Demain n existe pas: La peine
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Demain n'existe pas: La peine

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Description

Au même titre que la religion ou les extra-terrestres pourquoi demain ne pourrait pas être une illusion? Nous n'en avons jamais vu la couleur après tout, chaque fois que nous sommes censés être demain nous sommes aujourd'hui. Un tiers nihiliste, un tiers existentialiste et un tiers hédoniste, pourquoi il est temps d’arrêter d’être l'esclave d'un hypothétique futur.

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Publié par
Publié le 25 février 2013
Nombre de lectures 774
Licence : En savoir +
Paternité, pas de modification
Langue Français

Extrait

Demain n'existe pas La peine
Tancrède Bouglé
Il arrive qu'on ait envie de dire quelque chose sans savoir quoi. Un poids sur le coeur qui reste, une question qui s'attache, qui pèse sur les poumons et engourdit le cerveau juste parce qu'on a peur de la poser. Et quand enfin on ose l'admettre on se sent encore plus ridicule tellement elle a été rebattue. Est-ce que tout ça en vaut la peine ? On travaille, on passe des heures au bureau pour avoir une situation plus tard. Un bon salaire, le respect des autres. On bosse, on y reste et quand on rentre on se sent vidé. Alors on se réchauffe quelque chose, on se sert un verre de vin, on échange quelques politesses avec les colocataires et on va se coucher parce qu'il est déjà tard et que le lendemain tout recommence. Et ainsi de suite. Et quand vient la fin de la semaine on rattrape les séries, on sort un peu parce qu'il faut bien et on dort pour être en forme pour la semaine. La nuit passe, le matin se lève et on se rend compte qu'on a pas écrit depuis une semaine, que les projets sont en plans, que l'inspiration est moins présente. Mais ce n'est que temporaire se dit-on, comme d'habitude. Sauf que non, plus cette fois. Cette fois tu as fini tes études. Plus de filet de sécurité p'tit gars ! Get rich or die tryin', la mort ou
la gloire comme disait l'autre. Et oui, il faut réussir ce job pour pouvoir avoir un salaire, plus de responsabilités, faire des choses encore plus intéressantes. Aller plus loin, voler plus haut. On se dit qu'on est bien chanceux d'avoir un job pareil, de telles opportunités. Nos pauvres confrères d'Italie et d'Espagne ont des problèmes bien plus graves après tout. Et avec un peu de chance on l'aura ce CDI, on l'aura ce bon salaire et ces responsabilités. C'est tout ce qu'on nous souhaite après tout. Ainsi les jours passent, l'un après l'autre jusqu'au week-end qui se finit rapidement et voilà que s'ouvre une nouvelle semaine. Et ainsi le temps s'écoule. Et rien n'a été créé. Du coup je me pose la question. Je ne la pose pas au monde, bras en l'air et trémolos révolutionnaires dans la voix, non, je la pose à mon miroir et à qui saura me répondre. Est-ce que ça en vaut la peine? Est-ce vraiment si important ? Sentir le temps qui passe ne serait-il pas mieux, pouvoir compter les secondes sans s'inquiéter, rêverie coincée entre l'enfant qui voulait être un adulte, l'ado qui voulait qu'on le laisse tranquille et l'étudiant qui voulait devenir quelqu'un. Savoir qu'on ne sera pas satisfait quoi qu'il arrive. Alors on reboutonne sa chemise et on repart travailler, espérant qu'un jour on sera assez important pour qu'on ait assez de temps pour d'écrire ce bouquin, écrire celui d'après ou tout simplement lire l'intégrale de Camus en écoutant des vinyls dans un appart de Berlin. La blague est bien connue, le thème tellement régurgité que l'humour y est inexistant. Une tragédie douce amère qui laisse un arrière-gout sur le fond de la langue, vie sociale, travail, sommeil, vous ne pouvez qu'en choisir deux. Ca se présente comme une blague, ça a l'odeur de la blague. On la dit un demi-sourire aux lèvres en espérant que les gens perçoivent l'angoisse sous-jacente. Mais personne n'a vraiment le choix alors on la répète à son collègue en espérant que ça nous soulagera un peu. Et un nouveau jour arrive et tout recommence.
Ne reste qu'à tout dissoudre dans le vin pour accélérer la décompression, se libérer l'esprit pour oublier qu'on a que quelques heures, maigre pitance, par jour avant de devoir aller se coucher, un peu de temps pour manger, un peu de temps pour boire, un peu de temps pour parler à ceux qu'on aime et si peu de temps pour écrire. Le dernier espoir est que l'inspiration voudra bien attendre quelques temps, quelques années de plus ou au moins jusqu'au prochaine vacances que le train ralentisse et qu'il y reste quelques places assises. Et là, un verre à la main et une cigarette se consumant doucement on essayera de ne pas trop penser au temps qui est passé tellement vite mais plutôt de se concentrer sur ce que le futur amène. Avec un peu de chance, cette fois-ci, le jour se lèvera sur un autre paysage.
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