Rapport d information déposé... par la Commission des affaires étrangères sur une mission effectuée au Nigeria
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Après une présentation de la situation politique et économique du Nigeria, le rapport explore les voies d'un renforcement des liens entre la France et le Nigeria, notamment par l'action culturelle, linguistique et audiovisuelle, la coopération technique (dans les domaines de l'eau, de l'électricité et de la santé) et en matière de sécurité.

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Publié le 01 décembre 2000
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Langue Français

Extrait

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N2192 ______
ASSEMBLE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIME LGISLATURE
Enregistr  la Prsidence de l'Assemble nationale le 23 fvrier 2000.
RAPPORT D'INFORMATION
DPOS
en application de l'article 145 du Rglement
PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES TRANGRES(1)
sur une mission effectue au Nigeria
ET PRSENT
PARM. PIERREBRANA,
Dput

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(1) La composition de cette commission figure au verso de la prsente page.
Affaires trangres
La Commission des Affaires trangres est compose de :M. Jack Lang,prsident; MM. Georges Hage, Jean-Bernard Raimond, Roger-Grard Schwartzenberg,ivecp-rsidents; M. Roland Blum, Mme Monique Collange, Franois Loncle,secrtaires Mmes Michle ; Alliot-Marie, Nicole Ameline, M. Ren Andr, Mmes Marie-Hlne Aubert, Martine Aurillac, MM. Edouard Balladur, Raymond Barre, Dominique Baudis, Henri Bertholet, Jean-Louis Bianco, Andr Billardon, Andr Borel, Bernard Bosson, Pierre Brana, Jean-Christophe Cambadlis, Herv de Charette, Yves Dauge, Patrick Delnatte, Jean-Marie Demange, Xavier Deniau, Paul Dhaille, Mme Laurence Dumont, MM. Jean-Paul Dupr, Charles Ehrmann, Laurent Fabius, Jean-Michel Ferrand, Georges Frche, Jean-Yves Gateaud, Jean Gaubert, Valry Giscard d'Estaing, Jacques Godfrain, Pierre Goldberg, Franois Guillaume, Robert Hue, Mme Bernadette Isaac-Sibille, MM. Didier Julia, Alain Jupp, Andr Labarrre, Gilbert Le Bris, Jean-Claude Lefort, Guy Lengagne, Franois Lotard, Pierre Lequiller, Bernard Madrelle, Ren Mangin, Jean-Paul Mariot, Gilbert Maurer, Charles Millon, Mme Louise Moreau, M. Jacques Myard, Mme Franoise de Panafieu, MM. Etienne Pinte, Marc Reymann, Gilbert Roseau, Mme Yvette Roudy, MM. Ren Rouquet, Georges Sarre, Henri Sicre, Mme Christiane Taubira-Delannon, M. Michel Terrot, Mme Odette Trupin, MM. Joseph Tyrode, Michel Vauzelle, Philippe de Villiers
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INTRODUCTION
SOMMAIRE ___
I  un retour sur la scne dmocratique internationale
A  Les esprances politiques9 1) Un prsident lu, symbole du retour  la dmocratie9 2) Les fractures de la socit nigriane10 3) Une amlioration de la situation des droits de lHomme11 B  Les difficults conomiques12 1) Une conomie sinistre12 2) Une aide extrieure ncessaire14
II  La ncessite de renforcer les liens entre
la France et le nigeria
A  L action linguistique et la culture17  1) Promouvoir le franais au Nigeria et renforcer les liens culturels18 2) Etre prsent dans le paysage audiovisuel nigrian19
B  La coopration technique et le renforcement de la scurit20 1) Promouvoir leau, l'lectricit et la sant20 2) Renforcer la scurit22
CONCLUSION
EXAMEN EN COMMISSION
aNnexes
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Mesdames, Messieurs,
Il existe un paradoxe nigrian.
En thorie, ce pays possde toutes les richesses ncessaires pour devenir lun des Etats les plus puissants dAfrique. Des richesses humaines tout dabord : avec une population estime au minimum  115 millions dhabitants (certains parlent de 135 millions !), le Nigeria rassemble  lui seul 25 % de la population africaine sur un territoire prs de deux fois plus grand que celui de la France. Un Africain sur quatre est nigrian ! Des richesses naturelles en second lieu : les rgions du sud-est abritent des ressources considrables dhydrocarbures. Avec une production de 100 millions de tonnes de ptrole d'excellente qualit par an, le Nigeria est le 9 meproducteur mondial, le 5mede lOPEP et le 1eren Afrique noire. Ses rserves ptrolires, estimes  17 milliards de barils, sont les deuximes dAfrique, aprs la Libye. Les perspectives dexploitation de gaz naturel sont galement trs importantes (2,3 % des rserves mondiales). La fertilit des terres a permis jadis au Nigeria dtre exportateur de produits agricoles : arachide, huile de palme, cacao, coton.
Et pourtant, malgr ces atouts, le Nigeria est un pays pauvre. Le dernier rapport annuel du Programme mondial des Nations Unies pour le dveloppement classe le Nigeria au 146me rang mondial (sur 174), cest--dire au mme niveau que le Ymen, la Mauritanie ou le Bangladesh. Dun ct, une richesse potentielle, de lautre une misre relle quotidienne. Cette misre qui se traduit par labsence dinfrastructures, de services publics, des taux de mortalit levs, votre Rapporteur a pu la toucher du doigt - une expression  prendre au pied de la lettre - au cours de la mission qui la conduit  Lagos, Kaduna et Abuja en dcembre dernier.
Quelle est lexplication de ce paradoxe nigrian ? Elle est malheureusement dune banalit affligeante : la mauvaise gestion et les
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dtournements des fonds publics du fait des dirigeants successifs du Nigeria depuis son indpendance en octobre 1960.
Mais aujourdhui, nous ltudierons plus en dtail ci-dessous, le Nigeria connat de nombreuses mutations et lon peut esprer que le processus dmocratique est enfin en route. Si celui-ci russit et permet la suppression des dtournements et de la corruption, le Nigeria deviendra enfin la grande nation africaine qu'il devrait tre depuis longtemps. Cette volution et ces perspectives ont t reconnues par la France qui, aprs une priode dobservation, a inscrit le Nigeria sur la liste de la zone de solidarit prioritaire (ZSP). Cette ZSP - nous le rappelons pour mmoire - rassemble les pays ayant vocation  bnficier prioritairement des instruments franais de coopration. Ce que le prsent rapport se propose dtudier, cest la porte quil convient d'accorder  ce retour du Nigeria dans le jeu dmocratique international et le rle que peut jouer la France pour le conforter.
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I  un retour sur la scne dmocratique internationale
A  Les esprances politiques
1) Un prsident lu, symbole du retour  la dmocratie Llection, le 27 fvrier 1999, de lancien gnral Olusegun Obasanjo  la Prsidence de la Rpublique a mis fin  quinze ans de dictature militaire au Nigeria et ouvert de nouvelles perspectives dmocratiques pour ce pays. Elu avec 63 % des suffrages , le nouveau Prsident dispose dune majorit parlementaire confortable  travers le Parti dmocratique populaire (PDP) qui dtient la majorit absolue tant au Snat (66 siges sur 109) qu la Chambre des Reprsentants (215 siges sur 360).
Le nouveau Prsident bnficie dune audience internationale inconteste qui trouve en partie son origine dans son pass. Arriv une premire fois au pouvoir en 1976,  la suite de lassassinat du prsident-dictateur de lpoque, le gnral Murtala Mohammed, M. Obasanjo avait volontairement remis ce pouvoir en 1979  un gouvernement civil lu et sen tait retourn, tel Cincinnatus, cultiver son domaine agricole. Il ne fut pour rien si ce rgime civil, min par ses divisions et la corruption, ne dura que quatre annes et fut emport par un coup dEtat militaire en 1983. Comme Nelson Mandela, auquel ses admirateurs le comparent parfois, M. Obasanjo a connu la prison, pendant plus de trois ans, de 1995  1998, accus de complot contre le rgime du dictateur Abacha. Ces pripties de sa vie le font rgulirement dclarer :  Je suis pass de la prsidence  la prison et de la prison  la prsidence. Je nai plus rien  prouver, sauf que le Nigeria est capable de se relever. 
M. Obasanjo a par ailleurs acquis une stature internationale dans les annes quatre-vingts en rpondant  diverses sollicitations dorganisations internationales et dorganisations non-gouvernementales amricaines pour diverses missions et mdiations. Il participa notamment en 1988  un groupe de personnalits minentes charg par le Commonwealth de trouver une sortie ngocie au rgime sud-africain de lapartheid.
2) Les fractures de la socit nigriane
La difficult est grande de maintenir la cohsion dune population rpartie entre quelque 250 ethnies dont les trois plus importantes, qui comptent chacune entre 15 et 30 millions dindividus, sont : les Yoroubas au sud-ouest, les Igbos au sud-est et les Haoussas au nord.
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Outre la rivalit traditionnelle entre ces trois grandes composantes de la population, de fortes tensions existent galement entre elles et les petites ethnies dites du Sud-sud, lies  la mauvaise distribution des revenus tirs du ptrole. Les jeunes Ijaws notamment sappuient sur le ressentiment dune population qui estime que leur rgion na pas suffisamment profit des milliards de barils de ptrole quelle produit. Ils lancent rgulirement des campagnes contre les compagnies ptrolires, les autres ethnies de la rgion et lEtat fdral. Votre Rapporteur avait dj eu loccasion daborder ce sujet dans son rapport consacr au rle des compagnies ptrolires dans la politique internationale (Rapport dinformation n 1859 "Ptrole et thique : une conciliation possible ?"). Lamendement constitutionnel introduit par M. Obasanjo, qui prvoit de consacrer dsormais 13 % des ressources fdrales ptrolires aux Etats producteurs du Sud - au lieu des 3 % actuels - pourrait rduire ces tensions sil tait effectivement appliqu.
A cette atomisation ethnique se superposent des antagonismes rgionaux et religieux entre le nord et le sud, entre les musulmans et les chrtiens. Ces divisions ne se recoupent quen partie mme sil est traditionnel dopposer un nord musulman  un sud chrtien et animiste . Deux petits Etats du nord ont mme dclar se soumettre  la charia : le Zamfara en octobre 1998 et le Kano en dcembre 1999. Dautres Etats pourraient suivre, ce qui est fort proccupant, mme si plusieurs de nos interlocuteurs ont voulu tre rassurants.
Un exemple rcent illustre l'antagonisme rgional : lors de la dernire lection prsidentielle, le nord a peu vot, les lecteurs refusant de choisir entre deux candidats dorigine yorouba. Cest la premire fois depuis 1979 que le pouvoir chappait aux lites nordistes, peules ou haoussas.
La ncessit de lutter contre les tendances autonomistes des rgions prospres du sud du pays fut pendant de longues annes la base de largumentation traditionnelle invoque par larme, domine par les musulmans nordistes, pour semparer du pouvoir et le conserver. Il ne semble pas toutefois quil existe un risque important de guerre civile,  limage de ce que fut la guerre du Biafra, entre 1967 et 1970, qui fit plus dun million de victimes. Il existe toutefois rgulirement - encore en novembre dernier - des insurrections limites de certaines ethnies minoritaires.
Mais le sentiment national d'appartenir au plus grand pays noir de la plante  exprim devant nous avec fiert par plusieurs personnalits  pourrait, si l'on en croit certaines d'entre elles, dpasser dsormais les appartenances ethniques.
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3) Une amlioration de la situation des droits de lHomme
Le tableau ci-dessous prsente une chronologie des prsidents nigrians depuis lindpendance. Il fait apparatre que le Nigeria a connu depuis son indpendance seulement dix annes de rgime civil (1960-1966, 1979-1983) et six changements violents de gouvernements.
Noms
Nnamdi Azikiwe Johnson Aguiyi-Ironsi Yakubu Gowon Murtala Muhammed Olusegun Obasanjo
Shehu Shagari Muhammadu Buhari Ibrahim Babangida Ernest Shonekan Sani Abacha Abdulsalami Abubakar
Olusegun Obasanjo
Priodes
1960-1966 1966 1966-1975 1975-1976 1976-1979
1979-1983 1983-1985 1985-1993 1993 1993-1998 1998-1999
1999-
Type de gouvernement civil militaire militaire militaire militaire
civil militaire militaire civil militaire militaire
civil
Fin de gouvernement coup d'Etat coup d'Etat coup d'Etat Assassin organise des lections et se retire coup d'Etat coup d'Etat cart dmissionn mort en exercice organise des lections et se retire
Le bilan de la prsidence du Gnral Sani Abacha en matire de respect des droits de lHomme fut particulirement catastrophique,  tel point que la communaut internationale se sentit oblige de prendre des sanctions  lencontre du Nigeria. Rgulirement, ce pays faisait lobjet de condamnations par la Commission des droits de lHomme des Nations Unies. De nombreuses personnalits politiques taient emprisonnes, comme M. Olusegun Obasanjo, nous lavons dj voqu, ou M. Moshood Abiola, le prsum vainqueur de llection prsidentielle de 1993 dont les rsultats avaient t annuls par larme. Il en fut de mme pour de nombreux journalistes et militants des droits de lHomme. Ces arrestations taient arbitraires ou prononces par des tribunaux militaires sous le chef daccusation de conspiration contre le gouvernement du Nigeria. En octobre 1995, lcrivain Ken Saro Wiwa - l'inoubliable auteur de
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"Sozaboy"- fut pendu  Port Harcourt avec huit autres militants de la minorit ogonie. Cet acte barbare valut au Nigeria dtre exclu du Commonwealth ; il ny sera rintgr quen 1999. Le prix Nobel de littrature, Wole Soyinka, fut lui-mme inculp en mars 1997 et ne dut son salut qu lexil.
La terreur ne cessa quavec la mort du gnral Abacha, officiellement dune crise cardiaque, le 8 juin 1998. Son successeur, choisi par la junte militaire, le gnral Abdulsalami Abubakar, pratiqua une politique dapaisement (libration de tous les prisonniers politiques civils) et labora un calendrier lectoral qui conduisit  llection prsidentielle de fvrier 1999.
Le nouveau chef de lEtat, M. Obasanjo, qui a fait adopter une nouvelle constitution, se refuse  mener une chasse aux sorcires contre les anciens dirigeants du Nigeria. Des actions ont t lances toutefois contre certains proches du gnral Abacha, y compris son fils, afin dessayer de rcuprer des fonds dtourns. M. Obasanjo a lui-mme estim  4,3 milliards de dollars le montant des fonds publics dtourns par lancien dictateur et sa famille durant ses quatre annes et demi  la tte du pays.
Votre Rapporteur a par ailleurs vrifi que la presse sexprimait dsormais librement et quelle tait, dune manire gnrale, de bonne qualit.
B  Les difficults conomiques
1) Une conomie sinistre
Force est de reconnatre aujourdhui que le Nigeria souffre d'une conomie sinistre. Le revenu annuel par habitant se situe aujourdhui  350 dollars, soit le tiers de ce quil tait dans les annes quatre-vingts. Ce dsastre conomique sexplique de deux faons : dune part une dpendance totale  lgard du ptrole et de lvolution de son cours, et dautre part ce que lon appellera pudiquement le dveloppement de lconomie informelle.
Cest presque devenu un slogan au Nigeria :  our oil boom has become our oil doom , notre boom ptrolier est devenu notre maldiction ptrolire. Commence dans les annes soixante, lexploitation des champs ptrolifres du sud du Nigeria sest dveloppe aprs le premier choc ptrolier. La hausse du cours du brut a suscit toutes les illusions. Les salaires des fonctionnaires ont t augments dautant, ce qui a prcipit lexode rural et ruin lagriculture. Le pays sest endett, comptant sur les recettes futures pour rembourser. De nombreux projets industriels ont t
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lancs qui se sont rvls aussi ruineux quimproductifs. Les exemples abondent de ces aciries, de ces raffineries, de ces htels abandonns ayant cess toute activit.
La chute des cours de ptrole a t fatale  lconomie nigriane. Beaucoup dusines construites au moment du boom conomique sont aujourdhui en surcapacit. Votre Rapporteur a eu loccasion de visiter lusine Peugeot  Kaduna. Cette usine, en parfait tat de fonctionnement et qui peut tre  juste titre considre comme lune des vitrines technologiques du Nigeria produit un nombre de voitures bien en de de sa capacit, faute actuellement de dbouchs (240 voitures par jour de 1981  1986 et seulement 30 aujourd'hui).
La seconde explication au marasme nigrian tient  la corruption, qui, rige en systme, a entran un vritable pillage organis de lconomie nigriane. Lintervention de lEtat tait souvent dabord motive par la volont de crer des sources de profit pour les dirigeants.
A titre dexemple, la compagnie ptrolire nigriane, la NNPC, a longtemps dispos dun monopole sur la distribution des produits raffins. Or, comme les raffineries nigrianes taient pour la plupart hors de fonctionnement, il tait ncessaire dimporter les produits raffins. La totalit de ces marchs dimportations taient attribue  des proches du pouvoir, qui touchaient au passage de substantielles commissions ou mieux encore, organisaient la pnurie afin de senrichir au march noir. M. Obasanjo a promis lors de la prsentation du projet du budget pour lan 2000 une drgulation complte du march des carburants ; il a annonc galement que les comptes de la NNPC seraient soumis  un audit extrieur indpendant.
Lexistence dun double taux de change offrait une autre opportunit de s'enrichir rapidement. Il existait un taux de change officiel  22 nairas pour un dollar et un taux bancaire tournant autour de 80 nairas le dollar. Seuls toutefois les oprateurs publics - essentiellement larme -pouvaient passer des commandes publiques  ltranger en bnficiant du taux de change officiel. Certains responsables en profitaient pour passer des marchs fictifs dans le seul but dacheter des dollars quils revendaient ensuite au prix fort. Ce double taux de change a t supprim lors du gouvernement intrimaire du gnral Abubakar.
2) Une aide extrieure ncessaire
Au vu de ces exemples, la tche que sest assigne M. Obasanjo de lutter contre la corruption apparat difficile. Cest le systme entier quil
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convient de faire voluer. Des rformes de fond sont ncessaires et ont t poses en pralable  toute aide par les institutions multilatrales. En dpit de la rcente hausse des cours de ptrole, le Nigeria manque de ressources financires. Sa dette extrieure, estime  30 milliards de dollars, absorbe environ 40 % des revenus annuels de lEtat. M. Obasanjo plaide pour un allgement de cette dette afin de pouvoir dgager des ressources pour le fonctionnement courant de ladministration et une relance de lactivit ptrolire.
Certains responsables actuels estiment  15 milliards de dollars les fonds dtourns par la corruption. Et d'ajouter  l'intention des Europens : "ces fonds ont t dposs dans vos banques, saisissez-les et diminuez de moiti notre dette".
Le gel des salaires des fonctionnaires depuis plusieurs annes, en dpit de laugmentation de linflation, avait conduit beaucoup de ceux-ci  arbitrer entre un second travail et la corruption. M. Obasanjo a souhait dans le budget 2000 une augmentation de 26 % des dpenses courantes de fonctionnement des diffrents ministres dont lessentiel devrait aller  laugmentation des dpenses de personnel.
M. Obasanjo a prvu galement un plan de dsengagement de lEtat du secteur productif mais ce plan de privatisation semble se heurter  de nombreuses rticences au sein de lappareil dEtat et il apparat peu probable que le calendrier initial annonc puisse tre respect.
Au total, le rtablissement conomique du Nigeria est loin dtre acquis. Il doit apprendre  encourager des investissements  haute productivit qui durent et soutiennent la croissance, quelle que soit lvolution du cours du ptrole. Mais son rapprochement avec l'Afrique du Sud pour tablir un partenariat et par voie de consquence un partage d'influence est porteur d'avenir. Ces deux grands pays, ayant le plus fort potentiel de richesses du continent, devraient constituer les deux principaux ples de l'Afrique de demain. La France a tout intrt  anticiper cette volution. Toutefois, la normalisation de lconomie nigriane prendra du temps, le temps de rtablir un environnement politique et conomique  peu prs stable. Dans cette attente, les Nigrians ont un besoin vital deau, dlectricit, dducation, de soins plus encore que dargent. Bien sr, il est possible que lactuel gouvernement choue comme ont chou ses prdcesseurs, mais jamais probablement une telle chance depuis lindpendance na exist pour le Nigeria. Il est donc plus que souhaitable que la France aide le Nigeria dans sa voie vers la dmocratie.
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