Le secteur des industries de santé, intégré dans une économie mondialisée, soumis à des exigences de compétitivité élevées, connaît actuellement de profondes évolutions structurelles et un changement de modèle d'activité liés à des facteurs scientifiques, économiques, démographiques et sociétaux. Cette mutation va, à court ou moyen terme, exiger des compétences nouvelles capables de comprendre les enjeux et de contribuer à les relever. De son côté, l'université et d'une manière plus générale l'enseignement supérieur ont engagé des réformes structurelles visant à une plus grande autonomie qui doivent permettre une meilleur réactivité et adaptation à notre environnement économique et social. Dans ce contexte, l'objectif de ce rapport est d'analyser les besoins actuels et futurs des différents secteurs des industries de santé (médicament, biotechnologies, dispositifs et matériels médicaux) et de proposer, en fonction de ceux-ci, une évolution de notre offre de formation. Cinq grandes recommandations sont ainsi proposées et déclinées en une série d'actions ayant pour objectifs de relever les défis générés par les avancées scientifiques et techniques dans le domaine de la santé, d'une part, et les données économiques de ce secteur d'autre part.
Développer et promouvoir l’excellence dans les sciences de la vie et de la santé(recommandation 1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P 5 1 Décloisonner les cursus de formation, exploiter les interfaces et favoriser les multi-compétences(recommandation 2) 5 7 P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . .
S’appuyer sur quelques plateformes de recherche et de formation
en sciences de la vie et de la santé(recommandation 3) P 6 5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Organiser et partager l’offre et la demande des formations au sein
d’un institut virtuel des métiers de la santé(recommandation 4). . . . . . .. . . . . . . . . . . . . 6 9 P
Créer de nouveaux dispositifs de rapprochement universités – entreprises au service de la formation initiale et tout au long de la vie(recommandation 5). . . . . . . . . . . . . . . P 7 3
LE BE IN A T EL ET F T R DES INDUSTRIES DE SANTÉ EN TERMES DE FORMATION
La santé est un défi permanent, individuel et collectif, que la France a toujours su relever dans ses différentes dimensions, médicale et scientifique, industrielle et sociétale. Aujourd’hui, ces différents secteurs connaissent des changements majeurs, en raison, d’une part, de l’avancée spectaculaire des connaissances scientifiques, et d’autre part, du phénomène de mondialisation économique et son impact sur les pays. Les progrès de la science ont profondément changé la médecine, ses outils diagnostiques et thérapeutiques, et vont probablement, demain, la bouleverser encore. Si la biologie connait une transformation comparable à celle de l’informatique, il est vraisemblable qu’une approche totalement nouvelle des questions de santé s’imposera à nous. Le vieillissement de la population, une médecine de plus en plus en plus personnalisée à partir des données génétiques, la prise en charge de sujets bien-portants en fonction des risques auxquels ils« Une a sont exposés sont autant de phénomènes déjà observés et amenés à prendre plus d’ampleur.
Dans les pays technologiquement avancés et les pays émergents, la santé représente un levier de croissance économique qui peut être considérablement accéléré par ces évolutions techniques et scientifiques. Pour s’y adapter et anticiper ce mouvement, le secteur des industries de santé connaît actuellement de profondes évolutions structurelles et s’y prépare, en partie, en changeant son modèle économique et d’activité. Ces réorganisations ont des conséquences en termes de stratégie de recherche et de développement et les entreprises vont devoir se doter de compétences nouvelles, souvent de nouveaux métiers. Comme d’autres pays industrialisés, la France va devoir affronter cette mutation avec une double caractéristique : (i) alors qu’elle a tenu jusqu’ici une place prépondérante dans le secteur industriel de la santé, et en particulier dans la production et l’exportation de médicaments, sa compétitivité est aujourd’hui émoussée et son attractivité pourrait être remise en cause ; (ii) la démographie du pays et la situation de l’emploi dans l’industrie pharmaceutique va conduire dans les années à venir à un renouvellement important des cadres et des techniciens de ce secteur.
L’enseignement supérieur et la recherche sont au carrefour de ce double enjeu, scientifique et industriel. Enjeu scientifique, car la production des connaissances est essentiellement le fruit de la recherche au long cours, principalement portée par les structures académiques, et enjeu industriel, car ce sont les universités et les établissements d’enseignement supérieur qui sont susceptibles de donner les compétences sur lesquelles reposeront les stratégies futures.
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Qu’il s’agisse de la recherche et de l’innovation ou de la formation, nos performances sont elles aussi confrontées à une compétition mondialisée dans laquelle les universités françaises doivent tenir leur rang. Désormais autonomes ou sur la voie de l’autonomie, elles sont, et seront demain d’avantage, les opérateurs de recherche et de formation sur lesquels doivent pouvoir compter les entreprises. Dans cette optique, elles doivent se saisir collectivement du besoin de formation dans un secteur donné comme aujourd’hui celui des industries de santé.
Le présent rapport a l’ambition de répondre à l’objectif général de la mission qui nous a été confiée par Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Il s’agit d’analyser les besoins actuels et futurs des industries de la santé en termes de métiers et de nouvelles compétences, dans le contexte des mutations économiques du secteur, de les comparer à l’offre actuelle de formation et de proposer, en conséquence, les évolutions de cette offre dans l’environnement industriel et académique français. Après avoir mené de multiples entretiens dans le monde universitaire et celui des entreprises des différents secteurs (médicament, biotechnologies, matériel et dispositifs médicaux), cinq grandes recommandations sont proposées et déclinées en une série d’actions ayant fait l’objet d’un point d’étape au mois de septembre 2009. Elles sont ici détaillées et resituées dans le contexte universitaire et industriel, leur mise en œuvre pouvant être rapidement opérationnelle. Ces propositions tiennent compte des opportunités actuelles et ont, par ailleurs, vocation à s’inscrire dans les orientations retenues par le dernier conseil stratégique des industries de santé.
Manuel Tunon de Lara
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LE BE IN A T EL ET F T R DES INDUSTRIES DE SANTÉ EN TERMES DE FORMATION
Résumé des recommandations et des actions préconisées
Action 1 :Renforcer et améliorer l’enseignement des disciplines fondamentales sur lesquelles vont reposer les innovations et les stratégies industrielles (eg, biologie moléculaire, génétique, pharmacologie, chimie, biologie cellulaire, physiologie…).
Action 2 :Adosser tous les niveaux de formation à la recherche, au sein des laboratoires et des plateformes, en favorisant les périodes de stage pratique.
Action 3 : les cursus de biologie et de santé à la médecine de demain (médecine Adapter
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personnalisée, pharmacogénétique, médecine régénératrice,…) et/ou développer de nouveaux cursus pour répondre aux nouveaux besoins.
Action 4 :Promouvoir la biologie et les biotechnologies dans l’enseignement secondaire pour attirer les meilleurs élèves.
Action 5 : les connaissances et les découvertes du domaine des sciences de la vie Diffuser et de la santé dans le grand public, faciliter l’accès à la culture scientifique dans le domaine des biosciences en s’appuyant sur des structures comme les centres de culture scientifique technique et industrielle.
Action 6 :Développer des formations spécifiques exploitant les interfaces générées par les avancées technologiques et scientifiques :
•S’appuyer sur les vecteurs d’innovation exprimés par les industriels et favoriser ainsi l’émer-gence de formations multidisciplinaires au carrefour de certains domaines : Nanomédecine, Nanotoxicologie, Bioinformatique, Biomimétique, Neuro-ingéniérie, Biorobotique, Nanotech-nologie et galénique. •Harmoniser cette nouvelle offre de formation au niveau du territoire pour éviter les redondances, faciliter les complémentarités et rester adapté aux possibilités d’insertion professionnelle.
Action 7 :les formations et favoriser les approches multidisciplinaires :Décloisonner
•formation initiale en biosanté, des modules d’enseignement sur les aspectsInclure dans la économiques, éthiques, et règlementaires de la recherche publique et privée. •Favoriser l’apprentissage sur le modèle d’équipes projet, pluridisciplinaires et multi-niveaux (L, M, D).