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Publié par | HISTOIRE_DE_L-EDUCATION |
Publié le | 01 janvier 1999 |
Nombre de lectures | 38 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Extrait
Marianne Thivend
L’école maternelle entre la municipalité et les familles, Lyon,
1879-1914
In: Histoire de l'éducation, N. 82, 1999. L'École maternelle en Europe. XIXe-XXe siècles. pp. 159-188.
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Thivend Marianne. L’école maternelle entre la municipalité et les familles, Lyon, 1879-1914. In: Histoire de l'éducation, N. 82,
1999. L'École maternelle en Europe. XIXe-XXe siècles. pp. 159-188.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1999_num_82_1_3072Zusammenfassung
Der Beitrag untersucht die städtische Vorschulerziehung im Spannungsfeld zwischen politischem
Anspruch und gesellschaftlicher Praxis. Dabei wird vor allem die Bedeutung der Kostenfrage bei den
unteschiedlichen kommunalen Finanzierungsleistungen im Bereich der öffentlichen
Kleinkindererziehung herausgearbeitet. Es zeigt sich aber auch, wie stark der Ausbau öffentlicher
Trägerschaften von der Beurteilung der Bedarfssituation durch die politischen und akademischen
Würdenträger abhängig war. Vor dem Hintergrund demographischer und sozialer Veränderungen
waren es vor allem die schnell wachsenden Arbeiterviertel, die mit Kindergarten ausgestattet warden.
Trotz der Lückenhaftigkeit des vorhandenen Quellenmaterials zeichnet sich aufierdem ab, daß
abhängig vom sozialen Milieu die in die neuen Einrichtungen gesetzten Erwartungen in den Familien
stark differieren : Unterschichtsfamilien wollen sie vorwiegend als Betreuungs-, der Mittelstand dagegen
als Bildungseinrichtungen verstanden wissen. Fur eine nicht zu unterschätzende Zahl von Familien
stellten die Kindergärten gem genutztes Bildungsangebot dar. sie vorwiegend als Betreuungs-, der
Mittelstand dagegen als Bildungseinrichtungen verstanden wissen. Fur eine nicht zu unterschàtzende
Zahl von Familien stellten die Kindergärten gem genutztes Bildungsangebot dar.
Résumé
Cet article examine l'école maternelle urbaine sous l'angle des politiques puis sous l'angle des pratiques
sociales. Il met l'accent sur le poids des impératifs budgétaires dans la définition de l'offre municipale en
école maternelle. La mise en place de l'offre est aussi conditionnée par la perception que les élus et
responsables académiques ont de la « demande sociale » en maternelle. Confrontés aux mutations
démographiques et sociales observables dans la ville, les élus en viennent à privilégier, dans leur
dotation en écoles maternelles, les jeunes quartiers ouvriers en forte croissance. L'offre d'école est
ensuite confrontée aux usages de la maternelle par les familles. Malgré des sources très lacunaires, on
apprend que les familles, des ouvriers aux employés, ont des attentes très variées vis-à-vis de
l'institution, tour à tour garderie ou école. Pour un nombre non négligeable de familles, l'école
maternelle est déjà incluse dans des stratégies scolaires.
Abstract
This article examines the urban nursery school in Lyon first from the angle of municipal policies, then
from that of actual social practices. It emphasizes the way budgetary requirements bore on the definition
of the kind of nursery schooling the municipality was ready to supply. The setting up of this kind of
schooling was also conditioned by the perception the city representatives and the school authorities had
of the "social demand" for preschool education. Having to face demographic and social changes within
the city, the local representatives chose to give the preference to the new and rapidly growing working-
class districts when creating nursery schools. This article then examines the different uses
class and lower middle-class families made of the nursery school. Despite their relative scarcity, the
primary sources reveal that these families had quite varied expectations where preschool education was
concerned : although some considered it as a mere day-nursery, the nursery school rapidly became
part of the educational strategy of a fair number of families.L'ECOLE MATERNELLE
ENTRE LA MUNICIPALITÉ ET LES FAMILLES
Lyon, 1879-1914
par Marianne THIVEND
La ville, par l'ampleur et la variété de ses besoins, est le lieu
d'implantation privilégié de la salle d'asile au XIXe siècle. Dans les
villes, le taux de préscolarisation (rapport des inscrits entre deux et
six ans à la population recensée du même âge), évalué pour 1882 à
19,8 % au niveau national, s'élève sous l'influence de plusieurs fac
teurs : importance du travail féminin à l'extérieur, entassement dans
les logements populaires, surpeuplement des écoles, mais aussi bon
niveau de la scolarisation primaire (1). En 1891, à Lyon, 13755
enfants sont inscrits dans les écoles maternelles publiques et privées,
pour une population des deux-six ans évaluée à 23 086, soit un taux
de préscolarisation de 59,5 % (2). Malgré l'importance de ce phéno
mène, rares sont les monographies consacrées à l'école maternelle
urbaine, et qui décrivent, en profondeur, les politiques municipales et
les pratiques de préscolarisation (3). Car la ville n'est pas seulement
un décor, une toile de fond donnée à l'analyse. Les dynamiques
urbaines sont, au contraire, parties prenantes dans la construction de
l'institution scolaire.
(1) Jean-Noël Luc : L'Invention du jeune enfant au XIXe siècle. De la salle d'asile
à l'école maternelle, Paris, Belin, 1997, p. 264 et pp. 276-278.
(2) Statistique de l'enseignement primaire, 1896-1897 : « rapport sur la situation
de l'enseignement primaire à Lyon pendant la période quinquennale 1892-1897 »,
Paris, Imprimerie nationale, 1900, p. 345.
(3) En général, l'école urbaine souffre d'un relatif désintérêt de la part des histo
riens. Cependant, avec les études récentes sur l'enseignement technique et l'enseigne
ment primaire supérieur, la ville apparaît peu à peu comme cadre d'analyse spécifique
des phénomènes scolaires. Sur ce point, voir Gérard Bodé et Philippe Savoie :
« L'approche locale de l'histoire des enseignements techniques et intermédiaires :
nécessités et limites », Histoire de l'éducation, n° spécial « L'offre locale d'enseigne
ment. Les formations techniques et intermédiaires. XIXe-XXe siècles », n° 66,
mai 1995, pp. 5-13.
Histoire de l'éducation - n° 82, mai 1999
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. - 29, rue d'Ulm - 75005 Paris 160 Marianne THIVEND
La politique municipale de préscolarisation, mise en place par les
élus républicains à partir des laïcisations des salles d'asile commun
ales de 1879-1881, n'est, en effet, pas indépendante des profondes
mutations, économiques, sociales et démographiques, que connaît
Lyon à la fin du XIXe siècle (1). La crise économique des années
1880 l'entraîne vers un profond renouvellement de ses activités. De
l'industrie traditionnelle de la soie, on passe à l'industrie de type
moderne avec la chimie ou les constructions mécaniques. Le tisseur
laisse peu à peu la place à l'ouvrier d'usine, en même temps que les
classes moyennes émergent avec leurs cohortes d'employés. Ces
mutations entraînent une redistribution des hommes, toujours plus
nombreux (Lyon compte 523796 habitants en 1911), dans la ville : à
l'ouest du Rhône, la ville se dépeuple ; à l'est, la croissance est forte,
et l'urbanisation progresse. Comment l'offre en écoles maternelles,
définie et mise en place par les responsables académiques et les élus
du conseil municipal, intègre-t-elle ces mutations ? Pour les politiques
et les gestionnaires, l'école maternelle est-elle une école comme les
autres ou bien un lieu d'éducation spécifique, à adapter aux attentes
diverses et variées des populations ?
Nous analyserons, d'abord, les grandes lignes de la politique
municipale vis-à-vis de l'institution éducative des jeunes enfants,
politique définie en grande partie par les impératifs budgétaires qui
pèsent sur l'école publique en général. L'approche sur le terrain,
c'est-à-dire dans les quartiers et dans les écoles, là où les élus tentent
d'apporter des réponses concrètes aux besoins des familles de prise
en charge des jeunes enfants (entre deux et six ans), permettra ensuite
de confronter l'offre à la demande en écoles maternelles, les poli
tiques aux pratiques sociales (2).
(1) Ces mutations sont retracées par l'abondante historiograp