La glèbe
42 pages
Français

La glèbe

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
42 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Extrait : Quelle malédiction lui tua ses frères au berceau et ses parents sur la glèbe ? Seul de la race

Informations

Publié par
Nombre de lectures 36
EAN13 9782824712017
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

P A U L AD AM
LA GLÈBE
BI BEBO O KP A U L AD AM
LA GLÈBE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1201-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comA pr op os de Bib eb o ok :
V ous av ez la certitude , en télé char g e ant un liv r e sur Bib eb o ok.com de
lir e un liv r e de qualité :
Nous app ortons un soin p articulier à la qualité des te xtes, à la mise
en p ag e , à la ty p ographie , à la navig ation à l’intérieur du liv r e , et à la
cohér ence à trav er s toute la colle ction.
Les eb o oks distribués p ar Bib eb o ok sont ré alisés p ar des béné v oles
de l’ Asso ciation de Pr omotion de l’Ecritur e et de la Le ctur e , qui a comme
obje ctif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection,
la conservation et la restauration de l’écrit.
Aidez nous :
V os p ouv ez nous r ejoindr e et nous aider , sur le site de Bib eb o ok.
hp ://w w w .bib eb o ok.com/joinus
V otr e aide est la bienv enue .
Er r eur s :
Si v ous tr ouv ez des er r eur s dans cee é dition, mer ci de les signaler à :
er r or@bib eb o ok.com
T élé char g er cet eb o ok :
hp ://w w w .bib eb o ok.com/se ar ch/978-2-8247-1201-7Cr e dits
Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
    de fer me tiède après le dîner ; où s’étir ent les
ombr es sur le car r e au r ose , où la vieille ser vante dr oite et plateL essuie la vaisselle tintante ; là Cy rille vient s’asse oir cee v eillé e
d’hiv er .
Il p ense à T r ouville , aux mois des der nièr es vacances, à D enise . Son
cousin, ce no ceur , les avait unis solennellement, un matin, de vant la mer
plumeté e , tandis que r uisselait l’har monieuse v oix des e aux, tandis que
riait cee fille aux che v eux teints. Et suivit une folle e x cur sion en bar que
où elle le ser rait à la taille en lui disant des bêtises : « Potache , p otache .
Oh ! que t’ es far ce , p etit p otache . » Ce lui sonne encor e . Elle ép ela «
Institut Saint- Vincent » sur les b outons de son unifor me ; car , sorti depuis
cinq jour s de chez les Pèr es, un tailleur n’avait pu le p our v oir de
vêtements civils.
Et dans cee chair duv eteuse , dans ces che v eux teints gr os et dr us, il
vé cut des semaines. Les heur es p assé es hor s des étr eintes, il ne les sait
1La glèb e Chapitr e I
plus.
L’aima-t-elle cee femme de Paris, é choué e là p our fair e la plag e ? Si
bête qu’ elle ne p arlait même p as, si r obuste qu’ elle le faisait g eindr e en
le lacis de ses bras doux, lui le r ude fils de p ay sans et de chasseur s. Elle
l’ahurit de ses p arfums br usques, de ses dentelles infinies, de ses soieries
et de ses mousselines.
En Italie . Comme ça. Par ce qu’il avait encor e dans la tête Vir gile ,
l’histoir e , les g ondoles de V enise , Cicér on, le For um. Ils étaient p artis av e c
l’ar g ent d’un usurier , un ami d’ elle . Sans hésitation lui conclut cet
empr unt, malgré sa raison morig énante . Et puis, à Milan, un midi, elle se
le va ter riblement fâché e , cassa les p or celaines de la toilee , lui prit son
p ortefeuille et, p ar le pr emier train, fila sur Paris. Pour quoi ? Elle était
iv r e-morte depuis tr ois jour s.
Alor s il fallut r e v enir . Il dor mit tout le temps du v o yag e . and il ne
dor mait p as, il lar mo yait. À Ly on il tr ouva son tuteur .
Furieux cet oncle lui r endit des comptes : « T u as vingt-un ans, p ar
b onheur ! Je ne serai p as oblig é de m’ o ccup er d’un p ar eil chenap an. » Et
l’ oncle r etour na dans sa métairie après av oir ser monné p endant dix-huit
heur es de chemin de fer , et pré dit la r uine .
À tout cela Cy rille p ense .
Sa pip e laisse aux lè v r es la sav eur la plus souhaitable et les nues de
fumé e sinuent en spir es valsantes. L’av er se chante aux vitr es. Les che vaux
piaffent à l’é curie ; il les é coute .
La T er r e ne vaut plus. Sans doute , elle se r elè v era : la T er r e ne p eut
faillir . Mais quand ? D onc p as d’ar g ent. D es ter r es et des ter r es, son p
atrimoine inaliénable , p ar r eligion. Il les connaît : rases et plates étendues
depuis Be cquer elles jusque Ferb on, englobant les clo cher s et les moulins,
enjambant les grandes r outes. Sans un arbr e . Il y chasse durant toutes les
vacances depuis l’anné e où il r emp orta neuf prix.
La lamp e v er se sa lumièr e r onde sur le caraco p assé de la ser vante
dr oite et plate . Et les jur ons des ouv rier s ar riv ent du four nil av e c le v ent.
A utr efois, à Boulogne , il étudia chez les Pèr es. Une vie d’é colier sag e
av e c le mépris pr ofond des cancr es, av e c les calmes études où, de tout le
p oids de sa lourde intellig ence , il s’appliquait à p arfair e les thèmes et à
noter l’accentuation gr e cque ; les joies des pr omenades bavardes et
turbu2La glèb e Chapitr e I
lentes ; le suprême ravissement d’instaur er en leur sens pré cis certaines
phrases obscur es de intilien et d’ en êtr e louang é seul p ar le pr ofesseur ;
les idé es d’amour esquivé es av e c hor r eur comme susceptibles de
punition. Puis, des v olumes dorés, des mé dailles d’ar g ent dans des é crins gr
enat, le baiser de l’ar che vê que cour onnant aux stridences de la musique
et des brav os, un p ar chemin de bachelier qui, là-haut, gît dans le vieux
se crétair e d’acajou près du daguer ré oty p e où il distingue mal ses p ar ents
en costume de no ces, aujourd’hui morts. Non, jamais il ne mang e a fin et
pr opr e comme au réfe ctoir e , ni dans les ducasses d’ en de çà la D eule ni
dans les k er messes d’au delà . À T r ouville ? En Italie ? Il but surtout.
À T urin du Lacr y ma-Christi. Les lè v r es de D enise s’é crasaient sur
le mince cristal et leur car min transp araissait dans la p our pr e du vin.
Après elle , il y huma : une sav eur chaude et liquor euse av e c des vigueur s
p ourtant, un ar rièr e-g oût amer , un p arfum d’ambr e et de thy m. . . un p eu
comme du très vieux V olnay où p er sisteraient des sav eur s de sucr e . . . Et
D enise son coude le vé , la p oitrine blanche et mouvante sous la g aze du
cor sag e d’été , ses longs cils baissés v er s la liqueur . . . Il r etr ouva sur ses
lè v r es ce g oût de thy m et d’ambr e , ce liquor eux qui p oissait leur s b ouches.
Et p our r e viv r e cee impr ession il commande :
— Catherine , allez à la cav e cher cher une b outeille de V olnay .
D e vant la b outeille br une r enaissent des souv enir s à chaque g or g é e
bue . Souv enir s tactiles, et souv enir s sapides, et souv enir s o dorants.
Visions de membr es qui se cambr ent, de b ouches qui ho queent, de dents
fr oides et dur es. Et chaleur s qui fluent p ar la g or g e av e c le vin comme
chaleur s de baiser s. Elles g agnent la p oitrine , elles l’éner v ent ainsi que
des contacts de der me .
— Catherine . Allez v ous coucher .
— Oui l’maîtr e .
La p orte se r efer me . Il met les bar r es. Il ne v oit plus qu’ elle . Elle
ondoie , la main à ses che v eux teints, le rir e à ses dents mouillé es. Ses bas
r oug es frétillent, ses g ants noir s se dé chiqueent. Elle grandit comme si
elle accourait v er s son fr ont, son fr ont d’amant qui brûle et où les v eines
baent. Elle se rap etisse facétieuse et fuyante , gr osse maintenant comme

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents