La stratégie médiatique et de propagande dal-Qaïda
Cet article a été rédigé par le Canadian Centre for Intelligence and Security Studies, The Norman Paterson School of International Affairs, Carleton University. La publication de cet article ne signifie pas que son contenu a été authentifié par le CIEM, ni que le CIEM partage les opinions de lauteur.
C e n t r e i n t é g r é d é v a l u a t i o n d e s m e n a c e s
Sommaire Lhistoiredelislamestparseméedefondamentalistesradicaux qui ont tenté dimposer leur interprétation de la loi islamique par le jihad militant. La « guerre à lincroyance » dal-Qaïda en est un exemple, mais est elle aussi vouée à léchec, à moins que le groupe ne réussisse à obtenir le soutien de loumma, ce qui constitue le principal objectif de sa stratégie médiatique et de propagande. Al-Qaïda croit quil est très important de gagner la guerre des idées. Il estime que sa stratégie médiatique est un complément crucial de sa campagne opérationnelle. Son aile chargée de la propagande, le Front islamique mondial de linformation (FIMI), ainsi que ses dirigeants et principaux propagandistes, Oussama ben Laden et Ayman al-Zawahiri, ont fait un usage habile et novateur des technologies des communications et de linformation du 21e siècle pour accentuer les répercussions psychologiques de ses attentats terroristes. Les objectifs intermédiaires et les objectifs stratégiques à long terme dal-Qaïda forment lessentiel de sa propagande, laquelle met davantage laccent sur sa vision des événements internationaux et sur le rôle du jihad militant comme agent de changement que sur sa vision eschatologique de lavenir. Pour promouvoir son programme révisionniste radical, le groupe utilise des techniques de propagande et de gestion des impressions qui consistent à intensifier les effets psychologiques de ses actes de violence pour susciter les réactions voulues chez son public cible. Le matériel de propagande a évolué, passant des entrevues accordées à la presse occidentale par des « têtes parlantes » depuis les années 1990 aux vidéos sur la formation opérationnelle et aux chansons rap qui glorifient la chute des infidèles. Les journaux, les radiodiffuseurs et Internet communiquent cette propagande à trois grandes catégories de publics cibles : lennemi, les partisans et loumma. Internet est le principal véhicule utiliser pour communiquer avec les partisans et les radicaliser. Depuis le 11 septembre 2001, al-Sahab, la société de production dal-Qaïda, produit un nombre croissant denregistrements audio et vidéo. La majorité de ces enregistrements ont été diffusés par la chaîne satellite
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qatarie al-Jazira, qual-Qaïda considère comme assez fiable et impartiale pour diffuser ses messages. Les enregistrements sont également affichés dans un nombre croissant de sites Web jihadistes, où ils sont souvent accompagnés de traductions en anglais, en français et en allemand. Un certain nombre de médias et de réseaux de télévision par satellite panarabes contrôlés par lÉtat répondent au besoin refoulé des musulmans de recevoir de linformation non censurée. Grâce à un certain assouplissement du contrôle exercé, ces modes de communication sont devenus des armes dans la guerre pour gagner la faveur des musulmans. Lappareil médiatique arabe continue de tolérer le terrorisme islamiste et pourrait avoir contribué à son expansion. Jusquà présent, la peur de la fitna, ou chaos dans loumma, a découragé les érudits traditionnels de contester la légitimité du message radical dal-Qaïda. Tandis que les radicaux traitent volontiers dapostats les musulmans qui ne partagent pas leurs opinions, les érudits qui adhèrent au courant islamique dominant ne peuvent leur rendre la pareille sous peine dêtre accusés de takfir, ou hérésie. Cette disparité a joué en faveur des radicaux, mais lOccident a entrepris de nouveaux projets pour combattre la propagande éloquente dal-Qaïda. Des changements subtils à la propagande dal-Qaïda donnent à penser que des modifications se produisent au sein du groupe. Le fait que celui-ci insiste davantage sur le bien-fondé de ses opérations, surtout en ce qui a trait à ses tactiques et à ses cibles, pourrait être le signe quil tente de familiariser les musulmans du courant dominant avec le jihad militant pour gagner leur appui. Ce pourrait aussi être le signe dun désaccord entre les dirigeants et les érudits salafistes radicaux, dont les décisions influencent le mouvement des jihadistes et le contexte juridique dans lequel ils évoluent.