Les Pléiades
333 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
333 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882) dit le comte de Gobineau a publié «Les Pléiades» en 1874. Cet ouvrage composé de quatre livres a été réédité en 1924 en deux tomes. - Le tome premier pour les livres I et II - Le tome second pour les livres III et IV. Les deux tomes de cette édition ont été regroupés ici. Il y décrit la vie sentimentale de trois amis censés appartenir à une certaine élite. Extrait : Au fond, conclut Lanze, nous nous trouvons honnêtement excités par ce que nous avons vu et senti 

Informations

Publié par
Publié le 14 janvier 2013
Nombre de lectures 46
EAN13 9782824710662
Licence : En savoir +
Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

ART H U R GOBI N EA U
LES P LÉIADES
BI BEBO O KART H U R GOBI N EA U
LES P LÉIADES
1874
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1066-2
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
JOU RNAL DE V O Y A GE DE
LOU IS DE LA U D ON
    heur es du soir à p eu près, p eut-êtr e six et demie . La
malle-p oste filait entr e la double ligne des chalets av e c une v er v eI r enouv elé e  ; nous sautions sur les inég alités du p avé ; les b onnes
g ens se meaient aux fenêtr es  ; ceux de la r ue r ele vaient le nez av e c une
e xpr ession d’intérêt et de curiosité .
Enfin la machine r oulante contint sa turbulente g aieté  ; les che vaux,
couv erts de sueur et e xhalant de leur s r obustes cr oup es des nuag es de
vap eur , prir ent le tr ot, puis le p as, et, soudain, s’ar rêtèr ent en désordr e
de vant le p er r on de l’hôtel de la Poste . Nous étions à Aïr olo , av e c quelque
prétention d’y fair e un dîner quelconque .
Conrad Lanze sauta à ter r e , et moi, riant de b on cœur à le v oir saup
oudré de p oussièr e et blanc comme un pier r ot, certain d’êtr e tout semblable ,
je me bais de mon mouchoir , je frapp ai des pie ds, je soufflai et e xprimai
2Les P léiades Chapitr e I
av e c p assion le désir de tr ouv er un bassin d’ e au où plong er la tête et les
mains. Mon comp agnon s’unissait av e c plus de mo dération à mon
dithyramb e , ce qui ne l’ empê chait p as de questionner les enfants assemblés
autour de p er sonnag es aussi intér essants que le sont toujour s des v o
yag eur s tombant du ciel, et il eût sans doute obtenu sur ces p etites cré atur es,
leur s idé es, leur s intentions, leur s pèr es et leur s mèr es, leur s ascendants,
jusqu’à un degré d’une antiquité incr o yable , les détails les plus complets,
si l’hôtelier , M. Camossi lui-même , n’avait réussi, en joignant ses efforts
aux miens, à lui fair e entendr e que deux aiguièr es, des ser viees, un r ep as
complet, tout était prêt, que ce bien n’aendait que lui, et, enfin, que la
malle-p oste r estait à Aïr olo une demi-heur e , p as davantag e .
Frapp é de cee vérité et de ce qui en dé coulait de grav e , le sculpteur
se dé cida à inter r ompr e ses communications av e c la jeunesse tessinoise ,
enfonça la main dans sa p o che , en tira une p oigné e de menue monnaie , la
lança à toute v olé e au trav er s de la r ue et, tandis que la bande des jeunes
cito y ens et des jeunes cito y ennes du canton se pré cipitait en tas sur cee
pr oie , nous faisions notr e entré e dans l’aub er g e .
Conrad m’amusait, ou, plutôt, il me plaisait et m’intriguait  ; depuis
quinze jour s, nous étant r encontrés à Zurich, nous nous étions pris d’un
b el amour l’un p our l’autr e , et nous avions pr o visoir ement uni nos
destiné es de v o yag eur s. Je ne dé couv rais p as en lui un seul côté qui me fût
tant soit p eu désagré able .
Il était artiste et ne p ortait p as de longs che v eux  ; il s’habillait comme
tout le monde  ; il pratiquait les us et coutumes des g ens bien éle vés, sans
aucune des pr otestations d’un b ohème , ni des empr essements d’un né
ophyte . Bien que nous conv enant b e aucoup l’un à l’autr e , nous n’avions
p as ab ordé le ter rain des questions gênantes ou tr op familièr es. Sa réser v e ,
à tous ég ards, était p arfaite , sans my stèr e d’ailleur s, et ne laissait surtout
courir l’ esprit sur la p ente d’aucune e xp ansion ridicule . Il ne m’avait rien
dit de sa famille , ni du rang qu’il o ccup ait dans le monde  ; cep endant,
on r e connaissait sans p eine , à pr emièr e v ue , que son g énie ne s’était p as
élancé d’une log e de concier g e , et que la distinction de sa p er sonne
devait pr o v enir de quelque chose d’héré ditair e . Il ne m’avait encor e e xp osé
aucune thé orie transcendante sur les arts, leur s pr ogrès, leur dé cadence ,
non plus que p our ou contr e tel maîtr e illustr e éle vé dans l’Oly mp e ou
3Les P léiades Chapitr e I
plong é vivant sous les ondes du P hlég éton. Si je le savais artiste , c’ est
qu’une phrase incidente me l’avait appris. Nous avions p arlé liératur e ,
et je g oûtais ses idé es p ar ce que je p artag e ais ses préfér ences. Il me
semblait accompli.
Une fois à table , Lanze me pr op osa de demander du vin d’ Asti, de ce
p etit vin mousseux, me dit-il, célébré p ar la Chartreuse de Parme , et qu’il
fallait absolument connaîtr e .
A u pr emier mot, le g ar çon de l’aub er g e avait app orté la b outeille
souhaité e . Conrad r emplit mon v er r e et le sien, et, appuyant son coude sur
la table et sa tête sur la main, il éle va à la hauteur de son œil le pré cieux
br euvag e .
― A v ouez, me dit-il, que tels que nous v oilà tous les deux aablés ici,
nous sommes dans un des jour s heur eux de la vie et au moment le plus
heur eux, p eut-êtr e , d’un p ar eil jour .
― J’aimerais, lui rép ondis-je en touchant son v er r e du mien, v ous
entendr e dé v elopp er cee thèse .
Et je bus et je r emplis mon v er r e de nouv e au, p our av oir le plaisir de
v oir p étiller la mousse .
Il prit l’air d’un homme résolu à fair e p énétr er la foi dans l’âme de
son interlo cuteur , fût-ce av e c le concour s de quatr e hommes et de leur
cap oral.
― Dites-moi, Laudon, de b onne foi, qu’av ons-nous fait depuis ce
matin où nos y eux se sont ouv erts à la lumièr e du jour  ? Ne sommes-nous
p as montés sur le bate au à vap eur à Lucer ne p ar une jolie matiné e fraîche ,
humide , assez frissonnante p our nous donner à souhaiter le soleil et ses
ray ons  ? Je ne v ous rapp ellerai p as les b e autés agr estes du lac, de la
chap elle de Guillaume T ell, ni de Guillaume T ell lui-même , bien que nous
dussions p eut-êtr e un tribut d’hommag es au p ay s hospitalier dont les
aub er g es nous ont déjà r emis tant de notes. Mais, tout compris, av
ouezle , l’ ombr e d’un souci nous a-t-il appr o ché p endant le temps que nous
av ons mis à trav er ser ces ondes pior esques où les quatr e libérateur s de
la Suisse se sont donnés tant de mal, et où Schiller , dans son drame , et
Rossini, dans sa musique , ont réussi, à tr ouv er de si b elles choses  ? Non  !
Laudon, ne so y ez p as ingrat, ne niez p as l’é vidence  ; v otr e esprit n’a p as
été couv ert du moindr e nuag e , ni noir ni gris, p endant cee heur euse
4Les P léiades Chapitr e I
trav er sé e .
Je sur sis à plong er un biscuit dans mon vin, p our donner mon plein
assentiment à ses p ar oles. Mais il ne me laissa p as le temps de dé v elopp er
mon appr obation et p our suivit av e c un sur cr oît de gravité  :
― D epuis F luelen jusqu’ici, je ne crains p as de le dir e , ce fut un cr
escendo de félicité .
―  Oui, sans doute , e x é cuté dans une atmosphèr e où la p oussièr e ab
ondait plus que l’air vital, et où des tourbillons de mouches se sont liv rés au
jeu du djérid sur nos p er sonnes.
― Ingrat  ! s’é cria Lanze , r entr ez dans v otr e vie de Paris et ne pr ofanez
p as de v otr e présence . . .
―  V o y ons, dis-je à mon tour , j’ai eu tort, j’ en conviens et je fais le b el
esprit mal à pr op os. Je p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents