Le blé qui lève
243 pages
Français

Le blé qui lève

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Description

Extrait : Le jeune homme continua de rêver, et de bâtir son projet d'avenir. Il avait raison d'y penser. Personne n'y pensait pour lui. Et il savait que, pour exposer son plan, pour recevoir une réponse, bonne ou mauvaise, il n'aurait qu'une minute ou deux. On trouvait rarement le moyen de discuter, sur quelque sujet que ce fût, avec le général de Meximieu. Ni militaire, ni civil, ni supérieur, ni parent, ne pouvait se flatter d'avoir exposé sa pensée librement et complètement devant cet homme toujours pressé, qui comprenait trop vite, qui marchait en parlant, interrompait, se souvenait, trouvait une formule heureuse et d'ailleurs souvent juste, s'en contentait et s'y tenait. Chez lui aucune économie, d'aucune sorte, mais l'élan, la brusquerie, l'habitude de ruer, de galoper, puis de tourner court. Ceux qui le connaissaient peu croyaient que c'était là de sa part une habileté

Informations

Publié par
Nombre de lectures 22
EAN13 9782824712499
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

REN É BAZI N
LE BLÉ QU I LÈV E
BI BEBO O KREN É BAZI N
LE BLÉ QU I LÈV E
0101
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1249-9
BI BEBO OK
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Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
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compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
La mar che des bûcher ons
   . Le v ent d’ est mouillait la crête des moes,
activait la moisissur e des feuilles tombé es, et couv rait les tr oncsL d’arbr es, les baliv e aux, les herb es sans jeunesse et molles depuis
l’automne , d’un v er nis résistant comme celui que les maré es soufflent sur
les falaises. La mer était loin cep endant, et le v ent v enait d’ailleur s. Il
avait trav er sé les forêts du Mor van, p ay s de fontaines où il s’était tr emp é ,
celles de Montsauche et de Montr euillon, plus près encor e celle de Blin ; il
courait v er s d’autr es massifs de l’immense réser v e qu’ est la Niè v r e , v er s
la grande forêt de T r onçay , les b ois de Cr ux-la- Ville et ceux de
SaintFranchy . L’atmosphèr e semblait pur e , mais dans tous les lointains,
audessus des taillis, à la lisièr e des coup es, dans le cr eux des sentier s, quelque
chose de bleu dor mait, comme une fumé e .
— T u es sûr , Renard, que le chêne a cent soix ante ans ?
— Oui, monsieur le comte , il p orte même son âg e é crit sur son cor ps :
v oilà les huit traits r oug es ; je les ai faits moi-même , au moment du
bali1Le blé qui lè v e Chapitr e I
vag e .
— Eh ! oui, tu l’as sauvé , et maintenant on v eut que je le condamne
à mort ! Non, Renard, je ne p eux p as ! Cent soix ante ans ! Il a v u cinq
g énérations de Me ximieu. . .
— Ça fait tout de même le tr ente-deuxième bisancien qu’ on ép ar gne !
À ces âg es-là , en ter r e mé dio cr e , comme chez nous, le chêne ne gr ossit
plus, il ne fait que mûrir . Enfin, monsieur le comte est libr e ; il s’ar rang era
av e c monsieur le mar quis.
Le g arde se tut. Sa figur e r oug e aude et rasé e e xprimait le dé dain d’un
sous-ordr e qui fut omnip otent, p our l’administration qui lui a succé dé . Il
était deb out, un p eu en ar rièr e , coiffé d’une cap e de v elour s v ert, au chaud
et à l’aise dans un complet de v elour s de même nuance que la cap e ; ses
mains, cr oisé es sur son v entr e , tenaient un car net entr ouv ert : « État des
arbr es anciens du domaine de Fonteneilles », et ses jamb es, tr op grêles
p our ce gr os cor ps, lui donnaient l’air d’une marionnee allemande p osé e
sur des crins. Il considérait le p atr on. Le p atr on souriait au chêne et lui
disait tout bas : « Allons ! mon b el ancien, te v oilà sauvé ; je r e viendrai te
v oir , quand tes feuilles aur ont p oussé . » L’arbr e montait, effilé , élég ant,
laissant tomb er l’ ombr e vivante de ses branches sur les taillis dé vastés.
— V ois-tu, Renard, r eprit Michel de Me ximieu, qui suivait sa p ensé e ,
je les aime bien, mes arbr es : ils ne me demandent rien, je les connais de
longue date , je v ois leur p ointe de la fenêtr e de ma chambr e , ils sont des
amis plus sûr s que ceux qui les abaent.
— Race de fainé ants, les bûcher ons, monsieur le comte , de bracos, de
pr opr es à rien, de . . .
— Non, mon ami, non ! S’ils ne faisaient que tuer mon gibier , je leur
p ardonnerais v olontier s. T out ce que je v eux dir e , c’ est que ce sont des
âmes diminué es, comme tant d’autr es.
— Parbleu ! les braconnier s ne gênent p as ceux qui ne chassent p as :
mais moi, je chasse ! dit Renard à demi-v oix.
Son maîtr e n’ eut p as l’air d’ entendr e . Il tenait dans sa main g auche ,
p endante le long du cor ps, une hachee à marte au p our mar quer les
arbr es. Après un instant, il r emit l’instr ument dans la g aine de cuir p
endue à sa ceintur e . Il considérait maintenant le vaste chantier qu’il était
v enu insp e cter , dix he ctar es de taillis pr esque entièr ement coup é , où les
2Le blé qui lè v e Chapitr e I
bûcher ons travaillaient encor e , chacun dans sa ligne balisé e , dans « son
atelier », p ar mi les stèr es de b ois empilé et les tas de ramille . À l’angle de
cee coup e , v er s l’ est, une autr e coup e s’amor çait, et il y avait entr e elles
un détr oit sinueux, une g org e comme entr e deux plaines.
— Allons ! Renard, assez de cee vilaine b esogne ! Retour ne au
châte au ! T u diras à mon pèr e que je r e viendrai p ar le car r efour de
Fonteneilles.
— Bien, monsieur le comte .
— T u diras aussi à Baptiste d’aeler la victoria, p our conduir e le g
énéral au train de Corbigny .
Le g arde fit demi-tour à g auche , s’éloigna d’un p as vig our eux et r
ele vé , et l’ on entendit quelque temps le br uit de ses br o de quins, qui
heurtaient les cép é es et brisaient les r onces.
Michel de Me ximieu v enait d’ obéir à un ordr e qui lui avait semblé dur
et même humiliant. En mar s, et plusieur s mois après la v ente des b ois,
consentie à un mar chand du p ay s, il avait dû, sur l’ ordr e de son pèr e ,
sacrifier un grand nombr e d’arbr es primitiv ement réser vés, les désigner
lui-même à la cogné e et, p our cela, les « contr emar quer » en effaçant les
traits r oug es et en donnant un coup de marte au dans le flanc de l’arbr e .
Peut-êtr e en avait-il tr op ép ar gné , comme disait Renard ; mais lui, il
s’accusait et il souffrait d’av oir tr op bien obéi.
Michel était un homme jeune , vig our eux et laid. Sa laideur v enait
d’ab ord d’un défaut de pr op ortions. Il était de taille mo y enne , mais les jamb es
étaient longues, et le buste était court et la tête massiv e . A ucune
régularité , non plus, aucune har monie , dans ce visag e qu’ on eût dit sculpté
p ar la main ré aliste et puissante d’un ouv rier du mo y en âg e : un fr ont
bas sous des che v eux châtains, dur s, qui faisaient ép er on au milieu, sur
la p e au mate ; des y eux bleus, enfoncés et légèr ement inég aux ; un nez
lar g e ; de longues lè v r es, – le plus e xpr essif de ses traits, lè v r es rasé es,
lè v r es d’ orateur p eut-êtr e , si l’

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