Evaluation du service rendu par les organismes collecteurs agréés (OPCA, OPACIF & FAF)
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Le présent rapport constate que l'accès à la formation professionnelle reste très inégalitaire en fonction de divers facteurs dont la taille de l'entreprise : globalement une nette différence se dégage entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les autres, qui est encore plus accentuée entre celles de moins de dix salariés et celles de plus de dix salariés. La formation des salariés est financée à partir de contributions des entreprises gérées pour l'essentiel par les organismes paritaires que sont les OPCA - organismes paritaires collecteurs agréés - pour les salariés (ou les organismes que sont les FAF - fonds d'assurance formation
- pour les non salariés). Le travail de l'IGAS était de vérifier que ces organismes constituent un appui efficace, à la portée des entreprises adhérentes et surtout des PME, et des personnes, salariées ou non, et d'apprécier le rôle ainsi joué par ces organismes en faveur du développement de la formation.

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Publié le 01 avril 2008
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Extrait

 
Évaluation du service rendu par les organismes collecteurs agréés (OPCA, OPACIF & FAF) 
    - Rapport de synthèse -   Présenté par :      Pierre DE SAINTIGNON, Danielle VILCHIEN, Philippe DOLE & Jérôme GUEDJ Membres de l’Inspection générale des affaires sociales               Rapport RM 2008-023P Mars 2008   
1
Sommaire
INTRODUCTION................................................................................................................................................. 3 
1. LES OPCA OPACIF ET FAF ONT EVOLUE DE FAÇON POSITIVE MAIS ENCORE INSUFFISANTE DANS LEUR OFFRE DE SERVICE AUX ENTREPRISES, ET NOTAMMENT AUX PME, ET AUX SALARIES.................................................................................................................................. 6 
1.1 LE SERVICE DE PROXIMITE CONSTITUE UNE ORIENTATION FIXEE AUXOPCAETFAFMAIS IL RECOUVRE DES REALITES TRES DISPARATES,LOIN DE TOUJOURS CORRESPONDRE AUX BESOINS DESPME ................. 7 1.1.1 Alors même quec les PME et TPE ont besoin d’un accompagnement spécifique pour s’investir dans la formation............................................................................................................................................... 7 1.1.2 L’exigence de proximité n’étant pas explicitement posée sur le plan géographique, les relations entre OPCA, FAF, et PME restent souvent tenues................................................................................... 8 1.1.2.1 L’ambiguité de la notion d’exigence de proximité ....................................................................... 8 1.1.2.2 Une grande diversité de moyens et d’organisations ...................................................................... 9 1.1.2.3 Mais au total une faible pénétration des PME............................................................................. 11 1.1.3 Entendue sous l’angle culturel, la proximité revendiquée par les OPCA et FAF de branches et recherchée par leurs adhérents ne présente pas que des avantages....................................................... 12 1.1.4 Confondu avec le « conseil personnalisé aux entreprises », le service de proximité recouvre une large palette de prestations inégalement proposées par les organismes................................................... 13 1.2 SI LESOPCAETFAFMETTENT EN ŒUVRE DES ACTIONS ET NOUENT DES PARTENARIATS POUR PRENDRE EN COMPTE LES CONTRAINTES DESPME,CES INITIATIVES SONT ENCORE MODESTES........................................ 15 1.2.1 La recherche de réponses adaptées .................................................................................................... 15 1.2.1.1 Les actions de formation collectives ........................................................................................... 15 1.2.1.2 La frilosité des OPCA et FAF à l’égard de certaines formes de formation................................ 15 1.2.1.3 La création d’outils ciblés sur les PME....................................................................................... 16 1.2.2 Les partenariats.................................................................................................................................. 17 1.3 ILS RESTENT POUR UN GRAND PARTIE DENTRE EUX AVANT TOUT DES COLLECTEURS ET FINANCEURS NOTAMMENT VIS A VIS DESPME.................................................................................................................. 18 1.3.1 La collecte recouvre aujourd’hui une fonction plus large que la simple perception d’une sorte de taxe parafiscale auprés des entreprises....................................................................................................... 18 1.3.1.1 Les OPCA et FAF aident les entreprises à transformer leur contribution financière en un investissement en faveur de la formation ................................................................................................ 18 1.3.1.2 Ce système de collecte a pour conséquence positive de lier la contribution à un service rendu 20 1.3.2 La qualité de service est d’abord appréciée à travers le montant et les modalités de prise en charge financière des dossiers, contrepartie des contributions versées.................................................................. 21 1.3.2.1 La première attente des entreprises est d’obtenir grâce à leur OPCA l’optimisation de leur budget formation. .................................................................................................................................... 21 1.3.2.2 Les demandes de financement reçoivent le plus souvent une réponse positive mais dans le cadre de règles parfois opaques et évolutives ................................................................................................... 21 1.3.2.3 Les OPCA offrent surtout la possibilité de couvrir financièrement des projets excédant les moyens propres des entreprises............................................................................................................... 22 1.3.2.4 Les délais de traitement font l’objet d’une grande attention. ...................................................... 24 1.4 LESIFECNGFONEGALITE DE TRAITEMENT DES SALARIES EN MATIERE DASSUMENT PAS UNE ACCES AU CONGE FORMATION...................................................................................................................................... 24 1.4.1 Des résultats quantitatifs en progression ........................................................................................... 24 1.4.2 Des disparités d’accueil, d’accompagnement et d’accès au droit...................................................... 25 1.4.3 L’appui à la définition de projet et le bilan de compétence............................................................... 27 1.4.3.1 Le caractère trop systématique des bilans ................................................................................... 27 1.4.3.2 L’inégalité de la prestation sur le territoire ................................................................................. 28 1.5 OPCAETFAFDISPOSENT DUNE MARGE DINITIATIVE LIMITEE QUANT A LEUR POSSIBILITES DEVOLUTION..  ................................................................................................................................................................ 29 1.5.1 Les freins législatifs et règlementaires ............................................................................................... 29 1.5.2 Les positions des partenaires sociaux ................................................................................................ 30 1.5.3 La prise en charge des frais du paritarisme ....................................................................................... 30 1.6 CONTROLES PAR LES PARTENAIRES SOCIAUX COMME PAR LES POUVOIRS PUBLICS,ILS NE SONT JAMAIS EVALUES SUR LEUR QUALITE DE SERVICE..................................................................................................... 31 2. MALGRE CES LIMITES LES OPCA JOUENT UN ROLE D’INTERMEDIATION FAVORABLE AU DEVELOPPEMENT DE LA FORMATION, A PRESERVER ET A RENFORCER ................................. 32 
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Évaluation du service rendu par les organismes collecteurs agréés (OPCA, OPACIF et FAF)
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2.1 LESOPCAAIDENT LES ENTREPRISES A INSCRIRE LEUR DEMARCHE DE FORMATION AU REGARD DES AXES PRIORITAIRES ET DES EVOLUTIONS DE LEUR SECTEUR TELS QUE DEFINIS PAR LES PARTENAIRES SOCIAUX DE CHAQUE BRANCHE. ................................................................................................................................................ 32 2.2 ILS CONCOURENT A LA CAPACITE DE NEGOCIATION DESPMEVIS A VIS DES ORGANISMES DE FORMATION ET LES ENTREPRISES............................................................................................................................................... 33 2.2.1 L’aide au choix dans la transparence et le respect de la concurrence............................................... 33 2.2.2 L’action sur les coûts.......................................................................................................................... 34 2.2.3 La promotion de la qualité ................................................................................................................. 34 2.3  LESOPCA, FAFETOPACIFAU CROISEMENT DE LA MISE EN ŒUVRE DE POLITIQUES PUBLIQUES......... 35 2.4  CERTAINS FACILITENT LA COMBINAISON DE LAPPROCHE TERRITORIALE DES BESOINS DE FORMATION ET SON APPREHENSION PAR LES ACTEURS ECONOMIQUES........................................................................................... 36 2.5 UN RAPPROCHEMENT PLUS AFFIRME AVEC LE SERVICE PUBLIC DE LEMPLOI,LESASSEDIC (ET DEMAIN LOPERATEUR PUBLIC FUSIONNE)MENER DES ACTIONS FAVORABLES TANT AUX DEMANDEURSPERMETTRAIT DE DEMPLOI QUAUX ENTREPRISES EN DIFFICULTE DE RECRUTEMENT....................................................................... 37
3. UNE EVOLUTION DES OPCA EST NEANMOINS NECESSAIRE QUELS QUE SOIENT LES SCENARII DE REFORME GLOBALE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EVOQUES ....... 38 
3.1 LA CONVERGENCE DE CRITIQUES SUR CERTAINS POINTS DE LEUR FONCTIONNEMENT APPELLE DES AMENAGEMENTS.................................................................................................................................................... 38 3.1.1 Renforcer la transparence sur leur fonctionnement ........................................................................... 38 3.1.2 Faire respecter les règles de la concurrence...................................................................................... 38 3.1.3 Renforcer les exigences de service de proximité ................................................................................ 39 3.1.4 Libéraliser l’adhésion des entreprises aux OPCA pour le plan de formation.................................... 40 3.1.5 Accroître la fongibilité entre dispositifs et encourager fiscalement l’investissement formation ........ 40 3.1.6 Soutenir la qualité par la généralisation des procédures d’évaluation.............................................. 41 3.2 DES MESURES PLUS SUBSTANTIELLES,A REDEFINIR LEURS MISSIONS ET LEUR POSITIONNEMENTVISANT , SERAIENT OPPORTUNES NONOBSTANT LES CHOIX POLITIQUES QUI POURRONT ETRE EFFECTUES SUR LES OBJECTIFS ET MOYENS DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE................................................................................................. 42 3.2.1 Reconnaître au OPCA une double vocation : une mission d’intérêt général et le développement d’une offre de services à la carte........................................................................................................................... 42 3.2.2 Encadrer la mission d’intérêt général par des contrats d’objectifs et de moyens .............................. 43 3.2.3 Maintenir la collecte au sein de l’OPCA et établir le financement des frais de gestion sur des bases distinctes au titre des deux catégories de prestations assurés..................................................................... 44 3.2.4 Transférer la collecte CIF et mettre en place une assurance formation ............................................ 45 3.2.5 Repositionner les OPCA, FAF et OPACIF dans un système institutionnel clarifié............................ 46 3.2.5.1 La nécessaire articulation entre les acteurs ................................................................................. 46 3.2.5.2 Les conditions d’une gouvernance efficace du système de formation au plan régional.............. 47
CONCLUSION ................................................................................................................................................... 49 
PRECONISATIONS RELATIVES AUX OPCA, OPACIF ET FAF............................................................. 53 
LISTE DES ANNEXES .......................................................................................................................................55  
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Introduction
Pour se conformer aux orientations stratégiques tracées pour la Communauté européenne par le sommet de Lisbonne en faveur du développement de l’économie de la connaissance, la France doit s’attacher à améliorer son système de formation professionnelle dont les résultats sont souvent présentés comme décevants.  Parmi les questions à aborder prioritairement figurent celles de la mobilité professionnelle, de l’accompagnement des périodes de transition, et de la « sécurisation des parcours », dans un contexte de mondialisation des échanges et des biens de productions, qui exige des capacités d’adaptation rapides des économies, des entreprises et de leurs salariés.  Or, l’accès à la formation reste très inégalitaire en fonction de divers facteurs dont la taille de l’entreprise : globalement une nette différence se dégage entre les petites et moyennes entreprises et les autres, qui est encore plus accentuée entre celles de moins de dix salariés et celles de plus de dix salariés.  ƒ par l’exploitation des déclarations fiscales effectuée par leLes statistiques fournies CEREQ, montrent que ce sont les salariés des entreprises de plus de 250 salariés qui bénéficient largement des possibilités offertes dans le cadre du plan de formation établi par leur employeur. Le taux d’accès est en effet de 42,1 % pour la tranche des 250 à 499, de 49,2 % pour celles de 500 à 1999 et de 50,4 % pour les plus de 2 000 salariés. A contrario, ce taux descend jusqu’à12,5 % pour la tranche des 10 à 19 salariés, il reste faible bien qu’il ait progressé au fil des ans (9,3 % en 1995 ; 9,7 % en 2000).  ƒ S’agissantdes salariés relevant d’entreprises comportant moins de dix salariéset qui sont au total au nombre de quatre millions sur l’ensemble du territoire, leur participation à des actions de formation reste encore plus modeste : ainsi en 2006, 458 106 personnes ont bénéficié d’un ou de plusieurs stages au titre du plan de formation, ce qui signifie donc un taux d’accès à la formationinférieur à 10 %.  ƒ nouveaux dispositifs créés par la loi de 2004 sont également utilisés de façonLes différenciée en fonction de la taille des entreprises, ainsi pour l’année 2006 : o alors que 4,5 % des entreprises de 10 à 19 salariés ont eu au moins un salarié en période de professionnalisation, elles ont été plus des trois quarts dans ce cas pour celles employant 2000 salariés et plus. Les taux d’accès à ce dispositif sont eux aussi croissants avec la taille de l’entreprise. o alors que 14 % des entreprises ont été concernées par le droit individuel à la formation, il a été noté que le taux d’accès à ce dispositif croit aussi avec la taille ; 4 % des salariés ont fait usage du DIF au cours de l’année 2006, ce taux allant de 1,1 % pour les entreprises de 10 à 19 salariés à 6,5 % pour celles de 2000 salariés et plus.  ƒ Le taux d’accès desartisansà la formation est d’environ5 à 6 %(année 2005).   
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Cette situation est d’autant plus préoccupante que les PME sont aujourd’hui, dans notre pays, les principales actrices du développement économique et de la création d’emplois. Au nombre de plus de 2,4 millions, elles emploient 55,2 % des salariés (dont 38 % dans les TPE)1. Elles génèrent 53 % de la valeur ajoutée, 30 des exportations, et 41 % des investissements. Elles sont à la source de l’innovation : 42 % des brevets déposés dans le domaine de l’environnement, par exemple, l’ont été par des PME. Elles sont le fer de lance des économies régionales et apportent leur soutien à la vie locale. Et surtout, elles sont le point de départ de la création des grandes entreprises et constituent le réel poumon de l'économie.     Si les PME présentent de nombreux atouts, elles sont néanmoins aussi très fragiles car souvent confrontées à des difficultés de financement mais aussi à un besoin de professionnalisation de leur personnel comme de leur dirigeant, conditionnant leur vitalité. Le recrutement de personnel qualifié constitue un grave problème pour une grande partie des PME relevant de secteurs dits sous tension qui vont être confrontées, en sus, aux conséquences à venir du vieillissement de leurs salariés et de l’accroissement des départs en retraite. La question de la transmission des entreprises en raison de la cessation, pour limite d’âge, d’une partie importante des dirigeants se pose avec acuité. Le besoin de compétences nouvelles ou d’élévation des compétences se fait en outre toujours plus pressant dans une économie de plus en plus concurrentielle. Malgré l’identification croissante2de ces difficultés par les responsables de ces entreprises, la formation n’est pas saisie en tant que réponse immédiate, en tant qu’investissement prioritaire comme le mettent en évidence les chiffres évoqués ci-dessus.  Par ailleurs, au plan de l’accès individuel à la formation, se pose le problème de l’égalité d’accès à l’information : la pénétration des informations sur les sites Internet des FONGECIF est limitée à 30 % du grand public et seules les entreprises disposant de services de ressources humaines et de comité d’entreprise relayent ces informations auprès de leurs salariés ou mettent en œuvre le DIF, nouveau droit qui reste mal appréhendé.  Au nom de l’égalité de traitement des citoyens mais aussi de la compétitivité de l’économie du pays, ces disparités mériteraient de faire l’objet d’une intervention volontariste ; la formation des salariés étant financée à partir de contributions des entreprises gérées pour l’essentiel par les organismes paritaires que sont les OPCA pour les salariés (ou les organismes que sont les FAF pour les non salariés), la mise en œuvre d’une telle intervention leur incombe largement ; le sujet de la nature du service rendu aux PME et aux TPE par ces organismes se pose dès lors avec acuité.  C’est sous cet angle, et pour les considérations évoquées ci-dessus, qu’une mission a été inscrite au programme de travail 2007 de l’IGAS. Cette mission, dont le principe a été approuvé par le cabinet début 2007, a pour objet de réaliser une évaluation des OPCA, complémentaire des contrôles portant sur leur fonctionnement administratif et financier auxquels ils sont soumis, a ainsi été confiée à Philippe DOLE, Jérôme GUEDJ, Pierre DE SAINTIGNON et Danielle VILCHIEN, membres de l’IGAS.  Il s’est agi de vérifier que les OPCA et FAF constituent un appui efficace, à la portée des entreprises adhérentes et surtout des PME, et des personnes, salariées ou non, et d’apprécier le rôle ainsi joué par ces organismes en faveur du développement de la formation.                                                   1Source DGI/INSEE données 2005. 2Voir enquête IFOP AGEFOS PME de juin 2004.
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Cette évaluation a été conduite, à titre principal3, dans trois régions, auprès d’OPCA et FAF choisis comme représentatifs de la diversité de ces organismes (taille, secteur d’activité, implantation territoriale) : - AREF BTP (bâtiment), - FAFIH (hôtellerie),
- AGEFOS-PME (interprofessionnel), - FONGECIF (congé individuel de formation), - FAF des métiers et des services, de l’alimentation et du bâtiment (artisanat). Un rapport particulier a été établi pour chacun de ces structures.  Le présent rapport de synthèse formule, à partir des observations recueillies, des préconisations pour améliorer le service rendu par l’ensemble des structures recevant les contributions financières des entreprises à l’effort de formation, au prix de réformes les concernant directement, mais aussi d’évolutions affectant le cadre de leur intervention et touchant la gouvernance de l’ensemble du dispositif de la formation.  Le droit à la formation professionnelle continue s’est construit en France de façon contractuelle, à l’initiative des partenaires sociaux au fil de négociations conduites au plan interprofessionnel comme au sein d’accords de branches. Ces accords, produits d’un consensus remarquable dans un pays plus traditionnellement enclin à la culture du conflit social, ont été repris dans des textes législatifs et réglementaires inscrits au code du travail dans sa partie consacrée au champ de la formation professionnelle. Ainsi, l’accord interprofessionnel du 9 juillet 1970 et la loi du 16 juillet 1971 qui en constituent les fondements à l’issue des accords de Grenelle, engagent les partenaires sociaux « à étudier les moyens d’assurer avec le concours de l’État, la formation et le perfectionnement professionnel». La loi du 4 mai 2004 avalise le choix des négociateurs de l’accord national interprofessionnel du 20 septembre 2003.  Il est apparu à la mission que l’économie de cette construction sociale négociée devait être prise en compte avec attention dans son travail d’évaluation comme dans ses préconisations de réforme.
                                                 3ont fait l’objet d’analyse plus ponctuelles (AFDAS, OPCALIA, UNIFORMATION) dont il estD’autres OPCA fait mention dans le présent document, mais sans donner lieu à rapport particulier.
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1. Les OPCA OPACIF et FAF4ont évolué de façon positive mais encore insuffisante dans leur offre de service aux entreprises, et notamment aux PME, et aux salariés
Les OPCA trouvent leur origine dans les années 1970 au cours desquelles les pouvoirs publics et les partenaires sociaux ont défini les outils d’intervention, de régulation et de gestion qu’ils souhaitaient pour le développement de la formation professionnelle. Le législateur a validé en particulier la création de structures paritaires- pour recevoir le versement de contributions imposées aux employeurs et les mutualiser en vue de financer des actions au profit d’entreprises d’une branche ou d’un secteur géographique.  Ces principes de gestion paritaire et de mutualisation ont été étendus par la suite au congé individuel de formation (FONGECIF et AGECIF pour quelques entreprises) et aux formations en alternance, le financement de ces mesures accroissant les moyens et le champ d’intervention des organismes mutualisateurs appelés en outre, du fait du relèvement des taux de contribution, à gérer des sommes le plus en plus importantes.  Accusés de lourdeur et d’opacité, ces organismes ont fait l’objet d’une réforme d’ampleur en 1993, laquelle a simplifié l’architecture générale du système et entraîné une forte diminution du nombre des Fonds d’assurance formation, transformés pour ceux d’entre eux intéressant les salariés en OPCA et bénéficiant d’un statut unifié. De 250 organismes, dont certains exerçaient également une activité de formation (pratique depuis lors prohibée), leur nombre s’est réduit à une centaine5. Pour 2006 ils collectent globalement 5,5 Mds€, les dépenses consacrées à la formation professionnelle par les entreprises (incluant cette collecte) atteignent 11 Mds€, l’ensemble tous financeurs confondus s’élevant à 26 Mds€ (dont 910 M€ FSE).  Ventilation des 25,9 Mds€ de dépenses de formation professionnelle continue en 2005  nErtpeires s dont Unedic Autre collectivitésÉtat Régions Autresménages Apprentis 0,9 1 ,1 1,7 0,3 Jeunes en insertion 1 0,7 0,8 Salariés 8,6 1,1 0,1 5,5(agents publics) 0,7 Demandeurs d’emplois 1,5 0,6 1,3 TOTAL10,5 1,34,4 3,2 5,51 Nota : la part de la collecte OPCA au sein du décompte entreprises est de 5,45 Mds€.  La part de la collecte OCTA ( apprentissage) est de 1,65 Mds €. Les dépenses de l’État pour la formation de ses propres agents (3,05Mds€) ne sont pas décomptées dans ce tableau.
                                                 4sont créés par voie d'accord conclu entre organisations syndicales d'employeurs et de salariés.( LesLes OPCA FAF de non salariés étant gérés par leurs seuls représentants). Chaque accord définit son champ d'application (géographique, professionnel ou interprofessionnel), la composition paritaire du conseil d'administration et les règles de fonctionnement de l'OPCA (conditions de prise en charge des formations...). Un même organisme peut concourir à la gestion de plusieurs fonds d'assurance- formation, sous réserve que la de chacun d'eux fasse l'objet d'une comptabilité distincte 5Loi de finances 2008 : 99 OPCA présentant les caractéristiques suivantes :  66 collectent les contributions au titre du plan de formation et de l’alternance  43 collectent les contributions au titre du CIF  42 organismes nationaux de branche, et 2 réseaux interprofessionnels déclinés chacun au plan territorial,  26 FONGECIF et 5 AGECIF et 12 OPACIF de branches IGAS Évaluation du service rendu par les organismes collecteurs agréés mars 2008  (OPCA, OPACIF et FAF)
1.1
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Leur agrément par l’État est subordonné notamment à : ƒ  aux possibilités de prise en charge des dépensesleur capacité financière et notamment de formation (article L 961-12 du Code du travail) ; ƒ leur capacité à offrir des services de proximité aux entreprises (article R 964-13 du Code du travail).  La mission s’est attachée à analyser le contour et le contenu des prestations mises en place sous cette appellation de service de proximité, estimant le sujet central par rapport à la problématique de la formation dans les PME et remarquant qu’il n’est généralement pas au cœur des études et contrôles menés, focalisés sur les conditions de la collecte et du financement des actions –quiméritent au demeurant un suivi attentif eu égard à l’importance des sommes en jeu.
Le service de proximité constitue une orientation fixée aux OPCA et FAF mais il recouvre des réalités très disparates, loin de toujours correspondre aux besoins des PME
1.1.1 Alors même quec les PME et TPE ont besoin d’un accompagnement spécifique pour ’investir dans la formation s
Les grandes entreprises disposent de services internes capables de concevoir, réaliser et évaluer leur politique de formation, d’une politique du personnel plus ou moins prévisionnelle et qualitative dans les faits mais qui pourrait l’être compte tenu de leurs effectifs et des outils à leur disposition, tels que l’entretien professionnel ou la gestion prévisionnelle des emplois et compétences ( GPEC) ; tel n’est pas le cas dans les PME qui ont besoin de s’appuyer sur des organismes externes pour appréhender une réglementation qu’ils jugent complexe, mais aussi pour trouver des renseignements pratiques sur la formation.  Selon les cas, l’assistance est recherchée auprès de l’expert comptable, la chambre de métiers, l’organisation syndicale, l’OPCA ou le FAF, le chef d’entreprise éprouvant des difficultés à repérer les responsabilités des uns et des autres.6     Mais fréquemment, aucune démarche n’est entreprise, en raison de réticences à l’égard de la formation continue pour eux-mêmes ou leurs salariés :« dans les petites entreprises traditionnelles la formation se fond dans la vie quotidienne des individus et s’apparente plutôt à un perfectionnement permanent mais informel »7.  Divers freins s’opposent par ailleurs à l’investissement en formation, qui relèvent de l’appréhension des salariés à « retourner à l’école », mais aussi à devoir faire face aux difficultés matérielles que la situation de formation provoque ; pour le dirigeant d’entreprise des problèmes liés au remplacement du salarié ou au report de charge d’activité, pour le
                                                 6 (100 000 entreprises) menée par AGEFOS PME L’enquête divers sujets et en particulier sur les sources sur d’information de ces responsables montre que les experts comptables, les chambres consulaires ne sont cités que pour 2% chacun, et que les organisations professionnelles n’excèdent pas 8% des interlocuteurs cités sur le champ de la formation. 7Christian Theneny, président de talents
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salarié se pose la question de la prise en compte des frais et dépenses externes générés par le stage, mais aussi des contraintes familiales et d’organisation personnelle. Ces obstacles se posent, bien entendu, avec plus d’acuité dans les petites entités que dans les entreprises importantes.  Le nouveau dispositif posé par l’accord national interprofessionnel de 2003, puis par la loi de 2004 a eu pour objectifs d’une part d’inciter les entreprises,quelle que soit leur taille, à développer une politique de formation pour préserver et améliorer leur compétitivité et d’autre part à renforcer le rôle du salarié dans la construction de son parcours professionnel et de la construction de ses compétences en l’amenant à quitter une posture de simple consommateur.  La réforme a créé une opportunité de relancer un effort particulier de communication sur les enjeux de la formation professionnelle pour l’individu, l’entreprise, la société.  Les OPCA ont pris une part importante dans cette opération et continuent d’œuvrer en ce sens soit de leur propre initiative soit dans le cadre de campagnes orchestrées par les pouvoirs publics sur des thématiques particulières (exemples : VAE, lutte contre l’illettrisme…).  Les voies d’information utilisées sont diverses : documents écrits, service d’accueil téléphonique, site internet…, pa rticipation à des salons professionnels, aux assemblées générales des organisations professionnelles au plan local, rencontres entre les dirigeants de PME et les conseillers de l’OPCA. L’action conduite par les OPACIF est décrite en partie1.4.  Plusieurs enquêtes menées ces derniers mois montrent que les entreprises, y compris les PME, s’approprient la réforme. (Ainsi l’enquête de satisfaction menée par GFC BTP en juin 2005, sur la région Alsace indique que 58 % des entreprises s’estiment suffisamment informées sur la mise en pratique de la réforme, 33 % des entreprises pensent néanmoins que l’information en ce domaine pourrait encore être améliorée).  Il est intéressant de noter, dans l’enquête ALSACE précitée, que les entreprises ( de plus de 10 salariés) affirmant avoir été informées grâce à l’AREF dont elles dépendent (80 % de réponses en ce sens), ont été touchées d’abord par une information écrite (82 %), et seulement pour une minorité d’entre elles (33 %) par un conseiller de l’organisme, ce qui s’explique par les moyens mobilisables effectivement par les OPCA, notamment au profit des PME, point développé ci-après.  Les PME et leurs salariés sont ainsi informés sur leurs nouveaux droits et obligations mais par une information distante dont il n’est pas acquis qu’elle soit parvenue à les « accrocher » au monde de la formation.
1.1.2 L’exigence de proximité n’étant pas explicitement posée sur le plan géographique, les relations entre OPCA, FAF, et PME restent souvent tenues.
1.1.2.1 L’ambiguité de la notion d’exigence de proximité
Les entreprises sont, au demeurant, surtout à la recherche d’informations personnalisées, de prestations plus proches du conseil que du simple renseignement.
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 Tous les OPCA et FAF interrogées affirment offrir ce type de prestation dans le cadre en outre d’un « service de proximité ».  Les deux notions de « proximité » et de « conseil individualisé » sont quasiment assimilées en termes de présentation commerciale alors qu’ elles recouvrent des réalités bien distinctes et très hétérogènes.  Le concept deproximitéapplicable à la relation OPCA-PME a été cernée sous ses différents aspects par le CEREQ dans une étude8 2002. Il est entendu parfois en terme de distance de géographique et de maillage du territoire par des structures, délégations ou antennes de l’organisme et souvent aussi en termes culturels, de « logique d’appartenance grâce à un système de représentations, de croyances, de langage, de formations et de savoirs », cette dernière approche étant particulièrement valorisée par les OPCA de branche et utilisée de façon défensive par les organisme sans représentation sur le territoire. Dans ce cas le service apporté par l’OPCA devrait faciliter l’analyse prospective de l’évolution économique du secteur d’activité concerné, nourrir l’observatoire des métiers et qualifications des pratiques analysées en matière de formation et d’emploi, et définir les priorités d’action subséquentes.  La nécessité d’une proximité territoriale des OPCA pourrait paraître moins évidente aujourd’hui avec le développement des nouvelles technologies et la possibilité d’offrir à distance un certain nombre de services aux entreprises adhérentes. Il s’agit bien d’apporter aux entreprises le service personnalisé qu’appellent à la fois l’évolution des organisations, l’adaptation des ressources humaines aux enjeux de compétitivité, la prise en compte de l’environnement institutionnel local, la qualité de l’offre de formation, la complexité croissante du droit et des règles de financement de la formation.
1.1.2.2 Une grande diversité de moyens et d’organisations
De fait, les OPCA et FAF sont très inégaux en termes de présence physique sur le territoireet recourent en conséquence à diverses solutions pour établir un niveau de relations qu’ils jugent satisfaisant avec l’entreprise adhérente (voir annexe relative aux questionnaires adressés aux entreprises qui révèle un certain décalage entre cette politique et la perception par les usagers du service ainsi proposé).  Les situations les plus extrêmes sont celles d’un organisme sans représentation locale et dont le siège ne comporte qu’un salarié (FAF alimentation) alors qu’un OPCA interprofessionnel (AGEFOS PME) dispose de plus de 1000 salariés répartis entre un siège national, 24 délégations régionales ,des antennes départementales et des bureaux infra départementaux. AGEFOS PME a défini en outre les territoires de ses conseillers de manière cohérente avec les nouvelles aires de projet de l’Etat ou de la Région que sont les pays et les maisons de lemploi.  Le tableau joint en annexe 5 présente la variété des situations existantes.  
                                                 8 Etude sur l’apport des organismes collecteurs au dynamisme du marché de la formation. N° 166 juin 2002 document de l’Observatoire du CEREQ.
IGAS  
Évaluation du service rendu par les organismes collecteurs agréés (OPCA, OPACIF et FAF)
mars 2008
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