résolument les Africains sans oublier que « parmi
les valeurs qui conduisent à la démocratie, la première est le respect de l’autre, autrement dit
la reconnaissance que tous les membres d’une société ont même dignité et mêmes droits.
Corrélativement, le pouvoir ne peut être monopolisé par quelques-uns, qu’ils y prétendent par
la naissance, la fortune, la science ou le savoir-faire. Tous les citoyens ont le droit de prendre
part aux décisions qui les concernent »
2
. La démocratie constitue donc une école pour
apprendre à aimer dans la vérité et permettre à la justice de s’exercer en vue d’une paix
durable dans la société. Aucun pays ne saurait se construire en dehors de cette valeur qu’est
l’amour qui rassemble et fait que les citoyens se rencontrent pour réfléchir et bâtir la Nation.
Mais tout doit se réaliser dans la vérité, c’est-à-dire dans le souci du bien commun. Ainsi,
chacun pourra jouir du fruit de son travail, et toute la société connaîtra la paix.
Amour et vérité pour l’émergence de l’Afrique
Pourquoi tant de divisions, tant de morts, tant de personnes portées disparues, tant de
charniers ? Pourquoi le pouvoir en Afrique devient-il une drogue qui aveugle celui qui s’y
aventure même avec, au préalable, une bonne intention ? Pourquoi du jour au lendemain
devient-il méconnaissable parce que fou du pouvoir ? Et pourquoi le pouvoir est-il une
occasion d’enrichissement personnel ? Nos chefs d’Etat africains roulent sur des milliards au
moment où près de 90% de leurs compatriotes croupissent dans la misère. Où donc se situe
l’amour qu’ils portent pour leurs frères qui ne cherchent que leur gagne-pain ? Si l’on y
regarde de prêt, chacun d’eux cherche toujours à s’imposer et à s’ouvrir au régime totalitaire
avec ses brimades, ses intimidations, ses emprisonnements anarchiques, ses assassinats, et que
sais-je encore ? L’Afrique demeure le théâtre des maux sociaux déshumanisants qui ne
cessent de l’avilir, de la compromettre et de la diviser. Certains Africains cherchent à la
disculper en désignant comme bouc émissaire les anciennes puissances coloniales pour le
retard du Continent africain sur les plans sociopolitique, économique .Celles-ci, de façon
discrète, placent leurs amis au pouvoir pour continuer à exploiter leurs anciennes colonies. Ce
point de vue souvent avancé, n’encourage-t-il pas à la fatalité, empêchant une réflexion de se
faire à partir des réalités qui se vivent en Afrique ? Les Africains eux-mêmes ne peuvent-ils
pas se remettre en cause et cesser de lier leur sort à l’Occident ?
Dans chacun des pays africains, il est ahurissant de voir les rivalités qui s’installent dans les
administrations. C’est un milieu où jaillit et se consolide la haine. Les projets élaborés pour
le bien du pays, leur réalisation est soumise la plupart du temps au versement par les
entrepreneurs des 10% aux organes du pouvoir exécutif. Si, par exemple, dans certains pays
les routes bitumées ne durent que peu de temps, c’est parce que leur chargement n’a pas été
respecté comme le prévoit le projet car les 10% se sont volatilisés. Beaucoup de projets
sociaux, régulièrement financés, sont restés inachevés à cause des détournements de fonds par
les Africains eux-mêmes. On a comme impression que chacun cherche à s’enrichir dès qu’il
est promu à une place importante dans la société. On ne pense plus aux autres, encore moins
au pays. Entrer dans un gouvernement reste une promotion et une chance pour s’assurer un
avenir meilleur. Toutes les activités menées doivent être porteuses d’intérêts pour soi, pour sa
famille, tout au plus, quelquefois, pour son village. La politique en Afrique est malade, parce
que égoïste et confisquée entre les mains de quelques uns .Ceux-ci font leur volonté et se
2
R. MINNERATH, Pour une éthique sociale universelle, Paris, Cerf, 2004, p. 103.
2
satisfont au mépris des populations qu’ils divisent et exploitent de façon éhontée. Faire la
politique aujourd’hui, c’est comme si on pactisait avec le mensonge. C’est au nom de la
politique que des hostilités apparaissent en Afrique, ainsi que la division, l’exploitation de
l’homme par l’homme, les détournements des fonds publics… La politique n’est plus
considérée comme un facteur de bien pour la société, mais un phénomène de distraction et de
tromperie.
L’Afrique doit se réveiller en se mettant en cause. Les africains doivent se mobiliser autour
des valeurs qui les stimulent à se retrouver la main dans la main pour une émergence effective
de l’Afrique. Cela n’est possible que par l’amour en dehors duquel rien ne saurait se
construire. L’amour dans la vérité oblige au désintéressement et à l’ouverture.
L’amour pour l’Afrique
L’Afrique est un continent riche en ressources minières. Elle mobilise les énergies des
puissances étrangères qui l’ont partagée comme un gâteau. Ses richesses immenses défient les
siècles à venir. Cependant l’Afrique est le continent le plus pauvre de la planète. Paradoxe !
Malgré sa générosité, elle reste sous perfusion extérieure. Est-ce un sort fatal ? Il ne s’agit pas
pour moi d’indexer l’extérieur, comme nous en avons l’habitude. Il n’y a là aucune fatalité. Il
s’agit d’oser regarder la vérité en face. Que voyons-nous ? Nous voyons des africains : ceux
du dehors et ceux du dedans. Les Africains du dehors sont de trois catégories : la première
catégorie comprend ceux qui ont été emportés par les vagues de l’esclavage et de la
colonisation et qui sont restés naturalisés dans les différents pays d’Europe, d’Asie et
d’Amérique. La deuxième catégorie sont les Africains qui sont des réfugiés politiques, ou
ceux que les guerres ont forcé à l’exil. La troisième catégorie est constituée d’Africains qui
ont préféré rester en Europe après la fin de leurs études ou formation professionnelle. Une
dernière catégorie peut encore être envisagée, celle des Africains aventuriers qui, de leur
propre chef, partent pour aller chercher du travail ailleurs. Que d’Africains expatriés, qui ont
coupé leur cordon ombilical avec l’Afrique, vivent et regardent de loin ce continent dont
l’émergence se fait difficile. D’autres Africains expatriés, reviennent cependant, mais ont du
mal à s’adapter, ou étant mal accueillis repartent à l’étranger. Ainsi de vaillants fils d’Afrique
vivent ailleurs mettant leur génie créateur au service des pays du Nord dont le développement
ne cesse de s’accroître. L’Afrique quant à elle devient de plus en plus pauvre. Cette riche
main d’œuvre africaine dans les pays du Nord, pense-t-elle à l’Afrique ? Nourrit-elle encore
un amour pour ce Continent ? Aimer l’Afrique, ce n’est pas seulement y injecter de l’argent
pour régler de façon sporadique des situations humanitaires ; ce n’est pas non plus, du dehors,
faire des propositions touchant à la vie politique, sociale et économique en Afrique. On ne
peut pas aimer sans descendre dans les profondeurs de la vie de l’être aimé. On ne peut pas
aimer l’Afrique sans y mettre pied, sans chercher à comprendre les mentalités, les aspirations,
les joies et les peines des peuples. L’Afrique évolue à sa manière, confrontée aux impératifs
de la mondialisation. Elle traverse des zones de turbulence qui la secouent et lui ouvrent des
perspectives incertaines. L’Afrique, en effet, n’est pas un continent unifié en profondeur du
fait de la colonisation qui la met dans un état d’hybridité culturelle. On peut être africain sans
connaître l’Afrique. On peut feindre de la connaître en imitant bassement ses expressions
culturelles. L’Afrique est ailleurs et appelle à une reconstruction. On a beau mettre des
structures en place, mais si elles n’épousent pas l’âme africaine, elles demeurent sans vie. Les
fonds, oui, mais l’éducation en terre africaine qui doit accompagner ces fonds pour une
gestion juste et équitable est d’une importance considérable. La gestion en Afrique est nulle
d’une nullité sans pareille. Que les Africains du dehors reconnaissent que l’Afrique bouge et a
besoin d’être soutenue pour sa propre réalisation. Mais cela n’est possible que si les Africains
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du dedans veulent changer de mentalité en quittant le stade égoïste pour un autre d’intérêt plus
général.
Les Africains du dedans sont d’abord nos dirigeants, les chefs d’Etats africains dont la
politique conditionne la vie sociopolitique, économique et culturelle. Ce qui semble les
caractériser, c’est de durer le plus longtemps possible au pouvoir. Ainsi, ils confectionnent ou
modifient les Constitutions de leur pays pour favoriser leurs ambitions. Peut-on affirmer en
même temps qu’ils aiment leur pays, ce continent d’Afrique ? Quitter le pouvoir devient
difficile pour certains chefs d’Etats africains A l’issue des élections présidentielles, ils mettent
tout en jeu pour se maintenir au pouvoir. Ils corrompent le plus souvent l’Armée qu’ils
gardent à leur disposition pour les défendre. Sale boulot que de tirer sur les citoyens qui en
ont ras le bol et qui se soulèvent pour qu’arrive le changement. On ose prétexter que l’armée
est là pour défendre les institutions. Et on la voit autour d’une personne dans tous ses
déplacements simplement pour la protéger. Dans le même temps, la population souffre de
l’insécurité et les opposants au régime en place sont menacés et même tués froidement ou
portés disparus. Pour tout changement en Afrique faut-il nécessairement que le sang humain
coule ? Des miliciens sont engagés à coup d’argent pour tuer, et pour quel pouvoir ? En
Egypte, Hosni Moubarak a quitté le pouvoir après trente ans, sous la poussée des mouvements
sociaux. Nous devons saluer le rôle de l’armée qui a refusé de tirer sur la population et l’a
aidée dans ses revendications à obtenir gain de cause. Celle-ci doit éviter l’inhumanité en
protégeant la population qui se défend aux mains nues. En ce vingt et unième siècle, où
chacun aspire à la liberté d’expression, comment se fait-il que dans la plupart des pays
africains un système politique dictatorial continue de s’imposer ? Ainsi constate-t-on : des
états d’urgence, le bâillonnement de la presse, le contrôle de la communication, des
perquisitions, des emprisonnements pour des motifs politiques, des attentats perpétrés…En
tout état de cause, l’Afrique, malheureusement, continue de régresser dans son développement
et dans sa représentativité. Les chefs d’Etats africains affirment cependant qu’ils aiment
l’Afrique et son peuple et se font ses défenseurs sur la scène internationale. Nous n’en
doutons guère, mais quand nous voyons ce qui fait leurs préoccupations et leurs biens
mobiliers et immobiliers répartis aux quatre coins du monde, alors nous pouvons nous poser
des questions sur leur sincérité.
Bien chers Chefs d’Etats africains, aimez, s’il vous plaît, l’Afrique, notre Continent noir qui
continue d’être à la traîne. Aimez-la pour elle-même, et non pour en tirer des profits dont vous
la privez le plus souvent en les plaçant dans les banques étrangères. Ne risquez plus d’être les
fossoyeurs de l’Afrique en pillant ses ressources de façon égoïste. Regardez celui-là qui
constitue pour nous aujourd’hui une icône, une personnalité « adorable », respectée dans tout
le monde entier : Nelson Mandela. Rien que son nom inspire le respect. Le sacrifice qu’il a
fait pour la libération de son peuple du joug colonial et de l’apartheid, l’exercice de son
pouvoir comme chef d’Etat en Afrique du Sud et son retrait volontaire de la politique font de
lui un modèle dont l’Afrique a besoin. Chers Chefs d’Etat d’Afrique, respectez, s’il vous plaît,
la Constitution. Ne la fabriquez pas pour vous permettre de durer « in aeternum » au pouvoir.
Par respect pour l’Afrique et les Africains, vos frères, faites au plus deux mandats de cinq ans
et laissez le pouvoir aux autres. Vous démontrerez que vous aimez l’Afrique. Mais on ne peut
aimer dans la méconnaissance de la vérité. C’est la vérité qui rend libre et dynamise l’amour.
Dire qu’on aime l’Afrique, c’est accueillir la vérité qui se dit de l’Afrique et qui se vit en
Afrique.
La vérité, chemin de la reconstruction de l’Afrique
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La politique des chefs d’Etats africains, loin de promouvoir la liberté d’expression, de
construire le corps social, tend le plus souvent vers la dictature. Ceux qui n’entrent pas dans la
dynamique de leur politique sont considérés comme des parias à éliminer. Où se situe donc le
droit dont chaque citoyen doit jouir dans la société pour apporter sa pierre à l’édification de la
cité ? Il faut avouer que le droit est bafoué sur la terre africaine. La politique, cet art de faire
vivre ensemble et concourir au bien commun d’une nation des citoyens divers et qui ne sont
pas nécessairement d’accord entre eux (Jean Guitton) vire au mensonge, à la tromperie. Les
pays africains sont divisés par la politique, une division de combat qui entraîne des pertes en
vies humaines et des dégâts,
lors des soulèvements, sur certaines structures sociales.
L’Afrique a besoin d’appareils juridiques fiables pour que le droit soit respecté dans toute sa
rigueur, et garantisse aux citoyens la possibilité de vivre épanouis sans être inquiétés par qui
que ce soit, ni par quoi que ce soit. Tant que l’indépendance n’est pas accordée au pouvoir
judiciaire, le droit sera toujours piétiné par l’exécutif. Quand les institutions juridiques ne
disent plus le droit, c’est la catastrophe. Pire encore, quand des juristes se laissent corrompre
en justifiant du faux, c’est l’enfer. Nos Etats africains doivent devenir des Etats de droit pour
permettre un essor effectif à l’Afrique. Les Africains ont besoin de la liberté qui leur a été trop
souvent subtilisée par l’exercice d’une politique totalitaire et déshumanisante.
Le premier travail à faire pour sortir l’Afrique de cette situation incongrue paralysant tout élan
vers un développement de l’homme et de tout l’homme doit venir d’abord des Africains eux-
mêmes. Inutile de toujours voir nos malheurs comme des sorts jetés par les puissances
étrangères. Ce sont des Africains qui tiennent les rennes des Etats africains, quand bien même
on dit le plus souvent qu’ils sont à la merci de ces puissances. Pourquoi donc mènent-ils une
politique de répression contre leurs frères africains ? Pourquoi ne veulent-ils pas collaborer
même avec leurs opposants ? Ces derniers n’ont-ils pas le droit comme eux d’exprimer leurs
opinions ?
Le vent qui souffle aujourd’hui au Maghreb comme en Afrique Subsaharienne est le vent de
la liberté qui veut balayer les régimes dictatoriaux pour installer la démocratie. Seul un tel
régime peut sauver aujourd’hui l’Afrique et lui donner la possibilité de prendre sa juste place
dans le concert des Nations.
Dans un Etat démocratique, la première des valeurs est le respect de l’autre, c’est-à-dire la
reconnaissance que tous les membres d’une société ont même dignité et mêmes droits. De
même, le pouvoir ne peut être monopolisé par quelques-uns, qu’ils y prétendent par la
naissance, la fortune, la science ou le savoir-faire. Tous les citoyens ont le droit de prendre
part aux décisions qui les concernent. Le régime démocratique ainsi compris et exercé peut
être un salut pour l’Afrique dont la richesse et la potentialité humaine défient l’avenir de
l’humanité. Que les Africains commencent par se prendre au sérieux en faisant prévaloir la
vérité dans les différents espaces qui leur incombent. Qu’ils aient un souci désintéressé du
développement de l’Afrique et travaillent pour le bien de tous. C’est la condition pour plus de
justice en vue d’une paix durable.
Justice et paix pour l’éclosion d’une Afrique nouvelle
L’Afrique est une terre de liberté mais viciée par les assoiffés du pouvoir. Tout se passe
comme si certains Africains étaient des damnés de la terre. Ils n’ont droit à rien sinon d’être
exploités, bâillonnés, jetés dans les geôles. Leur tort est de revendiquer leurs droits,
d’exprimer leur opinion politique et leur liberté d’expression, de mener des actions quelque
peu révolutionnaires, de se vouloir opposant au régime en place. On assiste alors à des
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tortures, à des actes indignes perpétrés sur ces personnes. Pourquoi une telle barbarie si l’on a
au cœur l’amour pour son pays, pour l’Afrique ? C’est ensemble qu’on peut construire en
créant des espaces de prises de parole, de réflexions, en accueillant des propositions, des idées
de tous horizons pour les harmoniser en vue du bien commun. On n’est pas intelligent tout
seul, seul, on est bête. Chaque Africain a sa pierre à apporter qui provient de son génie, de son
intelligence, de son jugement. La chance d’expression doit être donnée à tous pour permettre
à l’Afrique de se construire sur des valeurs imprégnées d’humanité .Ainsi, elle offrira au
monde ce qu’elle a de meilleur pour sa considération et sa reconnaissance sur la scène
internationale. Les Africains doivent donc se ressaisir et cesser d’accuser le monde extérieur.
Nous faisons parfois honte à nous-mêmes. Ce beau continent qu’est l’Afrique, qui regorge de
tant de richesses, comment comprendre qu’il y ait autant de misère et dans le même temps une
minorité de personnes qui détiennent entre leurs mains des richesses immenses insolentes ?
Dans tous les pays africains, le chômage ne cesse de grimper. Les victimes d’un tel
phénomène sont surtout les jeunes, capital de l’avenir. La conséquence du chômage est
l’émigration. Ainsi, de jeunes diplômés ou ayant
une formation professionnelle solide,
quittent leur pays pour aller chercher du travail ailleurs. L’Afrique perd ainsi ses bras valides
dont elle a cependant bien besoin pour sa construction. En vérité, le chômage peut être
résorbé si les dirigeants africains le désirent. Au lieu d’investir hors du continent, qu’ils
mettent leurs richesses au service de leurs pays. Alors les jeunes africains pourront trouver sur
place le travail dont ils ont besoin. Quelle tristesse de voir tant de jeunes désœuvrés, livrés à
eux-mêmes, s’adonnant à des pratiques illicites comme la drogue, la prostitution, le vol, le
braquage… Si aujourd’hui un sursaut politique ne se fait pas, alors l’Afrique risque
dangereusement son avenir. C’est une question de justice que de tendre la main à l’autre, de
l’aider pour lui permettre d’acquérir ce dont il a besoin pour son épanouissement. La paix se
joue à ce niveau. Si une personne est affamée et une autre rassasiée, comment peuvent-elles
cohabiter dans la paix ? Que les Africains, riches de la richesse-même de l’Afrique, soient
honnêtes en créant des emplois sur place au lieu d’expatrier leur avoir pour enrichir les
banques étrangères. Que les Etats africains favorisent une politique d’emploi en accueillant
sans leur poser trop d’obstacles fiscaux, les bonnes volontés qui s’investissent pour créer des
emplois dans nos pays. C’est ainsi que la paix pourra s’installer durablement parce que
chacun aura de quoi manger. En Tunisie, rappelons-le, c’est un jeune diplômé qui s’est
immolé créant ainsi cette révolte historique de toute la population contre Zine Ben Ali dont le
régime a cédé. Ce jeune étudiant, Mohamed Bouazizi, dont l’immolation par le feu le 17
décembre 2011, de laquelle il a succombé de ses blessures le 4 janvier, devient pour le peuple
tunisien une icône de la liberté. Par cet acte de désespoir, après la confiscation par la police de
son chariot de primeurs, il a ouvert une voie pour un lendemain meilleur pour le peuple
tunisien. En Egypte, c’est encore un étudiant qui a tenté de s’immoler par le feu. Décidément !
Le mouvement de révolte a pris, et sur la pression de la rue, le Président Mohammed Hosni
Moubarak a abandonné le pouvoir. Autant d’actes de ras le bol qui manifestent l’injustice
volontairement entretenue par des dirigeants assoiffés du pouvoir et aveugles des besoins
vitaux de leur peuple. Tant que les peuples africains n’auront pas le minimum vital nécessaire
pour vivre décemment et que par ailleurs, des Etats exercent la dictature, la pression de la
rue sera inévitable.
La justice en Afrique peine à se mettre en route parce qu’elle se trouve sous l’emprise des
autorités politiques. Aussi collabore-t-elle difficilement avec la vérité. Ce sont toujours les
pauvres qui en pâtissent car le droit n’est pas toujours inscrit dans nos institutions juridiques.
Avec la séparation des pouvoirs, il faut encore des juges déterminés et idoines pour que la
justice se fasse car dans la plupart des Etats africains, la politique se mêle à tous les organes
de décisions. Il n’est donc pas étonnant que l’Afrique, après 50 ans des indépendances,
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continue d’être secouée par des mouvements de révolte. A quand donc la paix en Afrique ? La
réponse à une telle question nécessite un changement radical de mentalité. Les Africains
doivent apprendre à s’accepter, à collaborer, à s’engager dans une même lutte pour le bien-
être de tous. Seule la démocratie, bien vécue, dans le respect des individus, des peuples et des
nations, pourra sauver l’Afrique et lui permettre de promouvoir la paix et d’en vivre. Il ne faut
pas seulement parler de démocratie mais il faut la vivre en respectant, en particulier, la liberté
d’expression. Car la démocratie comme système de gouvernement exige des conditions
précises : une culture démocratique du respect mutuel, un fonds de valeurs partagées, une
anthropologie qui voit dans les personnes des sujets libres et capables de participer aux
décisions qui les concernent. Elle exige aussi un système social qui favorise la responsabilité,
un système économique qui permet la libre entreprise, une vision de la société où le pouvoir
social s’édifie à partir du bas vers le haut, où le citoyen n’est pas le jouet infantilisé de l’Etat
tout-puissant. (Roland Minnerath). De plus, la démocratie respecte le principe même de
l’égalité des citoyens, de l’alternance au pouvoir. Etant donné qu’on ne naît pas démocrate, on
le devient par l’éducation (Roland Minnerath). Mon cri du cœur est d’inviter les Africains à
devenir démocrates, c’est-à-dire à se mettre à l’école de la démocratie. Il y va du
développement de l’Afrique, de l’éclosion de la justice pour son épanouissement en vue d’une
paix durable entre ses filles et fils.
SEBO Kouami Félicien
UCAO-UUA
sebofeli@yahoo.fr
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