L’homme qui rit
690 pages
Français

L’homme qui rit

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Description

Victor Hugo commence la rédaction de son ouvrage le 21 juillet 1866, à Bruxelles et le termine deux ans plus tard, le 23 août 1868 toujours à Bruxelles3. Mais c'est en exil à Guernesey qu'il en rédige la plus grande partie. L'œuvre se présente sous la forme de quatre volumes vendus chacun 7 francs 50 de l'époque mais un contrat passé avec l'éditeur Lacroix et un certain Panis en modifie la distribution. Au lieu de distribuer les 4 volumes simultanément — ce qui est le souhait de Victor Hugo, celui-ci échelonne la distribution sur trois jours. Le livre est un échec, le public n'est pas au rendez-vous. Victor Hugo lui-même reconnaît son échec qu'il impute d'une part aux spéculations de son éditeur mais aussi à la trop grande ambition de ses objectifs : « J'ai voulu abuser du roman. J'ai voulu en faire une épopée. J'ai voulu forcer le lecteur à penser à chaque ligne. De là une sorte de colère du public contre moi » L'Angleterre a connu, cent quarante ans avant la France, une révolution, un parlement régicide, une république et une restauration fertile en règlements de comptes. Victor Hugo a choisi ce dernier épisode pour brosser un tableau épique de l'aristocratie anglaise à travers la destinée extraordinaire de Gwynplaine, l'Homme qui Rit. A la fois roman d'aventures, exposé historique et social, drame injouable et poème visionnaire, ce roman est le plus fou de tous les romans de Hugo. C'est aussi le plus riche de toutes les obsessions de son auteur.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2 440
EAN13 9782824710815
Langue Français

Extrait

V ICT OR H UGO
L’HOMME QU I RI T
BI BEBO O KV ICT OR H UGO
L’HOMME QU I RI T
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1081-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok. ’ A   est grand, même ce qui n’ est p as b on,
même l’ olig ar chie . Le p atriciat anglais, c’ est le p atriciat, dansD le sens absolu du mot. Pas de fé o dalité plus illustr e , plus ter rible
et plus vivace . Disons-le , cee fé o dalité a été utile à ses heur es. C’ est en
Angleter r e que ce phénomène , la Seigneurie , v eut êtr e étudié , de même
que c’ est en France qu’il faut étudier ce phénomène , la Ro yauté .
Le v rai titr e de ce liv r e serait l’Aristocratie . Un autr e liv r e , qui suiv ra,
p our ra êtr e intitulé la Monarchie . Et ces deux liv r es, s’il est donné à
l’auteur d’ache v er ce travail, en pré cé der ont et en amèner ont un autr e qui
sera intitulé  : atrevingt-treize .
Haute ville-House , 1869.
n
1I
P REMI ÈRE P ART I E
LA MER ET LA N U I T
2DEUX CHAP I T RES
P RÉLIMI NAI RES
3CHAP I T RE I
U RSUS
I
  H étaient liés d’une amitié étr oite . Ur sus était un
homme , Homo était un loup . Leur s humeur s s’étaient conv e-U nues. C’était l’homme qui avait baptisé le loup . Pr obablement
il s’était aussi choisi lui-même son nom  ; ayant tr ouvé Ursus b on p our
lui, il avait tr ouvé Homo b on p our la bête . L’asso ciation de cet homme
et de ce loup pr ofitait aux foir es, aux fêtes de p ar oisse , aux coins de r ues
où les p assants s’ar oup ent, et au b esoin qu’épr ouv e p artout le p euple
d’é couter des sor nees et d’acheter de l’ or viétan. Ce loup , do cile et
gracieusement subalter ne , était agré able à la foule . V oir des appriv oisements
est une chose qui plaît. Notr e suprême contentement est de r eg arder
défiler toutes les variétés de la domestication. C’ est ce qui fait qu’il y a tant
de g ens sur le p assag e des cortèg es r o yaux.
4L’homme qui rit Chapitr e I
Ur sus et Homo allaient de car r efour en car r efour , des places publiques
d’ Ab er y stwith aux places publiques de Y e ddbur g, de p ay s en p ay s, de
comté en comté , de ville en ville . Un mar ché épuisé , ils p assaient à l’autr e .
Ur sus habitait une cahute r oulante qu’Homo , suffisamment civilisé ,
traînait le jour et g ardait la nuit. D ans les r outes difficiles, dans les monté es,
quand il y avait tr op d’ or nièr e et tr op de b oue , l’homme se b ouclait la
bricole au cou et tirait frater nellement, côte à côte av e c le loup . Ils avaient
ainsi vieilli ensemble . Ils camp aient à l’av entur e dans une friche , dans
une clairièr e , dans la p ae d’ oie d’un entr e-cr oisement de r outes, à l’
entré e des hame aux, aux p ortes des b our gs, dans les halles, dans les mails
publics, sur la lisièr e des p ar cs, sur les p ar vis d’églises. and la car riole
s’ar rêtait dans quelque champ de foir e , quand les commèr es accouraient
bé antes, quand les curieux faisaient cer cle , Ur sus p ér orait, Homo appr
ouvait. Homo , une sébile dans sa gueule , faisait p oliment la quête dans
l’assistance . Ils g agnaient leur vie . Le loup était leré , l’homme aussi. Le loup
avait été dr essé p ar l’homme , ou s’était dr essé tout seul, à div er ses g
entillesses de loup qui contribuaient à la r e cee . — Surtout ne dég énèr e p as
en homme , lui disait son ami.
Le loup ne mordait jamais, l’homme quelquefois. Du moins, mordr e
était la prétention d’Ur sus. Ur sus était un misanthr op e , et, p our souligner
sa misanthr opie , il s’était fait bateleur . Pour viv r e aussi, car l’ estomac
imp ose ses conditions. D e plus ce misanthr op e , soit p our se
compliquer , soit p our se compléter , était mé de cin. Mé de cin c’ est p eu, Ur sus était
v entrilo q ue . On le v o yait p arler sans que sa b ouche r emuât. Il copiait, à
s’y mépr endr e , l’accent et la pr ononciation du pr emier v enu  ; il imitait les
v oix à cr oir e entendr e les p er sonnes. A lui tout seul, il faisait le mur mur e
d’une foule , ce qui lui donnait dr oit au titr e d’engastrimythe. Il le pr enait. Il
r epr o duisait toutes sortes de cris d’ oise aux, la griv e , le grasset, l’alouee
p épi, qu’ on nomme aussi la béguinee , le merle à plastr on blanc, tous
v o yag eur s comme lui  ; de façon que , p ar instants, il v ous faisait entendr e ,
à son gré , ou une place publique couv erte de r umeur s humaines, ou une
prairie pleine de v oix b estiales  ; tantôt orag eux comme une multitude ,
tantôt puéril et ser ein comme l’aub e . — Du r este , ces talents-là , quoique
rar es, e xistent. A u siè cle der nier , un nommé T ouzel, qui imitait les cohues
mêlé es d’hommes et d’animaux et qui copiait tous les cris de bêtes, était
5L’homme qui rit Chapitr e I
aaché à la p er sonne de Buffon en qualité de ménag erie . — Ur sus était
sag ace , inv raisemblable , et curieux, et enclin aux e xplications singulièr es,
que nous app elons fables. Il avait l’air d’y cr oir e . Cee effr onterie faisait
p artie de sa malice . Il r eg ardait dans la main des quidams, ouv rait des
liv r es au hasard et concluait, pré disait les sorts, enseignait qu’il est
dang er eux de r encontr er une jument noir e et plus dang er eux encor e de s’
entendr e , au moment où l’ on p art p our un v o yag e , app eler p ar quelqu’un
qui ne sait p as où v ous allez, et il s’intitulait « mar chand de sup er stition ».
Il disait  : « Il y a entr e l’ar che vê que de Cantorbér y et moi une différ ence  ;
moi, j’av oue . » Si bien que l’ar che vê que , justement indigné , le fit un jour
v enir  ; mais Ur sus, adr oit, désar ma sa grâce en lui ré citant un ser mon de
lui Ur sus sur le saint jour de Christmas que l’ar che vê que , char mé , apprit
p ar cœur , débita en chair e et publia, comme de lui ar che vê que . Mo y
ennant quoi, il p ardonna.
Ur sus, mé de cin, guérissait, p ar ce que ou quoique . Il pratiquait les ar
omates. Il était v er sé dans les simples. Il tirait p arti de la pr ofonde puissance
qui est dans un tas de plantes dé daigné es, la coudr e moissine , la b ourdaine
blanche , le harde au, la mancienne , la b our g-épine , la vior ne , le ner pr un.
Il traitait la phthisie p ar la r os solis  ; il usait à pr op os des feuilles du
tithymale qui, ar raché es p ar le bas, sont un pur g atif, et, ar raché es p ar le haut,
sont un v omitif  ; il v ous ôtait un mal de g or g e au mo y en de l’ e x cr oissance
vég étale dite oreille de juif  ; il savait quel est le jonc qui guérit le b œuf,
et quelle est la menthe qui guérit le che val  ; il était au fait des b e autés et
des b ontés de l’herb e mandrag or e qui, p er sonne ne l’ignor e , est homme
et femme . Il avait des r e cees. Il guérissait les brûlur es av e c de la laine de
salamandr e , de laquelle Nér on, au dir e de P line , avait une ser viee . Ur sus
p ossé dait une cor nue et un matras  ; il faisait de la transmutation  ; il v
endait des p anacé es. On contait de lui qu’il avait été jadis un p eu enfer mé à
Be dlam 

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