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« Demain je partirai… à Sweetsea ou ailleurs… J'aurai le bon plaisir… Ma vie sera une eau de source parfumée… Les femmes oiseau voleront dans mes bras… Et je caresserai leurs plumes, douces comme le duvet… Le miel de leur tendresse coulera sur mes lèvres… Le temps des questions s'arrêtera… Je connaitrai l'éternité. »
(Recueil II : 16 nouvelles)

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Publié le 02 juillet 2012
Nombre de lectures 2 007
Licence : En savoir +
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Langue Français

Extrait

Santiago Z
Nouvelles d'hier (N II)
- Collection Romans / Nouvelles -
Retrouvez cette oeuvre et beaucoup d'autres sur http://www.inlibroveritas.net
Table des matières Nouvelles d'hier (N II)................................................................................1 Préface.................................................................................................2 C'était hier............................................................................................3 Rechute................................................................................................6 Ainsi parlait le fils.............................................................................21 Filou...................................................................................................25 Une vieille dame hurlait....................................................................28 Les autres...........................................................................................30 La commande oubliée........................................................................33 Benoît.................................................................................................35 Blonde................................................................................................40 Non, il n'aurait pas dû........................................................................44 Au fond du jardin...............................................................................47 Sur les toits........................................................................................50 La divine............................................................................................52 Une Reine..........................................................................................56 Un baiser de trop................................................................................59 Sweetsea............................................................................................64
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Nouvelles d'hier (N II)
Auteur :Santiago Z Catégorie :Romans / Nouvelles
« Demain je partirai... à Sweetsea ou ailleurs... J'aurai le bon plaisir... Ma vie sera une eau de source parfumée... Les femmes oiseau voleront dans mes bras... Et je caresserai leurs plumes, douces comme le duvet... Le miel de leur tendresse coulera sur mes lèvres... Le temps des questions s'arrêtera... Je connaitrai l'éternité. » (Recueil II : 16 nouvelles)
Licence: Licence Creative Commons (by) http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/fr/
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Préface
Maintenant, je déambule dans de grandes maisons que tous ont quittées. Des moments de bonheur sont encore là... dans certaines pièces... les greniers... les caves... les placards. A rester, loin de ceux qui ont fait ce bonheur, ma vie s'est arrêtée. Alors, je pars sur les routes de joies anciennes trop furtives. Je trace les contours d'une nouvelle vie qui ne serait que plaisir. Le courrier, le téléphone, les voisins, les commerçants... me harcèlent avec ma vie passée. Il faut fuir ! Seul, maintenant, je n'ai plus le choix !
Préface
2
C'était hier
Un jour, lorsqu'il avait vingt-cinq ans, après des mois d'absence, il avait sonné chez Marie, dont la mère avait ouvert la porte : « Marie n'est pas à Paris... Il n'y a ici qu'une vieille femme ! - Quand rentre-t-elle, Madame ? Je ne crois pas qu'elle soit de retour avant une semaine ou deux. Vous -prendrez bien un verre ? » Il refusait toujours ; mais cette fois il avait accepté. - Cette chaleur est insupportable. Pardonnez-moi ! Je viens de prendre une douche. J'ai passé ce peignoir... quand vous avez sonné. Marie avait vingt ans. Sa mère devait avoir quarante ans passés. Lorsqu'elle revint avec des verres et une boisson fraiche, elle avait défait ses cheveux. Z ne la trouva pas vieille. Il remarqua pour la première fois ses seins surprenants, qui débordaient du peignoir. Il s'était levé pour l'aider. Il vit le cordon du peignoir et, irrésistiblement, il tira ce cordon. « Pourquoi ? Nous n'avons pas le droit ! Je suis une vieille femme ! -Vous êtes une femme très désirable ! Vous le savez ! » En tout cas, ce jour-là, la mère lui était apparue aussi jeune que sa fille. Elle avait pris soin de verrouiller son appartement, puis de bien fermer sa propre chambre. La mère et sa fille avaient la même odeur, mais tout semblait plus rond, plus doux, plus épanoui, plus sûr de soi chez la mère. Z se sentait contenu autant qu'il contenait. Les seins pendaient à peine et roulaient sous ses mains. La bouche le couvrait de baisers empressés, parfois maternels. C'est par là qu'elle voulut prouver sa supériorité. Elle savait sûrement que sa fille n'entendait rien aux fellations. Elle désira aussitôt montrer, sur ce terrain, toute l'étendue de sa maîtrise, pendant de longues minutes, expertes, tendres et goulues. Ses hanches étaient plus lourdes que celles de sa fille mais étaient restées très toniques. La chaleur peut-être, l'abstinence aussi, le plaisir sûrement,
C'était hier
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Nouvelles d'hier (N II) offraient à Z le plus impatient, le plus dévot et le plus reconnaissant des temples qu'il ait connus. Dès les premiers gestes, la houle, le roulis et les cris de sa belle amphore l'accompagnaient. Elle se montrait plus libre dans ses cris que ne l'était sa fille. Après quelques minutes, il eut l'impression qu'elle l'avait installé en elle pour l'éternité. Elle semblait partie pour une longue expédition qui allait de découverte en découverte. Au bout de plusieurs dizaines de minutes, il y eut un silence. Elle dit : « Repos maintenant ! ». Elle se souleva pour l'embrasser comme un enfant, puis alla chercher à boire. Elle avait alors l'allure altière et semblait sûre d'avoir expédié sa fille aux oubliettes. Z se demandait pourquoi tout cela n'était pas arrivé plus tôt. Certes, il n'oubliait pas Marie, mais il se reprochait tous ces mois où il s'était privé de sa mère. La mère revint avec un café : « Pour que cette soirée soit pleinement réussie, nous avons besoin de garder notre tonus. J'ai fait des express très serrés. Nous prendrons une douche pour leur laisser le temps d'agir. Puis, nous boirons un verre de philtre d'amour ! » Après la douche, elle s'attarda un peu pour parfaire ses préparatifs. A son retour, elle avait vingt ans ! Elle affichait un nouveau maquillage et des yeux de bohémienne. Elle portait une guêpière dont tout le bas était ouvert. La face inexplorée brillait d'une gelée tropicale, rose, légèrement acidulée, que Z eut du mal à quitter. Lorsqu'il prit possession de ce côté du corps, il sentit son dard attiré comme dans un gouffre, qui n'était ni trop grand ni trop étroit. Il se sentit glisser mais comprit vite qu'un nouvel acte commençait. Des années d'expériences réussies avaient appris à la mère bien plus qu'à la fille. La mère savait assez que sa fille n'était qu'une enfant ignorante et maladroite. Elle voulait surprendre Z dont les assauts étaient sans cesse récompensés de mille cris, murmures, compliments, encouragements ! Ce nouveau logis était pour son dard un confort inédit, jamais exploré de la sorte. C'est trop peu dire que la croupe qui l'entourait était devenue aussi légère et flamboyante qu'un jupon. Z eut alors de son sexe une image impériale. De temps à autre, la mère s'écartait pour saisir ce dard à pleines lèvres et le récompenser de ses caresses et de ses certitudes. Elle saluait sa
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Nouvelles d'hier (N II) jeunesse et lui trouvait le charme qu'elle croyait suranné de ses conquêtes d'autrefois. Oui ! Elle avait vingt ans, elle aussi ! Elle les avait bonifiés par mille expériences et vivait aujourd'hui un triomphe longtemps attendu. Café après café, douche après douche, la nuit était venue. Z avait proposé de dîner en ville mais elle voulait avoir le dernier mot. Alors une dernière fois, elle avait saisi son sexe dans sa bouche et l'avait tendrement caressé avec ses lèvres encore chaudes. Longtemps elle l'avait enfoui au fond de sa gorge et furtivement électrisé avec ses doigts légers, comme une divine prêtresse. Après une douche rapide, ils étaient sortis à la hâte et sans apprêts. Installés à la table d'un restaurant des Grands Boulevards, ils avaient senti, l'un et l'autre, leur douce fatigue et dévoré d'énormes assiettes. En levant la tête, pour la première fois, Z vit, sur le visage et le cou de sa compagne, l'érosion du temps. Il ne vit pas son propre visage. Il avait le même âge qu'elle. Il se disait que la vie offre des ressources infinies. Il pensait qu'une femme, de cinquante ans peut-être, venait de lui donner plus que quiconque, jusqu'à ce jour. L'amour, se disait-il, est un don du ciel. Jusqu'à quand ? Le repas, le vin surtout, leur donnèrent l'impression qu'un jour nouveau était devant eux. Elle eut encore le goût exquis de lui caresser le sexe dans l'ascenseur. Il entra avec elle. Le lit était encore trempé. Il souleva sa robe et constata qu'elle était restée nue. Ils eurent la force, une dernière fois, de faire l'amour. Il regarda sa montre : il était venu douze heures plus tôt. Il se dit en la quittant : « Je voudrais mourir un jour comme celui-là ! » Alors, il avait pensé vivre de la sorte jusqu'au dernier moment. Mais c'était il y a longtemps et sa vraie vie s'était déroulée autrement. Maintenant, Z pensait aux siens et aux souvenirs qui avaient fait leur vie. Aujourd'hui, son avenir, c'étaient quelques mois ou années qu'il surveillait anxieusement. Il savait qu'après, il n'y aurait rien.
C'était hier
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Rechute
8 mai Il se sent bien, mais les marqueurs pointent leur nez. Il craint de ne pas pouvoir faire ce qu'il avait prévu. Le temps presse un peu. Il faut accélérer. Le nouvel interne est un abruti. Ses CLL à 155 mg pourrissent la vie. Il a peut-être raison, mais gâche ce jour et même un peu plus.
28 mai Demain, il est persuadé que personne ne lui souhaitera son anniversaire. Cette fois, il pense qu'il se sentira privé de ce rituel qu'il considérait jusqu'ici comme absurde. Il se dit : « Je n'aurai été ni bon mari ni bon père. J'ai sans doute fui un foyer peu accueillant auquel je croyais apporter mon amour en travaillant sans cesse. Ce n'était qu'un leurre. La trace que je laisserai auprès d'eux est pire que celle qu'ont laissée mes parents. C'est ma plus grande tristesse. Je ne pense pas que mes fils soient pressés de me voir disparaître. Moi, je voudrais leur montrer autre chose. Mon rêve serait qu'ils aient de l'estime pour eux. J'aimerais qu'ils aient aussi de l'estime pour moi, pour leur mère et toute notre famille. »
5 juin Voilà du nouveau ! La revueLeukemiapublie 41 cas, traités comme lui, dans son centre de soins. Apparemment deux seulement n'ont eu aucune rechute. Il en fait encore partie. « Profitons-en ! » Il attend de nouveaux résultats et a mal un peu partout : aux pieds, aux genoux, au thorax. Il n'a pas bien dormi. Au fond, ce n'est peut-être rien. Mais il se résout mal à son impuissance sur l'avenir de ses proches. Il est anxieux tous les trois mois, dans l'attente de ses contrôles... Il voulait acheter de nouveaux vêtements, mais attendra les résultats. S'ils sont bons, il achètera une veste, s'ils sont mauvais, des pyjamas. Les résultats de ville
Rechute
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Nouvelles d'hier (N II) sont arrivés. Ils sont assez bons : rien de nouveau. Il attend les résultats de l'hôpital, avec crainte. Mais il n'y a pas de résultats. Le dosage des CLL, qui l'avait tant inquiété, n'a pas été refait, par mesure d'économie. L'interne a décidé de demander à un autre hôpital. Il sera peut-être fixé dans trois mois. S'il y avait urgence, lui, serait sans doute convoqué. En l'absence de résultats, il boit un bon verre et se décide à acheter une veste.
3 septembre Le temps a passé et les gamma globulines ont fini par montrer un pic anormal. Au plan biologique, la rémission est donc terminée et un nouveau traitement sera sans doute essayé, dans quelque temps. À nouveau, il faudra lutter. La rémission sans traitement anti prolifératif a duré cinq ans, ce qui est exceptionnel. Le choix de traiter à nouveau, c'est faire le pari que le risque de la maladie soit devenu plus grand que celui d'un traitement. Il sera, cette fois, traité à la maison. Il se sent bien et se dit que l'évolution des marqueurs de la maladie n'est pas alarmante au point de justifier une nouvelle période de risque thérapeutique.
10 septembre Aujourd'hui, son chat est mort au milieu de tous, sans comprendre et sans se plaindre. Ses fils dont c'était l'animal préféré, depuis la mort de leur chienne, ont souhaité que ses cendres soient répandues dans le jardin. C'est là, qu'avec lui, le dernier été avait semblé plus heureux. Lui, s'était interrogé sur leurs destins croisés. Le sort a décidé que le chat partirait avant.
12 septembre Il revient de l'hôpital. Le traitement devrait se poursuivre quelques mois : automne et hiver. Si le traitement est efficace, les gamma globulines redescendront avant le printemps. Le risque, c'est de mourir d'un effet secondaire : infection ou embolie. Il n'ira pas dans des lieux publics et se méfiera des animaux. Chaque lundi, il recevra une très forte dose de dexaméthasone. Là, plus moyen de dormir. Envahi par l'excitation et l'euphorie, pendant un à deux jours, il sera hyperactif. Les autres jours, les autres traitements prendront le dessus. Il dormira et rêvera sagement. Avec
Rechute
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Nouvelles d'hier (N II) ces traitements, il n'aura plus de libido.
15 Septembre Les examens biologiques de référence et la ponction sternale sont faits. Le traitement peut commencer. Au début, chaque jour, on doit surveiller les effets secondaires cliniques et, tous les quinze jours, la formule numération sanguine. Ensuite, tous les deux mois, on évaluera l'efficacité. La nuit du quinze, comme celle du seize, il ne dort pas. Il lit un peu. Le cœur n'y est pas. En rémission, il avait fait comme s'il était guéri. Il ne s'était pas trop posé de questions. Là, maintenant, il remet tout en cause. Il a peur d'une simple neutropénie et redoute une infection qu'il croit souvent m o r t e l l e . L o r s q u ' i l a l ' i m p r e s s i o n d ' a v o i r t a r d é p o u r l ' i n j e c t i o n d'anticoagulant, il craint une embolie. Bref, il n'est pas tranquille. Malgré tout, pour son traitement, il fait confiance au professeur. Pour le reste, il se méfie de ses proches et d'abord de sa femme. Alors, il se demande comment ils ont pu en arriver là. Il pense à leurs premiers mois de vie commune et à l'angoisse qu'il avait éprouvée. C'était il y a trente-cinq ans. A l'époque, déjà, il s'était interrogé. Il avait écrit. Et maintenant, il recherche ces écrits. Lorsqu'ils s'étaient connus, elle lui semblait saine. Il avait parfois pensé qu'il était fait pour vivre seul. C'est en lui, qu'il avait recherché la cause de son angoisse. Puis, l'angoisse avait disparu. Alors, il ne s'était plus trop posé de questions, ni sur lui, ni sur elle. Il se souvient d'une nouvelle... Le manuscrit retrouvé, il le parcourt : il s'était enfui dans des rêves. Il n'avait pas osé voir la réalité. Il avait inventé des histoires pour ne pas agir !
6 Octobre Les résultats de la ponction sternale ne sont pas trop mauvais et laisseront le temps de trouver un traitement efficace. Le traitement à l'essai est bien toléré : on peut le poursuivre. L'un des fils a déposé un recueil de poèmes à la Société des Gens De Lettres. L'autre a commencé sa troisième année de licence. Lui, dit à sa femme : « Il y a longtemps que nous n'avons pas parlé.
Rechute
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